Chapitre 29

Le lendemain matin, Matthew ne se souvenait même pas être sorti de la voiture pour rejoindre son lit _ enfin, le lit de Léo qui était définitivement devenu le sien _ ni même de s'être déshabillé avant de dormir. Mais il devait avouer qu'il avait vraiment bien dormi bien que son esprit soit encore légèrement dans le flou. La veille avait été une superbe journée mais il n'avait pas l'habitude de tout ça et donc s'était senti très épuisé une fois qu'ils s'étaient posés au restaurant pour manger.

Il se retourna pour se retrouver nez à torse avec Léo. Il le repoussa légèrement pour qu'il se mette sur le dos et s'installa correctement, la tête sur son épaule.

— Evite de t'empiffrer la prochaine fois, marmonna son coussin humain. C'était compliqué de te ramener jusqu'ici.

— Pas ma faute. Tu manques de muscles.

— Tu deviens insolant Minus.

— Vous racontez quoi les amoureux ?

Matthew n'eut pas le temps de tourner la tête qu'une masse s'étala sur son dos. Il n'arrivait plus à bouger et pensait même mourir étouffer jusqu'à ce qu'un second poids s'ajoute. Là, il allait vraiment mourir d'asphyxie.

— Vous êtes lourd, geignit-il en battant des jambes.

— T'étais trop mignon hier, chuchota Théo à l'une de ses oreilles. Trop endormi pour qu'on puisse te réveiller.

— Léopold a dû te porter dans ses bras comme si tu étais son beau prince endormi ! Il t'a couché, déshabillé et t'a même embrassé avant de s'occuper de lui. C'était digne d'un conte de fée et je suis allemand, alors autant dire que mon pays s'y connait dans ce domaine !

Malgré le poids, Matthew tourna son regard vers Léo. Celui-ci était sur son téléphone portable et semblait ne pas les écouter. Les premiers temps, ce comportement pouvait légèrement agacer Matt mais désormais, ça le faisait plutôt rien, parce qu'il savait qu'il écoutait malgré tout.

— On fait quoi cette après-midi ? demanda Théo.

— On est obligé de faire quelque chose ? Vous êtes trop gemütlich, trop confortables, pour bouger !

— Et moi j'étouffe ! Poussez-vous !

Il sentit alors Léo bouger légèrement et les deux autres garçons s'effondrer au sol. Qu'est-ce qu'il disait ? Malgré cet air détaché, Léo était toujours attentif à ce qu'il se passait, ce qui expliquait pourquoi il avait poussé Théo et Klaus en dehors du lit. Matthew en profita pour dénouer ses muscles et débloquer toutes les articulations qui avaient été entravés par les garçons. Il embrassa rapidement Léo avant de se redresser.

— On fait quoi alors ? demanda-t-il à Théo et Klaus.

— Et si on faisait du surf ? proposa l'Allemand.

— Euh ... sans moi, je sais pas en faire.

— T'inquiète bébé Matt, moi non plus. Mais je suis sûr que nos amis les ricos le savent eux ! Puis il doit bien y avoir des moniteurs pour apprendre au bord de la mer nan ?

— Pas besoin de moniteurs ! Léo et moi, on est des pros ! On en a fait quasiment tous les étés depuis nos quatorze ans ! On vous apprendra ! Alors enfilez vos slips de bain les filles, on a de la vague à surfer !

Théo se leva précipitamment, attrapa son maillot de bain et sortit de la chambre, laissant un Matthew et un Klaus sans voix. Leur ami était survolté et paraissait bien trop heureux d'aller faire du surf avec eux.

— Il nous prépare pas un coup foireux j'espère ? demanda Klaus à Léo. Parce que j'ai pas proposé ça pour me retrouver à l'hôpital !

— Il adore surfer. Si t'étais pas déjà pote avec lui, tu le serais devenu juste en prononçant ces mots. Il va être infernal, soupira-t-il.

Matthew ricana avant de fouiller dans ses affaires et de prendre le nécessaire pour aller à la plage. Ils trouveraient bien des tenues de surfs à louer là-bas. S'il devait être honnête avec lui-même, il redoutait un peu cette journée. Il n'avait jamais surfé de sa vie et n'avait même jamais émis l'idée de le faire. Les sports à sensation ? Très peu pour lui. En plus de cela, il habitait à plus de trois-cents kilomètres de la côte la plus proche, autrement dit, bien trop loin pour ses parents lorsqu'il vivait encore avec eux.

Mais l'idée d'en faire avec les garçons changeait forcément son manque d'envie par une impatience qu'il essayait de ne pas trop montrer. Ses affaires en mains, il fila à son tour dans les douches communes pour aller enfiler son maillot, suivi de Klaus. Ils croisèrent Théo dans le couloir qui sautillait presque de joie et se regardèrent avant d'éclater de rire. Leur ami donnait l'impression que Noël arrivait avant l'heure.

Ils s'enfermèrent chacun dans une cabine et se changèrent. Matthew se déshabilla avec empressement, hâte de pouvoir partir, lorsque, dans la cabine voisine, il entendit un boum et des injures en allemand.

— Rien de cassé ? demanda-t-il en riant.

— C'est rien ...

Matt tiqua. Venant de Klaus, il se serait attendu à des rires ou une réplique pleine d'humour. Pas une réponse aussi laconique et ... il y avait un il ne savait quoi dans ces trois mots qui lui laissait penser que quelque chose n'allait vraiment pas chez l'Allemand.

— T'es sûr ? T'as ... besoin d'aide ? se risqua-t-il.

— Pourquoi ? Tu veux me voir à poil bébé Matt ? Normalement, c'est pas mon genre, mais pour toi tu sais ...

— Aaah ! Arrête ! Faut comme si j'avais rien dit !

Klaus éclata d'un rire qui rassura légèrement Matthew. Il n'avait pas ni l'air faux ni ne donnait l'impression d'être forcé. Le blond devait être fatigué ou alors avait été trop plongé dans ses pensées. Il y avait plusieurs hypothèses possibles. Il suffisait même que Matt se soit simplement fait de fausses idées. Après tout, il pensait commencer à connaître Klaus, mais il oubliait souvent que cela faisait qu'un peu plus d'un mois qu'ils se connaissaient tous les deux.

Une fois prêt, Matthew sortit de la cabine et vit Klaus qui l'attendait contre le mur opposé. Celui-ci approcha en l'apercevant et lui ébouriffa les cheveux.

— Merci Matthew, lui dit-il avec un sourire avant de sortir des douches communes.

Il ne savait pas ce qu'il avait fait, mais si Klaus se sentait mieux, c'était le principal. D'autant plus qu'il l'avait appelé par son prénom entier, ce qui indiquait très clairement que quelque chose d'important s'était passé ces dernières minutes ... et sûrement bien avant.

Une fois qu'ils furent tous prêts, ils sortirent de l'auberge de jeunesse et se dirigèrent vers cette plage qu'ils connaissaient si bien désormais. Une fois sur place, ils décidèrent de marcher jusqu'à trouver un endroit où apprendre le surf, ou au moins louer de quoi en faire. Ils avancèrent, les pieds dans l'eau, Matthew entremêlant ses doigts à ceux de Léo, et parlèrent de tout et de rien. Enfin, Théo faisait la conversation, Klaus en faisait une autre et Matt tentait tant bien que mal de suivre ce que disait ses deux amis.

— Léo ! cria une voix non loin d'eux.

Ce dernier sentit les doigts de Matthew se resserrer autour des siens. Ils se retournèrent tous les quatre et virent un groupe de jeunes gens s'approcher d'eux, une certaine personne, que le plus jeune n'eut aucun mal à reconnaître, à leur tête.

— Génial, marmonna-t-il.

— Cache ta joie Minus. Elle va se faire des idées.

— Et tu serais jaloux, demanda Matthew en ricanant.

— Peut-être ... mais je ne vois pas pourquoi je le serais. C'est moi qu'elle veut !

Matthew se stoppa net et le regarda les yeux écarquillés et la bouche grande ouverte. Léo fut obligé de s'arrêter aussi et se tourna vers lui, un très léger rictus au bout des lèvres. Heureusement que Matt avait de plus en plus confiance en leur relation parce qu'une réponse pareille, dite quelques semaines en arrière, n'aurait pas eu la même répercussion chez Matthew. Là, la chose la plus sensée qu'il trouva à faire ne fut pas de fuir mais d'insulter Léo avant de le tirer par le bras pour l'embrasser.

Il fit durer le baiser un peu plus longtemps qu'il ne l'aurait fait habituellement. Certes, ce n'était pas pour une bonne raison, mais l'air choqué et dégouté présent sur le visage d'Alicia valait bien tous les baisers du monde, surtout s'ils étaient aussi bons.

— Léo, lui dit-elle en approchant. Ça fait longtemps qu'on s'est pas vu ! Ah, continua-t-elle en se retournant vers Matt, salut ... Matthias ?

— Salut ... Angela ?

— Alicia ... bref. Salut Théo ! Salut Klaus ! Vous faîtes quoi ici ? On peut traîner ensemble ?

Matthew pria très fort pour que les garçons n'en dévoilent pas trop mais c'était sans compter Théo, toujours euphorique à l'idée d'aller surfer, leur raconta tout ce qu'ils avaient prévu faire cet après-midi. A première vue, il savait même où ils iraient manger le soir.

Bien entendu, l'autre groupe décida de venir avec eux. L'avantage qu'ils en retirèrent fut qu'ils connaissaient vraiment bien le coin, notamment un des deux garçons présents et originaire de la ville, et qu'ils les emmenèrent jusqu'au magasin de location de planches et de tenues de surf.

Cette fois-ci, Matt ne leur laissa pas le choix et paya pour eux quatre. Cela lui revint à une bonne petite somme, mais il se sentait enfin bien de savoir qu'il avait pu offrir quelque chose à ses amis et son petit ami. Ils se changèrent chacun dans une cabine mise à disposition et partirent tous les neuf jusqu'au bord de l'eau.

La première heure, Léo enseigna les bases du surf à Matthew alors que Klaus apprenait à l'aide de Carla, l'une des trois filles du groupe. Les deux jeunes gens s'étaient découvert un point commun et pas des moindre. Carla était originaire de l'Espirito Santo, un état du Brésil qui comptait une grande communauté issu des colons allemands. Ils passèrent donc tout le cours à parler ensemble dans la langue maternelle du blond.

De temps en temps, Matt les regardait et se surprenait à sourire. Klaus avait l'air d'aller beaucoup mieux ou tout du moins d'avoir l'esprit assez occupé pour ne se préoccuper de rien d'autre que de rester debout sur la planche ... ce qui n'était pas très probant.

Du côté de Matthew non plus ce n'était pas très efficace. Le jeune homme avait plus bu la tasse qu'il ne pouvait le compter. Ses yeux lui piquaient à cause du sel et il était essoufflé à force de remonter sur sa planche et de s'en faire éjecter à la première vague. Lorsqu'il arriva à passer une vague sans se retrouver hors de sa planche, il annonça à Léo qu'il souhaitait partir avec les honneurs et sur une victoire. Léo se conduisit alors jusqu'à leurs affaires, l'aidant à se déplacer malgré ses jambes ankylosées.

— Tu peux y retourner tu sais, lui dit Matthew.

— Ton incapacité à tenir sur une planche m'a épuisé. Laisse-moi récupérer.

Matthew secoua la tête en souriant. Il se mit assis juste à côté de Léo, attrapa une de ses mains et regarda les autres s'amuser dans l'eau. Les garçons du groupe surfaient bien. Les filles aussi d'ailleurs. Enfin, sauf une. Alicia, elle, passait plus de temps à se pavaner dans son bikini qu'autre chose. D'ailleurs, elle semblait avoir changé de cible et passait son temps à rouler des hanches lorsque Théo n'était pas loin. Si elle seulement savait ...

Malgré ça, elle réussit au bout d'un moment à obtenir de Théo qu'il lui apprenne à tenir sur la planche. Il ne semblait pas totalement ravi mais accepta malgré tout, heureux de pouvoir partager ce qu'il savait. Ils furent rejoint peu de temps après par Klaus et Carla qui étaient les deux seuls, sans compter Théo et Alicia, qui étaient restés dans l'eau. Ils s'amusèrent un moment avant que les vagues ne commencent à prendre plus d'ampleur.

Klaus qui avait progressé ne tenait plus sur sa planche. Son rire se répercutait jusqu'aux oreilles de Matthew. La jeune fille qui l'accompagnait tentait tant bien que mal à l'aider mais laissa tomber, décidant à la place de le ramener vers le rivage pour qu'ils se reposent le temps que ça se calme.

— On va se poser ! annonça Klaus.

— On devrait arrêter pour le moment, proposa Théo, assis sur sa planche.

— Non, s'il te plait ! Encore une fois, minauda Alicia.

— Ok, mais juste une. Elle veut continuer, on arrive dans quelques minutes, dit Théo à Klaus.

Ils se remirent en position et prirent la vague suivante. Comme prévu, Alicia tomba de sa planche mais contrairement aux autres fois, à peine fut elle remontée à la surface qu'une nouvelle vague la prit par surprise. Elle fut engloutie par la mer. Tout le monde se leva de panique avant de voir Théo se jeter de sa planche pour aller la chercher.

Et là, tout se passa au ralenti. Les vagues se faisaient de plus en plus grosses et il fallut attendre de très longues secondes avant de voir Théo remonter à la surface, Alicia dans ses bras. Mais une nouvelle vague arriva et ils disparurent à nouveau.

— Ils auraient dû revenir en même temps que vous, dit Léo à Klaus.

— Alicia voulait pas encore revenir, alors Théo est resté avec elle.

Ils virent ensemble les garçons de l'autre groupe se précipiter en avant. Il récupérèrent Alicia qui venait de s'échouer sur la rive, toussant et essayant de reprendre son souffle.

— Ça va Ali ? demanda Carla en la rejoignant à son tour.

— Je ... j'ai eu tellement peur, pleura-t-elle. J'ai cru que j'allais mourir !

— En même temps, quelle idée de rester dans l'eau par ce temps !

— Matthew ! commença Léo.

— Non ! Son comportement était déraisonnable ! Les vagues sont devenues énormes ! C'est totalement irresponsable de rester dans l'eau alors qu'on ne sait pas tenir sur une planche ! Mais Théo aussi n'a pas été responsable du tout ! Il aurait dû refuser !!!

— Théo, l'interrompitKlaus. Où est Théo ?

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top