Chapitre 8
Les bruits des machines à laver résonnent dans le pressing. Je suis concentrée dans le repassage d'une chemise. Elle appartient à un client, qui est très pointilleux. Il ne laisse pas passer un seul centimètre froissé. Madame Park a déjà repassé cette chemise mais elle m'a demandé de le refaire pour être certain que le vêtement soit bien repasser. Le client a déjà fait des scandales quand il n'était pas satisfait en menaçant de ne pas payer. Je comprends vraiment pas comment madame Kyong fait pour garder ce gars dans sa clientèle. Moi, je l'aurais menacé pour qu'il revienne plus jamais.
— Ne t'acharnes pas trop sur cette chemise Mia. Je ne veux pas de problèmes, dit la vieille femme.
C'est vrai que je suis un peu trop investie dans le repassage de cette chemise. Le fait de penser à ce client désagréable, m'énerve encore plus. Je vais essayer de penser à quelque chose d'autre, histoire de ne pas cramer ce foutu vêtement. Le problème, c'est que lorsque j'essaie de réfléchir à autre chose, mon esprit me guide tout de suite vers Jae et ce qui a pu se passer lors de l'événement sportif de la fac. Je ne veux plus penser à lui. J'ai donné un pansement à l'infirmière qui le soignait et ça s'arrête là. Je crois que me concentrer sur mon travail c'est mieux. Ça m'évite justement de penser à des trucs qui me donne mal au crâne.
Finalement, après plusieurs heures, j'ai terminé ma journée de travail. Après avoir aidé madame Kyong à fermer le pressing, je prends la direction de chez moi. Les rues du quartier sont plutôt calme pour une fin de journée. Il ne reste que quelques passants qui profite des derniers moments de la journée. Je préfère directement rentrer.
Je suis fatiguée et j'ai qu'une envie, me reposer. C'est peut-être à cause de la fatigue mais j'ai l'impression que le chemin est long. À moins que je traine des pieds parce que j'aime la tranquillité autour de moi. Ces derniers temps, les instants paisibles sont rares pour moi. Je peux bien en profiter quand ça se présente.
— Bon retour, résonna la voix de ma mère alors que j'entrais enfin chez moi.
— Tu n'es pas au travail ? Questionnais-je.
— J'ai fini plus tôt aujourd'hui. D'ailleurs, demain, j'ai une journée de congé. Ça te dirais une journée au centre-ville ? Ton grand-père veut bien venir.
Cette proposition me donne mal au crâne. J'adorerai faire du shopping avec ma mère. Le problème, c'est que je vais me retrouver au milieu d'une situation gênante entre ma mère et mon grand-père. Ils ne se parlent pas plus que ça et ça risque d'être pire s'ils sont à une sortie commune. Le truc, c'est que je peux pas interdire à ma mère ou à mon grand-père de venir. J'aurais sûrement dû profiter un peu plus du temps de calme que j'avais juste avant.
— Oui, ça a l'air chouette, répondis-je.
— Super ! On pourra manger tous ensemble à midi en plus ! S'enthousiasma ma mère.
Je me contente d'acquieser dans un petit sourire avant de monter à l'étage pour aller dans ma chambre. Aussitôt que je ferme la porte, je m'écroule sur mon lit. Si ça ne tenait qu'à moi, je passerais mes journée à ne rien faire. Parfois, j'en ai marre de toutes ces prises de tête. Dormir toute la journée me paraît être un style de vie très agréable. Malheureusement, dans la vraie vie, je ne peux pas jouer à la Belle au Bois Dormant. Aucun prince ne viendra me sauver de tout ça.
— Si tu veux un prince, il suffit de demander ! Entendis-je soudainement.
Je me retourne vers la voix pour voir cette horrible mouche volante. J'ai dû m'endormir et me voilà à revoir cette maudite fée au prénom imprononçable. J'ai envie littéralement de péter un câble contre elle. Depuis que ce truc est dans ma vie, tout est chaotique et sans fin. Avant qu'elle ne puisse réagir, je l'attrape par le col de son vêtement.
— J'ai pas besoin de prince. J'ai juste besoin de paix. Peux-tu arrêter de jouer avec ma vie ? J'en ai assez de tout ça ! Criais-je.
— Comment tu peux en avoir marre ? Tu es dans ton histoire préférée aux côtés de personnages que tu adores. N'importe qui aimerait être à ta place ! Protesta la fée.
— Non ! Non ! Il y a que les gens desillusionnels que seraient content ! Dans la réalité, je suis juste un décor de leur histoire ! Ils me connaissent même pas !
— C'est pour ça que je t'avais arrangé des situations pour que tu entres en contact avec eux !
— Je ne veux pas rentrer en contact avec eux ! Ça engendrerait trop de problème ! Je veux la paix, c'est pas difficile à comprendre !
— Je voulais t'aider moi parce que je te trouvais sympathique Mia ! En fait, je me suis trompée ! La fée de la logique se présente devant toi et tu ne lui montre aucun respect ! Tu es ingrate et...
C'est bon, elle m'a énervé. Je serre davantage ma prise sur le col de son vêtement. Je vois qu'elle panique. Parfait ! Il n'y a que comme ça qu'elle comprendra mon agacement.
— Écoute moi bien, les princes, l'amour et les histoires romantiques, j'y crois pas plus que ça. J'aime bien en rêver quand je lis des histoires mais ça s'arrête là. La réalité est bien plus difficile alors ne commence pas à vouloir me mettre des paillettes dans les yeux, menaçais-je.
— Mais si tu lis ce genre d'histoires, c'est qu'au fond de toi, tu y crois quand même, répondit Ruétua.
— Bon, on va pas débattre indéfiniment sur le sujet. Visiblement, tu ne peux pas me rendre ma vie d'avant alors je vais devoir vivre avec. N'espère pas que j'ai de quelconques interactions avec les personnages de Young Love.
— Pourtant ce pansement...
Avant qu'elle ne finisse sa phrase, je resserre encore mon emprise sur son col et je la jette loin de moi. Non mais pour qui elle se prends celle-là ! Elle sait ça en plus ! En fait, vu la coïncidence, je serais même pas étonnée que la mouche rose soit derrière tout ça. Je ne vais sûrement pas lui laisser cette faille comme une occasion pour elle de se rejouir. J'ai pas à me justifier. Oui, j'ai donné un pansement à l'infirmière sans entrer en interaction avec Jae. Ça s'arrête là.
C'est sur ce merveilleux lancer de fée que je me réveille. La fameuse journée de shopping tant redoutée est là. Dès le petit déjeuner, le malaise est déjà palpable. Ma mère et mon grand-père sont silencieux. Ça rends l'ambiance pesante. J'ai plus trop envie de manger d'un coup. Je pense que ça m'a coupé l'appétit. Pourtant, ce n'est que le début malheureusement.
Après ce petit-déjeuner étouffant, on est partie pour le centre ville de Séoul. On a pris le véhicule de mon grand-père. Il s'est arrêté plus loin pour trouver une place et ensuite on a marché jusqu'à se retrouver au milieu de la foule et des magasins. C'était impressionnant à voir, presque étouffants. Les gens autour étaient concentrés sur leurs occupations. Certains ne prêtaient même pas attention à ce qui se passait autour d'eux.
— Alors ? Où veux-tu aller en premier Mia ? Questionna ma mère.
— Je ne sais pas. Qu'est-ce qu'il y a d'intéressant à voir ? Demandais-je.
Elle a pas l'air d'être perturbée par tout ce monde. Des fois, j'oublie qu'elle a grandi ici et qu'elle doit avoir l'habitude.
— Tu as déjà vu le Gyeongbokgung ?
— Non, ça me dit rien du tout, répondis-je.
— Eh bien dans ce cas, allons-y. Tu dois voir ça.
On prends le métro et après plusieurs minutes, on se retrouve devant une immense structure. C'est un ancien palais royal. Il est entouré d'autres bâtiments dans le même style. C'est très beau et impressionnant à voir. On rentre à l'intérieur et on commence à visiter.
Mon grand-père me raconte l'histoire du lieu et des anecdotes. Il y a aussi des animations avec des personnes déguisés en tenues de l'époque. Je trouve que c'est hyper intéressant. L'endroit est aussi très propre et beau. Les jardins autour sont bien entretenus et agréables. C'est plutôt bondé puisque c'est un lieu très touristique. On y a bien passé trois heures, tellement l'endroit est grand. J'ai trop mal aux pieds maintenant.
— Déjà fatiguée ? Me dit ma mère.
— Oui, on a fait que de marcher, répondis-je.
— Et si on allait manger ? Il est bientôt midi et ça nous ferait faire une pause.
— Je connais une bonne adresse près d'ici, ajouta mon grand-père.
On lui fait confiance et on le suit. L'ambiance entre lui et ma mère est toujours très étrange. C'est comme s'il essayait de recoller les morceaux mais qu'ils n'arrivaient pas à aller au bout de ce qu'ils veulent.
La visite du Gyeongbokgung avait un peu allégé le ton mais j'ai l'impression que le malaise est de retour. J'arrive vraiment pas à comprendre la source de leur mésentente. Je sais que ça a un lien avec mon père mais j'ai toujours pas les détails. Pour quelqu'un qui nous a invité à venir chez lui pour recoller les morceaux, il n'y a pas beaucoup d'efforts de fait.
Finalement, on arrive en face d'un restaurant. Il n'y a plus l'ombre d'un touriste et l'ambiance est beaucoup plus calme. J'avoue que ça fait du bien d'être dans un endroit plus paisible. Le palais Gyeongbokgung était très beau mais l'agitation autour était presque trop fatiguante pour moi. On s'installe à une table. Mon grand-père s'assoit en face de moi et ma mère. Il a déjà l'air de savoir ce qu'il veut prendre. En même temps, il a sûrement l'habitude.
— Qu'est-ce que tu me conseillerais de prendre ? Demandais-je à mon grand-père.
— Leur bibimpap est très bon. Tu devrais essayer, repondit-il.
— Leur quoi ?
— Leur bibimpap. Tu ne sais pas ce que c'est ? Questionna le vieil homme surpris.
— Non, c'est la première fois que j'entends le nom de ce plat.
— Ta mère ne t'en a jamais préparé ? Pourtant, je sais qu'elle en fait de très bon.
— Non, ça ne me dit vraiment rien.
Je vois mon grand-père lançait un regard déçu dans la direction de ma mère. D'un coup, l'ambiance devient plus lourde et je ne comprends toujours pas pourquoi. Me dites-pas que c'est parce que j'avais aucune idée de l'existence d'un plat coréen ? C'est complètement stupide de se disputer pour ça. Pourtant, je sens bien la tensions montrer. Je tripote le tissu de mon jean mal à l'aise face aux regards de mon grand-père. Ma mère ne semble pas vouloir baisser le regard, le defiant.
AU SECOURS, JE VAIS ÉTOUFFER !
J'ai plus envie de manger. Je veux juste rentrer en fait et mettre fin à cette ambiance bizarre depuis le début de la journée.
— C'est pas grave Mia, tu peux en commander maintenant et découvrir ce que c'est maintenant, dit ma mère.
— Euh...Oui...C'est ce que je pense que je vais faire, repondis-je mal à l'aise.
Le serveur arrive et prends nos commandes. On prends tous des bibimpaps. Le temps d'attente m'a paru être une éternité. Plus personne ne disait un mot et l'ambiance paisible du restaurant me paraissait soudainement impossible à supporter.
En fait, j'aurais préféré que ça soit bruyant autour de moi. Au moins, j'aurais pu focaliser mon attention sur autre chose. J'aurais vraiment dû refuser la proposition de ma mère. Je ne pensais pas que sa situation avec mon grand-père était si compliquée. Le pire c'est que j'y comprends rien. Ça m'énerve de rien capter à la situation.
Après des minutes interminables, nos plats arrivent finalement. Ça sent super bon et nos assiettes sont super bien garnies. Ça a l'air d'être un mélange de riz, de viande de bœuf et de légumes. Il y a un œuf au milieu de tout ça. Franchement, ça a l'air super bon. J'aurais sauté sur le plat sur les deux personnes avec moi ne me foutaient pas des cramps d'estomac avec leurs batailles silencieuses de regards. Je me force quand même à prendre mes baguettes pour entamer la nourriture. Je sens que ça va mettre de l'huile sur le feu si je ne touche pas à mon bibimpap.
Je commence à manger, mélangeant l'ensemble des éléments du plats. Franchement, je suis certaine que ce plat aurait été une tuerie si j'avais été dans un autre contexte. J'arrive vraiment pas à en profiter.
— Tu ne manges pas Mila ? Questionne ma mère.
— Si mais je...commençais-je.
— Évidemment, elle ne connaît pas. Si elle avait été habituée depuis toute petite, elle aurait pleinement apprécié, dit mon grand-père.
— Je peux savoir ce que tu sous entends papa ? S'aggaça ma mère.
— Je n'insinue rien du tout. Je constate seulement. Visiblement, en allant en France, tu as complètement voulu oublier la culture coréenne. Tu as vraiment tout fait pour le rejoindre.
— Oui et alors ? C'était mon choix. Mia n'a rien avoir là-dedans.
— Peut-être mais elle en subit les conséquences. Franchement, le bibimpap est l'un des plats le plus populaire de notre pays et elle ne le connaît même pas ? Tu voulais tellement être avec lui et dans ses bonnes grâces que tu n'as même pas voulu apprendre à ta fille les éléments de la culture coréenne. Tu étais vraiment prête à tout.
— Ça n'a rien avoir ! Mia vivait en France, je voulais d'abord qu'elle soit à l'aise dans l'endroit où elle habite le plus ! Ça n'a rien avoir avec lui !
— Tu as été capable d'abandonner ton père alors tu aurais été capable de tout !
Les voix des deux côtés s'élèvent et moi je suis au milieu à subir leur dispute sans queue ni tête. Je ne comprends vraiment rien à ce qu'il raconte. C'est vraiment le bibimpap qui a fait éclater leurs nerfs ? Les quelques clients autour commence à nous fixer, comme si on venait d'une autre planète.
Depuis le début de la journée, l'ambiance est tendue et c'est au milieu d'un restaurant qu'ils décident de tout faire exploser. Je sais pas si je dois m'énerver, trouver la situation stupide ou les deux. Encore une fois, je n'ai pas tout les éléments de leur histoire donc je ne comprends pas tout. En tout cas, ce dont je suis certaine, c'est que mon grand-père n'a vraiment pas aimé le fait que ma mère suive mon père en France.
— Si vous...commençais-je.
— Et toi alors ? Incapable de comprendre sa propre fille ? Incapable d'accepter ce qu'elle veut vraiment ? Tu crois que je suis partie pourquoi ? S'exclama ma mère.
— Peut-être qu'il faudrait vous...
— Incapable de te comprendre ? Je voulais simplement le meilleur pour toi ! Suivre un piètre boulanger à l'autre bout du monde n'est sûrement pas ce que j'imaginais de mieux pour toi ! Répondit mon grand-père.
Je fronce les sourcils en entendant "piètre boulanger". Oui, mon père n'était "que" boulanger mais d'aussi loin que je me souvienne, il a toujours été fier de son métier. Il nous préparait toujours les meilleurs pains et viennoiseries. J'ai toujours détesté les gens qui dénigraient son métier alors qu'il se levait chaque matin pour faire ce qu'il aimait. Je sens qu'une très profonde colère est en train de monter. Il a vraiment intérêt à se taire.
— C'est sûre que tu aurais préféré que je finisse avec un avocat ou un médecin ! Là c'est certain que tu aurais pu étaler ton orgueille sur tout le voisinage ! Regardez ! Ma fille a marié le meilleur partie possible ! Tu te fichais bien de savoir si j'étais heureuse ! Cria ma mère.
— Et alors ? À quoi ça t'as servi de suivre ce qui te rendais heureuse ? Ça t'as plus de te lever tout les jours à quatre heure du matin pour préparer des pains minables que les gens jettent ? Enchaîna mon grand-père.
— Qui est-ce que tu traites de minables ? Murmurai-je.
Un silence se place soudainement au milieu de la table. Les deux me regardent comme s'ils venaient de se rendre compte que j'existais. Je suis en train de bouillir.
— Répète le. Qui est-ce que tu traites de minables ?
— Ne le prends pas à cœur Mia mais... commença mon grand-père.
— Mais quoi ? Tu crois que sous prétexte qu'on partage le même sang, je vais te laisser insulter mon père. Tu es en train de l'insulter parce que je n'avais jamais vu de bibimpap avant ? T'es en train de l'insulter pour une putain d'omelette posée sur du riz et des légumes ? Et toi alors ? Tu sais ce que c'est qu'une quiche lorraine ? Tu sais ce que c'est qu'un Paris-Brest ? Je suis certaine que non. Pourtant, je ne t'insultes pas parce que tu n'as aucune idée de l'existence d'une tarte salée ou d'un gâteau en forme de roue, m'agaçai-je
— Je ne te permettrais pas de me parler comme ça ! Parle moi avec plus de respect !
— Pourquoi je le ferais ? Tu ne respectes même pas mon propre père ! Tu l'insultes devant moi et tu crois que je vais t'envoyer des fleurs ? Criai-je.
— Mia, calme-toi, tenta ma mère.
— Non je ne vais pas me calmer ! J'ai pas l'intention de me calmer ! Toi tu n'es pas mieux ! Tu m'as emmener ici sans même me donner davantage d'explication ! Je ne te vois pas de la journée et tu me laisses seule, ici, à devoir m'adapter à un pays que je ne connais pas ! Mais qu'est-ce qu'ils vous passent tous par la tête à la fin ? Est-ce que le monde est à l'envers ou c'est moi qui est à l'envers ? Hurlais-je.
— Comment peut-elle parler comme ça à sa famille ? Surtout à son grand-père qui est âgé ? Qu'est-ce qu'elle est mal élevé, commenta une cliente.
— JE SUIS PAS MAL ELEVÉE, JE SUIS FRANÇAISE ! Hurlai-je sur la cliente en question.
À bout de nerf, je quitte le restaurant.
J'en peu plus, j'en peu plus, j'en peu plus.
Je vais exploser.
L'autre fée m'a fait venir ici en espérant que je vive de super expérience. JE VAIS LUI FAIRE BOUFFER SES AILES. Depuis que je suis ici, j'ai l'impression que rien ne va. Au moins, quand mon père était là, tout allait bien. Plus les jours avancent, et plus il me manque. Bordel, maintenant j'ai envie de chialer.
Que quelqu'un me sorte de là.
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