1. Ashley
MAJ 09/10/19
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— Non mais elle pisse comme une vache celle-là !
Ma vessie se referme instantanément tandis que je retiens ma respiration. Rouge de honte, j'attends le claquement indiquant que la voie est libre. Quelques ricanements plus tard, je les entends s'éloigner et réajuste du mieux que je peux ma position sur le battant. Mais peu importe la façon dont je m'installe, mon jet d'urine semble irrémédiablement attiré par l'eau stagnante se trouvant au fond de la cuvette. Toussant pour masquer le bruit, je termine tant bien que mal et m'empresse de quitter les sanitaires.
Il est déjà l'heure de reprendre les cours et je n'ai que quelques minutes pour aller récupérer mes livres de mathématiques. Je joue des coudes afin de me créer un passage entre les étudiants, qui ne manquent pas de me faire savoir leur mécontentement, et arrive tant bien que mal à mon casier. Évidemment, il faut que mon cadenas à code joue des siennes à ce moment précis. Pestant, je tire un grand coup dessus afin de le débloquer et ouvre rageusement la porte.
— Putain de merde ! Tu m'en veux ou quoi ?
Sursautant, je passe ma tête derrière mon casier et grimace. Face à moi, un grand brun se tient le nez en fronçant les sourcils.
— Kyle...Je suis vraiment, vraiment désolée ! lui dis-je en récupérant mes affaires et refermant mon casier.
— Tu m'étonnes ! Tu m'as cassé le nez ! grogne-t-il tandis que je lève les yeux au ciel.
— Fais voir, soufflé-je en m'approchant de lui. Hum... Oui. Effectivement, ce n'est pas très joli...
— Quoi?! s'exclame-t-il, une lueur de panique dans les yeux. T'as un miroir ? Fais voir !
— Voir quoi ? demandé-je innocemment en avançant dans le couloir tandis que son regard se fait confus.
— Bah...mon nez. Enfin...Tu me fais quoi là ?
— Ton...? Ha ! Tu parlais de ton nez ! Excuse-moi, j'avais pas compris, je pensais que tu parlais de ta tête ! Je me disais aussi. C'était étonnant que tu veuilles te regarder parce que...
— Connasse !
Je l'insulte de tous les noms tandis qu'il passe sa main dans mes cheveux, prenant un malin plaisir à les ébouriffer.
— Sérieux ! Tu sais pas ce que ça fait d'avoir des cheveux longs toi ! râlé-je en essayant de me recoiffer du mieux que je peux.
Pour toute réponse, monsieur m'adresse un large sourire avant de s'engouffrer dans la salle de classe. Soupirant, je le suis et jette mon sac sur la table.
— Sérieux XY, tu pourrais pas t'asseoir au fond pour une fois ? J'ai vraiment besoin de dormir, grogné-je en laissant retomber ma tête contre mon sac.
Kyle et moi adorions cette série lorsque nous étions au collège. L'histoire de ce garçon amnésique aux facultés extraordinaires nous fascinait. L'absence de son nombril semblant être un élément clé de l'histoire, je passais mon temps à soulever le teeshirt de mon Kyle afin de les comparer. Je me rappelle que cela le faisait autant rager que rire.
— Je t'en prie, me répond-il en me montrant le fond de la salle, si t'y tiens tant que ça vas-y. Mais ce sera sans moi.
Tournant la tête vers l'endroit qu'il me montre, j'étouffe un grognement. Abygaël et sa bande ont déjà investi les lieux. La jolie rousse est d'ailleurs en train de roucouler. Je soupire d'exaspération tandis qu'elle pose sa main sur l'épaule de Jeff. Ce dernier, de son côté, la regarde comme un chien à la diète regarde une saucisse.
— Bon sang mais allez donc baisez dans les chiottes si ça vous démange tant que ça, mais par pitié n'imposez pas ça aux autres !
— Merci pour cette suggestion mademoiselle Evans, mais j'espère que vous ne parlez pas des toilettes du lycée, qui je vous le rappelle, servent exclusivement à soulager des besoins primaires et solitaires.
Je ferme les yeux et me mords l'intérieur de la joue tout en me retournant. Face à moi, le professeur Wilde semble déjà être passé à autre chose. Sortant des copies de sa sacoche, il ne m'adresse pas un regard. Soulagée, je me dirige rapidement vers ma place.
— Évidemment, monsieur, réponds-je en me recroquevillant sur ma chaise tandis que ce traître de Kyle s'étouffe dans ses rires, rapidement suivi par la moitié de la classe.
— Vous entendez quoi par besoin solitaire, monsieur ? lance la voix de Jeff, visiblement ravi de sa blague.
— Vous feriez mieux de ne pas trop faire le malin monsieur Kent, l'averti le professeur avec calme, dois-je vous rappeler qu'au prochain avertissement, vous serez suspendu de l'équipe de football ? A moins que ce ne soit ce que vous cherchiez ? Dans ce cas, cela peut s'arranger.
Jeff grogne quelques mots incompréhensibles avant de se rasseoir sur sa chaise. Le cours commençant, je m'applique également à me faire complètement disparaître, espérant que toutes les personnes ayant assisté à l'échange l'oublient d'ici la fin de ces deux longues heures. Ce qui est, j'en ai conscience, et d'autant plus au vu des messes basses qui me parviennent aux oreilles, comme demander un miracle.
— Monsieur Taylor, pouvez-vous me dire ce que vous faîtes ?
— Je déjeune monsieur !
Je me tourne, comme la moitié de la classe, afin d'assister à cet échange. A l'avant dernier rang, un jeune homme que j'identifie comme étant Tyson Taylor croque dans un sandwich, tout en lançant au professeur un regard insolent.
— Vous savez qu'il est interdit de manger durant les heures de cours.
— Oui, répond-il simplement avant d'ouvrir une canette de soda et d'en boire une grande rasade.
Je lance un regard étonné à Kyle, qui semble tout aussi surpris que moi. Bien que faisant parti de la bande à Jeff, Tyson a, de ce que j'ai pu voir jusqu'ici, toujours été un élève relativement calme. Est-ce une phase de rébellion tardive ? Son regard croise le mien, et j'ai l'impression qu'il essaye de me dire quelque chose. Toutefois, cela doit simplement venir de mon imagination puisqu'il s'en détourne rapidement.
— Désolé monsieur, j'ai eu une petite crise d'hypoglycémie.
— Oh, je comprends, lui répond le professeur avec une fausse moue sur le visage, et bien je vous suggère d'aller faire votre crise d'hypoglycémie chez le principal. Miss Turner, pouvez-vous accompagner votre camarade dans le bureau du principal, s'il vous plaît ?
Une jeune fille, toute vêtue de noir, se lève. Le silence résonne désormais dans la classe tandis que nous les regardons quitter la salle. Une fois la porte refermée, notre professeur se tourne vers nous, visiblement satisfait.
— Bien, s'exclame-t-il en faisant claquer ses mains l'une contre l'autre, pouvons-nous reprendre où nous en étions ? À moins que l'un d'entre vous ne veuille...je ne sais pas moi, improviser une séance de Yoga ou... ? Non. Parfait ! Ouvrez vos livres page 394.
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