Chapitre 3
– Je crois que tu as une touche.
– N'importe quoi ! Sérieusement, Capucine...
– Je suis d'accord avec elle ! dit Tessa. Il est sacrément mignon en plus.
– Arrêtez... soupirai-je. Je ne l'aime pas et je ne veux pas être en couple avec lui, d'accord ?
– T'es pas drôle, Evana... Pourtant vous allez bien ensemble, toi et Lucas, assura Capucine.
– Hm...
– Tu es sûre que tu ne veux pas tenter ta chance ? essaya Tessa d'une voix douce.
– Non, c'est bon, je ne préfère pas, répondis-je catégoriquement. Je vais prendre l'air, je reviens dans cinq minutes, annonçai-je brusquement.
Je sortis de la pièce, qui commençait à devenir étouffante, sous le regard intrigué de mes amies. Une fois dans le jardin, je soufflais un bon coup. En voyant que j'étais seule, je m'assis sur l'herbe, contre le tronc d'un arbuste joliment taillé.
Pourquoi est-ce que j'avais accepté d'aller à cette fichue fête ? Tessa et Capucine allaient commencer à se poser des questions, jamais je n'avais été aussi distante avec elles. Elles se demandaient sûrement pourquoi j'avais réagi comme ça. Mais je ne pouvais rien leur dire, je ne le voulais pas. Je ne souhaitais pas qu'elles aient pitié de moi et qu'elles fassent semblant de comprendre ce que je ressentais, étant donné qu'elles ne l'avaient pas vécu. Elles ne pourraient certainement jamais ressentir d'empathie pour moi si je leur racontais. On ne peut le faire que lorsque l'on connaît nous-même la situation que la personne a traversé.
Je mis ma tête dans mes bras, un flot de souvenir remontant à la surface. Les larmes me montèrent aux yeux et j'essayais de penser à autre chose pour les contenir, mais en vain. Ça y est, j'étais repartie pour un tour de montagnes russes infernales, dans les méandres de mes souvenirs.
Je croyais avoir réussi à tout oublier mais malheureusement, tout recommençait. Pourquoi est-ce qu'il fallait toujours que je fasse les mauvais choix ? J'avais réussi à orienter ma route de façon à ne pas faire demi-tour mais je m'étais retrouvée dans une impasse où je n'avais plus qu'une seule possibilité.
– Est-ce que tout va bien ? demanda une voix près de moi.
J'étais tellement perdue dans mes pensées que je n'avais pas vu Lucas arriver et s'asseoir à mes côtés. J'essuyai discrètement mes larmes et répondit :
– Ça va...j'ai connu mieux on va dire.
– Comment ça ? C'est à cause de moi ? demanda-t-il en levant un sourcil, peiné pour moi.
– Non, pas du tout, c'est juste que... c'est long à expliquer.
– Et je suppose que tu ne pourrais pas me le raconter, dit Lucas avec empathie.
– Tu supposes bien, répondis-je avec un léger sourire. Je ne préfère pas parler de tout ça maintenant, surtout avec quelqu'un que je connais à peine.
– Je comprends.
– Mais merci de t'inquiéter pour moi, dis-je en jetant un coup d’œil vers l'entrée de la maison.
– Je ne pouvais pas te laisser partir d'un coup, sans tes amies, sans te dire au revoir. Je n'ai pas dansé avec toi pour te laisser t'en aller comme ça, expliqua-t-il en me faisant un clin d’œil moqueur.
– C'est sûr que Tessa et Capucine ont autre chose à faire, précisai-je.
Je soupirais et m'allongeais sur l'herbe, sous le regard bienveillant de Lucas, les larmes ayant enfin cessé de couler sur mes joues et de brouiller ma vue.
– J'espère que je ne t'ai pas trop marché sur les pieds lors de notre slow, dit-il en s'allongeant à son tour. Je ne suis pas un très bon danseur.
– J'avais remarqué. Ne t'en fais pas, j'ai les pieds solides.
Il sourit à ma remarque. Je le connaissais à peine, et je commençais déjà à le voir comme un ami, juste pour une histoire dont il ne savait rien. Il me plaisait bien, et étant donné qu'il ne sentait pas l'alcool, il avait encore toute sa tête. Il était sincère avec moi, et je le sentais. Même si je ne voulais plus avoir une relation plus qu'amicale avec une personne de son genre, ma grande sociabilité reprenait le dessus : il était passé, en un instant, d'un inconnu à un ami.
– Dis, je voulais te demander quelque chose, annonçai-je soudainement.
– Quoi ? demanda-t-il, intrigué.
– Ça te dirait de danser une seconde fois avec moi ? Proposai-je en sachant que ce que je faisais allait peut-être avoir des conséquences auxquelles j'évitais de penser.
– Pourquoi pas ? répondit-il avec un sourire malicieux.
Il se leva doucement et me tendit ses mains, que je pris doucement afin qu'il me relève. Une fois debout, je rompis le contact, gênée, et nous retournâmes ensemble dans la maison, côte à côte. J'avais décidé de reprendre lentement les choses en main. Enfin, tout en espérant que ça ne se terminerait pas mal.
Tessa et Capucine furent plus que surprises de me voir revenir accompagnée de Lucas. Elles se contentèrent de me jeter un regard étonné pendant que je me préparais à danser un nouveau slow, tout en essayant de les ignorer le temps d'une danse.
****
Je m'écroulais sur mon lit, épuisée. La soirée était passée si vite depuis ma discussion avec Lucas ! On aurait dit que les minutes étaient devenues des secondes, et les heures des minutes ; que le temps avait été bouleversé par cette simple rencontre, et ces deux danses qui m'avaient permis un instant d'oublier mon passé.
Tessa et Capucine, comme je m'y étais attendue, m'avaient posé beaucoup de questions une fois que j'avais fini de danser avec Lucas. Elles avaient voulu tout savoir dans les moindres détails, puis je leur ai assuré que ce n'était qu'un ami pour moi. C'était tout ce que je voulais. Rien de plus.
J'espérais le voir souvent au lycée. Nous avions échangé nos numéros pour garder le contact si jamais nous ne nous croisons que très peu, et les filles avaient été enchantées par ce morceau de mon récit. Elles pensaient que vu comme c'était parti, que notre amitié allait bientôt se transformer en amour, et tout ce qui allait avec – ce que je voulais éviter plus que tout.
Avec Lucas, nous avions décidé décidé que nous nous verrions à nouveau dès le lendemain, en fin d'après-midi pour nous laisser le temps de nous reposer de cette soirée qui avait été plus qu'éreintante. J'avais hâte d'être au lendemain, simplement pour pouvoir parler à quelqu'un en qui j'avais, pour le moment, vraiment confiance. Ou du moins, de parler de tout et de rien sans se soucier du temps qui passe. Ce que je ne faisais pas tant que ça avec Capucine et Tessa, même si elles étaient mes deux seules amis depuis que j'étais arrivée dans cette nouvelle ville. Lucas allait être le premier adolescent à qui j'allais parler depuis que j'étais ici. Depuis que mon passé me rongeait.
Je pressentais que je pouvais avoir confiance en lui, et j'espérais que tout se passerait bien. J'avais trop donné pour ne rien recevoir en retour, et je songeais avec espoir que cette fois-ci allait être différente. Je m'endormis sur ces belles pensées, rêvant de danser sans fin sur la musique de mon premier slow avec Lucas.
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