Chapitre 25

Il l'avait fait. Il avait posé la question à Léo et maintenant il n'osait plus le regarder. A la place, il se triturait les doigts et essayait de trouver un moyen de détourner la conversation. Ça avait été une très mauvaise idée de partir sur ce sujet-là. Qu'est-ce qu'il avait en tête ? Peut-être qu'il y avait encore moyen d'annuler sa question. Avec un « je veux » par exemple.

« Il y a pleins d'étapes possibles tu sais Minus. Une relation, ça suit pas un schéma précis. Aucune d'entre elles se ressemble. »

Matthew ne s'y était pas attendu. Il n'avait pas espéré une réponse aussi sérieuse. Mais il fallait qu'il s'y fasse. Léo était vraiment conscient qu'il était un vrai novice en la matière et qu'il fallait lui expliquer certaines choses.

« Donc ... on va juste avancer à mon rythme ?
— Exact.
— Mais, ça te gêne vraiment pas ? Tu dois avoir l'habitude de ... enfin tu vois.
— Non, je ne vois pas, lui répondit-il avec son fidèle rictus.
— S'il te plait, me le fait pas dire, ok ? Tu vois de quoi je parle. Malgré tout ... je fais comment pour faire avancer notre relation si je ne sais pas quelle est la prochaine étape ? »

Léo soupira avant de tirer Matt par le bras pour l'obliger à s'allonger. Il s'installa alors à côté de lui.

« Quand on est comme ça. A quoi tu penses ?
— Je ... je sais pas vraiment. Pas grand-chose en fait.
— Ok. Maintenant, regarde-moi dans les yeux. Et tu laisses ton corps ou ton esprit parler. »

Matthew fit comme ce que le plus vieux lui demanda _ ou plutôt ordonna _ de faire. Il observa Léo comme il s'était souvent surpris à aimer le faire. Il était beau. Vraiment. Et chaque jour il se surprenait à le redécouvrir. C'était pas déplaisant en réalité. Puis maintenant qu'il avait personnellement avancé, il pouvait s'avouer que ses lèvres lui donnaient l'irrésistible envie de l'embrasser. Ce fut d'ailleurs ce qu'il fit sans plus tarder.

Rapidement, il laissa Léo prendre le contrôle du baiser et leurs corps se rapprochèrent jusqu'à ne plus laisser le moindre espace entre eux. Sans en avoir conscience, Matthew laissa son petit-ami bouger et se placer au-dessus de lui.

Le baiser fut interrompu par le manque d'air. La position était inhabituelle mais pas vraiment dérangeante. La sensation du poids de Léo sur lui avait un côté rassurant, protecteur. Et pour tout avouer, Matthew était à nouveau trop chamboulé pour s'offusquer de cette nouvelle position. L'apothéose vint lorsqu'au lieu de poser ses lèvres sur les siennes, Léo les fit dériver vers sa mâchoire, laissant ses dents la frôler avant de s'attaquer à son cou.

Matthew ne retint pas un gémissement de surprise et de plaisir. Ça aussi c'était nouveau et bien trop agréable pour le novice qu'il était. D'un naturel qui l'étonnerait sûrement plus tard, il écarta les jambes pour laisser Léo se fondre plus facilement contre lui. Ses doigts parcouraient la nuque et les cheveux de celui-ci et il ne pouvait s'empêcher d'avoir l'impression que des milliers d'étoiles filaient devant ses yeux.

Il ne revint sur terre que lorsque les lèvres de Léo revinrent prendre les siennes en otage. Leurs nez se frôlant, Matthew papillonna des yeux avant de se rendre compte de ce qu'il venait de vivre.

« Alors c'était ça la prochaine étape.
— Il semblerait, chuchota Léo tout près de sa bouche.
— Je vais mourir avant la fin ... et oui, je parle de cette fin-là. En plus ... je crois que j'ai un problème plus bas. »

Léo rit doucement, comme il le faisait trop peu souvent, avant de se redresser. Matthew avait l'impression qu'il venait de vivre une étape importante de sa vie et s'il s'écoutait, il crierait à Léo de recommencer jusqu'à ce qu'il en soit repu, si cela était possible.

Lorsque le poids du plus vieux disparut totalement, Matt ne put que grogner.

« Pourquoi tu t'en vas déjà ? J'ai pas paniqué en plus, t'as vu ça ?
— Va falloir se calmer Minus. Je vais devoir retenir que tu as le plaisir désinhibant. Si on reste comme ça, je vais finir par dégénérer et malgré ton comportement actuel, tu n'es pas prêt pour plus. Alors calme toi ou je te mets sous la douche froide.
— Même pas cap, marmonna-t-il en se tournant dans le lit. »

Fait peu surprenant, Léo s'approcha de Matt et le porta sur son épaule jusqu'aux douches communes et sans une once de remord, il fit couler de l'eau geler sur le plus jeune qui lâcha un petit cri de surprise.

Reprenant enfin totalement ses esprits, Matthew sentit ses joues chauffer malgré la basse température de l'eau. Pendant quelques minutes, il s'était senti comme un autre homme. Le plaisir avait dû faire surchauffer son cerveau et il s'en sentait un peu honteux. Et en même temps, il n'arrivait pas à faire autre chose qu'à repasser les images de ce qu'il venait de se passer et il comprenait parfaitement son propre comportement. Les sensations qu'il venait de vivre étaient fabuleuses et intenses. Et ça n'avait été qu'un baiser un peu plus poussé. La proche étape de leur relation allait forcément être un arrêt cardiaque. Heureusement que Léo l'avait stoppé.

En parlant de Léo, celui-ci regardait Matthew de son air neutre. Ni une, ni deux, Matt l'attrapa par la main et l'attira sous la douche avec lui. Il leva les yeux et les regarda fixement alors que son visage affichait désormais un air blasé.

L'Américain sourit et se mit sur la pointe des pieds pour l'embrasser très chastement. Il n'avait pas besoin de ranimer sa passion désinhibitrice maintenant.

« Merci d'être comme tu es. »

Et il s'en alla vers la chambre sans voir le petit sourire moqueur que Léo lui adressa.

Trempé et totalement gelé, Matthew se dépêcha de regagner le dortoir afin d'attraper des affaires propres. Malheureusement, quand il arrive dans la chambre, ses deux derniers colocataires étaient déjà présents. Ça allait être sa fête.

« Bah alors, commença Klaus. T'avais besoin d'une douche froide ? »

Le plus jeune ne put s'empêcher de rougir. Il avait l'impression que c'était écrit sur son front que Léo l'avait jeté à la douche pour calmer ses ardeurs. Par réflexe, il passa sa main sur son front, comme pour effacer la moindre trace.

« Si tu essayes d'effacer quelque chose de suspect, tu devrais commencer par le cou, proposa Théo avec un petit sourire moqueur qui n'annonçait rien qui vaille. »

Matthew passa ses doigts sur son cou et sentit une irrégularité suspecte. Il se précipita alors vers la trousse de toilette de l'Allemand. Il savait qu'il y avait un miroir dedans et c'était justement ce dont il avait besoin. Posant enfin sa main sur le précieux sésame, il s'installa près de la fenêtre où la lumière était la meilleure. Il n'osa pas directement pointer le miroir en direction de son cou.

Il souffla un coup et regarda enfin.

« Mais ... c'est ... c'est un, bafouilla-t-il en touchant la trace du bout des doigts.
— Ouais, c'est un suçon. Bébé Matt grandit. Ça te fait pas quelque chose Théo ?
— Si ! J'ai l'impression que c'était hier qu'il essayait de nous envoyer chier ! Et aujourd'hui, il nous a ordonné d'aller chercher le petit-déjeuner pour batifoler joyeusement avec mon frère. Je suis tellement fier. »

Matt laissa les deux garçons à leurs divagations. Il était beaucoup trop choqué par ce qu'il venait de découvrir. Il avait un suçon dans le cou. Léo lui avait fait un suçon pour être plus précis. Il portait la marque son petit-ami. Quand il sortirait, les gens le verraient. En même temps, il n'allait pas mettre une écharpe avec ce temps. Puis vu son emplacement, c'était même pas sûr qu'un bout de tissu soit suffisant.

Il ne savait pas trop s'il aimait ça ou non. Lorsqu'il voyait ça sur les autres étudiants à la fac, voire plus tôt au lycée, il avait tendance à trouver ça ridicule et dangereux, surtout lorsque les concernés s'en vantaient devant tous les autres élèves. Une manière de dire « moi je suis en couple et pas vous. » qu'il exécrait. Mais maintenant, savoir que la marque venait de Léo ... ça changeait tout. Bien sûr, il n'allait pas crier sur tous les toits qu'il avait une marque dans le cou, mais lui le savait. Même s'il cachait le suçon, lui saurait qu'il est présent et cette idée provoquait un petit feu d'artifice dans son estomac.

Cependant, quelque chose le tracassait. Un détail. Mais oserait-il en parler au concerné ?

Oui. Bien sûr qu'il allait oser. Il n'était plus le petit Matthew renfermé et peureux qu'il était encore la veille. Après tout, il a bien eu un moment qu'il qualifierait de torride avec Léo. Il n'avait même pas fui lorsque son corps avait réagi. Bon, certes, c'était à cause de cette décharge de plaisir trop importante qui lui avait grillé quelques neurones au passage, mais c'était pas le plus important. Il n'avait pas fui !

Alors ce fut d'un pas décidé qu'il sortit de la chambre et revint dans la salle de douche commune à la recherche de Léo qu'il trouva en train d'essorer ses affaires. Il s'arrêta devant lui et prit une pose déterminée, plus pour lui donner du courage que pour convaincre le Français.

« Un problème Minus ?
— Tu m'as fait un suçon.
— Exact, lui répond-il avec un sourire en coin, satisfait. Un problème ?
— Oui. Sauf si tu me laisses t'en faire un en retour. »

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