Chapitre 14.
L'air s'était fait plus chaud. Le soleil brillait de mille feux, à tel point que le cuir des sièges de la voiture brûlait la peau. Les fenêtres étaient ouvertes et la chaleur caressait doucement les bras à l'extérieur du véhicule. Au bout d'un certain moment, la voiture s'arrêta, devant un portail. La conductrice appuya sur une télécommande et celui-ci s'ouvrit. La voiture se remit en route et descendit une longue allée entourée d'arbres. Au fond de l'allée se trouvait une grande maison typique de celles que l'on trouve dans le midi. La voiture s'arrête pour la dernière fois, et il ouvrit la porte.
Sarah descendit également du siège du conducteur et les faibles rayons qui traversaient les arbres lui berçaient la peau. Oscar leva les bras vers le ciel pour s'étirer, et tout en fermant les yeux, il écouta les cigales chanter. C'est à ce moment qu'une porte s'ouvrit en trombe et qu'une femme portant un tailleur et des escarpins se mit à courir dans les graviers. Elle embrassa sa fille si fort qu'une de ses vertèbres craqua. Elle relâcha finalement Sarah et tourna la tête vers Oscar. Anna le toisa de haut en bas, puis s'approcha de lui et serra sa main. C'était une poignée de main impersonnelle, et malgré les trente-deux degrés affichés au thermomètre qui trônait sur le rebord d'une fenêtre ; c'était une poignée sans la moindre chaleur.
« Vous devez être Olivier. Enchanté, je suis madame Féraud.
- Eh bien, à vrai dire c'est Oscar. C'est un plaisir. ajouta-t-il, sans grande conviction
- Laisse tomber Oscar. Ma mère est comme ça. Elle sait que tu t'appelles ainsi, mais ne cherches pas à comprendre. Maman, on va déposer nos sacs dans ma chambre. Elle est toujours à la même place ? Ou peut être en a tu fais un énième bureau ou... je ne sais pas, pourquoi pas un bowling tant qu'on y est.
- Sarah, je ne suis pas ton amie. Ce n'est pas parce que tu as quitté la maison pour aller te perdre dans cet appartement miteux que tu dois me parler sur ce ton.»
Sarah haussa les yeux au ciel, soupira et attrapa dans une main son sac. Dans l'autre, elle attrapa la main d'Oscar et l'entraîna vers l'entrée. Elle poussa la porte, fit rentrer Oscar et referma sa porte, d'où on apercevait à travers la vitre Anne, ses escarpins plantés dans les graviers, sans bouger d'un seul pouce.
Ils montèrent tout deux l'escalier reliant le rez-de-chaussée et le premier étage et arpentèrent le couloir. Une porte passa, puis une seconde, puis une troisième. Finalement c'est à la quatrième porte sur la droite que Sarah pilla, poussa la porte, attendit qu'Oscar rentra, et referma cette dernière derrière elle.
Elle sauta sur son lit, comme un enfant sautant dans un trampoline, sous le regard attendri d'Oscar. C'était ici qu'elle avait grandi. Sa chambre n'avait rien d'extraordinaire, elle ressemblait à son appartement. Sur les murs blancs étaient accrochés, des affiches de films, des photos avec ces anciens amis des années lycée, et une copie d'une toile de Gustave Caillebotte. Elle n'avait rien d'extraordinaire, c'est vrai, mais elle lui ressemblait. Chaque chose semblait avoir été disposé avec réflexion et chaque chose la représentait. La bibliothèque était pleine à craquer de livres, les étagères débordaient de babioles qu'elle avait ramené des quatre coins du monde lors de ses vacances avec ses parents. C'était à la fois propre et désordonné. Sur le lit se trouvait une peluche d'ours, une oreille et un pied en moins. Sarah se souvenait parfaitement de ce jour où son ours perdit l'usage de ceci. Elle devait avoir six ans, elle faisait du vélo dans son village quand une voiture qu'elle n'avait pas vu arriva droit devant elle, elle n'eut que le temps de freiner mais sa bicyclette se heurta contre le trottoir et elle chuta. Malheureusement pour Nounours, c'était le nom ridicule et sans l'once d'originalité qu'elle avait choisit pour lui à trois ans, il était dans le panier de son vélo, et chuta en même temps qu'elle. Les graviers abîmèrent le tissu et le chien de la voisine, qui passait par là, se rua vers lui et mordit jusqu'à arracher l'oreille droite et le pied gauche. Voici commencer Nounours se fit amputer. Mais l'histoire tragique d'un ours en peluche n'intéresse personne. Pas même la plus ennuyée des personnes, qui rechercherait une occupation, même soporifique soit-elle.
Une heure passa et, les deux amants, qui avaient rangés leurs affaires, se décidèrent enfin à descendre. Ils avaient passé l'heure allongés dans le lit de Sarah, en fixant le plafond et en parlant. Ils redescendirent les mêmes escaliers qu'ils avaient montés plus tôt et Sarah l'entraîna sur la terrasse, à l'arrière de la maison. Anne était partie sur le marché local et son père, même à la retraite, travaillait pour le bon fonctionnement de son entreprise, et était en déplacement. Ils avaient donc la maison pour eux seuls. Enfin non. Pas tout à fait seul. En effet, Croquette, le chat de la famille était là. Enfin, on se doutait qu'il était là, mais il était impossible de dire précisément où il se trouvait. Donc, ils avaient la maison pour eux deux, et pour Croquette. Croquette et Nounours. En fait, ils n'étaient pas si seul tout compte fait.
L'après-midi toucha à sa fin, ils étaient allongés sur des transats, Sarah lisant un roman et Oscar observant avec détail chaque centimètres carré du paysage. Il essayait de se remémorer chaque couleur, chaque ombre du jardin et imagina déjà comment il pourrait rendre cela en dessin. Il continua de faire des plans dans son esprit quand le bruit des roues sur le gravier arriva par l'arrière. On entendit une porte s'ouvrir, des pas dans les cailloux, la porte de l'entrée s'ouvrir également, la démarche sur le carrelage et une voix grave résonant jusqu'à la terrasse.
« Sarah ! Quel plaisir de te voir, tu m'as tellement manqué... Tu es de plus en plus belle ma chérie. s'exclama Arnaud, tout en serrant sa fille fort dans ses bras, la soulevant presque
- Papa ! Je suis si heureuse de te revoir. Laisse-moi te présenter...
- Oscar, je présume. Enchanté, je suis Arnaud, le père de Sarah. Je suppose que vous avez déjà rencontré ma femme, elle ne devrait pas tarder, elle doit ramener le dîner.
- Enchanté, oui nous l'avons déjà rencontré. Vous avez un domaine remarquable. Toutes ces couleurs, c'est magnifique ! s'exclama-t-il
- C'est vrai que Sarah m'avait dit que vous étiez aux Beaux-Arts. C'est une remarquable école.»
Une fois que les présentations furent faites, chacun retournèrent à leurs occupations, jusqu'à temps qu'une voix chantonnant presque cria dans toute la maison.
« Passons à table, s'il vous plaît. »
Je suppose même que le cri de Anne fut entendu jusqu'à la mairie du village, mais ce n'est qu'une supposition. Ils se dirigèrent tous vers l'intérieur, mais laissez-moi faire une pause dans ce récit. Sachez qu'à partir de ce moment, rien n'est hasard et, tout était prévisible. Désolé ?
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