Chapitre 24
Je souris en levant les yeux au ciel, désespérée par sa remarque. Il sourit à son tour, moqueur. Il était vraiment incorrigible !
– Tu n'es pas possible...
– Je sais. Mais tu as l'habitude maintenant, dit Lucas en me tirant la langue.
– Eh, on ne tire pas la langue monsieur !
– Ah bon ? Et pourquoi ?
– Parce que c'est pas poli !
– Je sais, je suis un enfant très mal élevé.
– Ce n'est pas ce que je voulais dire !
– Je rigole, Ev'.
– Je dois reconnaître que parfois, tu as un humour très spécial, dis-je.
– On n'a même plus le droit de rigoler alors ?
– Non, c'est interdit !
– Je ne peux même pas te taquiner ?
– Si, mais...oh, flûte, tu m'énerves !
J'éclatais de rire, suivie par Lucas. En fait, non, il n'y avait pas qu'un seul gamin dans ce lit. Il n'y avait qu'à écouter cette conversation et on passerait vraiment plus pour des enfants que pour des ados ! Nous étions des adolescents avec encore une grande part de gamin en nous, moqueurs et faisant semblant de se disputer pour un rien, pour finir par de grands éclats de rire.
– Evana ! Lucas ! Venez manger !
Nous nous interrompîmes soudainement, surpris par cette intervention de ma mère. Des larmes de rire coulaient de nos yeux, et nous nous arrêtâmes pour devenir plus sérieux d'un coup.
– Je crois qu'il va falloir qu'on descende avant de se faire tuer, dis-je en souriant.
– Est-ce que j'ai le droit à un baiser d'abord ? demanda Lucas en me tendant ses lèvres.
– Décidément, tu es définitivement incorrigible... soupirai-je.
Puis je cédais à sa demande, bien entendu. Il me fit un sourire malicieux avant de me prendre les mains pour m'aider à me relever. Nous descendîmes dans le salon, où la table était déjà dressée. Seulement trois couverts étaient présents. Où était passé mon père ?
– Il a eu une urgence, dit ma mère en répondant à ma question muette. Il ne sera pas là avant plusieurs heures, d'après ce qu'il m'a dit.
– Alors encore une fois, il ne mangera pas avec nous...
J'étais dépitée. En ce moment, mon père avait beaucoup de travail et je ne le voyais plus aussi souvent qu'auparavant. Maintenant, c'était à peine si je le voyais pendant les week-ends. Nos journées en famille, simplement moi et mes parents, me manquaient tellement... Si seulement tout pouvait redevenir comme avant, quand nous étions une vraie famille...
J'avais l'impression, à cet instant, d'être un peu comme le boulet de la famille, celle qui était un poids mort pour ses parents. Il était vrai que je ne les aidait pas vraiment, avec tous mes problèmes. Entre Austin qui revenait, mes rechutes et tout ce qu'il fallait désormais faire pour me protéger, j'avais vraiment le sentiment de peser lourd pour tous mes proches.
– Evana ? Tu t’assois ?
– Ah, oui, excuse-moi...
J'avais été tellement perdue dans mes pensées que je n'avais même pas remarqué que j'étais toujours debout à côté de ma chaise, à regarder dans le vide.
– Ça va ? demanda Lucas.
– Oui, tout va bien. Je pensais juste à quelque chose, dis-je en m'asseyant à côté de lui.
– Tu vas mieux que tout à l'heure ? questionna ma mère, inquiète.
– Beaucoup mieux, les vertiges ont disparu. Je ne dois pas rester longtemps debout, alors avec la fatigue et tout ce déménagement...
– Je vois. Fais attention à ce que tu fais dans la journée, ma chérie. Je ne pense pas que tu devrais retourner en cours maintenant, vu l'état dans lequel tu es, recommanda ma mère.
– Mais maman, j'ai déjà raté deux semaines de cours ! protestai-je. Avec le bac qui approche de plus en plus vite, je ne peux pas me permettre de rater autant d'heures.
– Et comment tu vas faire pour tenir toute une journée sans te reposer ? Je te signale que tu as beaucoup de cours, et que vu ton état, tu ne vas pas être très apte à apprendre. Si tu t'évanouis tout le temps, que tu es prise de maux de tête ou de vertiges, autant ne pas y aller !
– Tant pis, je ferais avec. Je ne veux pas louper mon bac à cause de ça, répondis-je en croisant les bras.
– Et si quelqu'un venait te faire les cours à la maison ? proposa Lucas. Quand j'étais dans mon ancien lycée, ça se faisait. En quelque sorte, tu payes quelqu'un pour qu'il te fasse cours comme si tu étais au lycée, mais avec des horaires adaptés.
– C'est une très bonne alternative ! approuva ma mère. Qu'est-ce que tu en penses, Evana ?
– Je trouve ça pas mal, mais où vas-tu trouver l'argent nécessaire pour me payer cette sorte de prof à domicile ? Je ne veux pas que vous en fassiez autant pour moi, vous me protégez déjà assez...
– Evana, on veut le meilleur pour toi, dit ma mère. Comme ça, au moins, tu seras sûre de ne pas louper ton bac et tu pourras étudier quand tu veux, en te reposant dès que tu ne te sens pas bien. Ça serait plus tranquille que le rythme du lycée, et tu resterais sous surveillance même quand Lucas, ton père et moi ne sommes pas là. Ça nous inquiéterait déjà beaucoup moins que si tu allais en cours...
– D'accord alors, cédai-je.
– Je vais essayer de me renseigner pour voir si ces professeurs à domicile sont aussi dans notre ville, décida Lucas.
– Bonne idée ! approuva ma mère.
Après cette longue discussion, nous mangeâmes en silence. Cependant, cette question des cours à la maison me terrifiait un peu. J'allais devoir travailler seule dans ma chambre, sans aucun camarade avec qui discuter, et avec pour seule compagnie un prof que je ne connaissais pas pour le moment. Ça allait être le bonheur absolu...
En plus, j'allais devoir me reposer plus souvent que d'habitude, alors est-ce que le professeur devra rester quand même toute la journée avec moi ? Est-ce que les cours qu'il me donnera seront les mêmes que ceux de ma classe ? Est-ce que ce sera un homme ou une femme ? Jeune ou âgé ? Je me posais tant de questions maintenant que je ne savais plus où donner de la tête...
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