Morgan est tendu comme un string, aujourd'hui, il est même méga nerveux !

Il a rendez-vous avec Lips Rock pour parler de... je ne sais pas trop en vérité. Moi je n'ai fait qu'apporter mon idée après je ne sais pas ce qui se passe derrière tout ça. Je suppose qu'il doit y avoir des papiers à signer et un tas de blabla à dire.

Je suis installée à mon bureau, je n'arrête pas de regarder l'heure. Je suis aussi stressée que lui. Surtout que Tyler ne s'est pas encore montré. Il va arriver en retard !

    Quelques minutes après, Tyler arrive les cheveux pas coiffé, sa cravate mal nouée et sa chemise mal mise, une barbe de quelques jours jonche ses joues. Il y a trop de laisser aller ! On dirait qu'il sort d'une soirée trop arrosée.

Je fronce les sourcils prête à l'engueuler.

— Je veux personne dans mon bureau ! Ordonne-t-il glacialement.

Il s'enferme dans son bureau. Je me lève déterminé et vais frapper à la porte de Morgan.

— Entrez.

— Morgan nous avons un problème !

— Ne me dit pas ça ! C'est pas le moment !

— Tyler est arrivé.

— Ben c'est une bonne nouvelle !

— Avec une gueule de bois ! Il n'est pas présentable ! On fait quoi !

— Je vais l'étriper ! Je peux pas me présenter sans lui ! Putain je vais le tuer !

Morgan est rarement aussi grossier. Il se lève de sa chaise, en un bond, faisant voler sa chaise de bureau.

— Tyler ! Crie-t-il.

Il pousse sa porte en furie.

— Où est-il !

Tyler n'est plus dans son bureau.

— Alex tu ne l'aurais pas vu sortir ? Lui demandé-je, paniquée.

— Si. Il a pris l'ascenseur.

Je ferme les yeux et secoue la tête légèrement. Je soupire. Tyler va finir par me rendre folle. Je risque d'éclater en éclat, j'espère ne pas me mettre dans un merdier d'où je n'arriverais pas à m'en sortir !

— Je sais où il est. Combien de temps il reste pour que Lips Rock arrive ?

— Quinze minutes.

Morgan pose ses mains à plat sur mes épaules et encre ses yeux bleu dans les miens.

— Je ne sais plus quoi faire. Aide moi. Fais le revenir sur le droit chemin. Ça dure depuis trop longtemps toute cette histoire.

Ses yeux m'expriment de la tristesse. J'ai besoin de savoir ce que Tyler a traversé pour être dans cet état.

— Donnes moi quinze minutes. Ça promet ...

— Treize minute !

Je cours vers l'ascenseur et appuie sur le bouton. Il n'est pas pressé ce con! Je continue d'appuyer comme une malade. Les portes s'ouvrent et instinctivement j'appuie au septième étage. Je brave les escaliers à toute vitesse. Je pousse la grande porte et découvre Tyler assis sur le rebord, où nous avons l'habitude de nous installer. Pendant un court un instant j'ai eu l'image de Adrian devant moi. Je me ressaisit. Il est temps d'en parler. Il temps pour moi de m'ouvrir et de parler de la seule chose qui me retient au passé.

— Je n'ai pas envie de parler Hannah. Dit-il sans me regarder.

— Mais moi si !

Je m'assied à ses côtés. Mes jambes tremblent et je soupire. Je regarde le ciel bleu et essaye de me donner tout le courage du monde pour commencer à parler.

— Il s'appelait Adrian.

Déboussolé, il se tourne vers moi, les yeux humides.

— Pourquoi tu me parles de lui ?

— Car je veux te connaître, Tyler. Je veux me livré à toi pour que toi aussi tu puisses me connaître. Je suis prête à  te parler de mon passé, si tu es prêt à parler du tien avec moi.

— Hannah... Soupire-t-il désespérément.

— Bon très bien c'est moi qui commence.

Je regarde droit devant moi et ravale la boule qui s'est nouée dans ma gorge.

— Il m'a demandé en mariage. Nous devions nous marier cet été.

Mes yeux commencent à se remplir d'eau à l'évocation de mariage.

— Ça aurait dû être le plus beau jour de ma vie, Tyler. Je ne le connaîtrais jamais ce bonheur d'être heureuse toute une vie avec l'homme que tu épouses. Il a toujours été là pour moi. Il m'a relevé à chaque moment de faiblesse, même s'il était lui-même effondré, il pensait à moi avant tout. Nous avons perdu notre enfant. J'étais enceinte de trois mois. Le pire moment de ma vie. Et pourtant il m'a donné tellement après ça, il m'a relevé et porté sur un plateau d'argent. J'étais une femme accomplie, j'avais tout ce dont une femme a besoin. Mais le destin en a décidé autrement. C'est arrivé si vite, il ma glissé entre les doigts en une fraction de seconde, Tyler.

Je relève les yeux brillants vers lui. Son regard à l'air désolé.

— Je lui ai demandé d'aller me chercher le petit déjeuner un dimanche matin. J'ai toujours eu les yeux plus gros que le ventre, j'avais une envie de gâteau ce matin là. Je l'attendais, il ne venait pas. Je l'ai appeler et je tombais sur son répondeur sans cesse. Puis en entendant les sirènes des ambulances en bas de ma rue, je ne saurais l'expliquer mais j'ai senti que quelque chose de grave venait de se produire. Mon cœur venait de se déchirer. J'ai couru vers la foule priant que ce n'était pas lui, priant qu'il était entrain d'aider la personne qui venait de se faire renverser ! J'ai hurlé comme une dingue. Son corps allongé sur le sol. Il n'était plus lui, il n'avait plus son sourire, il s'était éteint tout comme moi ce jour là. Je me refuse de vivre sans lui Tyler ! Mais il n'est plus là, avec moi et c'est tellement... Il n'y a pas de mot à ça ! Et à l'heure d'aujourd'hui, je n'ai jamais dit toutes ces choses à personne. Et je m'apprête à avancer, à faire un pas vers mon destin. Je vais vendre notre maison, notre cocon, notre chez nous.

    Mes yeux me brûlent, je dois rester forte.

— Je suis désolé Hannah...

    Quelques larmes rebelles se sont échappées malgré que j'essaye de les retenir. La boule dans ma gorge s'est amplifiées, toute ma tristesse reste coincée.

— Viens là.

Il me tire dans ses bras et me serre contre lui. Je respire son odeur et ferme les yeux. Oui Tyler c'est ce que j'ai besoin en ce moment même, que tu me réchauffe le coeur, que tu m'aide à avancer. Je n'y arriverai pas seule.

—Elle s'appelait Juliette.

Je relève les yeux vers lui. Un demi sourire forcé se forme sur ses lèvres.

— Elle s'est donné la mort volontairement. Je l'ai retrouvée dans le bain les veines ouvertes. On aurait dit une scène de crime, c'était horrible Hannah. Le pire dans tout ça c'est quelle portait mon enfant !

Je quitte ses bras choquée. Je me plaints de mon histoire mais Tyler est un niveau au dessus de la mienne. Je hoquette et place ma main sur ma bouche.

— J'aimerais savoir à quel moment de ma vie j'ai foiré Hannah.  Dit-il abattu.

Il baisse la tête et cache son visage entre ses mains.

— Où est-ce que j'ai foiré ... Répète-t-il en sanglotant.

Mon cœur se serre tellement fort que j'ai l'impression que je vais m'évanouir. Je m'accroupis devant lui et relève son visage.

— Tyler, hé, Tyler, regarde-moi.

Je prend son visage en coupe et le force à me regarder. Ses cils sont humides et se séparent en petits paquets, ses yeux marrons sont d'une tristesse à s'en donner froid dans le dos, ses lèvres tremblent pour retenir ses sanglots. Cette image me brise, et je ne peux retenir mes larmes.

— Je ne comprends pas Hannah. J'ai tout perdu sans m'en rendre compte. Ça m'a filé entrer les doigts.

Je le regarde droit dans les yeux.

— Pouvons nous avoir notre seconde chance ? Lui demandé-je, le cœur battant.

— Hannah, tu arrives à faire naître quelque chose en moi qui est inexplicable. Elle n'a jamais su me procurer ça et je me sens égoïste de penser ça. Je n'ai pas le droit.

— Et je n'ai pas le droit de tomber amoureuse. Dis-je en fermant les yeux.

La pulpe de son pouce caresse mes lèvres, électrisant mon corps. Nous collons nos fronts l'un contre l'autre. Nous partageons le même air, le même espace. Son pouce continue sa caresse et s'arrête pile sur le cœur de mes lèvres. Sa bouche s'approche lentement des miennes pour venir y déposer un chaste baiser entre son pouce et nos lèvres brûlantes de désir.

Mon cœur se retourne et est sur le point d'exploser. Ce demi baiser m'a fait battre des ailes. Il m'a fait connaître l'interdit. Je n'arrive pas contrôler mon corps, j'aimerais mais pourtant il n'en fait qu'à sa tête.

Je lui souris, les joues rougies de chaleur.

— Allez debout.

Je lui prend la main et le lève.

— Tu es un patron, un patron qui va assurer. Accorde toi une seconde chance Tyler. Lips Rock va bientôt arriver.

J'ajuste sa chemise, serre sa cravate et passe ma main dans ses cheveux, doux et soyeux.

— Merci Hannah. Merci d'être ce que tu es.

Des étoiles sont apparues dans nos yeux. Des étoiles qui viennent tout juste de s'allumer et qui je l'espère ne s'éteindront pas de suite. Main dans la main nous descendons les escaliers.

    Arrivés devant Morgan, il m'a remercié silencieusement et ils se sont enfermés dans la salle de réunion avec les patrons de Lips Rock.

    Je prends place à mon bureau et soupir longuement. Je caresse mes lèvres du bout des doigts, ses lèvres m'ont presque touchées entièrement. Qu'est-ce que je suis entrain de faire bon sang !

Je prends mon portable et appelle ma mère.

— Hannah ! Ca me fait plaisir comment vas-tu ?

— Et toi, maman ?

— Je vais bien. Ça ne vas pas chérie.

Je soupire et me lance.

— J'ai réfléchis pour la maison.

— Et ?

— C'est oui.

— Oui... Tu veux la vendre ? Dit ma mère sous le choc.

— Ben c'est ce que tu voulais non ? Dis-je sur la défensive.

— Oui, enfin je disais ça car moi seule je ne sais pas gérer deux maisons. Tu es sûre de vouloir le faire ?

Je ne réponds pas tout de suite. Suis-je prête ? Je pense a Adrian à tout ce que nous avons vécu dans cette maison. Mais aussitôt Tyler me hante. Je repense à ses lèvres, son pouce qui nous séparait de rien du tout. Instinctivement, je touche mes lèvres et un sourire s'y installe.

— Hannah ?

— Je pense que oui maman.

— Tout va bien chérie ? Tu as l'air ailleurs ?

Je ris nerveusement.

— Tu as l'air différente.

J'entends au son de sa voix qu'elle sourit à l'autre bout du fil.

— Je dois te laisser, je suis au travail.

— Hannah, attends ! Si tu veux la vendre faudra que tu viennes jusque ici. Demandes à tes patrons quelque jours de congés.

Mon cœur se serre. Je veux bien vendre la maison à condition de ne pas la voir se vendre.

— A plus maman.

Je lui raccroche le cœur battant. Tyler et Morgan arrivent vers moi  le sourire aux lèvres. Je leur souri en retour.

— On rentre ? Demande Tyler.

Mes yeux s'illumine, il rentre enfin à la maison. Son frère lui tapote le dos, heureux d'entendre son frère dire ça.

    Nous rentrons dans l'appartement et Bobby vient nous accueillir. J'enlève mes escarpins et me jette sur le canapé.

— Ah ! J'ai un mal de crâne ! Dis-je en passant ma main sur mon front.

— Il y a de l'aspirine dans le tiroir du bas, si tu veux. Dit Morgan.

— J'ai un meilleur remède contre le mal de tête. Répond Tyler.

Je hausse un sourcils. Il se mort la lèvre. Oh mon dieu ! Il parle de... de faire des choses pas très catholique ! Roh ! Tyler qu'est-ce que tu m'as manqué !

— Bon je suis dans la salle de bain si vous me cherché. Dit Morgan.

— T'inquiète on te cherchera pas.

Tyler lui sourit tandis que Morgan lui fait un doigt d'honneur. Je pouffe de rire et secoue la tête légèrement. Ils sont incroyables ces deux là réunis !

La pièce est plongée dans le silence, seule nos regards s'expriment. J'ai l'impression que ses yeux percent mon âme et me mettent à nue devant lui, gênée je baisse les yeux.

— Tu as encore mal de tête ?

Je hoche la tête, aucun son ne sort. Il s'approche lentement vers  le canapé, sa nonchalance me rend littéralement dingue. Cette façon qu'il a de remplir tout l'espace qui m'entoure, m'affole. Il prend place à mes côtés ne me quittant pas des yeux.

— Déjà commence par retirer ça.

Il passe ses mains dans mes cheveux et retire mon élastique, faisant tomber mes cheveux sur mes épaules. Il l'enfile à son poignet et me sourit. Le tenmps qu'il a mit pour me l'enlever, j'ai pu contempler ses muscles de près. J'en ai les joues brûlantes. Il repasse sa main dans mes cheveux et me les caressent tendrement. Il me procure des frissons tout le long de ma colonne vertébral. Je ferme les yeux et m'extasie de bonheur.

Je l'entend rire et ensuite sa main quitte ma chevelure. J'ouvre les yeux et il revient avec un verre d'eau accompagné d'un comprimé.

— Tiens prend ça.

J'attrape le verre et le médicament pour l'avaler d'une gorgée. J'ai laissé l'empreinte de mon rouge à lèvres. Oh mon dieu ! Il porte le verre à ses lèvres et boit. Il a posé sa bouche exactement sur l'empreinte de mon arme fatal. Ses yeux ne m'ont pas quittés d'une seule seconde. C'était vachement sexy !

Il dépose le verre sur la table basse et s'approche de mon oreille.

— C'est comme si je t'avais embrassé en pleine bouche. Chuchote-t-il.

Mon corps s'embrase et ma chaleur corporelle est monté d'un grade. Sa main vient se loger au creux de ma nuque, son visage est tellement proche que j'ai l'impression qu'il va m'embrasser. Je ferme les yeux et tends mon cou sous son touché. Je respire son halène mentholée, il est si proche.

— J'ai commandé des pizza !

Morgan arrive dans la pièce vêtu d'une serviette de bain sur ses hanches. Nous nous éloignons l'un de l'autre rapidement. Je me racle la gorge nerveusement.

— Oups. Heu je... Hum vais dans ma chambre. Dit-il gêné.

Nous attrapons un rire nerveux.

— Je n'ai pas très faim. Je vais aller me coucher.

Il approche ses lèvres de ma joue et y dépose un délicat baiser.

— Bonne nuit mademoiselle Miller.

Je lui souris.

— Bonne nuit monsieur Kane.

Je lui dépose à mon tour un baiser sur sa joue.

— Il faudrait penser à raser ça, vous piquer monsieur Kane. 

— Il faudrait penser à changé de haut, il est transparent mademoiselle Miller.

Je baisse les yeux honteuse sur mon chemisier. Il a raison. Je me couvre du premier coussin que j'attrape.

— Ne sois pas gênée, cela fait du bien à ma rétine. Dit-il d'une voix suave.

Il caresse ma joue et termine par le bas de mon menton.

— Bonne nuit.

Il embrasse mon front et disparaît dans sa chambre. Mon bas ventre se contracte, j'ai carrément la danse de la joie autour d'un feu brûlant dans ma petite culotte !

Je ne sais pas ce qui me retient de lui sauter dessus !

Au faite, si ...

Mon

Passé

Adrian, mon amour.

Je ferme les yeux et fait redescendre mon enthousiasme.

M'autorises-tu a avoir une seconde chance?