Chapitre 43

Deux semaines venaient de passer.

Deux semaines où ils étaient sortis tous ensemble, où Matthew avait eu de nouveaux rendez-vous avec Léo, où ils avaient continué à apprendre le corps de l'autre, où il avait aussi passé un moment rien qu'avec Klaus ou avec Théo, notamment pour une nouvelle journée shopping.

Deux semaines qui les avaient bien trop rapproché des au revoir.

Le mois d'août allait toucher à sa fin et les vacances à St Petersburg des quatre garçons aussi. Dès demain, Klaus rentrerait en Allemagne et le surlendemain, ce serait au tour de Matthew de prendre l'avion, direction Lexington. Les jumeaux quant à eux devaient rejoindre leurs parents d'ici moins d'une semaine pour un gala de charité organisé par les Leroy de l'Albret.

C'était donc leur dernière soirée tous ensembles et pour l'occasion, ils avaient décidé d'inviter leurs nouveaux amis pour une soirée dans ce qui était devenu l'endroit favori des garçons. Cet endroit rempli de souvenirs et de Cuban Sandwich.

Ils se mirent tous sur leur trente-et-un. Matthew laissa même à Théo et Klaus tout le loisir de choisir sa tenue pour cette dernière soirée ensemble. Ils partirent de l'auberge un peu avant le début de la soirée pour pouvoir marcher sur la plage avant de rejoindre les autres et d'aller manger.

Sa main toujours dans celle de Léo, Matthew était songeur. Il partait d'ici deux jours et il craignait que tout ceci ne devienne qu'un rêve. Un magnifique rêve mais un rêve quand même. Il s'était, pendant ces deux mois, fait des amis et même un petit ami, tous autant formidables les uns que les autres. Il était sorti, avait eu sa première cuite, son premier rendez-vous, sa première fois, sa première journée pêche, sa première journée spéciale château de sable et encore tellement d'autres premières fois. Mais désormais, y aurait-il des prochaines fois ?

— Tu n'écoutes pas Matthew, l'interrompit Léo en s'arrêtant de marcher, l'obligeant à faire de même.

— Désolé ... quelqu'un a parlé ?

— Klaus a reçu un message pour nous dire que les autres sont arrivés au restaurant.

— Oh ! D'accord ! Allons-y alors.

Ils se dirigèrent tous ensemble vers leur point de rendez-vous et rejoignirent leurs amis à leur table. Matthew ne put s'empêche de pousser un soupire en voyant l'autre pimbêche parmi eux mais décida très rapidement de l'ignorer et de saluer les quatre autres qu'il était bien plus heureux de voir.

— Wow, les garçons. Il fallait nous prévenir que c'était la Fashion Week, on aurait fait des efforts, s'exclama Carla en leur adressant un clin d'œil.

— Que veux-tu très chère, lui répondit Klaus, le moindre vêtement ressemble à une pièce de haute couture lorsque nous la portons, ce n'est pas de notre faute.

— Alors désolée, je ne parlais pas de toi mais des autres.

Klaus prit un air choqué avant de faire semblant de pleurer sur l'épaule de Théo.

— Regarde comment je suis traité la veille de mon départ. Comme un miséreux.

— Faut dire qu'elle a pas tort. Je suis forcément le plus canon ce soir et Léo est mon jumeau, donc on peut le classer juste après moi. Et tu as vu la tenue qu'on a choisi à Bébé Matt ? Pour un peu, je lui laisserais la première place du classement ! Donc, que tu le veuilles ou non, tu es bon dernier ce soir.

— Matthias, premier ? Je sais qu'il est votre ami, mais lui mentir de cette façon n'est pas très juste, même en amitié.

Matthew se tourna vers la personne qui avait parlé. Elle n'avait prononcé qu'un seul mot qu'il avait déjà senti tout son être se tendre d'agacement. Il leva les yeux au ciel et hésita un instant à l'ignorer. Ce qui le décida pourtant fut son regard qu'il sentit braqué sur lui.

— Merci pour ton excellente remarque ... zut, comment tu t'appelles déjà ?

— Comme si tu ne savais pas, railla-t-elle en levant un sourcil.

— Non, en fait tu as raison, j'en ai rien à faire. Et tu sais quoi ? Ton existence même m'indiffère. Tu pourrais avoir une quelconque importance sur cette planète que je m'en ficherais totalement. Tu n'es absolument rien pour moi et grand merci tu ne seras jamais rien pour moi.

— Parce que tu te penses meilleur que moi ? commença-t-elle à s'énerver.

— Bien sûr. J'ai sensiblement tout ce que tu n'as pas. L'intelligence, la répartie, l'intérêt des autres et ... ah oui, un petit ami que tu n'auras jamais. Quelque chose à contredire ? Oui ? Non ? Super, je pense que j'ai fini ma bonne action de la soirée.

Matthew attrapa le verre qu'un serveur venait de poser devant lui et commença à le siroter. Il veillait à ne pas adresser de regard à Alicia pour ne plus lui accorder d'importance. Pour bien enfoncer le clou, il se tourna même, à la place, vers Léo qui le regardait avec un petit sourire. Il semblait fier de lui et cela fit rougir le plus jeune. Puis sans prévenir, Matthew vit Léo tendre un bras derrière lui, très vite suivi par un petit cri.

Surpris, Matt se retourna et vit la main de Léo encercler le poignet d'Alicia au bout duquel il vit un verre rempli d'un quelconque cocktail

— Je ne pense pas que la couleur de ce cocktail siérait à Matthew. Je te propose donc de poser ce verre avant que ce soit moi qui prenne le relai.

Cette fois-ci, elle était plus vexée que jamais. Elle posa son verre, attrapa son sac à main, adressa à peine un regard et s'en alla. Matthew la suivit du regard jusqu'à la porte avant de se retourner vers Léo qui lui avait épargné une douche dont il n'aurait pas vraiment eu envie.

— Merci de m'avoir aidé.

— Tu t'es bien débrouillé tout seul, lui dit Léo en passant une main dans ses cheveux.

— J'avoue que j'ai géré ! s'exclama Matthew.

Léo leva les yeux au ciel avant de l'embrasser. C'était court, mais Matthew les aimait vraiment ces baisers. Ceux qui paraissaient être aussi normaux et fréquents qu'un bonjour, au revoir ou merci. Ils étaient comme un nouveau signe de ponctuation, celui qu'on utiliserait lorsqu'on serait fier de notre partenaire, quand on le trouverait beau, quand on voudrait juste lui dire qu'on l'aime ... ou qu'on l'apprécie.

Et ces baisers, bientôt, il ne les aurait plus. Il ne les aura plus quand on sera fier de lui, quand on le trouvera beau, quand on l'appréciera.

Mais ce n'était pas le moment de déprimer. C'était leur dernière soirée tous ensemble et il allait faire en sorte qu'ils s'amusent tous. Pas de tristesse ou d'autres émotions négatives. Et pour commencer, il attrapa son verre et le vida. La boisson n'était pas très forte, donc il ne devrait pas être saoul trop tôt ... il l'espérait au moins.

Alors que l'apéritif était servi, ils commandèrent tous leur repas. Matthew profita de l'attente pour faire un tour aux WC ainsi qu'un autre endroit qu'il ne précisa à personne. Il croisa vaguement le regard d'Elliott, toujours au bar, mais ne lui accorda pas la moindre importance. Il avait réussi à rabattre de caquet à Alicia, ce n'était donc pas cet enfoiré qui allait lui gâcher sa soirée.

Quand il revint à table, un serveur commençait à servir leurs plats. Leurs derniers Cuban Sandwich de l'été. Matthew croqua dans le sien et le trouva encore meilleur que d'habitude, comme un moyen de lui faire promettre de revenir ici un jour ou l'autre.

Il dégustait son sandwich quand il entendit une exclamation de surprise ainsi que de l'agitation pas très loin de lui. Il ne se tourna pas pour voir ce qu'il était en train de passer mais le petit sourire qu'il portait sur les lèvres était bien suffisant pour savoir qu'il savait parfaitement ce qu'il arrivait.

Ich sterbe. Ca brûle ! Pourtant, j'ai rien mis dans mon sandwich, à part si ...

Klaus tourna la tête vers tout le groupe d'amis et les observa méticuleusement un par un afin de trouver le coupable. Lorsque son regard se posa sur Matthew qui faisait toujours semblant de ne pas porter d'importance à ce qu'il se passait, il lâcha un cri signifiant qu'il avait résolu cette petite affaire.

— Bébé Matt ! Tu es déclaré coupable de tentative d'empoisonnement au jalapeños sur ma personne. As-tu des choses à dire pour ta défense ?

— La vengeance est un plat qui se mange froid et épicé et j'ai attendu quasiment tout l'été pour pouvoir te piéger une dernière fois. Il fallait bien que je te laisse un souvenir !

— Ton frère a perverti notre enfant, se plaignit-il alors à Théo en faisant mine de pleurer. Le petit Matthew tout sage et tout gêné n'est plus.

Oh si, le petit Matthew gêné était toujours là. En tout cas, c'était le cas actuellement alors que Klaus continuait à geindre et que les autres le regardaient tous, lui, avec un sourire amusé. Il ne savait plus vraiment où se mettre pour esquiver ces regards. Heureusement pour lui, l'arrivée d'un serveur avec une carafe d'eau détourna l'attention et ils reprirent ainsi tous leur dégustation.

Lorsque le repas fut terminé, ils recommandèrent tous à boire alors que l'ambiance du restaurant commençait à changer. Les lumières s'étaient légèrement tamisées là où ils étaient alors que des projecteurs s'étaient allumés de l'autre côté du restaurant. Matthew savait parfaitement ce qu'il se passait et cela lui rappela leur première soirée ici. La piste de danse se mettait en place et doucement les gens s'y regroupaient.

Sandy et Clara furent les premières à y aller. Elles n'avaient plus vraiment envie de boire et préféraient aller se défouler sur la piste. Klaus déclara la même chose et partit les rejoindre, emportant avec lui un Matthew légèrement récalcitrant.

— Tu me le dois bien pour les jalapeños, argumenta Klaus. Et puis, tu dois remettre ton titre de meilleur danseur de St Petersburg en jeu !

Matthew ne put s'empêcher de rire et accepta finalement de suivre le blond. Sur la piste, il eut surtout l'impression de gigoter n'importe comment mais cela ne sembla déranger personne autour de lui alors il décida de continuer et de profiter. Certaines chansons lui étaient inconnues au bataillon et d'autres donnèrent lieu à un karaoké endiablé entre les deux garçons qui hurlèrent les paroles en inventant des chorégraphies improbables. Matthew avait l'impression d'être devenu un adolescent.

Puis le rythme changea à nouveau, adoptant quelque chose de plus latino et langoureux. Autant dire que Matt ne savait absolument pas comment danser sur ce genre de chanson Il s'apprêta à dire à Klaus qu'il retournait s'asseoir quand il sentit un corps se coller contre son dos et une main glisser sur sa taille pour l'encercler. Par réflexe, il posa sa main sur celle-ci avant de sourire tout doucement. Il avait reconnu son odeur quand il s'était collé à lui. Il avait aussi reconnu sa main lorsqu'il l'avait touché. Et surtout, il reconnut ce corps contre le sien.

Il laissa tomber sa tête en arrière, sur le torse de Léo, et se laissa emporter par les mouvements de celui-ci. Il le guidait et lui le suivait sans protester. Des lèvres glissèrent le long de sa nuque et un nez se posa juste derrière son oreille pour inspirer tranquillement son odeur. Le moindre de geste de Léo, même sans le voir, semblait empreint de sensualité. Il aurait pu faire n'importe quoi, là, Matthew aurait tout trouvé parfaitement normal.

A la fin de la chanson, il s'attendit à ce que Léo le lâche et reparte se rasseoir, mais il ne le fit pas. Il ne sut pas si le restaurant était entré dans son heure chaude de la soirée mais la musique qui suivit fut tout aussi langoureuse que la première. Léo retourna Matthew pour qu'il soit face à lui et le plaqua contre lui. Le souffle du plus jeune se coupa devant la vision à laquelle il avait droit.

Pour ne pas changer, Léo était magnifique. Mais ajouté à cela les mouvements de son corps contre le sien, le cerveau de Matthew avait simplement cessé de fonctionner. Il se laissa guider, entrant presque dans une transe étrange, excitante et apaisante à la fois. Il leva ses bras pour encercler la nuque de Léo avec et ferma les yeux, profitant simplement du moment.

Un second corps se colla finalement à lui, dans son dos. Surpris, Matthew tenta de se retourner.

— Chut ... m'accordes-tu cette danse bébé Matt ?

Il sursauta lorsque la voix de Théo parvint jusqu'à son oreille. Encerclé par les jumeaux, Matthew ne savait pas quoi faire d'autant plus que la musique se faisait un peu plus rythmée. Il avait, en plus, l'impression qu'on l'observait, ce qui devait être sûrement le cas puisqu'on ne voyait pas souvent un gars être pris en sandwich par deux jumeaux canons. On devait sûrement l'envier et ce fut finalement cette pensée qui motiva Matthew à profiter de ce qu'il se passait. Il ne pouvait rien lui arriver de mal dans cette situation, en tout cas, pas avec un de ses amis ou son petit ami. D'ailleurs, Léo ne semblait pas, en tout cas, gêné plus que ça par ce qu'il arrivait.

Ils dominaient la piste de danse. Encore plus lorsque Klaus s'approcha d'eux et embarqua Théo dans un slow endiablé, l'obligeant à lâcher Matthew. Ils riaient, tous, et cela leur permit d'oublier tout ce à quoi ils ne voulaient pas penser l'espace d'un instant. Des minutes qui s'écoulaient de plus en plus. Des départs qui approchaient.

Ils ne pensaient à rien de tout cela.

Et la soirée dura encore un long moment où ils dansaient, buvaient, riaient, parlaient. Léo et Matthew ne s'étaient quasiment pas lâchés une seconde sauf pendant les quelques minutes où Klaus avait réussi à négocier une danse avec le plus jeune. Une dernière danse avait-il dit pour le convaincre.

Une dernière danse avant de partir.

Ils retournèrent à l'auberge tard dans la nuit ... ou plutôt très tôt le matin. Ils avaient salué leurs amis, leurs promettant de garder contact, et étaient rentrés, épuisés mais heureux de cette soirée tous ensemble.

Arrivé dans la chambre, Matthew attrapa son pyjama et partit sous la douche en somnolant. Il ne se rappela pas de grand-chose de son couchée, seulement que Léo était venu avec lui et l'avait aidé à se laver, s'habiller et à se mettre au lit. Comme à son habitude, Léo s'installa dans son dos, un bras autour de sa taille pour le coller contre lui. Mais cette fois-ci, il sentit aussi une présence face à lui.

Entrouvrant doucement les yeux, il vit des cheveux blonds à quelques centimètres de son visage. Klaus, puisqu'il s'agissait forcément de lui, avait décidé que pour sa dernière nuit ici, il rapprocherait le lit voisin du couple pour dormir avec eux. Théo, bien entendu, avait approuvé cette idée et se trouvait lui aussi sur le grand lit maintenant créé.

— T'as pas intérêt à me coller, marmonna un Matthew endormi.

— Je vais le faire toute la nuit pour que tu gardes un énorme souvenir de notre rencontre incroyable.

— Pas besoin de ça pour garder ton souvenir Klaus ... Merci d'avoir été là ...

— Merci à toi bébé Matt ... bébé Matt ? l'appela-t-il avant de pouffer doucement. Ok, j'ai compris. Bonne nuit Matthew. Et vous aussi les gars.

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