15 - Voyage
Point de vue Sada
Je regarde mes mains trembler alors que ma tension artérielle venait de baisser, alors que Mizuhara restait immobile à côté de mon lit, un pansement à l'oreille. Malgré ce que je lui ai fais, elle tient quand même à rester près de moi... Mais pourquoi elle m'en veut pas pour ce que j'ai fais...? J'ai craqué et c'est elle qui a trinqué...
<< ... Shiro-chan...? >>
Je n'ai pas pu retenir mes larmes et mes doigts s'emmêlent dans mes cheveux jusqu'à les tirer.
- Je suis désolée...! Tellement désolée...!
<< Non ce n'est rien, vraiment... Tu avais besoin d'extérioriser. >>
- J'ai gâché tous les efforts de Bakugou pour me sentir mieux...!
<< Il ne t'en veut pas pour ça, mais du fait que tu ne lui parles pas... Pourquoi tu as refusé de le voir ? >>
Elle prend mes mains et me sourit tendrement.
<< Tu peux tout me dire, je garderai le secret si tu ne veux pas qu'il le sache. >>
Au point où j'en suis, à quoi bon cacher la vérité...? Je suis si fatiguée, alors je ne pourrai pas tout garder en moi cette fois... Mizuhara pose ma tête sur son épaule et s'assoit sur le rebord de ce lit aussi dur que la pierre.
- J'étais convaincue que tout ça n'allait jamais s'arrêter... Je savais que je n'allais jamais guérir et que c'était une perte de temps pour lui comme pour moi... J'avais tellement honte que je me sentais plus capable de le voir... Ni personne d'autre...
<< Shiro-chan... La dépression est une maladie sérieuse et à traiter sur le long terme, bien sûr que ça va prendre du temps pour guérir. Et puis entre nous, Katsuki est une tête de mule alors quand il décide un truc, tu sais bien qu'il ne lâchera jamais avant d'avoir réussi. Si tu pensais lui échapper en restant barricadée chez toi, c'est raté désolée. >>
Elle rit doucement et sur ce point là elle a raison... C'est une vraie tête de mule.
- Et puis... Qu'il vienne constamment chez moi, ça... porte à confusion aussi...
<< Comment ça ? >>
Je rougis de gêne en tournant la tête.
- Bah... Je ne veux pas que tu crois qu'on flirt...
<< Moi ? >>
- ... Tu l'aimes toujours, pas vrai...?
Elle sursaute en rougissant avant de sourire.
<< C'est si flagrant...? >>
Je hoche la tête et me redresse d'un coup.
- Mais je t'assure qu'il n'y a rien entre nous et c'est aussi pour ça que je voulais qu'on arrête de se voir ! J-Je ne voulais pas me mettre entre vous !
<< C'est bon Shiro-chan, respire, rit-elle en me caressant la tête. >>
- Tu ne veux pas retenter...?
<< 'Sais pas, mais j'aimerais bien oui... Et toi, tu ne l'aimes pas, même un tout petit peu ? >>
- Que-- Non. Non j'y ai jamais pensé...
<< Nan mais tu me crois idiote Shiro-chan ? >>
- Hum ?
<< Tu penses que j'ai pas remarqué que tu essayais de détourner le sujet ? >>
Elle fait flipper quand elle reprend son sérieux... Je baisse la tête.
<< Je sais qu'il y a quelque chose de plus profond dans cette histoire. Pourquoi tu t'es mise tout ça dans la tête ? C'est à cause du mensonge que tu as raconté à la soirée ? >>
Je sursaute.
<< Bah oui j'avais bien compris que ce n'était pas vrai. >>
- Si tu savais comment je me sens si mal...
<< Mais ce n'est rien, c'est pas grave. C'est pas comme si tu prévoyais un plan terroriste. >>
Un attentat contre moi même oui...
Je me replie sur moi en posant mon menton entre mes genoux et soupire.
- J'étais... jalouse de la vie que tout le monde menait autour de moi et j'ai seulement voulu donner une impression de ma vie plus... palpitante... Au final j'ai gâché la soirée.
<< Mais non... Et puis les autres ont tellement bu qu'ils ont vite oublié donc bon. Mais encore ? >>
- Quoi ?
<< Pourquoi tu penses que ta vie est nulle ? >>
. . .
C'était le sujet que je voulais pas aborder...
- Je ne devais pas naître à la base.
<< Eh ? >>
- Avant moi, ma mère a fait une fausse couche. Une interruption de grossesse si tu préfères... Puis mes parents étaient sans cesse en conflit et ont manqué de se séparer plusieurs fois. Mes frères ont connu la vie pleine d'embrouilles, de verres qui casses, des pots de fleurs qui volent à travers la pièce etc... J'ai failli ne jamais connaitre mon père, et puis de toute façon il ne voulait plus d'enfant après la fausse couche. Mais ma mère voulait absolument une fille et ils ont réessayé jusqu'à... obtenir une gamine complètement paumée comme moi dans un monde qui ne lui correspond pas...
<< Shiro-chan... >>
- T'imagine pas la déception que je ressens de savoir que je suis née que pour combler un manque... Si mes parents sont encore ensemble aujourd'hui, c'est parce que je suis là... Pourquoi mon frère est mort et pas moi...? Si les rôles étaient inversés... ça serait pas mieux...?
Je serre les poings sans arriver à relâcher mes larmes, malgré ma gorge serrée.
- Ma mère n'a précisé quel genre de fille elle voulait... Elle s'attendait plutôt à une fille ambitieuse, excellente en toute circonstances, intelligente... Bref, l'enfant que tous les parents rêvent d'avoir... À la place elle a eu un enfant qui n'est rien de tout ça et plutôt doué pour gâcher tout ce qu'il entreprend dans sa vie...
Mizuhara me prend dans ses bras et me caresse la tête.
- Ce monde... n'est pas fait pour les gens comme moi...
<< Shiro-- >>
- Ne dis rien... Il n'y a rien à consoler, mais c'est sympa d'essayer--
<< MON CUL OUAIS !!! >>
J'ai jamais eu aussi peur de ma vie en voyant la porte s'ouvre à grand coup de pied pour laisser entrer Bakugou en furie, un gros sac sur le dos.
<< Kat' tu écoutes aux portes ?! gronde Mizuhara. >>
<< Ecrase ! >>
Il balance le sac sur les draps et je recule en le voyant s'approcher dangereusement. C'est quoi cette gueule de démon ?!!
<< Toi tu te changes et on se casse. >>
- Quoi...
<< Magne ! >>
Et il claque la porte juste après. Mais qu'est-ce qui lui prend...? Et c'est un sac de voyage, je ne comprends pas là. Mes affaires sont toutes dedans, il a pris trop de fringues pour me ramener chez moi. Je fouille plus attentivement et retrouve ma brosse à dents, mon peigne, mon shampoing, mes cachets... Bref le nécessaire pour--
- O-On part vraiment ???
Mizuhara sourit et va lui courir après, j'en déduis qu'elle a comprit ce qu'il avait en tête. Ces deux là sont vraiment sur la même longueur d'onde...
Bakugou roule sur le périphérique en suivant la voiture de Kirishima, qui avait Mina, Ochako et Midoriya en passagers, et nos affaires sont tassées dans son coffre pour nous alléger. Kyoka et Denki nous suivent aussi à moto. Je les ai entendu parler d'une maison de vacances louée pour nous tous... sans me demander mon avis bien sûr, puis on a direct pris la route. Je me sens limite prise en otage là.
Mais n'empêche... Ca fait du bien de sortir de l'hôpital.
J'hésite un long avant de serrer ma prise autour de la taille de Bakugou et blottit ma tête -casquée - contre son dos. Il m'a même acheté une blouse pour la sécurité routière, même si je nage un peu dedans, sur le chemin du départ. J'ai trop de dettes envers lui et je me sens mal...
Peut être qu'un petit effort pendant ces vacances sera ma façon de le remercier... avec quelques billets quand même.
(Au pire tu le payes en nature Sada-- pardon je me tais.)
On s'arrête à plusieurs stations essence perdues en pleine nature sur le littoral, avec l'océan de l'autre côté de l'autoroute. Kirishima a mit la musique à fond dans sa voiture et tout le monde chante à tue-tête. Denki, Kyoka et Bakugou sont concentrés sur la route et parfois Denki fait cabrer sa moto quand il n'y a personne autour de nous, au risque de se faire engueuler par Kyoka.
On s'arrête à la dernière station avec konbini avant notre destination finale pour faire le plein d'essence et réviser les véhicules. Le pot d'échappement de celle de Bakugou déconne un peu, mais ce n'est pas bien grave selon lui et la réparation ne sera pas longue. On en a pour une heure à rester sur le chemin et je trouve heureusement qu'on a bien fait de s'arrêter... Kyoka a trainé Denki, Ochako et Midoriya au konbini pour nous acheter des boissons et des snacks pour faire un apéro à notre arrivée, Kirishima s'occupe de l'essence et Mina s'est endormie dans la voiture.
Moi, je reste assise sur la selle de la moto et regarde Bakugou tourner en rond en attendant la fin des réparations chez un vieux garagiste.
- ... Dis...
<< Hm ? >>
- C'était prévu cette sortie pas vrai ?
<< On en a discuté juste après que tu sois partie de la soirée. >>
- Oh... Et il n'y a que nous ?
<< Ouais. Les autres sont partis en vacances de leur côté. Et puis là où on va, les chambres sont limitées. >>
Je me pince la lèvre sans savoir si je devais poser de question mais...
- ... Pourquoi tu n'as pas invité Mizuhara à ma place ?
<< Putain Shiro' tu vas pas remettre ça, râle-t-il en se retournant. >>
- Non non c'est juste une question... Je trouve que vous allez plutôt bien ensemble.
Il me dévisage, visiblement confus, avant de souffle du nez en tapant du pied, impatient.
<< Sûrement. >>
- ... Tu l'aimes encore ?
<< ... Peut être. >>
Pourquoi il a hésité à me répondre...? Il est pas sûr ? Et un "peut être" ne veut rien dire du tout, c'est oui ou non ? J'espère tellement qu'ils retournent ensemble... Ils ont une vraie complicité et Mizuhara a un caractère bien à elle, en plus elle est sympa. Ca me fait de la peine de savoir qu'ils sont séparés...
- Elle aurait pu venir avec nous aussi...
<< C'est du passé tout ça, peste-t-il, agacé. Tu parles beaucoup en ce moment. >>
- Désolée, je dis juste que c'est dommage--
<< Mais c'est comme ça et on peut rien y faire, ok ? Contrairement à toi, moi j'avance dans la vie et je reste pas fixé sur le passé. >>
Je sursaute et baisse la tête. C'est vexant et pourtant c'est vrai... Mais pourquoi il est si agressif ?
. . .
Mais quand même c'était pas cool Bakugou...
<< Ah la la, ce n'est pas comme ça qu'on s'adresse à une demoiselle jeune homme, rétorque gentiment le vieux. >>
<< De quoi je me mêle ? grogne-t-il. >>
<< Regarde donc la tête qu'elle fait maintenant, tu ferais mieux de t'excuser. Un homme le devient quand il avoue ses torts. >>
- Non ce n'est rien, il a raison...
Je me lève de la selle et enfile ma capuche avant d'aller marcher.
<< Tu vas où là ? >>
- Faire un tour...
À suivre...
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Et on chante en choeur : BAKUGOU EST UN GROS BLAIREAU ! 🎶
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