Chapitre 17
Nous restâmes ainsi un petit moment, l'un en face de l'autre, à nous défier du regard. Il avait quand même bu la moitié de ma boisson ! J'aurais pu réagir, mais la situation était tellement drôle que je n'avais pas osé le faire.
Lucas esquissa un sourire malicieux, puis il me dit :
– Alors, qui est le plus rapide cette fois ?
– T'es pas drôle... Moi au moins je n'ai pas touché à ton café !
– Normal, puisque tu n'aimes pas ça, répliqua-t-il.
– Ce n'est pas juste ! Et moi je n'ai vraiment pas le droit de boire ?
– Je te laisse le reste. Tu as de la chance que je n'ai pas tout bu !
– Encore heureux...sinon je t'aurais tué !
– Pour un simple verre ? Tu n'en serais pas capable.
– Qu'est-ce qui te fait dire ça ? dis-je en le défiant du regard.
– Tu m'aimes trop pour me tuer, répondit-il avec un air hautain.
Je ne pus m'empêcher d'éclater de rire en voyant l'expression qu'il avait soudainement prise. Il ne pouvait pas être sérieux deux secondes avec moi, c'était impossible !
– La prochaine fois, je te déconseille de le faire, sinon je ne serais pas aussi clémente, le prévins-je.
– Je ne sais pas... dit-il en faisant semblant d'hésiter.
Je lui donnais un petit coup de poing sur le bras, faussement énervée. Je ne lui avais pas fait mal, n'ayant pas beaucoup de force dans les bras, mais mon coup lui arracha une légère grimace. Je passais du rire à l'inquiétude en seulement quelques instants, étonnée par sa réaction.
– Je t'ai frappé si fort que ça ?
– Non, c'est juste que...j'avais déjà une blessure à cet endroit-là, expliqua-t-il lentement. Je me suis cogné dans un meuble sans le faire exprès, il y a quelques jours.
– Fais voir, dis-je en m'approchant de lui pour relever la manche de sa veste.
Il recula prestement et sembla devenir pâle en quelques secondes.
– Tu n'as pas besoin de regarder, tu sais bien que je ne te mentirais pas pour une chose aussi ridicule, dit-il en essayant de reprendre son assurance.
– Lucas ? Tu es sûr que ça va ?
– Tout va très bien, je t'assure. C'est juste qu'il n'y a pas de traces, la douleur est interne donc tu ne pourras rien voir.
Il semblait buter sur chacun de ses mots. Je commençais à douter de ses propos, comme si il me mentait. Mais pour quelle raison ? Je décidais de ne pas tenir compte de son étrange comportement, même si mon esprit voulait le contraire, et d'oublier cela un instant. Ça n'avait pas l'air très important, de toute manière, et je ne voulais pas insister sur le sujet vu la réaction qu'il avait eue. Je choisis de changer de sujet, et de parler de quelque chose de plus léger :
– Tant pis pour ma boisson, de toute façon j'ai une bouteille d'eau dans mon sac. Ne t'en fais pas pour ça.
Lucas acquiesça, désormais silencieux. Même si je trouvais son attitude très étrange, je préférais ne pas insister. Il tourna sa cuillère dans son café, sans rien dire, observant le liquide tourner. Il ne me prêtait plus attention, c'était comme si je n'étais plus là.
Je posais ma main sur la sienne, un sourire pincé sur les lèvres. Il paraissait me faire la tête, et je n'aimais pas le voir comme ça. Il se redressa et, voyant la tête que je faisais, il lâcha sa cuillère, et s'excusa :
– Je suis désolé, je n'aurais pas dû réagir comme ça.
– Tu n'as pas à t'excuser. C'est de ma faute, je suis trop curieuse et je m'inquiétais tellement pour toi... Je n'ai pas voulu te faire mal.
– Ce n'est pas grave. Je ne sens déjà plus rien.
Il parut réfléchir quelques instant, puis il dit :
– Je ne voulais surtout pas que tu me déshabilles en plein milieu d'un bar. On devrait attendre un peu avant de faire ça, non ?
Je levais les yeux au ciel. Heureusement, son humour restait le même en toutes circonstances. Je soupirais, sous son regard amusé. Il se rapprocha à nouveau de moi et sans plus attendre, il m'embrassa tendrement.
Notre baiser ne dura que quelques instants, mais nous nous séparâmes à contrecœur en voyant que beaucoup de gens nous observaient, que ce soir dans le bar ou dans la rue, derrière la vitre. Instantanément, le rouge me monta aux joues et très vite, je pris la couleur d'une tomate. Lucas rit à moitié en voyant la tête que je faisais et s'écarta de moi pour retourner de l'autre côté de la table, avant de boire une longue gorgée de café sans me quitter du regard. Il essayait de ne pas rigoler pour éviter de s'étouffer avec sa boisson, ce que je trouvais assez comique. Je me détendis, en me disant tout de même que nous nous étions bien trouvés, tous les deux.
Lucas finit son café et nous payâmes ensemble nos boissons, puis il fallut retourner au lycée. L'heure du déjeuner était déjà arrivée, et nous devions rejoindre Tessa, Capucine et Tom devant le self. D'ailleurs, je me demandais encore ce que ce dernier faisait avec les filles, mais je n'avais pas encore osé poser la question.
Le repas se déroula sans encombres. Tessa et Capucine semblaient avoir oublié ma colère de ce matin et Lucas paraissait avoir repris une attitude normale. Tout allait mieux que tout à l'heure. Pourquoi avais-je le don de faire du mal aux autres alors que tout allait bien ?
La journée repris son cours normal, avec sa lenteur habituelle. Je retrouvais à nouveau Lucas à la sortie du lycée, comme chaque soir désormais, avec une impatience hors du commun. J'avais chaque fois tant hâte de le revoir et d'être à ses côtés que j'en devenais presque complètement inattentive pendant la fin des cours. Son absence me pesait tellement, même si on ne se séparait que pour quelques heures. Je l'aimais trop pour ne pas penser sans cesse à lui...
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