Chapitre 31

Le lendemain matin, Matthew reçut un message de Léo lui indiquant le nom et l'adresse de l'hôpital où se trouvait Théo. Il chercha alors un moyen de s'y rendre en bus et alla se préparer. Il réveilla Klaus le plus tard possible pour que celui-ci puisse se reposer le plus possible puis ils prirent le bus pour rejoindre les deux français.

Arrivés à bon port, Matt envoya un sms à Léo qui leur expliqua dans quel service et chambre ils se trouvaient. Ils tournèrent un peu en rond, se perdant une ou deux fois malgré les indications aux murs, mais finirent par trouver la bonne porte.

— Hey, salua Matthew après avoir frappé et ouvert la porte. Comment va notre rescapé ?
— Matt ! s'écria Théo, la voix un peu rauque. Vient ici que je t'embrasse.

Soulagé de le voir aussi vif, Matthew s'approcha de lui et se laissa entrainer dans une étreinte de titan. Il passa ses bras autour du jeune homme et le serra aussi tout contre lui.

— Léo m'a raconté. Merci. Merci infiniment de m'avoir sauvé.
— Merci d'avoir survécu. J'ai vraiment eu peur de ne pas réussir que ... je n'ai pensé à rien d'autre que de te sauver.

Matthew se détacha de Théo et s'installa à côté de lui.

— Mais ça va ? Tu as mal quelque part ? Tu as réussi à dormir cette nuit ?
— C'est un peu douloureux quand je respire mais ils disent que c'est normal. Entre l'eau et le massage cardiaque, je ne pouvais qu'avoir mal ! Quant à dormir ... j'ai l'impression de ne faire que ça. Sauf qu'à chaque fois, c'est un cauchemar qui me réveille. Un où personne ne me sauve, où Léo ne vient pas me chercher dans l'eau et toi, tu ne masses pas. Alors je me réveille avec l'impression de suffoquer. Une psy est passée ce matin, je ne sais pas ce que ça va donner.
— Ils savent quand tu pourras sortir ?
— Le médecin doit passer dans l'après midi avec les derniers examens que j'ai fait. On verra bien.

Matt opina avant de se relever et d'aller voir Léo qui se tenait debout dans un coin de la chambre. Il s'approcha de lui et se glissa entre ses bras. Il poussa un gémissement de confort et ferma les yeux.

— Je t'ai tant manqué Minus ?
— T'imagine même pas ! Je crois que je suis devenu accro à dormir avec toi lui avoua-t-il sans une once de honte.

La poitrine de Léo vibra doucement, comme lorsqu'il se laisser à rire. Deux mains vinrent encercler son visage pour le relever et il sentit les lèvres de Léo se poser sur les siennes. Ça aussi, ça lui avait manqué. Lorsqu'ils se séparèrent, Matt tourna rapidement le regard vers Klaus et remarqua qu'il était toujours près de la porte. Il regardait le sol et ne semblait pas vouloir faire un pas.

— J'ai faim, s'exclama-t-il alors. On a totalement oublié de manger avant de venir. Et je suis sûr que toi aussi ! On rapportera quelque chose !

Matthew tira Léo derrière lui et ils sortirent de la chambre. Main dans la main, ils descendirent jusqu'à la cafétéria de l'hôpital.

— Un problème avec Klaus ? demanda Léo.
— Je crois qu'il a besoin de parler avec ton frère. L'accident l'a plus marqué que je ne l'aurais pensé. Il pense que je ne l'ai pas remarqué, mais cette nuit, il a mis énormément de temps avant de s'endormir. Il s'en veut pour l'accident parce qu'il a décidé de sortir de l'eau juste avant que ça ne se passe.
— L'idiot.
— Hum ... je pense que si Théo lui dit que ce n'est pas de sa faute, il pourra y croire plus facilement. Puis ... ils ont simplement besoin de parler.

Léo ne posa pas de questions et heureusement. Matthew ne savait pas s'il aurait réussi à s'en sortir tout en protégeant le secret de Klaus. Après tout, il lui avait promis de ne rien dire. Le blond le raconterait peut-être le jour où les choses seront plus claires pour lui.

Une fois la nourriture en main, ils décidèrent de sortir et de s'installer non loin de l'hôpital, sur un banc faisant face à un parc.

Dans la chambre, Klaus n'avait toujours pas bougé d'un centimètre tandis que Théo le regardait sans vraiment comprendre ce qu'il lui arrivait.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Déçu que j'ai survécu ?

Cela eut au moins le mérite de faire réagir Klaus qui sursauta et adressa un regard apeuré au brun.

— Mais ça va pas la tête ? A quel moment j'aurais voulu que tu crèves ? C'est ce que tu penses vraiment ? Tu crois vraiment que j'aurais voulu ça ?
— Non, mais au moins, je sais maintenant que tu n'as pas perdu ta langue.
— Pardon, j'aurais pas dû crier. T'es blessé, on est dans un hôpital ... je fais rien de bien ...
— Ok, attend, viens ici, lui ordonna-t-il en tapotant à côté de lui. Je crois qu'il faut qu'on discute.

A contre-cœur, Klaus s'approcha de Théo. Il n'avait vraiment pas envie de parler mais il savait que c'était inévitable. De plus, il n'avait aucune raison de craindre quoi que ce soit. Il allait parler à Théo, le gars le plus sympa qu'il ait pu rencontrer et puis cette nuit, il avait eu le temps de réfléchir et d'en venir à quelques conclusions.

Une fois assis, une main l'obligea à s'allonger et il se retrouva face à Théo. Ils se turent pendant une éternité jusqu'à ce que Klaus se mette à craquer et pleure.

— C'est ma faute ... j'aurais dû rester dans l'eau moi aussi ... ou alors te pousser à sortir lorsque j'ai vu que les vagues devenaient folles. Si j'avais fait ça, il n'y aurait pas eu d'accident et tu te retrouverais pas à passer tes vacances dans cette chambre d'hôpital lugubre et déprimante.
— Qu'est-ce que tu me racontes ? C'est moi le pro du surf ici ! C'est entièrement de ma faute ! J'aurais dû être raisonnable et sortir de l'eau. Surtout avec une débutante avec moi. Si je dois en vouloir à quelqu'un, c'est à moi.
— Mais j'ai été incapable de bouger ! Lorsqu'on a remarqué que tu ne sortais toujours pas de l'eau, j'ai pas réussi à bouger et à venir te sauver. Et même lorsque tu étais étendu sur le sable, inconscient, je n'ai réussi qu'à brasser du vent. Je suis le pire pote possible et c'est même pas nouveau avec toi.

Théo l'obligea à se reculer pour pouvoir le regarder dans les yeux.

— Tu me chantes quoi là ? D'où tu es un horrible pote ?
— C'est à cause de ... enfin ... en boîte quand ...
— Tu parles de la fois où tu m'as embrassé ? Mais on en a déjà parlé. T'étais bourré et tu t'es laissé porté par l'euphorie du moment, c'est tout. Tu vas pas me dire que tu t'en veux encore pour ça ?
— Bien sûr que je m'en veux, bordel !

Klaus se leva d'un bond et commença à faire les cent pas dans la chambre. Une main passait frénétiquement dans ses cheveux, les emmêlant de plus en plus, et son visage affichait un air perdu.

— J'ai passé ces dernières semaines à tout remettre en question, à ne plus savoir qui j'étais, ce que j'étais, ce que je ressentais ! Et quand je t'ai vu hier, au bord de la mort, j'étais incapable de réfléchir et d'agir à cause de ça.
— Pourquoi tu ne m'en as pas parlé ? Je pensais que tu étais passé à autre chose !
— Pourquoi ? Mais parce que jusqu'à cette nuit j'étais perdu et que je voulais pas gâcher ces vacances, ni notre amitié.

Théo soupira et se redressa dans le lit. Il poussa un petit gémissement d'inconfort en se tenant la poitrine et s'adossa correctement contre la tête de lit.

— Je veux que tu me parles. Tu imagines que tu aurais passé tout le dernier mois qu'il nous reste tous ensemble à broyer du noir à cause de ça ? Finalement, mon accident est arrivé à point nommé !
— Qu-
— Je déconne, c'est bon. Faut bien en rire un peu. ... Bon, tu as dit que jusqu'à cette nuit, tu étais perdu. Ça veut dire que ça va mieux finalement ?
— Oui. Cette nuit, j'ai dormi avec Matt.
— Mon frangin va pas être heureux.
— Je sais, répondit Klaus en souriant enfin. J'ai dormi avec lui et j'ai pensé à sa proximité. Elle me dérangeait pas et rien d'ambigu en ressortait. J'ai alors pensé aux fois où on a fini par dormir ensemble aussi ...
— Quand on était torché, le coupa Théo.
— C'est ça. Et je me suis demandé si j'aurais voulu t'embrasser à ce moment-là. Et en fait, je me suis dit que j'aurais juste voulu te prendre dans mes bras. J'ai réfléchi au pourquoi du comment mais c'est vraiment quand je t'ai vu tout à l'heure que j'ai compris. Je t'aime ... mais je ne suis pas amoureux de toi. Ça n'a aucun sens, je suis d'accord mais ...
— Non, moi je comprends. Je vais te dire un truc. Je pense sincèrement que tu es mon âme sœur. On se comprend beaucoup trop bien pour que notre rencontre soit anodine. Et en même temps, on est pas fait pour être un couple comme pourraient le penser les gens en entendant le mot âme-sœur. Et ce baiser ...
— J'ai compris que je t'avais embrassé parce que tu me donnais énormément d'attention et que j'étais pas habitué à en recevoir autant. Les amis que j'ai ou ai pu avoir n'ont jamais été comme toi alors je crois que j'ai été perdu pendant un moment.
— Donc ... on est bon maintenant ?
— On est bon. ... Wow, ça fait du bien ! Je pensais pas que ça me soulagerait autant.

Un énorme grognement répondit au blond qui se mit à rire à gorge déployé, accompagné de Théo qui toussa entre deux rire.

— Je suis pas encore totalement remis ! Faut que j'arrête de rire. Et toi, il faut vraiment que tu manges !
— Bébé Matt a sûrement pensé à moi ! Il vont pas tarder à revenir avec à manger !
— S'ils ne sont pas en train de faire des cochonneries à la place ! fit remarquer Théo.

Bien que la relation entre Matthew et Léo ait évolué, Théo était vraiment loin de la réalité à ce moment-là. Après avoir mangé, les deux jeunes hommes étaient restés un peu sur le banc à discuter. Ils n'avaient parlé que de banalité ou raconté de vieux souvenirs à l'autre. Mais Matt s'inquiétait, Léo avait l'air exténué et s'il ne le savait pas borné et solide, il aurait eu peur qu'il s'effondre à n'importe quel moment. Alors, à la fin de leurs sandwichs, il l'obligea à s'allonger sur le banc et à poser sa tête sur ses genoux.

— Des envies de jouer les couples niais Minus ?
— Oh tait-toi ! T'as une tête de déterré et je refuse de sortir avec quelqu'un qui donne l'impression de ne pas avoir dormi depuis des jours.
— Oh tu découvriras parfois que ça peut être bon signe.

Matthew comprit rapidement l'allusion et leva les yeux au ciel. Il obligea malgré tout Léo a obéir et se mit à caresser ses cheveux tout en reprenant leur conversation d'origine, une histoire de gâteau d'anniversaire tombé au sol et dévoré par un chien. Lorsqu'il termina son anecdote, il ne reçut pour réponse que le bruit d'une légère respiration, celle d'un Léo endormi.

— Il doit vraiment être épuisé pour s'endormir n'importe où, se fit la remarque Matthew.

Alors il ne bougea pas d'un centimètre pendant au moins une bonne heure. Klaus devait mourir de faim, mais en cet instant, Matthew ne pouvait rien faire d'autre que d'observer le visage détendu de son petit-ami. Il n'avait jamais rencontré de garçon aussi beau. Bon, il y avait Théo, forcément, puisqu'ils étaient de vrais jumeaux et donc des copies génétiques, mais quelque chose de très attirant se dégageait de Léo. Une sorte d'aura mystérieuse et arrogante sûrement. Puis ... il avait vraiment des proportions parfaites. Matthew ne l'avait toujours pas vu nu, seulement en maillot de bain, ce qui était déjà pas mal, mais il n'en doutait pas.

Il eut un coup de chaud qui monta jusque son visage qui vira à l'écarlate. Même avec ce qu'ils avaient fait il y a quelques jours, Matthew restait gêné et _ autant être honnête _ très émoustillé à l'idée de voir Léo nu. Il avait aussi peur de se mettre à nu lui aussi. Contrairement au Français, il n'avait jamais eu de relations avec quiconque et ne s'était donc jamais retrouvé face à une personne nue et encore moins nu lui-même.

Ses pensées furent interrompues par son téléphone. Il l'attrapa et tomba sur un message de Klaus criant famine. Il regarda l'heure et s'étonna d'être resté autant de temps à cet endroit, surtout qu'une fois Léo endormi, il n'avait littéralement rien fait à part penser et le regarder. Mais il fallait le réveiller maintenant.

Un petit sourire naquit sur ses lèvres alors qu'il se pencha au-dessus de Léo pour l'embrasser. Le premier baiser, juste en surface, n'eut aucun effet. Il réitéra en appuyant un peu plus son baiser. Cette fois-ci, il sentit l'endormi y répondre. Une main se glissa doucement derrière sa nuque et se resserra autours des petits cheveux qui rendaient cette zone bien trop réceptive.

— Alors la belle au bois dormant se réveille, sortit Matthew avec un sourire satisfait.
— Ça t'amuse Minus ? Si tu crois que je vais me vexer pour si peu. Ce n'est pas en me comparant à une femme, même une princesse, que tu réussiras.
— Alors tu veux bien être ma princesse ? demanda le plus jeune.
— Seulement si tu es la mienne aussi. Je ne fais pas dans l'hétérosexualité, désolé. Ni même dans la bi ou pansexualité.

Matthew ne put s'empêcher de rire. Forcément, Léo avait une réponse à chaque pic qu'il pouvait lui lancer. C'était pour ça, en partie, qu'il lui plaisait autant. Il lui répondait naturellement et n'avait aucun problème à lui dire quand il faisait des conneries ou se comportait comme un crétin. Comme les premiers temps après leur rencontre.

— Il faut qu'on y retourne, annonça Matthew. J'ai peur que Klaus mange le plateau repas de ton frère si on tarde encore.

Léo se redressa, attrapa le sac de nourriture pour le blond et tendit l'autre main vers Matthew. Celui-ci ne put s'empêcher de sentir une petite chaleur prendre place dans son estomac, comme à chaque fois que son petit-ami prenait l'initiative de ce genre de gestes. Il se leva et entremêla ses doigts à ceux de Léo. Il tenta de cacher son air niais mais peine perdue.

— Ça te fait tant plaisir de me tenir la main ?

Matthew hocha vivement la tête.

— Surtout quand c'est toi qui me la prend en premier.
— Et c'est pas la seule chose qui te plaise à l'idée que je la prenne en premier, n'est-ce pas Minus ?
— Bien sûr, répondit Matthew dans un français marqué par son accent américain.

Léo leva un sourcil et fixa son regard dans celui du plus jeune qui se mit instantanément à rougir.

— Oh c'est bon, arrête ! Ça t'amuse de me voir gêné alors j'essaye de te répondre même si j'ai juste envie d'aller me cacher. Du coup, je vais faire comme si c'était une victoire pour moi.
— Mais c'est une victoire puisque ça me plaît ce côté chaton qui veut être lion, lui dit Léo en l'embrassant.

Matthew ferma les yeux et, à la fin du baiser, se laissa trainer par Léo. Son cœur battait la chamade et il ne savait même plus s'il devait être flatté ou vexé parce qu'avait dit son petit-ami. De toute façon, il ne pourrait sûrement plus réfléchir pendant les cinq prochaines minutes à cause de tout ça.

— Parfois je te déteste tellement, laissa-t-il échapper provoquant un rictus moqueur chez Léo.

Ils regagnèrent enfin l'hôpital et la chambre de Théo. Lorsqu'ils passèrent la porte, ils découvrirent un Klaus agonisant sur l'un des sièges de la pièce tandis que Théo dégustait son plateau repas. Ils n'eurent pas le temps de dire un mot que le blond se jeta sur eux.

— A manger ! Je meurs de faim depuis des heures et Théodore n'a même pas voulu partager.
— T'as voulu me piquer mon plateau quand l'aide-soignante me l'a déposé ! s'exclama Théo, en agitant la fourchette qu'il avait à la main. Si t'avais demandé peut-être que t'en aurais eu !

Klaus les regarda avec peine et espoir. Il mourait vraiment de faim. Maintenant qu'il avait parlé avec Théo, tous les repas où il avait senti son estomac trop serré pour manger à sa faim se faisaient ressentir et il pourrait manger le plus gros hamburger du monde en quelques minutes s'il le fallait.

Léo lui tendit le sac de nourriture avant de rejoindre son frère. Matthew préféra s'installer à côté de l'Allemand, laissant ainsi les deux frères ensemble pour l'instant.

— Ça a l'air mieux, fit remarquer Matt en s'asseyant.
— On a pas mal parlé Théo et moi. Ça m'a fait du bien. Puis j'ai enfin pu mettre des mots sur ce que je ressens et sur ce que j'ai cru ressentir.
— Tu n'es pas obligé de tout me raconter. Je ... j'espère surtout que tout va pour le mieux pour toi.

Il sentit un bras entourer ses épaules et son visage se retrouver écrasé contre le torse de Klaus.

— T'es beaucoup trop mignon ! C'est pour ça que je veux te raconter toute ma vie sans problème ! Mais non, ne t'inquiète pas, le rassura-t-il malgré tout après s'être calmé. Ce que je vis avec Théo est simplement une amitié que je n'avais jamais eue avant. Le haut niveau de l'amitié. Je suis heureux de l'avoir rencontré. Et toi aussi mon bébé ! Ne sois pas jaloux, je suis aussi content de t'avoir rencontré !

Matthew fut rassuré. Il retrouvait déjà un peu plus le Klaus qu'il connaissait. Parler lui avait vraiment fait du bien et il était donc encore plus heureux de les avoir laissés seuls tous les deux pendant un moment.

Dans l'après-midi, le médecin passa enfin leur donner plus d'informations sur la sortie de l'hôpital de Théo. Matthew était actuellement entre deux eaux. A la fois il espérait que son ami sorte rapidement de l'hôpital afin qu'il puisse profiter tranquillement du reste des vacances, et à la fois, il avait peur que le médecin ne décide de le faire sortir trop tôt et qu'au final, une complication se produise.

— Mr Leroy comment allez-vous ?
— Eh bien plutôt bien pour une personne qui a failli mourir il n'y a pas longtemps. J'ai hâte de sortir d'ici.
— Alors je voulais justement vous en parler. Peut-être vos amis devraient sortir.
— Je passe les vacances avec eux, ils seront de toute façon au courant.
— Il se trouve que nous voudrions vous garder encore quelques jours ici, au moins quatre, afin de nous assurer que tout va pour le mieux. Vous avez un métabolisme excellent et, comme vous le disiez, cet accident aurait pu se terminer bien plus mal. Nous préférons alors être sûr que vous ne risquez vraiment plus rien. Puis je pense que vous aurez bientôt mal au niveau de la poitrine, d'ici demain sûrement, si ce n'est cette nuit, à cause du massage cardiaque. Vous ressentirez comme si vous aviez été frappé à la poitrine.

Matthew grimaça en entendant tout ça. Il savait qu'il avait sauvé la vie de Théo, mais il savait aussi par la théorie qu'un massage cardiaque n'était pas la manipulation la plus agréable que l'on puisse recevoir.

— Donc, nous vous gardons jusqu'à mercredi. D'ici-là, cherchez comment remercier la personne qui vous a pris en charge sur la plage. Elle vous a assurément sauvé la vie. Si vous aviez beaucoup d'eau dans les poumons, je ne sais pas où vous en seriez aujourd'hui, mais en tout cas, pas aussi en forme.
— Ne vous inquiétez pas, il a toute ma gratitude et je pense que je lui offrirai n'importe quoi pour le remercier.

Matt aurait voulu parler, lui dire que ça ne servait à rien, qu'il était déjà trop heureux d'avoir pu le sauver. Ne pas avoir sa mort sur la conscience était, assurément, une très bonne récompense. Mais il se tut. Etrangement, il n'avait pas envie de se faire remarquer. Il avait déjà l'impression qu'une pression supplémentaire s'ajoutait sur ses épaules. Celle du héros. Pas un super héros. Pas une personne faisant un métier héroïque, comme un pompier. Mais comme une personne lambda qui était là au bon endroit, au bon moment, qui a agi de la bonne manière, et sur les épaules de laquelle maintenant, on met le poids d'une image à tenir, d'un exploit à réitérer. Sauf qu'il n'avait pas envie de vivre cela une seconde fois, pas tant qu'il ne serait pas médecin ou au moins interne en tout cas.

Le médecin sortit de la chambre et laissa les garçons ensemble. Théo les regarda tour à tour avant de geindre.

— Je veux rentrer avec vous ! Ça va être tellement long jusqu'à mercredi !
— On viendra te voir ! le rassura Klaus. On passera tous les jours pendant les heures de visite. Et on peut même voir si on peut rester dormir avec toi à tour de rôle ! On pourra faire une sorte de soirée pyjama !
— Klaus, depuis le début des vacances, c'est comme si on faisait une soirée pyjama chaque soir ! lui fit remarquer Matt.
— Pas faux ! Alors autant continuer ! Je vais aller demander aux médecins !

Klaus ouvrit précipitamment la porte et disparut tout aussi vite de la pièce. Matthew pouvait le confirmer, leur ami allait vraiment mieux.

— Il va t'épuiser, annonça-t-il à Théo.
— Ou alors il a vécu tellement d'émotions qu'il va s'endormir comme une souche ! C'est ce que j'espère en tout cas.

Lorsqu'il revint, il leur annonça qu'il pouvait rester cette nuit et qu'ils avaient même le droit de lui tenir compagnie chaque nuit ici, à partir du moment où une seule personne restait. Aujourd'hui, ce serait Klaus, il ne laissa le choix à personne de toute façon, le lendemain pourra être quelqu'un d'autre. Alors lorsque l'heure de fin des visites arriva, Léo et Matthew saluèrent les deux jeunes hommes et sortirent de l'hôpital.

Ils prirent le bus pour revenir à l'auberge. Sur le chemin, Matt s'arrêta et obligea Léo à en faire de même.

— Vient, on va manger dehors.
— C'est un rencard Minus ?

Un rencard ? Pourquoi pas ! Après tout, jusqu'ici ils n'avaient eu que très rarement la possibilité d'aller manger ensemble mais jamais comme un couple. En plus, ils n'étaient vraiment que tous les deux, personne ne les attendait dans leur chambre à l'auberge donc ils pouvaient prendre tout leur temps.

Personne ... dans leur chambre ...

Le cœur de Matthew manqua un battement et son souffle se coupa le temps d'un instant.

Il n'y aurait qu'eux dans la chambre cette nuit.

Rien que tous les deux.

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