Chapitre 20
Je restais immobile, le souffle coupé, face à lui. Qu'est-ce qu'il faisait là ? Qu'est-ce qu'il me voulait ? Soudain, je ne savais plus quoi faire. Ma lame ne me servirait à rien, je tremblais tellement que je ne pourrais pas l'utiliser. Qu'est-ce que je pouvais faire ?
J'étais tétanisée par la peur, je ne savais pas comment réagir. Je ne savais pas pourquoi il était là, et c'était ça qui m'effrayait le plus. Ça faisait quelques jours seulement que je l'avais revu pour la première fois, quand je m'étais évanouie, et par rapport à avant je trouvais qu'il avait changé.
Il ne paraissait pas être le Austin que je connaissait, joyeux, rieur, moqueur, toujours souriant et prétentieux. Non, il était devenu celui que je désignais comme le fantôme de mon passé, plus distant, paraissant plus triste et désolé. Pourquoi son attitude avait-elle changé à ce point ? Qu'est-ce qui avait provoqué ce nouveau comportement ?
Malgré tout, je ne pouvais m'empêcher de repenser à tout ce qu'il m'avait fait. À ce qui m'avait poussée à déménager avec mes parents, à tout ce qui m'avait détruite à jamais de l'intérieur. De l'extérieur, je pouvais me montrer forte, mais au fond de moi j'étais aussi fragile qu'un pétale de rose.
Une rose...mais oui ! Tout était lié. Cette comparaison que je venais de faire me permettait de mieux comprendre. La rose sur mon lit. Ma fragilité intérieure. Ma faiblesse, face à lui. Tout concordait ! La personne qui avait déposé cette fleur deux jours de suite sur mon lit voulait certainement me rappeler ma fragilité. Et si c'était celle qui se trouvait face à moi ?
– Evana, je... commença-t-il.
– Laisse-moi tranquille, dis-je en refermant brusquement la porte.
Je ne pouvais pas me trouver face à lui plus de quelques instants. Sa vue m'était insupportable, je l'avais bien constaté la dernière fois. Les larmes commencèrent à arriver, et je me retenais tant bien que mal de pleurer. Si Austin était toujours derrière la porte, il ne devait pas savoir que je craquais de nouveau. Face à lui, je devais essayer d'être forte. Mais c'était toujours plus facile à dire qu'à faire...
Je n'entendis aucun bruit pendant quelques instants, puis il frappa de nouveau à la porte. Je tâchais de reprendre le contrôle de mes émotions et de contenir mes tremblements, en vain. Lentement, je me retournais vers la porte et je pris le risque d'ouvrir et de me retrouver face à lui.
– Evana, laisse-moi te parler. C'est important, m'implora-t-il.
– Et pourquoi est-ce que je devrais t'écouter ? Après tout ce que tu m'as fait, tu crois que j'ai envie de te revoir ? m'énervai-je.
– Écoute-moi, j'ai juste besoin de cinq minutes. Après, je te promets de te laisser tranquille.
– Je ne peux pas te pardonner, Austin. Laisse tomber, je ne veux pas t'écouter.
Je fermais à nouveau la porte, énervée contre lui. Il frappa encore une fois contre le bois, à mon grand désespoir.
– Tu ne vas pas me lâcher, oui ?
– Tant que tu ne m'auras pas écouté, non.
– Je n'en ai pas envie.
– Je savais que tu allais dire ça mais je t'en prie, Evana, laisse-moi te parler.
– Laisse-moi tranquille et va-t'en.
– J'attendrais devant cette porte le temps qu'il faudra.
Il était toujours aussi borné, malheureusement. De ce côté-là, son caractère n'avait pas changé. Je savais qu'il était capable de rester toute la nuit devant chez moi s'il le fallait. J'ouvris la porte pour la troisième fois et le fixais d'un regard noir.
– Pour la dernière fois, va-t'en.
– Non.
– Va-t'en.
– Non. Je ne lâcherais pas l'affaire.
– Je ne t'écouterais pas. Laisse-moi, maintenant.
– Non, je reste là.
– Austin, sérieusement.
– Quoi ?
– Tu veux que j'appelle les flics pour harcèlement ou tu t'en vas maintenant ? le menaçai-je.
– Je ne te harcèle pas, je veux simplement te parler.
Je grommelais. Il m'énervait à un tel point que je commençais même à résister à l'envie de lui claquer à nouveau à porte au nez. Je ne savais pas comment réagir face à cet affront. Je ne voulais pas l'écouter, je pensais qu'il allait encore me faire du mal. Je ne lui faisait toujours pas confiance, ce n'était que la deuxième fois que je le voyais et il m'énervait déjà.
Je tenais le couteau dans ma main droite de toutes mes forces, tellement que les jointures de mes doigts en étaient blanches. Je ne le voyais pas, mais je le sentais. Je ne savais pas quoi faire de cette arme. Devais-je l'utiliser ou pas ?
Austin sembla bouillir intérieurement, puis il me poussa à l'intérieur, au niveau des épaules. J'essayais de le repousser, ne voulant pas qu'il rentre chez moi. Cependant, il était bien plus fort que moi et mes tentatives furent vaines. Il me maintint à l'intérieur pendant qu'il fermait la porte derrière nous.
Je protestais à grands cris, le frappant de ma main gauche autant que je le pouvais, étant donné que la droite était occupée à tenir le couteau de cuisine qui ne me servait à rien. Il me repoussa jusqu'à ce que je sois collée contre le mur du salon, le souffle coupé, face à lui. Il ne paraissait plus désolé mais simplement déterminé.
– Maintenant, Evana Milton, tu vas m'écouter, déclara-t-il. Je...
Je ne lui laissais pas terminer sa phrase et levais le bras droit pour lui planter la lame dans l'épaule, pas trop profondément pour éviter de le blesser trop gravement. Même s'il m'avait fait du mal, je ne voulais tout de même pas le tuer. Je n'étais pas une meurtrière. Il me lâcha instantanément en reculant de quelques pas et je tentais de profiter de cet instant pour m'échapper, mais il me rattrapa avec une force inouïe avant que j'ai pu faire le moindre pas. De la main gauche, il me prit le bras droit et me le tordit douloureusement, ce qui eut pour effet de me faire lâcher le couteau, qui tomba par terre avec un grand bruit.
Austin ramassa l'arme et la pointa dans ma direction, le regard haineux, du sang coulant de son épaule en un petit filet rouge foncé. Il ne paraissait plus désolé, comme lorsque j'avais ouvert la porte pour la première fois, mais plutôt fou de rage et de désespoir. Moi qui croyais en avoir fini avec lui, le voilà chez moi, un couteau à la main, une blessure à l'épaule et se demandant certainement si je méritais de mourir ou non. Il me colla à nouveau contre le mur, brutalement, me faisant lâcher un cri de douleur. Je me débattis vainement, les larmes coulant à flot, contente de l'avoir blessé mais ayant peur de ce qui allait se passer ensuite. Il était redoutable, et le voir avec un couteau à la main était bien plus effrayant que tout ce que j'avais vu jusqu'à présent, bien plus horrible que tout ce qu'il m'avait fait avant que je me retrouve ici, dans cette nouvelle ville.
En l'espace d'un instant, sans comprendre ce qui s'était passé, je perdis connaissance, pour la deuxième fois en moins d'une semaine.
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