13 - Sentiment de trop

Point de vue Sada

<< Alors Shiro-chan, depuis quand t'es revenue de France ? demande Ochako en grignotant les apéritifs. >>

- Heu... Le mois dernier...

C'est faux, j'ai fais un aller retour France-Japon l'an dernier...

<< Tu es à la Fac avec Bakugou-chan du coup ? demande Tsuyu. Il est toujours aussi colérique ? >>

Je hausse les épaules sans savoir quoi répondre.

- Il s'est... assagi je dirais.

<< Bakugou, sage ? marmonne Kyoka, pas convaincue. J'ai du mal à visualiser. >>

<< Il suffit, Shirosaki m'a l'air fatiguée, interrompt Momo en frottant mes mains. Tu as les mains froides, ça va...? >>

Je ne pense qu'à une chose Momo... Je prie pour que cette soirée se termine rapidement pour pouvoir rentrer chez moi, parce que la rechute n'est pas loin... Tout allait bien hier pourtant, puis quelque chose m'est revenu en mémoire juste avant que Bakugou ne vienne me chercher. J'essaye vraiment de ne penser à rien mais je replonge aussitôt et c'est ce qui me fatigue le plus... J'ai juste envie de pleurer, mais pas devant tout le monde et je ne peux pas le dire à Bakugou... Il sera déçu...

<< Shiro-chan ? appelle Mina en me voyant pas répondre à Momo. >>

- Ce n'est rien, les révisions vous connaissez... Tout ça quoi...

Je n'ai même pas la force de sourire pour leur faire plaisir et me contente de faire semblant de boire.

<< Ah ouais, mais ménage toi aussi hein, conseille Toru. En parlant de ça, qui a commencé son mémoire ? >>

Je les écoute en silence avant d'entendre les garçons discuter un peu plus loin. Denki brandit son cocktail en s'appuyant sur les épaules de Shoto.

<< On va fêter un événement ce soir, écoutez tous ! Vas y Todoroki ! >>

<< J'ai juste dis que ma belle soeur était enceinte... >>

<< Tu vas être tonton ??? Félicitations Todoroki-kun ! sourit Midoriya. >>

<< C'est un exploit ? >>

<< OUI UN BEBE !!! s'excite Mina en levant son verre. Au futur neveu de Todoroki ! >>

Tout le monde porte un toast à un peu de tout et n'importe quoi, pas que pour ça. Kirishima a pu décrocher un boulot, Denki s'est acheté une maison, Midoriya part à Londres pour Noël, Toru a décroché un contrat de mannequin, Kyoka fait partie d'un studio de musique, Mina est influenceuse beauté sur TikTok, Ochako va partir à l'armée... Bref, un peu tout le monde a su réussir sa vie comme il l'entendait en somme.

Moi... Pour quoi je peux trinquer...?

<< Et toi Shiro-chan ? demande Ochako en claquant son verre contre le mien. >>

- Bah...

Au pire invente un mytho Sada...

- J-Je vais me marier !

Bakugou manque de recracher sa boisson alors qu'il discutait avec Mizuhara, mais il m'a clairement entendu, et tout le monde me regarde avec des yeux ronds et des sourires. J'en suis pas à mon premier mensonge de toute façon et puis... J'ai honte de ma vie comparée à la leur.

<< MAIS FELICITATIONS !!! crient les filles en m'enlaçant. >>

<< Avec Bakugou ? doute Shoto en le regardant. >>

<< T'ES MALADE OU QUOI, JAMAIS DE LA VIE !!! hurle Bakugou. >>

Mizuhara éclate de rire tandis que les autres me félicitent en choeur et trinquent à ma santé. Bakugou me fusille du regard en sachant très bien que je mentais et je peux lire un "POURQUOI TU MYTHO ?!!"... Je n'ai pas réfléchi et puis ils auront peut être oublié, après tous les verres qu'il ont prit avant.

<< On le connait ??? s'accroche Mina. Il est sympa ?? >>

<< C'est un mec ou une fille ??? demande Toru. >>

<< C'est pour quand ??? sourit Ochako. >>

- Heu... Je vais aux toilettes...

<< Tu te sens bien ? s'inquiète Momo, qui avait clairement remarqué mon humeur ce soir. >>

- Oui oui, juste une envie pressante...

Je me rue vers les toilettes en ignorant les sermons à distance de Bakugou et m'enferme dans une cabine, avant de retirer mes chaussures et me laisser glisser le long du mur jusqu'à m'asseoir sur le carrelage en me tenant la tête. J'ai cru faire une crise d'angoisse devant eux, c'est horrible... Je savais que j'y arriverais pas !

À quelle heure j'ai cru que ça pouvait marcher, j'ai cru Bakugou bêtement !

Qui il est lui d'abord ?! Il est au courant mais il ne sait pas ce que ça fait de revivre comme ça !

D'avoir perdu tout espoir et pourtant se raccrocher à un truc qui n'existe pas !

C'est pas une robe et un peu de fond de teint qui vont effacer mes problèmes ! Ce ne sont que des artifices pour cacher qui je suis réellement...!

Si les autres me voient telle que je suis en dehors, ils prendront peur ou auront du mal à me reconnaitre !



J'ai tellement honte...

Je sais qu'il pensait bien faire mais c'est pas de sa faute... C'est moi, je suis malade...!

Une pauvre fille mythomane qui s'invente une vie pour se la péter, non mais pour qui je prends...?

Si je leur dis la vérité, ils vont me demander pourquoi j'ai menti et je vais devoir m'expliquer or je n'ai plus le courage de les regarder en face...

Je vais juste me faire oublier pour le reste de la soirée et ne plus parler, ça ira très bien...





Je sors quelques minutes plus tard avant de voir Momo discuter avec Bakugou, et je devine qu'ils parlent de moi vu la façon dont il me foudroie du coin de l'oeil. Je vais me faire tuer au retour...

J'allais retourner m'enfermer, mais Momo m'attrape par le bras.

<< Shirosaki, viens on va manger. >>

- N-Non merci je n'ai pas faim...

<< Calme toi d'accord...? C'est faux ce que tu as dis n'est ce pas...? >>

J'ai envie de me noyer dans la mer...

<< Ne t'inquiète pas je dirai rien, mais viens je ne veux pas que tu restes seule. >>

Je suis pas sûre que Bakugou lui ait tout balancé, le connaissant il n'est pas de ce genre. Momo a dû deviner que je n'allais pas bien... Elle m'invite à me rasseoir avec les autres qui profitaient de la fête et boire de l'eau en me tenant la main. Elle ne me pose aucune question alors que je m'attends à ce qu'elle me demande des explications, mais rien.



Les heures défilent et la musique varie, tout le monde danse et chante jusqu'à la fin de soirée où les slows commencent.

<< Tu veux encore de l'eau ? demande Momo qui ne m'avait pas quitté. >>

- Non merci, je vais pas tarder à rentrer...

<< Yaomomo, tu veux danser ? >>

Elle rougit en voyant Shoto s'approcher en tendant sa main, puis me regarde comme pour avoir mon autorisation. Je hoche la tête et la regarde le rejoindre, ils sont vraiment faits l'un pour l'autre ces deux là. Je soupire en prenant ma veste et me lève, avant de chercher Bakugou du regard. Il a promis de me ramener à la maison, où il est ?

Je me tourne vers la plage et le retrouve avec Mizuhara, face à la mer et assis tous les deux sur un tronc de bois flotté. Ces deux là ne se sont pas quittés depuis le début de la journée et c'est cramé d'avance qu'ils ont encore des sentiments l'un pour l'autre. Et ça se confirme quand elle pose sa tête sur son épaule.

. . .

Je pense que c'est mieux que Bakugou arrête de s'occuper de moi, autrement Mizuhara va se faire des idées...

Autant les laisser seuls, je vais rentrer à pieds c'est pas grave. Je salue Denki et les autres avant de partir, c'est la moindre des choses.

<< Déjà ??? >>

- Oui je me lève tôt demain...

<< Mais c'est dimanche demain... rappelle Ochako. Tu es sûre de pouvoir rentrer toute seule ? >>

<< Je te ramène si tu veux, propose Midoriya. >>

- Non ça ira, j'ai envie de marcher un peu... Bonne soirée et merci.

Midoriya fronce les sourcils en me regardant partir. J'ai à peine franchi l'entrée du restaurant que ma façade éclate comme un miroir et mes pensées noires reviennent comme un ouragan.

Plus jamais ça...

Je ne veux plus jamais retourner dans un endroit pareil...

Je n'ai même pas réussi à sourire une seule fois, je me sentais de trop...

Bonsoir voilà la plombeuse d'ambiance.



Je déambule dans la rue en enlevant mes chaussures qui me font un mal de chien et marche pieds nus jusqu'à l'arrêt de bus le plus proche. Je n'ai qu'à prendre le dernier bus de la soirée, ça ira plus vite.

Mon portable vibre et évidemment, c'est Bakugou qui m'appelle, mais je ne décroche pas et m'assois sous l'abris bus éclairé par un seul lampadaire.

Et c'est qu'il insiste en plus... Mais ne te fatigue pas abruti, je ne décrocherai pas.

Puis à force de me harceler, j'allais éteindre mon téléphone quand le dernier appel vient de mes parents.

Je ne sais pas si j'ai envie de leur parler...





. . .

Je décroche quand même et mon coeur se déchire en entendant la voix de ma mère de l'autre côté.

<< Salut ma puce, tu vas bien ? >>

- Maman... Pourquoi tu m'appelles à cette heure...?

<< Je dois avoir une raison pour t'appeler maintenant ? J'ai vu la photo de la robe que tu m'as envoyé, elle est superbe ! >>

Une première larme dévale ma joue, suivie de sa jumelle.

<< ... Sada ? >>

- ... Je t'aime maman...

<< Chérie... Pourquoi tu pleures...? >>

- Je voulais juste te le dire...

<< Qu'est-ce qui t'arrives...? Tu veux parler à Papa ? >>

J'essuie mes larmes d'un revers de la main, mais rien à faire je n'arrive pas à m'arrêter.

- Non ça ira... Je vais bien... Je suis juste un peu fatiguée, je rentre d'une soirée...

<< Ah d'accord ! Avec qui ? >>

- Quelques collègues du lycée...

<< C'est bien ! >>

- Je rentre chez moi là...

Je rentre dans le bus en laissant mes chaussures par terre, près de la poubelle, et me cale dans un siège au fond.

<< Dès que tu rentres, tu prends une bonne douche pour te relaxer et va dormir. >>

- ... Je pense à rentrer à la maison...

<< Hein ?? Pourquoi ?? >>

- C'était stupide de revenir au Japon...

<< Ah non ! C'était ton rêve d'aller au Japon et entre nous, tu trouveras pas mieux en France hein... Il n'y a pas d'avenir pour vous les jeunes ici. Reste où tu es et profite de ta vie. >>

- Quelle vie...

<< Chérie, tu es vraiment fatiguée... >>

Je renifle et essaye de me calmer.

- Ouais...





















Le lendemain je me suis enfermée chez moi et je compte faire la même lundi, je ne me sens pas capable de revoir Nour et Bakugou. Je les ai même bloqué sur mon téléphone pour ne plus les contacter, et pourtant monsieur trouve encore le moyen de se pointer devant chez moi et essayer de rentrer.

Mais j'ai prévu le coup, j'ai collé une affiche dans le hall d'entrée en demandant aux voisins de ne pas lui ouvrir.

<< SHIRO' !! hurle-t-il dans le quartier. JE SAIS QUE T'ES LÀ !!! >>>

Aujourd'hui encore il ne me lâchera pas... Il me donne aussi la migraine...

Je l'ignore et mange mes céréales devant la télé, emmitouflée dans mon plaid. Je n'ai plus touché à ma robe, je compte la revendre.

<< ALLEZ PUTAIN, OUVRE !!! >>

. . .

<< T'ETAIS OÙ HIER SOIR ?!! >>

. . .

<< M'OBLIGE PAS À MONTER !!! >>

. . . . . . . . . . .

Je le débloque de mon téléphone et lui envoie un ultime message.

[Moi :
- Si tu continues je me suicide sur le champ.]


Ca calme hein...? Je ne l'entends plus hurler en bas de chez moi.

<< FRANCHEMENT T'ES DEGUEULASSE DE FAIRE CA !!! T'ES PARTIE SANS RIEN ME DIRE, TU TE RENDS PAS COMPTE DE LA FLIPPE QUE J'AI EU ?!!!  >>

Arrête de faire comme si tu t'inquiétais pour moi...

<< TOUTE SEULE DANS LA NUIT PUTAIN, T'ES VRAIMENT INCONSCIENTE !!! IL AURAIT PU T'ARRIVER N'IMPORTE QUOI !!! >>

Tais toi, arrête de faire semblant...

À suivre...

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