Le réveil fut assez difficile. Nous devions nous lever tôt, bien entendu, puisque nous avions cours, mais nous n'avions aucune envie de bouger. Malgré tout, il fallait que nous allions au lycée si nous voulions avoir notre bac.

Tant bien que mal, encore à moitié endormis, nous descendîmes dans la cuisine pour prendre notre petit-déjeuner. Je proposais plusieurs choses à Lucas, et il finit par accepter un verre de jus d'orange et un croissant. Je pris la même chose, et nous mangeâmes rapidement et en silence. Je préparais ensuite mon sac de cours, toujours à moitié réveillée, pendant que Lucas s'allongeait sur mon lit.

– Allez, on se bouge, le motivai-je en le secouant, voyant qu'il commençait à s'endormir.
– Ev'... et si on n'y allait pas ?
– Hors de question ! Allez, lève-toi, gros flemmard !

Il marmonna quelque chose que je ne parvins pas à entendre et céda. Il prit son sac et me suivit hors de la maison, semblant rêver encore.

– Tu n'as pas réussi à dormir pour être dans un tel état ? lui demandai-je, inquiète.
– Presque pas... Mais bon, j'ai l'habitude, répondit-il en bâillant.
– Ça se voit, dis-je en l'imitant. Arrête de bâiller, c'est contagieux !
– Ce n'est pas de ma faute !
– La faute à qui alors ?
– Je ne sais pas.
– Bien...

Je soupirais, exaspérée par son comportement. Un vrai gamin ! Il n'était majeur que depuis quelques mois et il se comportait encore comme un enfant... C'était mignon.

Nous arrivâmes rapidement au lycée, un peu plus réveillés, et Tessa et Capucine, ainsi qu'un autre garçon du lycée nous rejoignirent.

– Salut ! lança Tessa.
– Salut ! répondis-je en bâillant à nouveau.
– Eh bien, on dirait que tu n'as pas beaucoup dormi cette nuit, remarqua Capucine. Et toi non plus, apparemment, ajouta-t-elle en voyant Lucas bâiller à son tour.
– La nuit a été mouvementée, on dirait, ajouta Tessa avec un sourire en coin.
– On a juste regardé un film et après on s'est couchés ! me défendis-je. Seulement, on n'arrivait pas à dormir. Mais on n'a rien fait de plus !
– D'accord, d'accord, dit Capucine.

Un silence s'installa, résultat de notre gêne. La sonnerie m'interrompit alors que j'allais demander quelque chose, et nous dûmes partir en cours dans nos salles respectives. Lucas m'embrassa légèrement et partit de son côté, tandis que je partais du mien. Je ne voulais pas le quitter pour aller en cours, mais il faut bien que nous continuons nos études.

Il fallait que j'arrive à ne pas penser à lui pendant les nombreuses heures de travail qui m'attendaient, mais je savais d'ores et déjà que c'était impossible. Pendant les deux heures de mathématiques, je ne pus absolument pas m'empêcher de songer à lui, à nous, et à l'heure du repas, où j'allais le retrouver.

J'étais tellement perdue dans mes pensées que je ne suivais plus le cours, alors que c'était l'une de mes matières préférées. Lorsque le professeur me demanda quel était la réponse à l'exercice que l'on était en train de faire, je ne sus pas quoi répondre. Je n'avais même pas commencé alors qu'ils en étaient à la dernière question pour la correction !

Je m'excusais auprès de mon professeur et lui promit d'être plus attentive mais comme je m'en doutais, ce ne fut pas le cas. Je ne pouvais pas penser à autre chose, c'était impossible. Sa pensée m'obsédait, je revoyais encore son visage proche du mien et nos baisers si délicieux.

Encore une fois, mon professeur, voyant mon inattention, m'interrogea. Cette fois, il ne me laissa pas m'excuser et me donna des exercices supplémentaires à lui rendre pour le prochain cours en constatant que je n'avais toujours pas fait mes exercices. Si seulement je pouvais arrêter un instant de penser à Lucas, ça ne me ferait pas de mal...

Finalement, j'essayais tant bien que mal de faire les exercices que le professeur nous avait donnés en rejetant sans cesse les pensées qui avaient un rapport avec Lucas. Je réussis à répondre à toutes les questions que l'adulte me posait et je fus plus qu'heureuse lorsque la sonnerie retentit, juste à côté de la salle.

Il ne me restait plus que deux heures à attendre avant de revoir enfin Lucas. C'était la première fois que quelqu'un me manquait autant alors que je l'avais vu deux heures auparavant. Je pensais tellement à lui... Pour mon plus grand bonheur, on annonça que notre professeur d'histoire-géo était absent. J'avais deux heures devant moi ! Tessa et Capucine m'entraînèrent dans le parc du lycée, sur les vieux bancs en métal rouillés.

– Alors ? me demanda Tessa en me forçant à m'asseoir.
– Alors quoi ?
– Toi et Lucas ! dit Capucine. Vous avez passé la soirée ensemble ?
– Oui, on vous l'a dit tout à l'heure, on a mangé ensemble et après on a regardé un film.
– Juste ça ? Pas plus ? dit Tessa.
– Oh, mais vous allez me lâcher avec ça oui ? rétorquai-je, exaspérée. Il ne s'est rien passé, je vous ai tout dit, point.

Je me levais du banc et pris mon sac, puis je partis rapidement, voulant m'éloigner le plus possible des filles. Après seulement deux jours, elle commençaient déjà à être beaucoup trop curieuses et à vouloir tout connaître de ma relation avec Lucas, dans tous les détails. Comme si j'allais avoir envie de tout leur raconter ! Je voulais qu'elles me laissent un peu tranquille pour une fois, qu'elles arrêtent d'être constamment à me poser des questions sur lui. Elles étaient jalouses, je le savais, mais je commençais à en avoir marre de leurs questions et de leur curiosité sans bornes.

D'accord, elles étaient mes amis, et les seules que j'avais si on ne comptait pas Lucas, mais je trouvais qu'elles allaient un peu trop loin. J'avais le droit d'avoir une vie privée, non ? Elles n'avaient pas l'air de comprendre ça, tant elles étaient curieuses et envieuses de ma situation...

Je m'asseyais à même le sol après quelques minutes de marche, espérant que les filles ne m'avaient pas suivie. Fort heureusement, j'étais seule. Enfin. Elles avaient dû se dire que je n'étais pas d'humeur à discuter avec elles, ce qui était le cas. Je m'assis sur l'herbe et laissais tomber mon sac à côté de moi, puis je fermais les yeux et respirais lentement pour calmer mon rythme cardiaque et me détendre totalement.

– Bouh !