Chapitre 27 - Mayri

Le lendemain, Mayri s'était décidée à prendre les choses en main. Ses petits jeux avec Aramis devaient s'arrêter là. Elle se réveilla tôt malgré les cauchemars, s'habilla, enfila sa veste en cuir noire et descendit dans le hall.

Sa magie sembla la guider, comme un fil d'Ariane et elle trouva le jeune conseiller devant le château. Il discutait avec Néra et Calliope. Elle ne fit aucune manière, salua à peine les deux jeunes femmes et saisit son poignet en ignorant le picotement sous ses doigts.

– Viens, ordonna-t-elle.

Elle l'entendit ricaner, mais n'osa pas le regarder de peur de perdre encore la face. Elle se dirigea vers la forêt en prenant le chemin du kiosque.

– Que comptes-tu faire seule avec moi dans cette forêt, jolie fée ?

Elle ignora ses moqueries. Il ne lui résista pas et avança à sa cadence. Sa peau contre sa paume était brûlante. Lorsqu'elle atteignit enfin le kiosque, elle soupira de soulagement et le lâcha.

Aramis ne riait plus. Son regard était perdu dans le néant. Il observait ses filaments.

– On doit arrêter ça, lâcha-t-elle abruptement.

Il tressauta comme si elle venait de lui enfoncer un poignard dans le cœur par surprise. Son regard sombre se drapa d'encore plus d'obscurité.

– Arrêter... Quoi ?

Elle le désigna d'un geste de la main en s'efforçant de reculer mais sa magie attirait déjà la sienne.

– Ça. Nous... Ce truc... Que j'ai pas décidé.

Le voile d'obscurité dans ses yeux se dissipa.

– Alors, tu le ressens.

Elle se mordit l'intérieur de la joue.

– Je ne sais pas ce que je ressens.

Elle enfonça ses ongles dans sa cuisse car sa magie s'était subitement mise à s'agiter à l'intérieur de son corps. Elle luttait pour rejoindre Aramis alors que Mayri reculait contre sa volonté. Si elle se déconcentrait, elle allait perdre le contrôle.

Mais Aramis souriait. Il souriait...

– Je sais que ça peut être déconcertant. Ça l'est pour moi aussi.

– Non...

Elle pointa un doigt accusateur vers Aramis, mais sa main tremblait.

– Ce que tu m'as dit, ce que Carla m'a dit à propos du choix de la magie... J'en veux pas. J'en ai assez de pas avoir le choix.

Sa lèvre inférieure tremblait aussi. Elle ne savait pas comment elle avait pu être submergée ainsi par ses émotions.

– Ça va aller.

Aramis s'approcha doucement, sous l'approbation de sa magie qui vibra dans tout son corps.

– Mayri ?

Son nom sur les lèvres d'Aramis était comme le chant d'une sirène, un appel venu des profondeurs, la tentation suprême.

– On peut prendre notre temps. Le temps que tu voudras. Mais tu ne peux pas aller à l'encontre de la magie. Je...

Sa voix se brisa.

– Je ne supporte pas de te voir t'éloigner comme ça. Je t'en supplie, reste avec moi...

La magie de Mayri poussa sa cage thoracique et l'obligea à faire un pas avant. Les yeux du penseur l'imploraient. Ses lèvres la suppliaient. Ses bras l'appelaient. Elle le laissa s'approcher. Rien ne se déroulait comme elle l'avait prévu.

– Je... Je... Je...

Elle agita la main pour trouver ses mots, mais des flammes en jaillirent. Son cœur s'accélérait et son sang palpitait.

– Je ne connais rien de toi ! Et je ne connais rien de moi ! Tout a changé, tout est différent !

– Chut...

Aramis affronta les flammes pour venir face à elle et posa sa main sur son épaule. Un courant tiède traversa son sang, et apaisa son angoisse, éteignant le feu dans ses mains.

– C'est toi qui fais ça...

– J'ai des dons empathiques.

Mayri s'éloigna brusquement de lui.

– Tu contrôles mes sentiments ! Tu le fais depuis le débuts !

– Non, Mayri. Je peux influencer les émotions, pas décider des sentiments.

– Si ! Si tu le fais parce que quand tu es là, tout est amplifié ! Ça ne peut être que toi, ce truc avec ta magie qui m'attire !

Son sourire devint espiègle. La joie dansait dans ses yeux.

– Alors comme ça, je t'attire ?

Elle se pinça les lèvres.

– Au sens physique du terme, bredouilla-t-elle en agitant ses mains entre eux pour mimer une forme de d'attraction.

Mais cela ne fit qu'augmenter son espièglerie.

– Donc mon corps t'attire ?

– Non. Oui. Enfin, tu, toi, tu m'attires, ton corps... Roh... Je m'enfonce.

Il releva le menton.

– Ce n'est pas grave, enfonce-toi. Le ridicule ne tue pas.

Elle secoua la tête.

– Oh arrête de te moquer de moi !

– Je ne me moque pas, j'apprécie.

Il revint se placer à quelques millimètres d'elle.

– Tous les mots que tu prononces sont ma salvation.

Il passa ses mains dans son dos pour la serrer contre lui et elle s'agrippa à ses bras. Il approcha son visage du sien avec lenteur, comme s'il avait peur, ou qu'il voulait en apprécier chaque seconde... Mayri n'aurait su dire laquelle de ces options était la bonne.

– J'ai eu si peur que la magie ne m'ait pas choisi pour toi, avoua-t-il contre son oreille.

Il frôla de ses lèvres, sa tempe, puis ses joues et s'arrêta à quelques centimètres de ses lèvres. Il attendait. Il l'attendait elle. Mais elle ne savait pas quel choix prendre : celui que la magie lui imposait, ou celui qu'elle imposait à sa magie ?

Son souffle était brûlant contre le sien. Ou était-ce l'inverse ? C'était elle qui jouait avec le feu depuis le début après tout...

– Aramis...

Alors que Mayri était sur le point de céder, elle lâcha ses bras, s'éloigna, et s'enfuit dans la forêt.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top