Il était sous la douche, l'estomac remplit et l'esprit heureux à l'idée de passer une journée calme avec les garçons. Pour cette fois, il ne voulait pas prendre le temps de profiter de l'eau chaude, pressé de rejoindre les autres et de passer enfin une journée tranquille et apaisante. Ils allaient encore devoir faire des efforts de communication tous les quatre, mais Matt se sentait déjà beaucoup plus léger. Il se disait même que tout allait pouvoir continuer à évoluer entre eux tous ... enfin surtout avec Léo. Parce qu'il devait se l'avouer, mais à l'instant présent, Matthew avait très envie de retrouver son petit ami pour l'embrasser.

Et peut-être rester dans ses bras devant la télé.

Il sentit ses joues s'empourprer. Et ce ne fut pas la seule partie de son corps à réagir à la simple idée de se coller au corps de Léo.

Pris de panique, Matthew se jeta sur le mitigeur et d'un coup précipité le mis sur la position la plus froide. L'eau gelé se déversa alors sur lui, le faisant pousser un cri de surprise. Par réflexe, il remit de l'eau chaud. Beaucoup trop chaude. Il cria à nouveau et coupa finalement l'eau.

Il haleta, comme s'il venait de parcourir un marathon, tout en s'appuyant sur le mur en carrelage. Il n'avait clairement pas l'habitude d'avoir des moments ... d'excitation. Et s'il devait décrire cela, il dirait que c'était très douloureux. Moins que ce soit un simple reflet de la frustration dans laquelle il s'était mis qui était douloureux.

« J'espère que quand mon frère s'occupera de toi, tu seras pas aussi bruyant ! Pas que ça me gêne, mais je ne pense pas que tu aimeras que tout le couloir sache quand tu te feras déflorer.
– Th-Théo ? Je ... c'est pas ce que tu crois !
– Ah ? Et qu'est-ce que je crois ?
– Je sais pas, mais c'est pas ça ! J'ai mis de l'eau un peu trop froide sans faire attention ... ça m'a surpris ... alors j'ai mis plus chaud mais ... je me suis brûlé.
– De l'eau froide hein ? répéta Théo avec un ton qui semblait moqueur. »

Matthew ne répondit pas. S'il ouvrait encore la bouche, il ne ferait à tous les coups que s'enfoncer encore plus. Il se rinça alors rapidement, en vérifiant d'abord que l'eau était à bonne température, se sécha et enfila ses vêtements. Et lorsqu'il sortit de la cabine, il fut surpris de voir Théo contre un des murs, comme semblant l'attendre.

« Pourquoi tu es encore là ? lui demanda Matthew, nerveux.
– Les autres cabines sont prises ! Maintenant pousse toi, que j'aille prendre une petite douche. »

Matt hocha la tête et se décala. Mais lorsqu'il passa à côté de lui, il sentit une main se poser sur son épaule.

« Je te l'ai déjà dit, mais je te le répète. C'est normal de réagir tu sais ? En plus, tu sors avec un mec canon _ c'est mon jumeau, je suis obligé de dire ça _ et tu es totalement novice en relation. C'est normal d'avoir peur au début, c'est normal de réagir, c'est normal de ressentir des choses qui te sont sûrement étrangères. Mais rassure-toi. Mon frère ne t'obligera à rien. Jamais. Alors profites-en. Découvre de nouvelles choses. Expérimente. Laisse-toi aller à tes envies. Tu ne risques rien avec lui. »

Puis il rentra dans la cabine de douche sous la mine effarée de Matthew qui ne remarqua pas que les autres cabines de douche étaient toutes libres.

Il sortit de la salle de bain commune et se dirigea vers la chambre. Sur le chemin, il repensa aux paroles de Théo. En soit, il n'avait pas tort. Mais Matthew ne se sentait pas forcément capable de suivre les conseils du Français. Il avait trop de crainte. Et il y avait trop de risque. Pourtant, lorsqu'il entra dans la chambre et vit Léo, tout près de lui, il remit tout en question. Il se figea alors et le fixa du regard. Peut-être qu'il ... enfin non ... pas moyen.

Léo se retourna vers lui et haussa un sourcil, lui demandant silencieusement ce qu'il avait à le fixer. Alors Matthew prit finalement sa décision. Il s'approcha doucement, les mains tremblantes.

« Léo, on est d'accord que je ne serai jamais obligée de faire quelque chose que je ne veux pas faire ?
– Personne ne devrait faire des choses qu'il ne veut pas faire.
– Et si je veux faire quelque chose ?
– Si ça ne concerne que toi, tu le fais. Si ça concerne quelqu'un d'autre, si tout le monde est partant, vous le faites.
– D'accord ... Alors, je veux t'embrasser ... »

Ils se regardèrent droit dans les yeux quelques secondes avant que Léo ne se mette à rire. C'était un rire franc, sincère comme il en offrait très peu, mais ô combien vexant pour Matthew qui portait encore un air extrêmement sérieux sur le visage. Il comptait même le lui faire remarquer lorsque ses lèvres furent prises d'assaut tandis qu'une main se glissa derrière sa nuque et que des doigts jouèrent avec ses cheveux.

Matthew se sentait bien. Il avait l'impression de ne pas avoir embrassé Léo depuis des semaines. Ça lui avait manqué. Lui qui n'avait jamais eu de relation de ce genre avec quiconque se rendait compte qu'il pourrait rapidement devenir dépendant de ce genre de chose.

Puis Léo s'éloigna.

« Alors, satisfait ? lui demanda-t-il, son rictus fétiche de retour au bout des lèvres. »

En vrai ? Pas vraiment. Alors pour y remédier, Matthew attrapa Léo par le t-shirt et l'attira vers lui. Et même là, cela ne semblait pas assez. Il ne se sentit bien que lorsqu'une des mains de Léo trouva sa place dans le bas de son dos et le rapprocha au plus près de lui. Presque l'entièreté de leurs corps se touchaient et Matthew se sentit fondre. Il ne savait ce qu'en pensait Léo, mais lui en tout cas se sentait vraiment à sa place.

Il fut cependant forcé de couper le baiser, le souffle haletant et le cœur affolé. Ses doigts ne desserrèrent pas leur emprise sur le haut de Léo dont la respiration était aussi saccadée que le sienne.

« Et imagine sans vêtement. La sensation sera encore plus divine, dit une voix qui n'était ni la sienne ni celle de Léo. »