31 - Le temps d'un regard

Point de vue Sada


<< Ca va je peux le faire tout seul. >>

- Tu es sûr ?

<< Mais oui c'est juste quelques coupures-- >>

Bakugou grince des dents en essayant de se faire un bandage à la main, alors je récupère le rouleau pour terminer mes soins. Je suis encore un peu sous le choc de ce qui s'est passé tout à l'heure, je ne pensais pas qu'Haruki-senpai était quelqu'un comme ça...

En cours ce matin, il m'avait seulement demandé un service en rapport avec un devoir à rendre pour la semaine prochaine, du coup je ne me suis pas méfiée sur ses réelles intentions à mon égard. Tout le monde le voyait comme quelqu'un de très introverti et toujours dans son coin, il ne parlait pas trop mais avait plutôt bonne réputation auprès de certaines filles. Je le trouvais plutôt sympa et ça me faisait plaisir que d'autres personnes en dehors du cercle d'amis ose m'adresser la parole, avec le début de l'année j'en doutais. Il m'a invité dans un café et il est vrai qu'on a passé l'après midi et le début de soirée à réviser et s'entraider pour les cours, mais au moment où j'allais partir, son comportement a totalement changé. Haruki-senpai a tenté de m'embrasser de force, évidemment je l'ai repoussé et c'est là qu'il m'a giflé...

J'étais tellement choquée de sa réaction que je n'ai pas pu réagir comme il le fallait et si Bakugou n'était pas intervenu, qui sait ce qu'il aurait fait ??

Ce dernier me regarde soigner sa main sans me poser de questions.

- ... Merci quand même...

<< Hm... >>

Il pose légèrement les doigts sur mon pansement à la joue.

<< Ca te fait encore mal ? >>

- Ca pique un peu mais ça va. Ce n'est pas aussi grave que toi...

<< J'ai même pas ressenti la moindre douleur. >>

Il était en transe, c'est normal. Mais maintenant que tout est à plat, il arrive à peine à bouger ses phalanges et sa main tremble... J'ai peur qu'il se soit brisé quelques os. Quand je repense à ce qu'il a fait pour moi, j'étais terrifiée mais aussi heureuse qu'il soit venu me protéger. J'ai surtout peur qu'il ait des problèmes avec les flics à cause de ça.

- Evite un maximum de bouger ta main et mets des glaçons pour atténuer la douleur.

J'ai oublié d'émettre un léger détail, après avoir déposé Kirishima chez lui, Bakugou ne m'a pas ramené chez moi... Mais chez lui. Je ne me sens pas vraiment à l'aise de m'incruster comme ça, surtout après ce qui s'est passé.

Mais au moment où j'allais prendre mes affaires et partir, il me retient par le poignet avec son autre main.

<< Qu'est-ce que tu foutais avec lui ? >>

- Bakugou je n'ai pas envie d'en parler...

<< Primo : si je te laisse partir, qui me dit que t'es en sécurité dehors ? Deuxio : Réponds à ma question tout de suite. >>

Le ton de sa voix s'est subitement assombri alors qu'il répétait sa question.

- Je... Il voulais que je l'aide pour un devoir...

<< Avec une baffe ? Me prends pas pour un con et dis moi la vérité. >>

- Mais c'est la vérité ! Je ne savais pas qu'il ferait ça--

<< Sada ! >>

Je sursaute et me tais en le voyant bondir de sa chaise et se pointer juste devant moi, toujours en me tenant le poignet.

<< Tu comprends pas...?! grogne-t-il. J'étais à la limite de devenir fou quand j'ai vu comment il se comportait avec toi ! Si tu m'avais pas arrêté je l'aurais buté, parce que je VOULAIS le crever ! Des mecs comme lui je les méprise à en gerber, tu peux pas savoir à quel point ! >>

- Oui j'entends bien, calme toi...

<< Et encore il a intérêt de remercier Kirishima de lui avoir remis le bras en place, parce que c'est pas moi qui l'aurait aidé, peste-t-il, encore bien remonté. >>

- Bakugou ça suffit.

Chose que je fais rarement et qui le calme sur le coup, j'attrape son visage entre mes mains pour l'obliger à me regarder dans les yeux. D'habitude je fais tout pour ne pas le laisser lire à travers moi, parce qu'il ne me suffit que du temps d'un regard pour ressentir quelque chose que je n'ai jamais éprouvé pour personne. Le temps d'un regard pour assumer ce que je ressens pour lui et je crois que même lui a compris que les mots n'ont plus besoin d'être prononcés à vive voix pour être entendus... Il suffit juste d'un simple regard pour nous comprendre.

Je laisse mes mains se détacher de ses joues pour glisser le long de son cou et sa clavicule, jusqu'à sentir les battements de son coeur au fond de sa poitrine, tandis que mes lèvres touchent doucement les siennes. Après ce premier baiser, il m'en offre un deuxième de la même douceur, bien qu'un peu piquant. Il n'y a même pas besoin de partager nos salives pour ressentir une légère chaleur nous envahir et je n'ai jamais sentir mon coeur aussi puissant.

- Oui... Il y avait des sentiments dans ce baiser...

Sa main blessée passe aussitôt sous mes cheveux et ses lèvres écrasent les miennes avec plus de puissance. Je réponds à cette invitation en me serrant contre lui, avant de reculer pour reprendre mon souffle. Bakugou cale son front contre le mien en fermant les yeux, je fais de même.

- ... Et maintenant...? Qu'est-ce qu'il va se passer demain...?

<< On s'en fout. >>

- Tu regrettes...?

Il secoue la tête et je souris.

<< Et toi ? >>

- Pour une fois non. C'est la première fois que je ne regrette pas mes choix... Mais je suis encore loin d'en avoir fini avec ces problèmes...

<< Ca devrait être plus simple parce que maintenant t'es plus toute seule. >>

Je sursaute avant de sentir mes joues chauffer.

- Ba--

<< On dort. >>

- "On" ??

<< Tu comptes rentrer chez toi TOUTE SEULE à cette heure ? T'es tarée. >>

- Heu... Toi et moi... dans ta chambre ?

<< Je peux prendre le canap' c'est pas problème. >>

- Non non !

<< Puis je vois pas en quoi c'est un problème, t'as déjà dormi avec moi hein. >>

- Oui... mais c'était dans un contexte différent et puis... c'est...

Il arque un sourcil.

<< Quoi, t'as peur que je te saute dessus ? >>

- N-Non ! Heu... En tout cas pas toi !

<< Hein ? >>

Mais qu'est-ce que je dis moi ?! Tais toi Sada ou il va croire que tu veux coucher avec lui dès le premier soir !!

Il pouffe avec un sourire en coin, un peu provocateur.

<< Hé, je m'appelle pas Haruki moi. Prends ma chambre, moi je dors là et tu discutes pas. >>

- Non c'est l'inverse, moi je prends le canapé et toi tu dors dans ta chambre.

<< Tu fais chier je t'ai dis de pas discuter !! >>

- Alors dans ce cas chacun son côté du lit !

Il tire une tronche abasourdie de m'entendre finalement voter pour qu'on dorme ensemble, de toute façon il n'y a pas vraiment le choix pour cette nuit.

- Je refuse que tu te casses le dos en dormant dans le salon... Et puis on est chez toi, j'ai pas envie de te chasser de ta propre chambre... J-Je suis prête à partager, après tout tu l'as dis ! Ce n'est pas la première fois qu'on--!

<< T'as fini ? peste-t-il, agacé. >>

- Heu oui je crois...

<< Bon alors tu te tais, douche et au lit. >>

- Oui M'sieur...



La nuit n'a heureusement pas été plus loin qu'un petit problème de sommeil. Bakugou dormait côté baie vitrée et moi du côté de la salle de bain, tous les deux dos à dos. Je ne sais pas pour lui, mais j'ai mis du temps avant de m'endormir. J'ai même toujours eu du mal si ce n'est pas dans mon propre lit. Puis avec la largeur du lit, on était si loin l'un de l'autre alors comme une anguille, je me suis faufilée dans son dos pour me blottir et depuis, plus rien.

Ce n'est pas que j'ai pas envie qu'il se passe quelque chose avec Bakugou mais... Je ne me sens pas prête à aller plus loin... Ce qui me fait plaisir à voir, c'est qu'il me conforte dans le fait que les hommes ne sont pas tous pareils en me laissant un peu d'espace vital.












Je pensais que le lendemain allait être une journée ordinaire et que tous les soucis étaient déjà réglés, cependant...

<< Nour, tu vois ce que je vois ??? articule Chan en réajustant ses lunettes d'intello. >>

<< Nooon... Il va neiger en Août ! >>

Je rougis en essayant d'ignorer les regards qui se tournaient autour de nous. Certains sont jaloux et d'autres surpris de me voir débarquer avec le major de promo de la Fac main dans la main, mais je n'ai pas envie de me cacher. Lui non plus d'ailleurs, il se fiche royalement des opinions.

En voyant Nour se ruer vers nous, il m'attire contre moi pour embrasser ma joue avant de me lâcher.

<< DEPUIS QUAND SHIRO-CHAN ?!! râle-t-elle, folle de jalousie. >>

- Hier...

<< ET TU ME L'AS PAS DIS--?!! Oye oye oye c'est quoi tous ces bandages ??? Et ce pansement ?? >>

Elle touche ma joue en changeant totalement de visage, puis prend la main de Bakugou pour regarder de plus près.

<< Rien qui te regarde, peste-t-il en récupérant sa main. >>

<< Vous vous êtes battus ou quoi ??? >>

- Heu comment dire...

<< Bakugou Katsuki ? >>

Je me décompose en voyant le proviseur de la Fac accompagné de deux flics. Bakugou ne semble pas surpris et reste étonnamment calme.

<< Veuillez me suivre dans mon bureau. >>


À suivre...

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Aie... Héros mais coupable en même temps, c'est pas bon. ;-;

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