Matthew avait fui. Pourtant tout avait vraiment bien commencé. Il était parti voir Léo, comme prévu dans sa tête. Il lui avait même dit ce qu'il avait à dire. Mais ce fut à partir de ce moment que tout avait dégénéré. Il s'était attendu à toutes les réactions possibles. Pourtant, lorsque Léo avait écarté les bras en lui disant de venir quand il voulait, il était parti en courant. Tout simplement.

Et il courait encore. Il faisait le tour de l'auberge et en était bien à son cinquième tour. Il était bon pour une nouvelle douche et pour une recherche de cachette.

Puis il s'arrêta. Pourquoi aurait-il besoin d'une cachette ? Pour avoir dit au mec qui était son petit ami qu'il voulait lui faire un suçon ? Enfin non, il lui avait dit qu'il devait lui en faire un en échange, mais au fond, c'est qu'il le voulait. N'est-ce pas ?

Oui.

Bien sur que oui il le voulait. Et s'il voulait être honnête avec lui, il y avait bien des choses qu'il voulait mais dont il ne se sentait pas forcément prêt. Mais un suçon ... possible ? Impossible ?

Possible.

Très largement possible.

Il en avait envie. Déjà parce que c'était à charge de revanche et aussi parce que ... voilà quoi. Et puis Léo semblait ne pas être contre. A moins que son geste ne signifiât uniquement qu'il ne le pensait pas capable de le faire. Et Matthew avait fui. Directement. A tous les coups, Léo était maintenant en train de se foutre de lui et de son incapacité à faire quelque chose demandant un minimum de rapprochement.

Mais ça n'allait pas se passer comme ça.

Peut-être que c'était dû à l'adrénaline de cette course, mais Matt se sentit pousser des ailes et surtout une volonté de fer de montrer à Léo qu'il pouvait prendre les choses en main. Il reprit donc le chemin de la salle de bain, au cas où le français s'y trouvait encore. Sans trop d'étonnement, il n'y était pas. La course de Matthew avait duré un petit moment. Il devait donc se trouver dans la chambre. Sans perdre une seconde supplémentaire, le jeune homme fonça dans la pièce. Il voulait profiter de l'entrain qui l'envahissait avant que l'adrénaline ne retombe et qu'il commence à remettre en doute ce qu'il voulait faire.

Il entra dans la chambre, ne se préoccupant de rien d'autre que de Léo, allongé sur son lit, son téléphone à la main. Matthew avança droit vers lui, attrapa le portable pour le jeter quelque part et posa ses mains sur ses joues avant de fondre sur les lèvres de son petit ami. Rapidement, il le sentit répondre à son baiser voire l'intensifier alors que ses doigts venaient caresser ses hanches. Il sentait ses propres mains remonter le visage de Léo pour venir se glisser dans ses cheveux.

C'était comme si chaque nouveau baiser qu'il partageait avec Léo était différent. Il était aussi intense que celui qu'ils avaient échangé plus tôt dans la journée et pourtant, il paraissait aussi beaucoup plus intime dans leur manière de se toucher. Doucement. Comme si leur volonté pour le moment était de ne pas brusquer ce moment et surtout de ne pas l'interrompre.

Ils se séparèrent lorsque l'air finit par leur manquer. Leurs nez se frôlant doucement, comme pour éviter de rompre trop brutalement le baiser qu'ils avaient échangé. Loin derrière lui, très loin, Matthew entendit Klaus s'exclamer. Il était tellement dans l'adrénaline du moment qu'il n'avait pas fait attention à si Léo était seul dans la chambre quand il était arrivé.

Une main se glissa dans sa nuque et le poussa à enfouir son visage dans le cou de Léo. Il l'entendit même intimer _ à sa manière bien sûr _ les garçons de ne pas faire de commentaires.

Mais Léo fut rapidement coupé par un gémissement sourd.

Le sien.

Une secousse agita le corps au-dessus du sien, inquiétant Théo et Klaus.

— Et t'es content Minus ? demanda Léo en l'obligeant à se redresser.
— Totalement ! lui répondit-il avec un grand sourire.

Il n'arrivait même pas à être gêné des rires qu'il entendait à côté d'eux. Il l'avait fait, c'était tout ce qui l'importait à ce moment précis. Il n'avait pas fait marche arrière, ne s'était pas dégonflé après le baiser. Il mériterait même une médaille pour le courage dont il avait fait preuve même si tout compte fait, il en avait retiré bien plus de plaisir que d'effort. Pas qu'il n doutait vraiment, mais finalement, rendre la monnaie de sa pièce à Léo n'avait pas été aussi compliqué qu'il ne l'avait pensé.

Il fut coupé dans ses pensées par un grognement qui résonna dans la chambre, le faisant sursauter.

— Le tigre intérieur de Matt se réveille on dirait, le taquina Théo.
— C'était pas moi, répliqua-t-il avant de rire.
— Ok, alors là je vais rien dire et aller me préparer. Klaus, je te conseille de faire pareil. Si Léo a faim et qu'on traine, on va se faire défoncer.

Matthew les regarda partir précipitamment tout en sentant Léo se redresser. Il tourna à nouveau son attention vers lui et s'empêcha de sourire.

— Alors comme ça ton tigre intérieur se réveille ?
— Et ça te fait rire ?

Matt se sentit basculer en arrière alors que des doigts le chatouillaient. Il se tortilla de rire avant de déclarer forfait. Les mains s'immobilisèrent mais ne quittèrent pas leur place, comme si elles étaient là où elles devaient être.

— Finalement, t'as réussi à me le faire ce suçon.

Le plus jeune opina avec un grand sourire. Il était heureux pour plusieurs raisons. Il ne se ressentait pas vraiment de gêne après ce qu'il avait fait et par rapport à leur position, ce qui était un bon point. Second point, il se sentait bien. Léo était juste au-dessus de lui et le regardait avec un regard dont il avait le secret. Une étincelle de ce que Matt savait définir depuis peu comme étant du désir. Et il se sentait désirer.

Ça provoquait quelque chose de bizarre à l'intérieur de lui.

Il avait toujours cru que l'Homme n'avait pas besoin de beaucoup de choses pour vivre correctement, mais il avait sûrement faux. En tout cas, « se sentir désirer » devrait désormais apparaître dans cette liste. Parce que sincèrement, c'était à coup sûr l'une des meilleures sensations qu'avait ressenti Matthew ces dernières années. Alors pour remercier Léo, il se redressa légèrement et l'embrassa doucement.

— Et que me vaut le plaisir de ceci ?
— C'est pour te remercier de me faire sentir bien. Et pour te dire que même si j'ai toujours un peu d'appréhension, grâce à toi, je n'ai plus vraiment peur. On arrive à la moitié de nos vacances et j'ai pas envie de les gâcher à me poser trop de questions inutiles. Le plus important c'est ce que chacun d'entre nous veut.
— Tu as l'air bien sûr de toi Minus ! Donc, si je fais ça, tu ne m'arrêteras pas ?

Matt sentit alors les mains de Léo se poser sur ses genoux et remonter le long de ses cuisses alors que leurs torses se touchaient. Il sentit des frissons le long de sa colonne. Il n'avait pas imaginé qu'une aussi simple caresse pouvait faire réagir son corps de la sorte. Pourtant, il éloigna les mains de Léo.

— Malheureusement si ! Le tigre a faim et les autres vont revenir.
— Oooh, tu as vu ! Même dans les moments hot, notre bébé pense à nous !

Matthew bascula la tête sur côté et vit Théo et Klaus adossés contre le cadre de la porte, un énorme sourire aux lèvres. Il sentit alors Léo se dégager avec un soupir. Mais son visage ne trompait personne. Même s'ils avaient été en quelque sorte interrompus, Léo aussi semblait heureux de l'avancée qu'avait faite son petit ami.

Et quelle avancée.

Un déclic même.

Parce qu'après tout, il était vivant.

Il était désiré.

Il était libre de ses choix et le temps était bien trop court.

Alors oui, c'était décidé. Matthew allait désormais laisser parler ses envies et vivre enfin l'été qu'il méritait.

Plutôt bien accompagné en plus.

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Note de l'autrice : J'ai pas trop tendance à papoter à la fin de mes histoires mais là, vu depuis quand je n'avais pas posté de chapitre de LTÉ, je me suis dit que c'était la moindre des choses. ^^
J'espère que ce chapitre vous aura plu. Il n'est pas très long mais j'avais vraiment de pouvoir vous en réécrire et j'ai pensé que ce chapitre était bien tel quel. Il marque une sorte de transition dans les pensées de Matthew.
N'hésitez pas à fêter ce retour avec moi ! En espérant que je poste la suite assez rapidement !
Bisous (de loin) à toutes/s et prenez soin de vous !