Le début de la fin je disais. Ce soir-là, après être montés dans le métro, et après avoir monté les interminables marches de l'appartement d'Oscar, ils partirent dans le lit afin d'unir leur souffle. Le sexe n'était pas une échappatoire au tourment de Sarah, mais c'est ce dont ils avaient besoin à cet instant. Et le lendemain matin, elle était repartie dès l'aube. Elle appréhendait les futures discussions avec Oscar et surtout, le week-end qui se profilait à l'horizon. Finalement ça n'était peut-être pas une si bonne idée d'aller dans le midi avec Oscar. Mais elle voyait que lui aussi n'en pouvait plus de l'air parisien, alors elle appela sa mère pour la prévenir qu'elle serait accompagnée. Et elle n'insista pas, malgré la persévérance de sa mère. Sa mère avait toujours eu en elle ce côté commère. Et, plus le temps passait, plus ça empirait.

Oscar, pour la énième fois, se réveilla seul dans son lit. Par lit j'entends canapé-lit. Il se frotta les yeux avant de regarder l'heure, il se leva, enfila un bas et un pull léger, et se servit une tasse de café. Il prit un sucre, puis deux, puis du lait. Beaucoup de lait, et il prit conscience qu'il n'aimait pas tant que ça le café. Alors il renversa le liquide dans l'évier et posa la tasse avec. Il alla à la salle de bain, prit une douche, s'habilla. Minute, c'est sûrement peinant pour vous de lire cela, ce n'est qu'une énumération de choses que tout le monde fait au quotidien, il n'y a donc intérêt à le narrer. Je vais faire au plus bref. Il se prépara. Il partit de son appartement, descendit les escaliers et courut vers la bouche de métro la plus proche. C'est vrai que pour une fois, il n'était pas en avance. Il avait oublié de mettre son réveil la veille, il est vrai qu'il n'avait pas la tête à ça, seule Sarah occupait son esprit. Tout se brouillait quand il pensait à elle. Il avait l'impression que son regard était imprimé dans sa tête, et qu'elle le regardait constamment. Il ferma les yeux, croisa les siens dans sa pensée et sourit comme un idiot dans la wagon. Ce dernier freina brutalement et Oscar, surpris par cette action, chuta sur une jeune femme assise à sa droite. Il se fondit en excuse en souriant et elle se mit à rougir. Leur regard se croisèrent et Oscar contourna ses yeux. Ils étaient d'un vert étincelant, tirant presque sur le bleu. Il rattrapa la barre de maintien et fixa les portes du métro, comme si de rien était. Il patienta deux arrêts avant de sortir. Avant de monter les escaliers, il tourna machinalement la tête vers le wagon et remarque que la jeune femme était toujours en train de le regarder. Il inspira un bon coup, secoua sa tête comme pour effacer son esprit et sentit l'air frais et matinal du vent. Il était sorti.

La matinée passa, mais pas l'ennui. Les deux amants avaient l'impression que leur journée était monotone à souhait et ils travaillaient sans l'énergie qu'ils déploient habituellement. Sarah récupéra ses affaires, prit l'ascenseur et partit des locaux. Elle avait réussit à partir plus tôt et se rendit vers le lieu-dit qui était convenu avec Eliot, un de ses amis de sa promotion. Il faut dire que Sarah était particulièrement appréciée de ses camarades et s'entendaient bien avec tous à quelques exceptions près. Elle envoya un message à Oscar tout en attendant le bus, lui proposant de dîner chez elle. Le bus arriva, elle monta dedans, valida son titre de transport et chercha un siège.

Abel nettoya une des tables et ramassa l'addition qu'il apporta à Oscar, au comptoir. Il encaissa celle-ci avant de déposer les verres vides et tachés dans l'évier. Il commença la vaisselle quand une jeune femme a une chevelure de jais et à de très beaux yeux passa la porte.

Sarah entra dans le café, chercha du regard son ami et s'avança vers sa table. Ils se saluèrent et elle s'assit. Ils parlèrent des cours, rigolèrent des idioties dites tout au long de l'année et les cafés s'enchaînèrent. Il était vrai que Sarah l'appréciait beaucoup et durant l'année, c'était ensemble qu'ils passaient leur soirée à réviser, bien souvent accompagnés d'un alcool quelconque. La soirée débuta et Sarah demanda à Oscar si il pouvait venir la chercher. En effet, le café ne se situait pas très loin de son appartement. Elle appréhendait un peu car elle ne lui avait pas parlé de ce "rendez-vous". Noté que j'ai employé le mot rendez-vous entre guillemets, je ne savais tout simplement pas comment appeler ce moment. Mais passons, Oscar était arrivé. Ils se mirent d'accord à payer chacun la moitié de l'addition finale et se dirigèrent vers la sortie. Eliot serra la main d'Oscar, d'une manière un peu sèche, puis embrassa la joue de Sarah avant de partir les mains dans les poches. Sarah se retourna alors vers Oscar et lui sourit gentiment.

« J'espère que ça ne t'as pas dérange de faire un détour. Je ne pensais pas que ça allait s'éterniser. dit-elle en lui embrassant la joue
- Je suppose que c'est pour cela que tu ne m'as pas averti. Encore. ajouta Oscar, visiblement agacé
- Ne recommence pas. ajoute-t-elle, Eliot est un ami de l'école, et on voulait juste se voir pour reparler des cours. Je-Excuse-moi... Encore. dit-elle en insistant fortement sur le encore
- Ok. Mais sache juste que je commence à en avoir marre de tes cachoteries. À l'avenir, préviens-moi bordel. J'en ai marre d'être pris pour un idiot.»

Sarah ne s'opposa pas. Elle opina de la tête et prit la main d'Oscar. Elle lui murmura au creux de l'oreille un énième "désolée" et serra un peu plus sa main. Ils se mirent en marche côte à côte. Elle s'arrêta subitement, l'obligeant donc à s'arrêter lui aussi. Sarah plongea alors une énième fois ses yeux dans les siens, à la manière de la première fois. Notez que j'aime parler de cette rencontre, car elle semble si irréelle. Si ça ne se terminait pas mal, ce serait vraiment une histoire d'amour comme on en trouve dans les livres Arlequin. Sans quitter ses yeux, elle s'approcha et l'embrassa. Il sentait que c'était un baiser d'excuse mais qu'importe, il lui rendit son baiser et Sarah s'apaisa. Elle ne l'aimait pas, mais elle était attachée. Enfin si, je me dois de rectifier, elle l'aimait, mais pas de la bonne façon. Mais il me semble que je vous l'ai déjà dit.