Chapitre 23

Lorsque Léo et Klaus revinrent, Théo et Matthew regardaient déjà la télé, allongés sur un des canapés. Ou plutôt, Théo zappait inlassablement les chaînes de télévision tout en caressant les cheveux d'un Matthew, presque endormi sous les attentions du Français. Ils avaient parlé encore un petit peu, de choses et d'autres, le temps que le plus jeune se remette de ses émotions dues à la conversation. Ses yeux papillonnants, il manqua le regard de connivence qu'échangèrent les trois autres garçons.

Les caresses dans les cheveux s'arrêtèrent et Matthew finit par se détourner de l'écran avant de se redresser.

« On mange quoi ? demanda-t-il aux nouveaux venus.
– Burritos et frites de patate douce, annonça tout heureux Klaus. Et sans jalapeños pour toi ! »

Matthew regarda suspicieusement le burrito que lui tendait Léo, mais un coup d'œil vers son petit-ami lui permit d'être rassuré et décidant de faire totalement confiance en ce dernier, il croqua dans son repas. Il poussa un gémissement de plaisir avant de s'attaquer aux frites. Il sentit quelqu'un s'installer à côté de lui mais n'y fit pas plus attention, bien trop occupé qu'il était à dévorer ce que les garçons avaient acheté. Il se rendait compte qu'il était vraiment mort de faim et se maudissait de ne jamais avoir essayé les frites de patate douce bien plus tôt.

« Arrête de gémir comme ça, les gens pourraient se poser des questions, chuchota à son oreille la personne qui s'était installé à côté de lui. »

Matt rougit, il ne put s'en empêcher. Mais à la surprise des autres _ et à la fierté de Théo _ Matthew se contenta de déposer un tout petit baiser sur les lèvres de Léo avant de retourner à son Burrito.

« Alors, on regarde quoi ? demanda-t-il.
– Pas un film d'horreur ! s'écria Théo. Je ne veux plus revivre la même frayeur que la dernière fois ! Je préfèrerai un film drôle ou alors un grand classique.
– Attend, je regarde, lui répondit Klaus en lui prenant la télécommande des mains. Alors un vieux classique ... on a Grease, le Cinquième élément, Sister Act, Retour vers le futur ... »

Matthew sursauta à l'énoncer du dernier film. Précipitamment il se retourna vers Léo, puis Théo, puis Klaus et ainsi de suite.

« Qu'est-ce qu'il y a Minus ? »

Le plus jeune ouvrit la bouche, prêt à parler avant de se retourner vers Théo et plonger son regard dans le sien.

« Je veux qu'on regarde Retour vers le futur. »

Théo lui répondit avec un sourire, attrapa la zapette et sélectionna le film en question.

« Mais ... tout le monde est d'accord ? s'inquiéta alors Matthew.
– Chut, ça commence, le fit taire Klaus. »

Matthew ne put s'empêcher de sourire aux garçons et prit son courage à deux mains pour s'installer plus près de Léo. Lorsqu'il le vit s'éloigner un peu plus vers le bord, Matt déchanta mais très rapidement, il sentit une main sur son épaule, le poussant à s'allonger sur le canapé, la tête posée sur les genoux de son petit-ami.

« Je ne vois pas pourquoi il n'y aurait que mon frère qui pourrait profiter de toi. »

Le plus jeune se mit à sourire avant de s'installer un peu mieux. S'il n'aimait pas tant Retour vers le futur, il se serait sûrement endormi sous les caresses de Léo. Il n'avait pas l'habitude de ce genre d'attention et il pourrait vraiment en devenir addict. Il se sentait dans un cocon de douceur bien que douceur et Léo ne soient pas forcément synonyme même si, Matthew devait l'avouer, parfois, son petit ami l'étonnait.

Ils enchaînèrent les trois films et bien qu'il ne se soit pas endormi, Matthew savait qu'il était rentré rapidement dans un état second et pour la première fois de sa vie, il n'avait suivi qu'à moitié la saga Retour vers le futur. Il s'était levé une fois pour aller aux toilettes et boire un coup puis était revenue s'installer à la même place, sans rien dire et en faisant semblant de ne pas voir le sourire satisfait de Théo.

Lorsqu'ils eurent terminé le dernier film, ils partirent tous se changer pour enfiler leurs maillots de bain ainsi que d'autres vêtements et prirent leurs affaires pour la soirée.

« Et si on allait dans un endroit dans lequel on est encore jamais allé ? proposa Klaus. On a déjà un train, c'est pas bon ça ! C'est les vacances ! Pas d'habitudes possibles, que de la nouveauté ! »

Ne voyant rien à objecter, les garçons opinèrent de la tête et ils se mirent en quête, tous les quatre, d'un endroit sympa où aller manger, dans lequel ils n'étaient encore jamais allés. Pour cela, ils s'éloignèrent un peu de l'auberge de jeunesse mais restèrent à proximité du bord de mer.

Le repas, bien que dans un endroit nouveau, ne changea pas vraiment des autres fois. Théo et Klaus cherchaient des choses « originales » à manger et Léo lui proposait le menu enfant. Mais au lieu de se vexer, Matthew eut un sourire scotché aux lèvres. Malgré ce qu'avait dit Klaus un peu plus tôt, ils avaient malgré tout gardé leurs habitudes.

Sauf lui.

Parce que sa discussion avec Théo l'avait motivé à réellement changer et non pas uniquement dans les paroles, mais réellement dans les actes.

Ce fut pour ça qu'en sortant du restaurant, il attrapa directement la main de Léo. Parce qu'il en avait envie et parce qu'il savait qu'il en avait la possibilité. Puis la pression qu'il sentit autour de sa main ne put que le rassurer.

Ils partirent ensuite en directement de la plage la plus proche et sans perdre un instant, se mirent en maillot, prêts à se baigner.

Le petit coin de sable qu'ils avaient trouvé était vraiment agréable et peu fréquenté, tout ce qui plaisait à Matthew. Il se permit alors de se détendre un peu sur le sable avant d'aller se mouiller. Il profita, au passage, de pouvoir admirer Léo, à quelques mètres de lui, qui terminait de se déshabiller.

« Tu mâtes Minus ? lui demanda Léo en s'installant à côté de lui. »

Pris en flagrant délit, il commença aussitôt à rougir, comme à chaque fois. Mais il n'allait pas se laisser faire. Il lui fallait trouver une réplique choc.

« Je regardais juste si par hasard ton frère n'était pas plus beau que toi. »

L'expression de surprise sur le visage de Léo en valut le détour, même si ce dernier retrouva rapidement son rictus habituel sur les lèvres.

« Tu te défends de mieux en mieux. C'est bien. Attends-toi donc à ce que je corse un peu le jeu. »

A peine eut-il terminé sa phrase qu'il attrapa Matthew par le bras et l'attira jusqu'à lui. Le jeune homme se retrouva alors à califourchon sur les genoux de l'autre homme, leurs torses se frôlant. La proximité ente leurs corps était assez nouvelle. Ou du moins, les fois où ils dormaient ensemble, ils étaient beaucoup plus habillés que cela. Là, ils étaient tellement proche que Matthew soupçonnait Léo de pouvoir sentir contre son torse les battements de son cœur. Leurs souffles eux se mélangeaient et le plus jeune put affirmer sans problème que la température avait facilement grimpé d'une quarantaine de degrés.

Et ses mains se mirent à trembler. Il sentait son corps réagir, ce qui n'était, décidément, pas nouveau chez lui. Mais c'était la première fois que la raison de ses réactions se trouvaient juste en dessous de lui, assez près pour sentir le moindre changement anatomique. Il ferma fort les yeux et pour s'empêcher de fuir, enfouit son visage dans le cou de Léo.

Sa respiration commença à se faire erratique. Une main se plaqua contre son dos et bougea doucement, dans le but de l'apaiser. Eu efficace, Léo écarta alors Matthew de lui et l'embrassa, chastement, mais suffisamment pour que son souffle se fasse plus calme.

« Il va vraiment falloir qu'on fasse quelque chose pour tes crises, lui annonça Léo en posant son front contre le sien.
– Désolé, murmura Matthew. Je ... j'arrive pas encore à ... enfin ... désolé pour ... tout ? Ma crise et la réaction de ... voilà. »

Bien qu'il fût encore à moitié sous le choc, Matthew avait envie de se féliciter. Il n'avait toujours pas fui et il engageait même une conversation explicative avec Léo.

« Tu sais que tes réactions sont normales, hein ? Pour une personne novice comme toi, c'est compliqué de retenir ce genre de choses.
– Je ... j'aime pas ne pas avoir le contrôle de mon corps. Je me sens prisonnier. Et en plus ... tu dois soit me trouver ridicule, soit me trouver dégoutant. »

Léo soupira et se leva. Il attrapa au passage Matthew qu'il porta dans ses bras. Par réflexe, le plus jeune noua ses jambes autour de la taille du plus grand et laissa ses bras entourer le cou de ce dernier. Il ouvrit la bouche, dans le but de lui demander ce qu'il faisait mais fut très rapidement coupé par la fraicheur de l'eau dans laquelle Léo venait de les immerger.

« Laisse-toi faire. »

Ecoutant ce dernier, Matthew sentit les mains de Léo l'obliger à se détacher de lui. Il suivit ses mouvements et se retrouva à faire la planche. Les doigts du tatoué caressaient son dos, comme pour le rassurer et lui dire qu'il était toujours là.

« Tu as peur de l'eau ? lui demanda-t-il soudainement.
– Non.
– Pourtant, dans l'eau, tu ne contrôles pas grand-chose. Parfois même, tu ne contrôles rien. Surtout lorsque tu ne sais pas nager. L'eau est trop forte et a son libre arbitre. Ce qu'elle veut faire, elle le fera. Ton corps, c'est la même chose. Actuellement, c'est comme si tu ne savais pas nager. Alors tu n'as pas de contrôle sur ton corps. Tu es obligé de subir ses désirs. Mais jamais, tant que tu es avec moi je ne trouverai ça dégoûtant ou ridicule. Oui, je me moquerai peut-être de toi, plus tard, lorsque tu seras plus à l'aise. Mais jamais je ne te flagellerai pour cela. Puis tu verras, on continuera à se rapprocher. Autant que tu en ressentiras l'envie. Et à force, tu arriveras à contrôler les désirs de ton corps.
– Ça se contrôle vraiment ce genre de réaction ?
– Oui, je te l'assure. »

Matthew se laissait porter par l'eau et les mains de Léo et réfléchissait aux paroles de ce dernier. Les réactions de son corps n'avaient rien de dégradant, ni de ridicule. C'était même ... normal ? Après tout, il sortait avec un canon, il ne pouvait pas le nier. Et puis, Léo l'avait dit. Il allait apprendre à contrôler son corps. Peut-être finirait-il par pouvoir empêcher ce genre de réactions intempestif. Pouvait-on les contrôler à cent pourcent ? ce qui lui fit alors se demander :

« Mais du coup ? Tu ne réagis jamais quand on est ensemble parce que ça ne te fait pas réagir ou parce que tu sais parfaitement te contrôler ?
– Si tu savais ... »

A cette réponse, les mains de Léo quittèrent le dos de Matthew, le faisant plonger involontairement dans l'eau. Lorsqu'il remonta à la surface, il se mit à tousser et chercha Léo autour de lui. Il le repéra à quelques mètres de lui, en train de nager encore plus loin.

Un éclat de rire l'accompagnant, Matthew plongea à sa suite pour avoir le fin mot de l'histoire. Mais apparemment, il n'était pas le seul à pouvoir fuir les questions certaines fois.

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