Chapitre 10
Huit jours étaient passés depuis le premier rendez-vous de Matthew et Elliott. Depuis, Matthew avait eu un planning très chargé.
Dès qu'il le pouvait, il appelait ses parents. Reprendre véritablement contact avec eux lui faisait énormément de bien. Parfois, il avait aussi son frère aîné qui était venu passer quelques jours chez leurs parents. Au premier appel cependant, celui-ci lui avait bien fait comprendre à quel point il lui en voulait de s'être éloigné de la sorte ces dernières années et n'avait accepté d'arrêter de crier que lorsqu'il eut obtenu la promesse de ne plus couper contact avec la famille de la sorte.
Il essayait de s'ouvrir un peu plus aux garçons et n'hésitait plus à se faire entendre si nécessaire. Il essayait en tout cas.
Il était aussi pas mal sorti avec Elliott. Il avait trouvé en lui un ami bien charmant malgré les sous-entendus que celui-ci laisser filer de temps en temps. Mais Matthew n'arrivait plus à en être gêné. Après le premier appel qu'il avait passé à sa mère, il s'était rendu compte qu'il devait vraiment se laisser un peu plus aller et avait ainsi découvert que ce léger flirt le rendait heureux. Après tout, quelqu'un lui montrait son intérêt et cela faisait plutôt du bien à son égo.
Il s'apprêtait d'ailleurs à sortir à nouveau ce soir. Elliott l'avait à nouveau invité. Le restaurant où il travaillait fêtait son anniversaire et organisait pour cela une soirée spéciale. Ne travaillant pas, Elliott avait pensé que ce serait donc une bonne idée de passer la soirée dans cet endroit symbolique à leur amitié.
Ce qu'aucun d'entre eux n'avaient prévu cependant, ce fut que Matthew arrive en compagnie de Klaus, Léo et Théo ayant entendu parler de cette soirée et ayant décidé qu'ils allaient eux aussi y participer. Bien entendu, ils allaient « rester en retrait pour ne pas perturber leur danse nuptiale » selon Klaus. Matthew s'en fichait qu'ils participent à cette soirée eux aussi, il vit par contre Elliott tiquer en les voyant entrer dans le restaurant où il était déjà installé à une table, deux cocktails devant lui.
« Salut !
– Tu es là depuis longtemps ? demanda Matthew.
– Une petite dizaine de minutes. Je voulais être sûr qu'on ait une table pour s'installer. Tu es venu avec tes colocs ?
– Ah, ça, ils ont décidé eux aussi de venir à la soirée de leur côté.
– Ok ... super ... répondit-il avec un sourire des plus factices. Tient, je t'ai pris une de nos nouvelles spécialités, tu m'en diras des nouvelles. »
Pendant leurs sorties, une des choses que Elliott aimait était de faire découvrir de nouveaux cocktails à Matthew. Au fil des jours, il avait découvert un Elliott passionné par son métier, adorant lui faire découvrir ses créations. Aujourd'hui, l'heureux élu était un cocktail à base de pamplemousse.
« Mmm ! Il est super ! On sent à peine que c'est alcoolisé !
– C'est exactement l'effet recherché. Je sais que tu n'es pas fan du goût de l'alcool alors j'ai cherché un moyen de le camoufler ! »
Les yeux d'Elliott étaient si pétillants de joie que Matthew ne put s'empêcher de rougir. Malgré toutes ses bonnes résolutions, il ne parvenait toujours pas à contrôler ses rougissements qui devenaient même de plus en plus fréquents face à certaines personnes. Pour cacher sa gêne, il replongea le nez dans son verre. Il n'était pas très fan de pamplemousse mais il devait avouer que cette boisson était délicieuse.
« Tu veux autre chose ?
– Pourquoi pas !
– Tu me fais confiance ?
– En cocktail toujours !
– Et pour le reste ? »
Le regard d'Elliott semblait rempli d'espoir. Il ne sut alors pas du tout quoi lui répondre. Il ne savait pas lui-même quelle était la réponse qu'il souhaitait lui donner. avait beau vouloir découvrir de nouvelles choses, trop de choses se bousculaient dans sa tête.
Parce qu'il était effrayé de l'inconnu. Et surtout parce qu'il se demandait avec qui il voudrait découvrir ces choses. Ce n'était pas quelque chose à prendre à la légère. Accorder sa confiance à quelqu'un, ce n'était pas rien, encore plus lorsque c'était quelque chose que vous n'aviez pas fait depuis des années. Et c'était justement ce que Matthew avait fait. Il n'avait compté que sur lui-même. Mais là, pour n'importe quelle relation humaine, il ne pouvait être seul.
Finalement, la réponse s'imposa à son esprit. Il ancra alors son regard dans celui d'Elliott et ouvrit la bouche.
« Oui, je te fais confiance. »
Quelques heures plus tard, Matthew marchait seul au bord de la plage. Depuis son « bain de minuit », il aimait venir se poser sur le sable lorsqu'il sentait qu'il avait besoin d'être seul, de respirer un peu, de faire le point sur lui-même ou même pour ne penser à rien. Depuis le début des vacances, il était sans cesse assailli de beaucoup trop d'émotions différentes et surtout beaucoup trop puissantes pour qu'il les encaisse toutes en même temps sans se laisser submerger. Ses larmes lors du premier appel qu'il avait passé à sa mère en étaient la preuve.
Il se laissa tomber en arrière. Au diable s'il se retrouvait avec du sable dans les vêtements ou dans les cheveux. La sensation d'être sur un nuage était apaisante. S'il n'y avait eu personne sur la plage, peut-être se serait-il allé à faire un ange dans le sable. , et puis finalement, qu'en avait-il à faire des autres ? Il se laissa alors aller à battre des jambes et des bras. Les grains de sable lui chatouillaient la paume de sa main. Il n'écoutait plus les bruits autour. Ça faisait du bien.
Et comme à chaque fois, dans ce genre de moment, il commença à penser. Penser à la réponse qu'il avait donnée à Elliott un peu plus tôt. La réaction de celui-ci. Aux garçons qui avaient prévus de se faire une virée shopping. Au fait qu'il ne savait pas s'il était soulagé d'y avoir échappé ou triste de ne pas être avec eux. Pendant un instant, ces vacances lui parurent beaucoup trop courtes. Petit à petit, ils approchaient le milieu de l'été. Cette pensée avait quelque chose de vraiment déprimant.
Matthew attrapa alors son téléphone. Effectivement, l'été avançait. Il devait en profiter. Saisir chaque moment et arrêter de s'isoler et se morfondre de la sorte. Après tout, les gens venaient vers lui. Elliott. Théo. Klaus. Léo. Ils n'étaient pas rien. Alors pour une fois, il fit le premier pas. Il envoya un message à Théo, sachant qu'il serait celui qui lui répondrait le plus rapidement.
A Théo :
Vous êtes où ?
De Théo :
Dans la boutique où on a acheté tes dernières fringues. On t'attend.
Tant mieux, il n'était pas très loin du magasin en question. Il se releva alors, épousseta ses vêtements couverts de sable avant de reprendre la route pour rejoindre les garçons. Cela lui prit une dizaine de minutes pour y arriver. Il entra dans la boutique et les repéra très facilement. Il s'approcha et s'installa à côté de Klaus qui s'était assis sur un banc près des cabines d'essayages.
« Comment tu as réussi à survivre à une matinée de shopping avec Théo ? lui demanda-t-il en laissant tomber sa tête sur l'épaule de Matthew.
– Parfois je me le demande. Je pense que je n'avais surtout pas le choix et que mon cerveau est parti en grève à ce moment-là. »
Klaus se redressa en riant.
« Il faut que tu m'apprennes à le faire !
– Pas besoin, ton cerveau est en grève 99% de la journée. »
Ça aussi, c'était une des choses qui prouvaient à Matthew qu'il avait évolué. Désormais, il parvenait plus facilement à rire ou dire ce genre de choses et c'était depuis devenu naturel au point que les garçons _ enfin, Théo et Klaus _ riaient, mais ne faisaient plus aucune remarque ou de moquerie à ce propos. Ça l'avait donc mis en confiance et maintenant, il se permettait plus facilement de répondre aux piques que les garçons lui lançaient ou à en lancer lui-même de temps en temps.
« Ça fait combien de temps que tu es là ?
– Dans cette boutique ou en plein shopping ? Parce qu'autant te prévenir, nous en sommes toujours à la première boutique ! Et ça fait deux horribles heures ! J'ai fini mes achats au bout de trente minutes ! Je sais pas ce qu'ils foutent ! Heureusement tu es là pour me tenir compagnie maintenant. »
Matthew ne put s'empêcher de sourire à Klaus. Ça lui faisait toujours plaisir lorsque l'un d'entre eux lui faisait comprendre que sa présence leur faisait plaisir autant que lui avait appris à aimer la leur.
« Je peux te poser une question ? dit Matthew en se tournant vers lui.
– Hum, je sais pas ... tu me proposes quel prix pour ma réponse.
– Ma présence dans cet enfer de tissu.
– Ok, j'accepte.
– Comment tu as fait pour parler aussi bien anglais ? je me suis souvent posé la question. Si tu ne l'avais pas dit, je n'aurais jamais pensé que tu étais Allemand.
– J'ai grandi dans une famille recomposée. Ma mère biologique s'est barrée de la maison me laissant avec mon père lorsque j'avais deux ans. J'ai aucun souvenir d'elle. La femme avec qui mon père s'est remarié est anglaise et a tenu que, de la même manière que ses enfants apprennent l'allemand, j'apprenne l'anglais.
– Tu nous as jamais parlé de ta famille, fit remarquer Matthew.
– Tu nous as jamais parlé de la tienne non plus. »
Il n'avait pas tort. Aucun d'entre eux ne s'était dévoilé tant que ça sur sa vie privée.
« On devrait y remédier. Après tout, on est tous amis, non ? proposa Matthew. »
Il n'eut pour réponse qu'un grand sourire de Klaus qui passa un bras autour de ses épaules et le décoiffa d'une main.
« Avec plaisir. Surtout quand tu le proposes de manière aussi mignonne.
– Crétin.
– M'insulte pas Minimoys. Pour la peine, va dans la dernière cabine, je crois que c'est là que Théo est allé. Et dit lui que lui et son frère doivent se magner le cul. Flemme de bouger de là. »
Matthew se leva, en tirant la langue à Klaus, avant d'aller vers la dernière cabine d'essayage.
« C'est presque fini l'essayage ? Klaus en a marre et vous dit de vous magner le cul. ... Eh tu m'entends ? Si tu réponds pas je rentre, rien à faire que tu sois à poil ! »
Le rideau s'ouvrit. Matthew s'arrêta de respirer. Forcément. La personne devant lui n'était pas Théo. Mais plutôt un Léo torse nu qui l'observait avec son rictus habituel lorsqu'il trouvait la situation hilarante.
« Alors comme ça, tu veux me voir à poil minus ? »
Matthew ne répondit pas et tourna les talons afin de trouver la cabine de Théo et se promettant de passer un savon à Klaus. Malgré ses progrès, il arrivait toujours à se ridiculiser devant Léo.
En tout cas, il était certains d'une seule chose.
Aujourd'hui il avait donné la bonne réponse à Elliott.
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