19. Ashley

Mon réveil sonne et je l'éteins d'un coup de poing avant de me retourner dans mon lit en grognant. La nuit a été courte. Trop courte. Hier, Tyson m'a proposé de sortir ce weekend. J'ai évidemment accepté même si je me demande encore ce qu'on va bien pouvoir faire. Nous n'avons pas eu le temps d'en discuter, interrompu par une classe qui avait cours de sport. Et je n'en ai pas parlé à Kyle. Je ne sais pas pourquoi d'ailleurs. Disons que ça ne m'est pas venu à l'idée de lui dire. Cela n'a aucune importance de toute façon. Je peux bien avoir d'autres amis après tout. Et puis, tel que je le connais, il doit culpabiliser de me laisser seule pour passer du temps avec Clara. C'est idiot. Je suis sure que si j'étais à sa place, je passerais tout mon temps avec mon mec moi aussi. Un poids énorme me tombe soudainement dessus, me faisant sursauter et mettant un terme à mes pensées.

— Aaron ! Dégage, gros sac ! Tu pues en plus !

Je tente de bouger mais cet idiot m'en empêche et commence à me chatouiller. Je me débats tant bien que mal et réussi à lui envoyer un coup de pied dans le ventre. Avec un grognement, mon frère se redresse et...retire ma couverture d'un geste brusque.

— Putain tu fais chier ! Mais fous moi la paix et dégage de ma chambre !

— Bonjour ma petite sœur chérie que j'aime à l'infini, maman m'a demandé de te réveiller car tu dois partir dans cinq minutes si tu ne veux pas louper ton bus.

Non mais qu'est-ce qu'il lui prend avec ses mièvreries là? Il a quelque chose à me demander ou quoi? Mais je ne suis vraiment pas d'humeur à jouer aux devinettes. Ou à lui accorder quoi que ce soit après le réveil qu'il vient de me faire.

— Un ami vient me chercher en voiture. Casse-toi je t'ai dis ! Grogné-je en lui envoyant mon coussin à la figure.

— Ashley ! Surveille ton langage et dépêche-toi de te lever ! Me lance ma mère d'un ton sec.

Je me redresse d'un bond dans mon lit. Mes yeux se posent tout d'abord sur Aaron, assis sur mon lit, un sourire triomphant sur ses lèvres, puis glissent jusqu'à ma mère, debout devant ma chambre, le regard noir et une panière de linge propre dans les bras.

— Désolée maman, je descends dans cinq minutes.

— Trois, réplique ma mère implacable.

— Mais...Maman, je ne prends pas le bus aujourd'hui. Je te l'ai dis hier soir.

— Ha oui, c'est vrai, ton petit ami vient te chercher. Comment il s'appelle déjà ?

— Kyle, réponds mon frère à ma place, ça fait depuis quoi, le primaire que vous traînez ensemble ? Vous en avez mis du temps dis donc !

— Le jardin d'enfants, rappelle toi Aaron, tu t'amusais à jouer au loup avec eux, mais non, ce n'est pas Kyle. C'est...Jason ?

— Tyson, maman, et on ne...

— C'est qui celui-là ? Demande mon frère tout en allant ouvrir ma penderie.

— Le petit ami de ta sœur. Il est venu la chercher lundi pour l'emmener au lycée. Ton père et ton oncle lui ont joué un petit tour. Et...

— Maman ! Stop ! Ce n'est pas mon petit ami ! Crié-je sentant le rouge me monter aux joues.

— Si tu cries c'est que tu as quelque chose à cacher, mais d'accord si tu le dis, ce ne sont pas mes histoires après tout, roucoule ma mère avec son petit sourire en coin.

— Petit ami ? Comment ça petit ami ? T'es trop jeune pour avoir un petit ami ! Blêmit mon frère en sortant un pantalon et un teeshirt de mon armoire.

— J'ai seize ans je te rappelle ! Et ce n'est pas mon petit ami ! Crié-je avant de me passer les mains sur le visage, de plus, Aaron, je peux savoir ce que tu fous dans mon armoire ? Rassure-moi, tu n'es quand même pas en train de me préparer mes vêtements ?

Ma mère et mon frère échangent un regard en haussant les épaules.

— Dehors ! Hurlé-je.

Une fois seule, je prends une grande inspiration et me précipite sur mon téléphone. Si Tyson se retrouve confronté au tyran qui me sert de frère, je suis persuadée qu'il ne voudra plus jamais m'approcher. Cette idée me déchire le coeur. Tyson est la deuxième personne avec qui j'ai l'impression d'être entière et je ne tiens pas à le perdre alors que notre amitié commence à peine.

07h20

De moi :

Allo Clyde, ici Bonnie. Alerte rouge ! Frère lourdingue à l'horizon. NE PAS APPROCHER DE LA PORTE ! Je répète, NE PAS APPROCHER DE LA PORTE !

En attendant sa réponse, je m'octroie un passage sur facebook. Clara m'a rajouté en amie et Kyle a changé leur statut, passant de célibataire à en couple avec Clara. J'accepte l'invitation et met un like sur la publication de mon meilleur ami. Je passe faire un tour sur le mur de Tyson. Au début du secondaire, toute le monde a rajouté tout le monde dans ses contacts, et même si on ne supporte pas la moitié de nos « amis » facebook, on ne peut s'empêcher de les garder malgré tout. Après tout, ne dit-on pas « soit proche de tes amis, mais encore plus de tes ennemis ? » Pour en revenir à Tyson, il ne poste pas grand-chose sur son mur, mais celui-ci est spammé de publications où il est identifié. Je les fais défiler un instant avant de fermer l'application et d'ouvrir celle du lycée.

Il n'y a rien eu d'intéressant. Le journal a posté une recette de cookies en forme de lapin. Le club de théâtre va faire une adaptation d'Alice au pays des merveilles à la fin de l'année. Le prochain match de football a lieu samedi soir. Je pourrais demander à Clara si elle veut qu'on y aille ensemble ? Après tout, puisque Kyle est aussi dans l'équipe, elle risque de se retrouver seule...A moins qu'elle en profite pour y aller avec ses copines ? Je lui demanderai. La sonnette retentit et je redresse subitement la tête. OH OH !

J'ouvre grand la porte de ma chambre avant de réaliser que je ne suis toujours pas habillée. J'ai dus passer plus de temps que je ne le pensais sur les réseaux sociaux. Raison pour laquelle j'évite, normalement, d'y aller le matin. Je récupère des vêtements dans mon armoire et m'habille tout en courant jusqu'à la salle de bain. Tout en me brossant les dents, je me fais une queue de cheval et engouffre ma brosse dans mon sac. Pas le temps de me coiffer, je m'occuperai de rattraper les dégâts à la pause. Une fois prête, ou en tout cas socialement correct pour sortir, je descends quatre à quatre les marches et...dégringole tête la première dans les bras de mon frère.

— Tiens, voici la belle au bois dormant ! Je paris que tu t'es rendormie et que tu étais en train de ronfler comme un troupeau d'éléphants, se moque mon frère avant de foudroyer Tyson du regard, je te conseille vivement de ne pas oublier ce que je viens de te dire, compris ?

— Bien sur, c'est...limpide, réponds le jeune homme avec acidité.

Je les regarde tour à tour, un nœud à l'estomac. Aaron regarde Tyson comme si il allait l'étriper. Quand à ce dernier, il soutient le regard de mon frère sans aucune animosité, s'octroyant même un léger sourire. Je tousse pour attirer leur attention et me retrouve avec deux paires d'yeux braqués sur moi.

— Je ne voudrais pas interrompre votre roucoulade les garçons, mais on ferait bien d'y aller si on ne veut pas être en retard au lycée, leur dis-je avec le sourire le plus innocent que je puisse faire.

Vivement qu'on s'éclipse et que je retire cet air niais de ma figure. Je commence vraiment à avoir les zygomatiques en compote.

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