Chapitre 20

La question prit Klaus au dépourvu. L'espace d'un instant, il parut totalement démuni face à cette question. Mais n'étant pas n'importe qui, l'Allemand ne se laissa pas faire et très rapidement se retrouva à quatre pattes au-dessus de Matthew.

« Il semblerait que oui. Mais si tu as quelque chose à proposer, qui serais-je pour refuser ? »

Ce fut alors au tour de Matthew de rester sans voix. Il avait cru avoir le dessus pendant un moment, mais la situation était à présente inversée. Il ne savait même pas quoi répondre à Klaus pour se libérer.

Il n'eut pas à chercher longtemps. Klaus fut littéralement arraché du lit et poussé sur celui voisin par nul autre que Léo.

« T'auras pas pu rester plus longtemps aux chiottes ? demanda Klaus en remettant ses cheveux en place. J'allais m'arranger un super coup avec Matt ! En plus, il a accepté de faire un Strip Action ou Vérité !
– J'ai jamais dit ça ! répondit rapidement Matthew en regardant Léo. Bon, j'ai peut-être dit que je l'envisagerais mais c'est seulement parce que je voulais lui poser une question et c'est tout. »

leva les yeux au ciel avant de se rallonger sur son lit. Inconsciemment, Matthew se recula jusqu'à sentir l'autre jeune homme dans son dos. Ce ne fut que lorsqu'il sentit une main se poser dans le creux de ses reins qu'il se rendit compte que jusqu'ici il avait été tendu et qu'enfin son corps commençait à s'apaiser. Mais il avait encore du chemin à faire avant de se sentir totalement bien.

« Est-ce qu'on peut ... reprendre ce qu'on faisait ? demanda-t-il alors aux autres garçons.
– Pose tes questions, on y répondra, le rassura Théo.
– Puis on te posera nos questions afin d'être sur un même pied d'égalité, renchérit Klaus avec un énorme sourire avant de se laisser tomber sur le lit voisin. »

Pas de blague sur ce qu'il s'était passé avant, pas de paroles ambigües, les garçons semblaient comprendre l'importance de ce moment pour Matthew et ce dernier leur en était reconnaissant.

« Je ... je ne sais même pas par quoi commencer, se mit-il à rire. Et si ... si on reprenait du début ? J'ai l'impression que notre rencontre ne s'est pas forcément faite correctement. Je suis pas forcément à l'aise avec les personnes que je rencontre, avec personne en fait pour être honnête avec vous, alors quand vous êtes arrivés ... je pense que j'ai été légèrement impressionné.
– Je pense qu'on t'a pas forcément faciliter les choses, avoua Théo. Surtout Léo.
– La perfection m'horripile, avoua simplement l'autre français.
– La perfection ? s'étonna Matthew. Mais ... ça n'a rien à voir avec moi ... plutôt avec vous à vrai dire.
– Oh que si ! ricana Léo. On t'a rencontré, tu étais trop bien sur toi, tellement sérieux. Avant de nous annoncer que tu avais réussi haut la main ton Bachelor Degree, prêt à démarrer tes études de médecine. Ne faisant ni la fête, ni ne buvant une goutte d'alcool. Pas un écart. Pas un sourire. »

Matthew serra les dents. Il avait l'impression de donner une image tellement froide et hautaine de lui alors qu'il ne se sentait pas comme cela. A trop éloigner les gens de lui, il avait fini par construire une carapace qui lui causait du tort. Et si les garçons ne l'avaient pas forcé à sortir de sa zone de confort, jamais il n'aurait pu en arriver là.

« Mais ... si je renvoyais cette image, pourquoi est-ce qu'on est ensemble ? Je ... Même moi, après ce que tu viens de dire, je ne me serais pas choisi ! Même si en fait, sans cela je ne me serais quand même pas choisi. Alors pourquoi ? Tu m'as dit que je t'ai intéressé lorsque je t'ai envoyé te faire voir. Mais vu ce que tu viens de dire, rien ne donne envie.
– Parce que ce n'était qu'une première impression Minus et qu'il faut apprendre à voir au-delà de ça. On peut être attiré par une personne sans pour autant se voir sortir avec celle-ci parce qu'on trouve qu'en vrai c'est un trou du cul. Et c'est ce qui est arrivé. Mais si on en est là, c'est parce qu'on est passé au-dessus de notre première impression. Toi aussi tu l'as fait, même si tu as mis plus de temps pour ça, rajouta Léo en laissant ses doigts caresser la parcelle de peau sous eux.
– Puis ce qu'il te dit pas, rajouta Théo avec un petit sourire, c'est que ton relooking a fait découvrir à tous le magnifique popotin que tu as et que c'était dommage de laisser passer ça. »

Matthew ouvrit la bouche, outrée, avant d'attraper un coussin et de le lancer sur Théo avec un petit rire.

« Du coup ... on se représente ? demanda Matthew.
– Je commence, cria presque Klaus en s'asseyant correctement. Je m'appelle Klaus Wiesemann, j'ai 23 ans, je vis en Allemagne, près de la frontière française, je veux être archéologue et je suis totalement Allemand, mais ma belle-mère étant anglaise je suis parfaitement bilingue. J'aime le fromage et l'escalade. Et j'ai les plus grands pieds du groupe, termina-t-il avec un haussement de sourcil aguicheur.
– De l'escalade ? s'étonna Théo. Tu sais faire autre chose que dire des conneries et boire ?
– Qu'est-ce que tu crois ? Que c'est en buvant des bières qu'on obtient un corps comme le mien ? se flatta l'Allemand. En réalité, l'escalade est la seule activité que j'ai gardé avec mon père. Puis, ça fait du bien de décompresser un peu. »

Matthew l'observait. C'était toujours étrange de voir ces moments où Klaus était posé et sérieux. Mais il aimait bien. Il tourna ensuite son attention vers Théo qui semblait prêt à parler, un petit rictus aux lèvres qui le fit encore plus ressembler à son jumeau.

« C'est à nous maintenant alors tenez vous parce que vous n'êtes pas prêts ! annonça-t-il alors que son sourire s'agrandissait. Figurez-vous que vous ne connaissez pas notre réelle identité. »

Réelle identité ? Comme ... des super héros ? Ou plutôt comme des agents secrets ? Voire des malfrats ? Si Matthew devait choisir une de ces solutions, il choisirait assurément la dernière. Il se retourna alors vers Léo, un sourcil relevé d'incompréhension. Ce dernier lui fit signe d'écouter sans rien dire.

« Promettez-nous d'abord que rien ne changera, leur demanda solennellement Théo. Ce n'est pas parce que notre monde est aussi différent qu'il faudra créer une barrière dans notre relation. Cela vous permettra seulement de comprendre certaines choses à notre propos, mais nous restons malgré tout les mêmes et ...
– Théodore, grouille.
– Et voilà ! râla Théo en levant les bras au ciel. Toujours là pour casser les délires des autres ! Tu ne pouvais pas me laisser le plaisir de me présenter tranquillement Léopold ?
– Léo ...pold ? répéta Matthew en se mordant les lèvres.
– Tu ris ? Je te défonce ! »

Ne pas rire. Ne pas rire. Il pouvait se retenir ... normalement ... Mais il lui suffit d'un coup d'œil en direction de Klaus pour finalement laisser cours à son hilarité. Il sentit alors la main sur sa hanche remonter vers sa taille avant de le pousser contre le matelas.

« Désolé, mais ça ne correspond tellement pas à ton image ! se justifia Matthew.
– Au lieu de te foutre de moi, écoute jusqu'à la fin ! On verra si tu ris toujours. »

Matthew essuya ses larmes avant de se rasseoir, gardant son dos contre le ventre de Léo toujours allongé derrière lui, ses mains désormais croisées derrière sa tête. Il peinait à se calmer mais il était beaucoup trop curieux. Il se demandait vraiment ce que pourrait leur annoncer Théo qui expliquerait son comportement.

« Ok, alors écoutez bien les mecs. En fait ... Léo et moi ...
– Léopold et toi tu veux dire, le coupa Klaus en ricanant alors que Léo lui envoyait un regard ennuyé.
– Si tu veux ! Alors figurez-vous ... qu'on est riche. »

Klaus et Matthew attendirent la suite ... qui ne vint pas.

« Et ? demanda Klaus. Ça on s'en doutait un peu quand même.
– En même temps, avec la black card, on pouvait pas passer à côté, fit remarquer l'Américain.
– Non, vous n'avez pas compris ! On est riche ! Genre, vraiment.
– Et si tu expliquais tout, tout simplement, le coupa Léo.
– T'es pas drôle ! Parfois je me demande si tu es vraiment mon frère. Bon, pour faire simple on est des bourges. Mais pas des petits bourges ! Plutôt dans le genre Léopold et Théodore Leroy de l'Albret. Une noble famille totalement tombée dans l'oublie depuis que les Bourbon nous sont passés devant, mais mine de rien, notre famille a quand même fait partie de la souveraineté de Navarre. Alors bon, maintenant notre nom est totalement inconnu de tous, mais on a gardé le pognon alors on s'en fout royalement ! »

Puis plus personne ne parla. L'information paraissait légèrement invraisemblable. Alors pour être sûr que ce qu'ils avaient entendu était vrai, les deux jeunes hommes se tournèrent vers le deuxième jumeau, en attente d'un assentiment.

« Merci pour la confiance, râla Théo.
– Comprend nous, tu nous dis que vous faîtes parties d'une famille jadis royale ... il y a de quoi se poser des questions !
– Je suis d'accord avec Klaus. En plus, j'ai décidé de ne plus vous croire sur parole, Klaus et toi, depuis au moins notre deuxième jour ici. Du coup, je préfère que Léo confirme tout ça. »

Il entendit un reniflement derrière lui et aperçut une lueur amusée dans les yeux de son petit-ami, ce qui le fit aussitôt sourire. Il adorait voir ces petits détails chez lui qui montraient qu'il était capable d'autre chose que du sarcasme. Il attendit ensuite que le jeune homme réponde à leur question silencieuse.

« Malheureusement, souffla Léo en fermant les yeux.
– C'est si horrible que ça d'être des ricos ? se moqua Klaus.
– Ah nan, le fric c'est cool ! s'exclama Théo. Mais les mondanités ... qu'est-ce qu'on s'y fait chier !
– Tu parles, t'adores te pavaner.
– Il faut bien s'amuser !
– Mais du coup. Si vous êtes aussi riche. Pourquoi vous avez fini ici en vacances ? demanda Matthew.
– Le dépaysement ! répondit Théo.
– C'est surtout qu'il nous fallait des vacances dans un endroit où on ne croiserait jamais quelqu'un qu'on connait. Quoi de mieux qu'un dortoir en Floride. »

Ça se tenait. Et cela fit réfléchit Matthew. Ils étaient bien plus différents qu'il n'avait pu l'imaginer au départ. Bien plus que le style, le caractère et bien d'autres choses, il y avait aussi la classe sociale qui le séparait tant des jumeaux. Il entendit Klaus et Théo commencer à débattre sur la bourgeoisie et se rendit compte que Klaus aussi était vraiment une espèce à part. S'il n'avait pas eu une belle-mère anglaise, serait-il venu en vacances jusqu'ici sans aussi bien parler la langue ?

« Arrête de penser Minus, tu vas te faire mal.
– Je pensais juste à la probabilité qu'on soit actuellement tous ici ensemble.
– Tu prends des risques à autant réfléchir ... Alors, t'en es arrivé à quelle conclusion.
– Que rien ne nous destinait à nous rencontrer.
– Reste à savoir si c'est un coup de bol ou non ... »

Matthew pouffa. C'était bien du genre de Léo de transformer leur rencontre de cette manière. Mais un rapide coup d'œil vers l'autre homme lui suffit à voir la lueur moqueuse dans ses yeux.

« Bon, du coup Matt', c'est à ton tour ! annonça gaiement Théo. Présente-toi, dit-nous quelque chose qu'on ne sait pas !
– Je suis tellement curieux ! s'exclama Klaus en sautillant sur le lit. »

Matthew regretterait presque son idée si ça ne lui avait pas permis d'en apprendre sur les trois alors. Mais se dévoiler. C'était compliqué. Surtout lorsque vous-même ne saviez pas vraiment qui vous étiez. Pourtant, il n'avait pas le choix. Alors il essaya de ne pas trop réfléchir et de laisser les paroles couler d'elles-mêmes.

« Je m'appelle Matthew Gardner, 22 ans, j'ai passé ces quatre dernières années à bosser pour empocher mon Bachelor Degree pour pouvoir entrer dans une université de médecine et à faire toutes les formations de premiers secours possibles. J'ai vraiment envie de devenir médecin. Mais depuis que je suis ici, je me rends vraiment compte que ces quatre dernières années ont été un véritable enfer et ont fait de moi le pire mec qui puisse exister sur terre. J'ai vraiment été horrible. J'ai empêché les gens de s'approcher de moi ... j'ai même quasiment couper les ponts avec ma famille ... et pourtant, elle me soutient toujours. Je mérite pas ça ... parfois j'ai même l'impression de ne pas mériter toutes ces vacances ... »

Les yeux dans le vague, Matthew faisait tout pour se focaliser sur autre chose que les garçons. Ce fut pourquoi il ne vit pas Théo et Klaus se lever du lit où ils étaient pour se jeter sur lui, écrasant par la même occasion Léo qui s'était redressé derrière Matthew pendant qu'il parlait.

Il alla râler pour la forme _ et aussi parce que les deux garçons faisaient leur poids _ mais outre les cheveux de Théo qu'il avait dans la bouche, l'empêchant de s'exprimer, il se rendait compte qu'il n'en avait pas vraiment envie. Et lorsqu'il sentit une main chaude enserrer sa taille par derrière, à même la peau, il se laissa simplement aller, se délaçant juste assez pour ne pas faire mal à Léo.

« On devrait dormir comme ça cette nuit, proposa Klaus à Théo plus qu'aux autres. Comme ça notre petit bébé se sentira entouré de tout plein d'amour. »

Mais un léger bruit de bois fendu les alerta et les trois garçons du dessus se levèrent précipitamment.

« Ok, mauvaise idée, se contredit l'Allemand. »

Puis sans pouvoir s'en empêcher, il éclata de rire, très vite suivit par Théo et Matthew sous le regard fatigué de Léo qui se réinstalla correctement dans son lit. Ils furent coupés par un grognement provenant de l'estomac de Matthew.

« Désolé, s'excusa-t-il rapidement, choqué par le bruit assourdissant émis par son ventre.
– C'était ... énorme, s'étonna Klaus. T'as pas mangé depuis quand ?
– Euh ... hier ... midi ? Je crois ... J'en sais rien en fait.
– Mais ça va pas ? Qu'est-ce qui t'a pris ? Klaus, ramène le petit déjeuner !
– J'avais ... pas vraiment la tête à ça, expliqua Matt, gêné. »

Il se retrouva alors forcé à s'asseoir sur le lit derrière lui, les mains pleines de gâteaux. En croquant dans le premier, il se rendit vraiment compte que son estomac n'avait pas abusé. Il était affamé.

« On fait quoi aujourd'hui ? demanda alors Théo.
– Laissons le Minus choisir pour aujourd'hui.
– Oh, je ne savais pas que tu étais le genre d'homme à faire des concessions aussi facilement ... Léopold, se mit à rire Klaus. »

Léo leva les yeux au ciel avant de reporter son attention sur son petit ami.

« Alors ?
– On peut pas rester ici ? Squatter la salle télé ou alors même le foyer. Je crois qu'il y a de quoi s'occuper. Puis au pire, ce soir on pourra aller manger dans un endroit qu'on ne connaît pas ... et partir à la plage ? »

Il était essoufflé. Il avait tout déballé d'une seule traite tant il trouvait l'idée banale et pas forcément très divertissante pour les garçons. Mais il n'avait vraiment pas envie de sortir plus que nécessaire et au final, les garçons semblèrent éprouver la même chose puisque les sourires de Théo et Klaus semblèrent heureux et que Léo n'avait pas encore râlé. Ses lèvres portaient même ce rictus que Matthew ne connaissait que trop bien et qu'il commençait par aimer de plus en plus.

« Va pour une journée chilling, finit par dire Léo. »

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