Chapitre 22

Quelques jours passèrent, chaque instant ressemblant toujours au précédent. Seule, dans ma chambre d'hôpital, je ne voyais plus le temps passer. Je m'ennuyais, et mes uniques distractions étaient les moments où mes parents, puis Lucas, venaient me voir.

Lucas venait chaque jour auprès de moi, s'inquiétant de me voir allongée là sans rien pouvoir faire, et m'apportait tous les cours que j'avais manqués. Je recopiais lentement tout ce qu'ils avaient fait dans la journée après qu'il soit parti, afin de m'occuper. Cependant, ça ne me distrayait pas tant que ça. Pendant une heure ou deux, oui, mais c'était tout. Ce qui restait comme temps avant le soir, je l'utilisais en lisant, en jouant, en téléphonant, en regardant la télé, mais je faisais tout ça sans grand intérêt.

J'en avais marre d'être coincée dans cette chambre blanche, à essayer de m'occuper comme je le pouvais et à ne rien pouvoir faire d'autre que de rester éternellement dans ce lit. Moi qui aimais bouger, j'étais plus que déçue. J'arrivais à faire quelques pas sans trop me fatiguer, mais je ne tenais pas longtemps debout à cause des vertiges qui m'assaillaient. Je parvenais à faire l'aller-retour entre la fenêtre et mon lit sans trop de difficultés. Cependant, je m'épuisais vite et même avec l'aide d'Anne, j'avais l'impression de ne pas progresser.

J'avais hâte de sortir de cet hôpital, de pouvoir courir à nouveau et aller dehors. Je voyais de loin la forêt par la fenêtre de ma chambre, et à chaque fois je m'imaginais au milieu des bois, me promenant avec Lucas. J'avais tellement envie d'aller me balader, de ne plus avoir cette fichue aiguille plantée dans le bras et de pouvoir vivre normalement, et non dans cette chambre que je commençais à détester. Je n'aimais pas être enfermée, mes proches le savaient pertinemment. Même si j'avais encore un peu mal à la tête et des vertiges quand je restais debout trop longtemps, je me sentais capable de sortir d'ici en m'échappant s'il le fallait.

Si seulement je pouvais sortir maintenant... Mais c'était impossible, malheureusement. Je devais respecter la décision du médecin et de mes parents, qui s'étaient mis d'accord sur le fait que je devais rester à l'hôpital tant que je ne serais pas complètement guérie, bien évidemment. Et ce, même si je détestais cet endroit.

Lucas venait me voir autant de temps qu'il le pouvait, avant de retourner chez lui pour la soirée. Chaque matin, pendant que je dormais, alors que les visites n'étaient pas encore autorisées, il venait déposer un bouquet de roses sur ma table de nuit. Chaque matin, je souriais en voyant le bouquet et ainsi je pouvais penser à mon petit ami toute la journée en attendant qu'il vienne me voir.

Je n'avais pas eu de nouvelles de Tessa et Capucine depuis la soirée qui avait tourné au drame. Apparemment, elles se portaient bien et ne paraissaient pas s'inquiéter pour moi. Tant pis pour elles. Lucas me racontait tout ça, en plus de tous les ragots qui circulaient dans le lycée et il me parlait surtout des gens qui s'inquiétaient pour moi. Même si je ne les connaissait pas, j'étais contente de savoir qu'en plus de Lucas et de ma famille, d'autres personnes semblaient vraiment m'apprécier.

Apparemment, Tessa et Capucine se portaient très bien sans moi, d'après ce que Lucas me racontait. Elles continuaient à étudier sans se soucier un seul instant de savoir si j'allais bien ou pas. Il les croisait parfois dans les couloirs du lycée, mais jamais elles ne s'arrêtaient pour leur demander des nouvelles. Elles ne lui adressaient même pas un regard, comme si elles se fichaient de tout ça.

C'est quand nous n'allons pas bien que nous voyons quelles sont les personnes qui sont réellement attachées à nous... Je le voyais très bien en ce moment même, cependant je devais avouer que ça ne me touchait guère. Je n'avais jamais été particulièrement proche de Tessa et Capucine, elles avaient juste été mes deux seules amies dans cette ville pendant quelques moi, mais maintenant je savais que ce n'était en fait que de la fausse amitié.

Heureusement qu'il y avait Lucas pour me soutenir, sinon je me serais déjà enfuie de cette chambre sans hésiter une seule seconde...

Au bout de deux semaines, après de réels progrès, je pus enfin sortir de l'hôpital, avec quelques conditions. Bien sûr, je devais faire attention à ne pas me fatiguer inutilement et ne pas marcher trop longtemps, et je devais être constamment surveillée, que ce soit par mes parents ou par mon petit ami. Je ne devais pas rester seule, sauf lors des cours, puisque je n'étais pas dans la même filière que Lucas.

Je pus finalement rentrer chez moi, avec un sac de médicaments à prendre si jamais ça n'allait pas, et mes parents me ramenèrent en voiture. Même si nous n'habitions pas très loin de l'hôpital, ils préféraient ne pas me faire marcher jusqu'à la maison, par précaution. Je m'endormis en chemin, et ils me réveillèrent lorsque nous fûmes arrivés. Je montais directement dans ma chambre, prétextant être fatiguée, et je m'écroulais sur mon lit, tombant immédiatement dans les bras de Morphée.

Quand je fus réveillée, après avoir dormi pendant plusieurs heures, j'entendis des voix venant du salon. Plusieurs personnes semblaient discuter sérieusement, mais je ne parvenais pas à reconnaître quelles étaient les personnes qui parlaient. Intriguée, je descendis les escaliers en silence, ne voulant pas me faire remarquer. Prise d'un léger vertige, je m'assis doucement sur l'une des marches en bois et m'accrochais à la rambarde pour ne pas risquer de dégringoler. J'écoutais d'une oreille attentive chaque mot, et je pouvais distinguer clairement cinq silhouettes, dont trois qui m'étaient bien familières.

Il y avait au moins mon père, ma mère et Lucas. Je ne reconnaissais pas les deux autres personnes qui étaient présentes, mais elles me disaient vaguement quelque chose.

– Vous croyez vraiment que c'est nécessaire ?
– Vu ce qui s'est passé il y a un peu plus de deux semaines, je pense que c'est presque obligatoire.
– Vous n'avez trouvé que cette solution ? Notre fils ne pourra pas vivre avec ce poids tout le temps.
– Ce poids ? Alors notre fille serait un poids pour lui ?
– Absolument pas ! Je veux tout faire pour aider Evana, alors je crois que c'est à moi de décider. Je suis aussi concerné par cette affaire, et je veux avoir mon mot à dire.
– Bien, alors qu'est-ce que tu proposes ?
– Je suis d'accord avec les parents d'Evana. On ne peut pas la laisser seule ne serait-ce qu'une seconde, surtout avec Austin qui traîne dans les parages. Je veux bien accepter votre proposition. Je veux protéger Evana coûte que coûte, et vous ne m'en empêcherez pas.
– Je crois qu'on n'a pas le choix, de toute façon. Il faut la surveiller, vu son état actuel il vaudrait mieux éviter tout contact avec Austin. Lucas, tu veux bien aller la réveiller ?

Depuis les escaliers, je vis Lucas acquiescer et commencer à venir dans ma direction. Je me levais et remontais précipitamment les marches mais comme il allait plus vite que moi, étant donné qu'il était aussi plus grand, il me rattrapa. Il m'attrapa par le bras, doucement, et me retourna. Je lui fit face, me tenant à l'escalier, étant une nouvelle fois prise de vertiges.

– Tu es déjà debout ? demanda-t-il, inquiet.
– Je vous ai entendus parler, alors je suis descendue, mais je ne voulais pas vous déranger. De quoi est-ce que vous parliez ?
– Evana, on a pris une décision importante pour toi, annonça-t-il en me tenant fermement pour que je ne tombe pas.
– Et quelle est cette décision ? demandai-je en m'attendant au pire comme au meilleur.
– Je vais rester chez toi tant qu'Austin sera dans les parages. Et tu n'as pas le choix.

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