Chapitre 40
Le même jour
Théo et Klaus s'étaient levés tôt. Beaucoup plus tôt que d'habitude à vrai dire. Cependant, la journée qui s'annonçaient à eux les rendait bien trop excités. Leur programme était simple : louer une voiture et se rendre jusqu'à Dunedin, ville écossaise se trouvant en Floride, et d'y faire le tour des brasseries artisanales qui faisaient la réputation de la ville.
Lorsque le réveil sonna, ils essayèrent de faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller Léo et Matthew qui dormaient l'un contre l'autre. Ils se changèrent avec toute la discrétion dont ils étaient capables et vérifièrent qu'ils avaient tout ce qu'il fallait sur eux avant de se diriger vers la porte de la chambre.
— Attends, chuchota Théo en sortant son téléphone. Faut que je les prenne en photo ! Ils sont tellement mignons comme ça et j'ai promis à la maman de bébé Matt de lui envoyer des photos.
— D'où tu connais sa mère ? lui demanda Klaus une fois qu'ils furent en dehors de la chambre
— J'ai piqué son numéro sur le téléphone de Matt quand il était sous la douche et je lui envoie régulièrement des photos d'eux.
— Psychopathe ! s'exclama-t-il, les yeux grands ouverts.
— Fais pas genre. Elle m'a dit que tu lui en envoyais aussi.
— Je plaide coupable !
Ils rirent en essayant de ne pas trop élever la voix à cause de l'heure et sortirent de l'auberge pour aller chercher la voiture qu'ils avaient réservé la veille. Matthew avait eu raison le jour où ils étaient partis à Orlando. Le fait que Théo et Klaus soient étrangers avait étrangement joué sur le prix de la location.
— Dunedin a intérêt à être génial vu le prix que l'allée retour nous coûte ! râla Théo en s'installant au volant.
— Eh mec, t'es riche ! Genre super riche ... Tu le verras même pas partir de ton compte en banque !
— Je râle par principe.
Klaus ricana. Monsieur était donc dans la catégorie des chauffeurs râleurs ? C'était bon à savoir, il pourrait le charrier avec ça jusqu'à leurs morts.
Mine de rien, il était heureux de passer la journée avec Théo, autre-part qu'à l'hôpital. Ils n'en avaient pas eu l'occasion depuis son rétablissement et ça leur avait manqué à tous les deux. Bien sûr, ils adoraient passer du temps avec Léo et Matthew, mais ils aimaient aussi leur laisser leurs moments à eux et rester entre tous les deux pour rire et parler.
C'était Klaus qui avait proposé d'aller dans cette ville écossaise. L'endroit faisait parti de son planning initial mais ce dernier s'était retrouvé totalement chamboulé par sa rencontre avec ses colocataires de l'été. Il avait donc demandé à Théo si y aller avec lui l'intéressait. Il n'avait pas mis beaucoup de temps et d'efforts à le convaincre, le mot brasserie ayant été amplement suffisant pour ça.
Le trajet ne dura qu'une demie heure, ce qui fit encore plus râler Théo.
— Rappelle moi pourquoi on a dû louer une voiture pour aller à côté ? souffla-t-il.
— Parce qu'en train, il nous aurait fallu presque cinq heures aller-retour minimum ... sauf qu'on veut en profiter au maximum ? Et puis t'es riche ... alors on peut se le permettre.
Théo ne put s'empêcher de rire. Venant de quelqu'un d'autre, il aurait pu prendre cette dernière phrase comme de l'opportunisme mais venant de Klaus, il savait que c'était une simple remarque. Depuis que celui-ci avait découvert sa Black Card, une sorte de running gag s'était installé entre eux. Théo sortait sa carte pour payer généralement des petites choses et Klaus s'exclamait face à l'énorme porte-monnaie du Français même quand celui-ci ne payait que quelques dollars.
Il savait que Klaus n'était pas trop à plaindre. Il n'était pas riche mais vivait confortablement sans avoir à trop s'inquiéter de ses dépenses. Il payait donc pour ses propres dépenses sans essayer d'amadouer Théo pour qu'il lui offre telle ou telle chose. C'était pour cela que le brun prenait plaisir ensuite à faire des dépenses, pour eux deux, un peu plus élevées comme la location de la voiture aujourd'hui.
Lorsqu'ils arrivèrent à Dunedin, ils trouvèrent assez facilement une place, se stationnèrent et partirent en premier lieu vers un endroit où ils pourraient prendre leur petit déjeuner. Leur choix se porta sur le Dunedin Coffee Company & Bakery. Ils s'installèrent et prirent commande.
— Je ne dis pas que tu es souvent dans l'abus, dit Théo quelques minutes plus tard, je dis juste que tu ne connais pas la demi-mesure.
Le blond posa une main sur son torse et prit un air choqué et vexé.
— Je ne vois absolument pas de quoi tu parles ! Et surtout, qu'est-ce que j'ai fait pour mériter cette attaque ?
— Votre repas messieurs, leur annonça la serveuse.
Elle posa leur commande puis s'en alla en leurs souhaitant un bon appétit. Klaus observa la table avant de jeter un furtif regard en direction de Théo.
— Bon, j'ai peut-être abusé. Mais j'avais vraiment envie de goûter leurs roulées à la cannelle. Et le pain perdu, ça me manquait.
— Et les pancakes ? Le baklava ? Le muffin ? Sans parler des cannolis et de tout le reste ?
— Ok, je me suis laissé emporter. Mais c'est pour qu'on partage ! Puis c'est bien la première fois que ça m'arrive !
— Les beignets, Klaus ...
— Tu sais quoi, oublie je mangerai tout ça et tu n'auras rien ! Tant pis pour toi, tu vas devoir après passer le reste de la journée avec un gars qui aura tellement mangé qu'il sera malade.
Théo ricana avant de piquer un morceau de gâteau à Klaus. Il surprit le regard de certaines personnes à la table voisine mais ne s'en préoccupa pas. Il savait que le blond pouvait se montrer Drama Queen alors se faire remarquer n'avait rien d'étonnant.
— Je rêve quand même d'un bon café, soupira-t-il après une gorgée de sa boisson. Pas que celui-ci soit imbuvable, mais il n'a clairement aucun goût.
Klaus se penche et lui piqua son café pour le goûter. Il grimaça et le lui remit entre les mains.
— Ouais, pas terrible. Tu te rattraperas quand tu rentreras.
Le regard de l'Allemand se fit mélancolique. Il ne leur restait que deux semaines avant de tous se quitter et il avait peur que celles-ci passent bien plus vite que le reste de leurs vacances. Il avait bien entendu prévu de revoir les jumeaux qui n'habitaient pas loin de chez lui et bien que Matthew vive beaucoup plus loin et se destinait à des longues et fatigantes études, il espérait réussir à garder un bon contact avec lui. Mais ce n'était pas pareil. Là, ils étaient dans l'euphorie des vacances. A part profiter, ils n'avaient rien d'autre à faire.
Et revenir à sa vie normale ne l'enchantait pas tellement pour le moment.
— Ne commence pas à déprimer ! le houspilla Théo qui avait rapidement compris le changement d'expression du blond. D'abord Matthew, maintenant toi. Profite des jours de vacances qu'il reste, même s'il ne reste que deux semaines ! Tiens, tu m'as déprimé maintenant.
Il piqua un pancake à Klaus en représailles et l'enfourna dans la bouche. Il ne le disait pas à Klaus, mais lui aussi pensait parfois au fait que les vacances étaient bientôt terminées et lui aussi cette pensée avait tendance à lui plomber le moral. Mais comme il lui avait dit, il fallait profiter et c'était ce qu'ils allaient faire aujourd'hui. Il avait déjà fait du repérage en ligne des endroits où ils pourraient aller.
Théo se mit à pouffer dans sa barbe ce qui fit hausser un sourcil à Klaus.
— Je me disais que j'avais cherché sur internet des lieux sympas à voir et ça m'a fait penser qu'on pourrait facilement croire qu'on est en date.
— Il n'y a rien de mieux qu'un friend date ! Mais on peut transformer ça en rendez-vous si tu préfères ? lui proposa-t-il avec un clin d'œil.
— Pour qu'une autre personne fasse une syncope ? On a eu assez avec l'aide-soignante je pense !
— Tu parles ! Je sais qu'en vrai, ça t'a émoustillé.
— Totalement. Et je me languis même de tes baisers alcoolisés, se moqua Théo en essuyant un peu de sirop d'érable au coin des lèvres du blond.
— Oh, mais ça peut vite se régler ça ! lui répondit-il avec un petit sourire charmeur.
Les deux jeunes hommes rirent avant de continuer leur petit-déjeuner. Théo était à chaque fois heureux de pouvoir parler de cette manière à Klaus sans qu'il n'y ait de gène. Il sait que ça avait été compliqué pour lui au début mais depuis qu'il avait l'esprit plus clair, il lui arrivait de blaguer à ce sujet avec Théo.
Leur tranquillité fut pourtant troublé quelques minutes plus tard par un qui s'approcha de leur table. Théo reconnut là une des personnes installées à la table voisine qui les avaient regardés un peu plus tôt.
— On peut vous aider ? demanda Théo.
— Il arrive que quelque chose me donne la nausée et m'empêche de déjeuner tranquillement, répondit l'homme.
— Très bien ... Je suis désolé, on a pas de médicaments à vous dépanner.
— Non, je crois que tu n'as pas compris. C'est vous voir les pédales qui me donne envie de vomir.
Et voilà qu'ils étaient tombés sur un homophobe ...
Théo se pinça les arrêtes du nez, cherchant une réponse adaptée à ce genre de situation. S'il y avait bien une chose à laquelle il ne s'était pas attendu en sortant aujourd'hui, c'était qu'on le pense en couple avec Klaus et qu'il soit discriminé pour ça.
— Alors, vous faîtes erreur, commença-t-il.
— Vous me dégoutez. Vous méritez la peine de mort pour votre déviance. Surtout à vous afficher comme ça en public. Je suis même pas étonné que vous vous fassiez tabasser dans la rue.
Le Français resta bête. Les paroles qu'il recevait étaient dures et il se les recevait de la même manière qu'un uppercut alors qu'il n'était même pas concerné. Est-ce que son frère s'était déjà ramassé ce genre de paroles ? Il savait que celui-ci n'écoutait pas ou très peu ce que les gens disaient sur lui mais ils venaient quand même d'un milieu particulier qui n'était pas forcément très ouvert. Théo avait déjà entendu quelques paroles désagréables à propos de son frère, mais celles-ci venaient principalement des vieilles générations. Là, cependant, il était face à un homme qui avait à peu près son âge et qui parlait de l'homosexualité comme d'un crime.
— Das hatte gerade noch gefehlt ... Si t'as un problème, tu t'en vas et tu nous fiches la paix.
— La blondinette essaye de se la jouer homme costaud ? Hou, j'ai peur ... Allez, maintenant toi et ton copain vous partez d'ici avant de polluer l'air.
— Non, je pense que tu n'as pas bien compris, reprit Klaus en se levant pour faire face à l'homme. Tu vas calmement rejoindre ta table ou simplement t'en aller sans un mot de plus.
Klaus faisait au moins une bonne quinzaine de centimètres de plus que l'homme et jamais encore Théo ne lui avait vu le regard qu'il portait actuellement. Il était à la fois effrayant et dégageait un charisme incroyable, bien loin de son image de rigolo habituel, et l'homme face à lui dut le ressentir car il recula de quelques pas.
Les mains dans les poches, le blond avança doucement vers lui jusqu'à lui faire atteindre sa chaise sur laquelle l'homme s'assit de surprise. Il adressa ensuite un regard et un rictus confiant au reste de la table avant de rejoindre Théo pour reprendre leur petit-déjeuner.
Théo le fixait toujours, incrédule. Son ami venait de montrer une toute nouvelle facette de sa personnalité à laquelle il ne s'était absolument pas attendue. Klaus ? Froid et effrayant ? Il ne lui avait fallu que quelques secondes pour faire rabattre son clapet à l'autre crétin. Il ne l'aurait jamais imaginé et avait trouvé ça tout de même assez impressionnant.
Ce qu'il n'avait jamais imaginé non plus, c'était sa propre réaction. Lui qui avait une grande gueule et avait toujours le dernier mot _ sauf peut-être avec Léo _ il avait été incapable de réfléchir correctement tant la situation l'avait choqué. Pourtant, il n'avait pas été concerné par l'insulte, Klaus et lui n'étaient pas en couple. Mais il s'était retrouvé, le temps de quelques secondes, à la place des personnes qui recevaient ce genre d'insultes en étant réellement en couple avec une personne du même sexe. Le monde ne tournait vraiment pas rond pour que l'homophobie existe. A quoi bon haïr quelque chose qui ne nous regardait pas et ne nous faisait rien de mal ? Autant détester l'existence des hiboux. Après tout, ça chassaient les rongeurs alors que c'était mignon.
— Ça va ? lui demanda Klaus entre deux bouchées.
— Ouais, t'inquiète pas ! répondit-il en reprenant ses esprits. Ça m'a juste surpris.
— De te faire insulter ou que ton prince charmant soit aussi canon ?
Théo renifla.
— Et il pense que je suis en couple avec toi ?
— Avoue je suis le meilleur partie que tu pourrais avoir !
— Tu oublies ma famille ? Je rencontre des personnes de sang royal tous les jours. Tu ne fais pas le poids devant eux. Même si, je dois avouer que te voir sérieux a son charme.
Klaus éclata de rire. Le reste de leur petit-déjeuner, Théo eut d'ailleurs l'impression que le blond faisait tout pour lui faire oublier l'incident. Il l'interrompait quand il essayait de regarder vers la table voisine ou encore parlait plus fort lorsque la voix de l'autre idiot se faisait entendre.
Lorsqu'ils terminèrent, les deux jeunes hommes s'étonnèrent de l'addition qu'ils durent payer. Mais lorsqu'ils croisèrent le regard de la serveuse qui leur adressa un petit clin d'œil complice, ils la remercièrent et quittèrent le restaurant, direction la plage pour une petite marche digestive.
Une heure plus tard, ils étaient tous les deux allongés sur le sable, épuisés et leurs vêtements trempés.
— Pourquoi on prend nos maillots de bain si c'est pour finir comme ça à chaque fois ? demanda Klaus, profitant du soleil, les yeux fermés.
— Parce qu'on est des gamins.
De vrais enfants qui s'amusèrent finalement toute la journée de cette manière, ne s'arrêtant à peine le midi pour manger tant ils s'étaient goinfrés le matin. Ce furent donc leurs estomacs qui les rappelèrent à l'ordre un peu avant sept heures du soir. Ils avaient eu largement le temps de sécher jusque là et donc s'autorisèrent un repas dans un des nombreux restaurants de Dunedin. Leur choix se porta sur le Cafe Alfresco qui semblait réputé sur internet. Et effectivement, lorsqu'ils en sortirent, presque une heure plus tard, ils avaient très bien mangé.
— La partie la plus intéressante de la journée est enfin arrivée ! s'exclama Klaus une fois à l'extérieur. C'est l'heure de faire la tournée des brasseries !
Il attrapa Théo par les épaules et l'entraîna dans les rues de Dunedin. Il avait une liste mentale des brasseries à visiter et il comptait bien toutes les faire. Théo se laissa faire, un sourire aux lèvres et les yeux levés vers le ciel. L'enthousiasme de son ami était réellement contagieux mais aussi très comique après la scène dont il avait été spectateur le matin même.
Ils commencèrent par le Cueni Brewing Co, une brasserie qui proposait pas moins de treize bières différentes. Ils étaient spécialisés notamment dans les anglaises et belges, ce qui enchanta tout particulièrement Klaus qui aimait beaucoup les boissons de ses voisins. Peu désireux de devoir faire un choix, ils optèrent pour un assortiment .
Les garçons ne furent pas déçus. Ils passèrent même un bon moment à débattre entre eux de la meilleure bière qu'ils avaient bu. Puis lorsque vingt-et-une heure arriva et sonna la fermeture de la brasserie, ils payèrent et décidèrent de passer à un second endroit.
Et cet endroit fut le 7Venth Sun Brawery, à quelques mètres seulement de là où ils étaient. Cette fois-ci, ils se contentèrent chacun d'un seul verre. Théo, qui aimait l'amertume de la bière, opta pour un Headbanger, une American IPA à 6.5% tandis que Klaus, curieux de goûter une Berliner Weisse, un type de bière natif de Berlin, faite par des Américains, choisit une Do You Even Sudachi, plus fruitée et acide.
Une nouvelle fois, les garçons furent heureux de leur choix et le firent savoir au patron de la brasserie avant de partir de là, à la fermeture, légèrement éméchés et surtout un peu trop joyeux.
Ils continuèrent pourtant leur tournée des brasseries et se retrouvèrent au Soggy Bottom Brawery où cette fois-ci, ils choisirent l'un pour l'autre ce qu'ils allaient goûter. Kolsch, IPA, Amber Ale, et plateau de snack, tout y passa pour le plus grand bonheur de tous.
Lorsque minuit sonna, il fut temps pour les garçons de conclure leur soirée beuverie par un passage extrêmement mérité par les toilettes de la brasserie. Ils avaient perdu le compte des verres qu'ils avaient bu, ils savaient simplement que même avec la haute résistance à la bière qu'ils avaient, ils étaient désormais incapable de reprendre la voiture pour rentrer à l'auberge, chose à laquelle ils n'avaient absolument pas pensé en préparant leur journée.
— On fait quoi maintenant ?
Théo se retourna vers Klaus. Ils étaient fatigués, vraiment fatigués. Et malgré leurs recherches, aucun hôtel n'avait pu leur trouver une chambre libre. Et ils refusaient obstinément d'appeler Matthew et Léo, préférant leur laisser leur soirée tranquille. Ils pensèrent, même ivres comme ils l'étaient, à les prévenir qu'ils ne rentreraient pas de la nuit.
Ils partirent donc sur la plage et s'installèrent dans le sable, les yeux rivés vers le ciel qu'ils observèrent un petit moment.
— Rappelle moi pourquoi on dort pas dans la voiture ? demanda Théo.
— Parce qu'on sait plus où elle est...
— Ah oui ... la farceuse ...
— Elle profite de notre état pour faire des blagues ...
Ils rirent tous les deux, comme deux hommes bourrés pouvaient rire à quelque chose qui n'avait de sens pour personne d'autre qu'eux. Puis ils soupirèrent de bien-être, le sol n'était pas confortable. Du sable s'incrustait sous leurs vêtements, mais ils s'en fichaient.
Ils étaient bien.
Ils avaient aimé cette journée ... vraiment ... même s'ils le regretteraient sûrement le lendemain matin.
Leurs yeux finirent pas papillonner alors que le sommeil venait enfin les chercher, là, sur cette plage.
— Théo ..., dit une voix endormie.
— Hum ... ?
— J'ai encore envie de pisser ...
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