Chapitre 16

Je poussais un cri digne d'un film d'horreur. Je me retournais d'un coup tout en me levant, prête à me défendre, quand je me rendis compte que ce n'était que Lucas.

– Ça ne va pas bien dans ta tête ? Tu as failli me faire mourir de peur !
– C'était le but.
– Merci de ta gentillesse... On sort à peine ensemble que tu veux déjà me tuer ! m'exclamai-je en riant à moitié. Tu n'es vraiment pas possible.
– Je sais, dit-il en riant lui aussi. Tu n'as pas cours ?
– Mon prof d'histoire-géo n'est pas là, alors j'ai deux heures de pause avant de manger avec toi.
– Tant mieux ! On va pouvoir profiter de ce moment tous les deux. Ça te dirait de rester ailleurs qu'ici pendant ces deux heures ?
– Avec grand plaisir !

Lucas m'aida à me relever, et je lui pris ensuite la main pendant que nous commencions à marcher. Nous sortîmes du lycée, puis il m'entraîna à travers un dédale de rues pendant une dizaine de minutes. Je ne m'inquiétais pas, puisque nous avions le droit de sortir et rentrer du lycée comme nous le souhaitions, mais j'étais curieuse de savoir où il m'emmenait.

Les passants intrigués nous regardaient passer, main dans la main, le sourire aux lèvres. Nous arrivâmes finalement devant un petit bar, avec une ambiance un peu romantique mais sans trop non plus. La décoration était légère, les murs n'étaient pas encombrés de babioles horribles et il n'y avait pas que des couples qui se trouvaient ici – heureusement, sinon je me serais sentie encore plus gênée qu'hier soir. Il y avait aussi quelques personnes âgées qui discutaient autour d'une tasse de thé, des jeunes qui voulaient juste profite d'un moment au calme et des familles, un peu bruyantes mais qui ne dérangeaient en rien le calme du lieu.

Nous nous installâmes à une table près de la baie vitrée, et un serveur vint aussitôt vers nous. J'eus à peine le temps de commander une boisson qu'il était déjà reparti. Je n'avais même pas encore enlevé ma veste ! Il revint quelques instants plus tard avec le café de Lucas et mon soda, et nous fûmes enfin rien que tous les deux.

C'était la première fois que nous passions un moment ensemble, en plein jour et sous le regard des passants qui parcouraient la rue grouillante de monde. Ça me faisait un bien fou, et j'étais plus que ravie de me trouver ici, à ses côtés.

– Ça fait du bien d'être enfin tous les deux, dis-je avant de boire une gorgée de ma boisson. Tessa et Capucine ne voulaient pas me lâcher... Elles voulaient encore me poser des tas de questions, et elles étaient convaincues que je ne leur disait pas toute la vérité par rapport à hier soir, alors que je leur avais tout dit.
– Elles finiront par se lasser, crois-moi, me rassura-t-il en posant sa main sur la mienne, qui était à côté de mon verre. Après, on sera plus tranquilles.
– Je l'espère. Elles m'ont vraiment énervée, tout à l'heure. Pire que ma mère hier soir pour l'interrogatoire qu'elle t'a fait subir...
– Moins tu leur parleras, plus elles commenceront à laisser cette histoire de côté et elles passeront à autre chose. Si elles continuent à t'énerver de cette façon, ne leur parle plus. C'est le mieux à faire. Un jour, elles se rendront peut-être compte qu'elles font une erreur.

J'acquiesçais. J'allais m'efforcer de ne plus répondre à leurs questions pour qu'elles me fichent la paix, comme me le conseillait Lucas. Et puis tant pis si cela risquait de briser notre amitié. J'étais prête à faire tout ce qui était nécessaire pour que mon couple ne casse pas avant un long moment. J'étais enfin heureuse après plusieurs mois de détresse totale, et rien ne viendrait gâcher cela.

J'espérais aussi que le fait de penser très souvent à lui ne m'empêcherait pas de suivre mes cours... Déjà que ce matin avait été une catastrophe, je ne devais pas refaire cette erreur.

Comme si Lucas lisait dans mes pensées, ou plutôt sur mon visage vu la façon dont il me regardait, il me demanda :

– Evana ? Est-ce que tout va bien ?
– Oui, j'étais juste en train de songer au fait que...j'ai eu des exercices supplémentaires en maths ce matin. À cause de toi.
– Pour quelle raison ? me demanda-t-il, surpris par ma dernière phrase. Je ne t'ai pas mis en retard à ce que je sache.
– Non, ce n'est pas pour ça. Disons que je n'arrêtais pas de penser à toi en cours de mathématiques et qu'au bout de deux fois où il a vu que je ne faisais toujours pas les exercices, mon prof m'a donné des devoirs en plus à faire pour le prochain cours. Des exercices difficiles, qui plus est. Juste parce que j'étais dans les nuages pendant quelques minutes.

Je me mordis la lèvre inférieure, troublée. Je ne savais pas que l'amour pouvait procurer à la fois autant de joie et autant de malheur. Pourquoi avait-il fallu que mon cerveau se déconnecte à ce moment pour ne penser qu'à une seule personne ?

– Evana... soupira-t-il. Bon sang, ne va pas mettre tes études à la poubelle juste pour moi !
– Ce n'est pas de ma faute, c'est plus fort que moi, me défendis-je.
– Essaye de ne pas penser à moi en cours, d'accord ? Même si c'est dur, je n'ai pas envie que tu rates ton bac à cause de moi.
– C'était juste une fois ! Je ne recommencerais plus, je te le promets, jurai-je. D'habitude, je suis plus attentive que ça en cours mais depuis qu'on est vraiment en couple... tu me perturbes.
– Je te perturbe ?
– Oui, vraiment. Sinon, je n'aurais pas autant pensé à toi alors que j'étais censée résoudre des exercices de maths.
– Perturber Evana Milton... ma plus grande réussite, me taquina-t-il.
– C'est ça, moque-toi de moi, dis-je en faisant semblant de le bouder.
– Oh, Ev', c'est bon je rigole.

Il se leva et fit le tour de la table pour s'asseoir à côté de moi et me prendre dans ses bras, affectueusement. Je ne pus m'empêcher de sourire. Je ne pouvais vraiment pas être sérieuse deux secondes avec lui, il trouvait toujours une phrase ou un geste pour me faire rire ou sourire.

Lucas s'écarta de moi et tendit le bras pour attraper son café mais je fus plus rapide que lui et je le poussais de quelques centimètres afin qu'il ne puisse pas l'atteindre en restant assis.

– Je n'ai même pas le droit de boire ?
– Non, je te l'interdis, dis-je en lui tirant malicieusement la langue.
– Ça, c'est ce qu'on va voir. Toi non plus, tu ne pourras pas te désaltérer...

Cette fois, il fut le plus rapide de nous deux : il attrapa mon verre et le porta à sa bouche, puis il en but la moitié sous mes yeux. Il reposa ensuite le verre là où il était quelques instant auparavant, comme si de rien n'était, arborant un sourire victorieux qui me laissait bouche bée.

– Sérieusement ? dis-je en haussant un sourcil, surprise par son attitude.

J'étais la petite amie d'un vrai gamin...

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