Marie se leva en sueur après avoir fait un horrible cauchemar. Cela faisait un an que son meilleur ami Jack était parti à la guerre. Elle était rongée par la peur pendant toutes ses journées, et ses craintes la suivaient jusque dans la nuit. Elle regarda par la fenêtre de sa chambre. Elle ne vit que les champs. Elle ne voyait jamais de soldats ennemis venir dans sa petite campagne. Les femmes se débrouillaient comme elles pouvaient pour les vêtements et pour instruire les jeunes enfants. Les hommes et les garçons, eux, travaillaient dans les champs avec les bêtes.

Marie allait leur apporter leurs gamelles aux champs le jour où elle a rencontré Jack. Lorsqu'elle lui a donné son repas, ils ont commencé à parler de tout et de rien penda nt une demi-heure. Ils ont tellement parlé qu'à la fin Jack était en retard ! Depuis ce jour, ils ont continués à se fréquenter et sont même devenu meilleurs amis.

Malheureusement, la guerre les sépara car Jack fut appelé à combattre pour son pays. C'était au début du mois d'octobre 1939. Marie fut tellement triste qu'elle resta enfermée dans sa chambre pendant trois jours entiers en priant le Seigneur pour qu'il protège son très cher ami. Sa mère en était très inquiète et elle ne cessait de demander à sa fille de reprendre le cours de sa vie. La surprise de sa mère fut fort grande lorsqu'elle s'aperçut que sa fille revenait aider les femmes du village, et en plus avec le sourire. Sa mère la questionnait sur la raison de sa joie soudaine. Sa fille lui répondit simplement qu'elle savait que Jack allait revenir, sain et sauf.

Mais la guerre était maintenant entamée depuis un an... Un an, jour pour jour, qu'elle n'avait pas revu Jack. Elle commençait à se demander si elle allait vraiment revoir son ami. Elle faisait de son mieux pour préserver sa petite lueur d'espoir, attendant chaque jour une lettre de sa part. Sans résultat. Elle occupait le plus ses journées, noyant ses craintes sous la montagne de tâches à accomplir. Elle se morfondait, seule, sans que sa famille s'en aperçoive.

Elle avait pris l'habitude de se promener dans les collines environnantes. Elle n'aimait pas y aller car elle avait tout le temps de réfléchir au fait qu'elle n'avait plus de nouvelles de son compagnon. Elle se sentait cependant obligée de parcourir cet endroit familier afin d'honorer les souvenirs de Jack. En pensant chaque jour a lui dans ces collines.
Ce jour-là, elle remarqua un jeune homme qui peignait deux collines l'une à côté de l'autre. Elle s'avança vers lui et lui dit :

" Ce que vous peignez est très joli.

- Ah bon ? Je pense qu'il manque chose à ce paysage, répondit le peintre.

- Moi je trouve que ces collines se suffisent à elles-mêmes. De plus vous peignez très bien.

- Merci beaucoup. Comment vous appelez-vous ?

- Je m'appelle Marie. Et vous ?

- Je m'appelle Lucien. Vous pouvez me tutoyer.

- Toi aussi tu peux me tutoyer.

Marie et Lucien parlèrent pendant plusieurs heures ensemble et découvrirent qu'ils avaient de nombreux points communs. Mais parler avec un garçon du même àge qu'elle lui rappelait Jack. Elle ne put s'empêcher d'en parler. Lucien la comprenait et il était certain que Jack était sain et sauf et qu'il reviendrait.

Ils se lièrent rapidement d'amitké et se retrouvaient souvent sur les collines. Ils parlaient de peinture et de Jack. Marie lui décrivait son ami et Lucien avait maintenant l'impression de le connaître. Un jour, Lucien remarqua que Marie était plus souriante que d'habitude. Lorsqu'elle fut près de lui, il lui demanda tout de suite la cause de son sourire.

" Jack est revenu, s'exclama-t-elle, et il loge chez moi ! Je suis très heureuse de le revoir et j'ai hâte de te le présenter !

- Hein ! C'est incroyable !

- Oui ! Je retournais chez moi après avoir passé un moment avec toi lorsque je suis arrivée dans ma maison, je me sentais un peu seule. Ça m'arrive souvent puisque je n'habite plus chez mes parents. Mais quand je suis rentrée dans ma chambre, j'ai vu Jack ! Il était revenu !

- Je suis très heureux aussi ! Je suis impatient de le rencontrer.

- Cependant, je ne pense pas que tu vas pouvoir le rencontrer tout de suite car il est très timide.

- Bien sûr, je comprends.

La jeune fille était aux anges et sauta dans les bras de Lucien. Le peintre la serra contre son cœur. Il l'aimait profondément et elle était tellement resplendissante que ça le rendait heureux aussi. Il donnerait n'importe quoi pour la voir sourire tout les jours.

Plusieurs jours passèrent après le retour de Jack, Lucien et Marie se voyaient toujours autant. La jeune fille était très excitée à l'idée de présenter Jack a Lucien. Elle souhaitait absolument que son meilleur ami et le garçon qu'elle aime s'entendent bien.

Et un après-midi, Marie rejoignit Lucien et lui dit :

" Jack a bien voulu que je vous présente mais malheureusement on ne peut pas passer beaucoup de temps avec toi.

- Dommage... Mais bon, profitons du moment qu'on peut passer ensemble tous ensemble !

- Tout à fait ! Je vais le chercher.

Marie partit chercher Jack, toujours en affichant un grand sourire.

Lucien était très heureux car elle l'était. Mais lorsqu'il tourna la tête vers Jack...

Il ne vit rien. Seulement le vide.

" Mais... que... enfin... bafouilla Lucien.

- Que se passe-t-il ?

Marie croyait vraimant que Jack était vivant et qu'elle le tenait par la main en ce moment même. Il décida de jouer le jeu, en attendant de trouver une solution.

- Est-ce que tu peux nous peindre sur le tableau que tu avais commencé ?

- Comment ? Euh oui. Bien sûr.

Il mit son matériel en place et Marie alla sur la colline. Lucien se demanda comment il allait faire pour peindre Jack sans le voir.

C'est alors qu'il eu une idée : il allait esquisser la silouhette de Jack sur l'autre versant. Peut-être que Marie comprendrait qu'il n'était probablement plus de ce monde. Il commença à peindre en sentant des sueurs froides couler sur ses tempes.

Quelques minutes après, l'esquisse était achevée. Marie regarda l'ébauche fixement et fronça les sourcils. Son regard passa du tableau à Lucien.

" Pourquoi as-tu peint Jack sur l'autre colline alors qu'il était juste à côté de moi ?

- Euh... Comment te le dire? Jack... Jack n'est pas là.

- Ne dis pas ça ! Comment oses-tu, cria Marie, je pensais que tu m'aimais ! Cette plaisanterie n'est en rien amusante !

Marie fondit en larmes. Lucien n'aimait pas la voir dans cet état. Il voulait lui expliquer mais elle partit en courant, en pleurs, avant qu'il n'ait pu dire un mot.

La jeune fille courait jusque chez elle. Elle ne savait pas si Jack la suivait. Elle n'arrivait pas à croire que l'homme qu'elle aimait puisse lui faire une telle plaisanterie. Elle entra dans sa chambre et regarda autour d'elle, en espérant voir Jack. Elle le vit mais c'était étrange : elle le voyait flou.

" Au revoir Marie, je m'en vais, dit Jack. Ne m'oublies pas mais vis ta vie.

- Co... comment ça ? Tu... tu t'en vas ? Mais...

Il se retourna et disparut. Laissant Marie seule. La jeune fille ne comprenait pas.
Jusqu'à ce qu'une vague de souvenir resurgit dans son esprit.

Une lettre. Qui lui annonçait le décès de Jack.

Des bouts de verre. Qui coupait ses bras. Elle s'en souvenait. Elle s'était mutilée. Pour oublier. Pour le revoir.

Elle s'élança en dehors de sa maison, bouleversée. Maintenant qu'elle avait compris son erreur, elle voulait demander pardon a Lucien. Elle s'apprêtait à courir a sa rencontre lorsqu'elle vit un paquet. Elle l'ouvrit et regarda ce qu'il y avait à l'intérieur du tableau. Le tableau. De Jack et elle. Mais il y avait une personne en plus. Lucie. Et il était juste derrière Marie.

Elle pleura à nouveau à chaudes larmes, gagnée par l'émotion.

Et elle courut à travers les champs, à la recherche de Lucien. Elle l'aperçut et s'arrêta a sa hauteur.

" Je... je suis vrai... vraiment désolée. Je... je sais maintenant. Pa... pardonne-moi, je t'en supplie, dit-elle en sanglotant.

Il sourit doucement.

- Ne t'inquiète pas. Tu es déjà pardonnée.

Marie sauta dans les bras de Lucien pour ne plus jamais les quitter.

Voilà pour ma nouvelle ! Les résultats seront annoncés le 15 avril au salon du livre de la jeunesse, à St-MauRice, en Suisse. Je ne pourrais pas y aller mais les résultats seront sûrement affichés sur le site.

Bye !