— Alors cette nouvelle vie, qu'en penses-tu ? Résonna la voix du Ruétua.

— C'est un gros bordel. Depuis quand est-ce que je sais parler le coréen moi ? Dis-je en colère.

— Allons Mia, je suis la fée de la logique. Tout ce qui te paraît illogique devient logique !

— Non, non ! Là c'est juste le bordel dans ma vie ! Je veux vite retourner dans ma vie de plouc en France !

— Allez, je suis certaine que tu vivras des aventures incroyables avec ton grand-père.

— Mais je le connais même !

— Tu apprendras à le connaître. Bon courage, dit la fée.

Avant que je puisse protester plus, je me réveille. J'ai envie que tout ça ne soit qu'un cauchemar mais je sais que c'est pas ma chambre. J'en ai vraiment marre de tout ce qui arrive. Avoir une vie tranquille c'est devenu du luxe. Pourquoi sur tout les humains sur Terre, il a fallut que ça soit moi qui soit harcelée par une fée ? J'ai pas envie de me lever si c'est pour encore vivre une journée horrible. Autant juste dormir et avoir le moins d'interaction possible avec le monde extérieur. C'est ce que je pensais jusqu'à ce que j'entends quelqu'un frapper à la porte.

— Mia ? Si tu es réveillée, viens avec nous manger, résonna la voix de ma mère a travers la porte.

— Je suis désolée, je suis vraiment fatiguée. Je vais dormir encore un peu, répondis-je.

— Ton grand-père nous attends, alors dépêche toi de te lever, dit ma mère de façon menaçante.

J'avoue que j'ai soupiré. C'est pas contre ma mère mais j'ai juste pas envie de faire face à cette journée qui va être plus que fatiguante. J'ai déjà dû mal à digérer tout ce qui s'est passé. Il faudrait me laisser un temps pour avaler tout ça en fait. Enfin, visiblement Ruétua s'en fiche complètement. Cette fée de la logique est tout sauf logique. Je pense juste que c'est une créature qui a rien trouvé de mieux que de m'embêter parce qu'elle s'ennuyait.

— Mia ! Appela de nouveaux ma mère.

— C'est bon, je me lève. Laisse moi juste le temps d'enfiler un truc, répondis-je.

Mon lit douillet va me manquer, je le sens. J'ai hâte d'être à ce soir pour le retrouver et oublier tout ce cirque. Sans grande conviction, je me lève de mon lit. Je prends les premiers vêtements potables que j'ai sous la main et je file rapidement sous la douche. En 10 minutes chrono je suis lavée et habillée.

Sans grand conviction, je descends les escaliers pour trouver ma mère et mon grand-père assis devant une table remplie de nourriture. Ils attendent probablement que j'arrive pour pouvoir manger. J'avoue que l'ambiance entre les deux est bizarre. En fait, elle est plutôt froide. Je sais pas grand chose de leur histoire. Je sais juste que mon grand-père n'a pas accepté la relation entre ma mère et mon père. Enfin, ça suffit à me faire comprendre que leur relation est pas géniale.

Je prends place silencieusement à côté de ma mère. Je pourrais carrément entendre les mouches voler tellement c'est silencieux. C'est si tendu entre les deux. Je sais même pas où me mettre. Peut-être que je devrais partir ?

— Commençons à manger, annonça mon grand-père.

Je pris les baguettes à droite avant de commencer à goûter ce qui se trouvait devant moi. Je pense que je vais avoir une indigestion tellement l'ambiance est tendu. Pourquoi il nous a invité si c'est pour se comporter comme ça ? Je suis déjà fatiguée alors que ça fait même pas une heure que je suis debout.

— Alors Mia ? Tu t'es bien reposée ? Questionna le vieil homme.

J'avoue que j'ai failli m'étouffer. Je m'attendais pas à ce qu'il me parle.

— Oui, merci pour la chambre. C'est vraiment super, répondis-je.

— Si tu as le moindre inconfort, n'hésite pas. Tu risques d'y rester longtemps.

— Comment ça ? Dis-je dans un froncement de sourcils.

— Ta mère ne t'as pas dit ?

Un silence se plaça soudainement la pièce. Le malaise était à présent palpable. Ne me dites-pas qu'on va vraiment rester ici ? On parlait bien de rendre visite et pas d'y rester ? Je tourne lentement le regard vers ma mère. Elle semble ne pas vraiment savoir où se mettre.

— Donc, tu m'emmènes ici, à devoir supporter le malaise entre vous deux sans me dire qu'on reste à long terme ! M'exclamai-je en français.

— Je comptais te le dire mais... commença ma mère.

— Mais quoi ? Je comprends vraiment pas ton comportement maman. Je pensais qu'on se disait tout mais tu prends des décisions sans même me consulter ?

C'était trop pour moi. Vraiment trop. Je me suis levée d'un coup de la table. J'ai pris ma veste au porte manteau avant de sortir de la maison, non sans un claquement de porte. C'est quoi ce foutage de gueule ? Bon déjà l'autre fée a planifié un voyage sans même que j'en comprenne les raisons. Maintenant, ma mère qui me disait qu'on allait juste rencontrer mon grand-père m'a même pas dit qu'on restait en Corée ? Je vais vraiment tout casser.

Et mes études alors ? Et les amis que j'ai en France ? Tout ça part dans le vent ? Là, j'ai juste envie de chialer comme une merde et de me rouler en boule par terre. C'est peut-être humiliant mais ça serait le seul truc qui me réconforterait. Ah, j'ajouterais bien un truc sucré à ma déprime. Je repense à la veille à l'aéroport, au moment où on a converti nos euros avec des wons. Je fouille dans les poches de ma veste pour trouver de la monnaie. Ça fera la faire.

J'entre dans le premier magasin que je vois. Le vendeur me salue mais j'ai franchement pas la foi de lui répondre. Je trace dans les rayons en essayant de rapidement trouver un truc à manger pour me réconforter. Il y a plein de choix, je sais pas trop quoi prendre. Je m'attarde devant les boissons, cherchant un goût qui pourrait me plaire. La pastèque ça a l'air cool non ? Allez, je pars là-dessus. Je prends le sachet avec un gobelet rempli de glaçon. Au moins, je pourrais faire comme les vidéos que j'ai vu sur les réseaux. Oui, je pourrais faire ça tout les jours puisqu'on reste vivre ici. AAAAAH J'EN AI MARRE, JE VAIS CHIALER !

— Jae ? Qu'est-ce que tu fais là ? Je savais que je te trouverais là ! Tu travailles malgré la soirée étudiante d'hier ! Résonna une voix féminine.

— Tu devrais plutôt dire ça pour toi Hari. C'est toi qui a bu pour dix personnes hier, répondit une autre voix.

Jae ? Hari ? Pourquoi ces deux prénoms me paraissent familier ? Je jette un discret coup d'œil vers les deux personnes qui discutent. Le premier individu qui attire mon attention est le caissier. C'est un gars plutôt grand avec une teinture blonde. Bordel de merde, son visage me dit vraiment un truc !

La deuxième personne est une fille qui a peu près mon âge. Elle a des cheveux bruns coiffés en carré. Elle me semble aussi familière. C'est quoi ce bazar encore ?

— Heureusement que Seo était là pour me ramener chez moi. Je pense que j'aurais jamais pu rentrer seule, dit la dénommée Hari gênée.

Seo ? Hari ? Jae ?
Me dites pas que c'est ce que je pense ? Me dites pas que cette satané fée a vraiment fait ce que je pense. Sous le choc, je lâche tout ce que j'avais dans les mains par terre. Le gobelet rempli de glaçon se renverse au sol comme pour apporter encore plus de poisse à tout ce qui se passe. Le bruit attire évidement l'attention de Hari et Jae qui posent leurs regards sur moi. Punaise je dois vraiment être ridicule à voir. Je dois être comme une statut, la bouche à moitié ouverte par le choc.

Non mais c'est juste un rêve.
Je vais réveiller de tout ce bordel et je pourrais retrouver mon quartier qui craint en France. Voilà, maintenant, je suis en train de pleurer comme un enfant. QUELLE JOURNÉE DE MERDE !

— Est-ce que ça va ? Dit Hari en s'approchant de moi.

Jae s'approche aussi, un balai et une balayette en main. Il m'observe plutôt avec de la curiosité. Je dois ressembler à une folle dingue à pleurer comme ça au milieu d'un konbini.

— Est-ce que tu veux qu'on appelle de l'aide ? Demanda Hari.

Elle me touche l'épaule pour me rassurer. Son contact me sort directement de mes pensées et me fait prendre conscience de ce qui se passe. Je recule d'un pas sous son contact, comme si ça m'avait brûlé.

Bordel...
Ils existent...
Pour de vrai...
Ils sont devant moi là...
C'est pas possible...

La panique m'envahit soudainement. Je quitte le magasin en courant, ne comprenant rien à tout ce délire. C'était des putains de personnages ! Ils étaient en 2D sur mon écran de téléphone ! Comment est-ce qu'ils peuvent apparaître là, devant moi ? Je suis en train de devenir folle, c'est pas possible ! Je sais même pas où je cours tellement je suis paniquée.

Non, faut que je me calme. Tiens, je vais m'asseoir sur le banc là-bas pour commencer. Reprend ta respiration Mia. Ça se trouve c'est juste le trop d'émotion qui le fait voir n'importe quoi. Après tout, je suis dans le pays où se passe Young Love. Peut-être que tout les nouveautés me font délirer et que je m'accroche à ce que je connais le mieux de la Corée ?

Oui ça doit être ça ! La preuve, l'histoire est encore sur mon téléphone ! Les personnages sont là, dans mon téléphone ! Je sors rapidement smartphone de ma poche avant d'appuyer sur l'application où je lis Young Love. Je commence à rechercher sur ma liste de lecture. Plus je scrolle et plus ça me fait paniquer. Non, c'est juste pas possible. Il y a encore deux jours, je lisais le dernier chapitre de l'histoire ! Ça a pas pu disparaître comme ça ! Je suis pas folle. C'est peut-être un bug de l'application après tout. Je suis certaine qu'il y a encore des traces de l'histoire sur internet !

Je me mets à écrire le nom de l'histoire et je commence à regarder mais il y a rien ! Comme si ça n'avait jamais existé ! Je vais péter un câble, je le sens ! Peut-être qu'en écrivant le nom des personnages, je vais trouver quelques choses ? C'est une bonne idée ça ? Ou pas...

J'ai failli lâcher mon téléphone au sol face aux résultats qui s'affichaient. Les réseaux sociaux des personnages s'affichaient comme résultats. Toujours dans mes désillusions, je me disais que ça devait être des fans de Young Love. Sauf que c'était pas des dessins sur des pages mais des photos. En plus, les échanges dans les commentaires avaient l'air bien trop réel.

— AAAAH JE VAIS TOUT CASSER ! Hurlai-je dans mon plus beau français.

Les gens dans la rue me regarde bizarrement mais je m'en fiche bien. Je suis pas à une personne près qui me prends pour une folle. Punaise, qu'est-ce que je vais faire maintenant ? Je pourrais jamais vivre normalement en sachant tout ce qui va arriver à Hari, Seo et Jae. Enfin, après, ils s'en sortent toujours donc ça devrait aller pour eux. En fait, que je sois là où pas là, ça change rien pour eux. J'ai cas les ignorer et continuer ma petite vie. En plus, j'ai croisé Jae et Hari dans ce konbini mais il est probable que je les recroise plus.

Ça serait pour le mieux. Je pense que si je recroisais l'un des trois, je péterais un câble à chaque fois. Croiser des personnages censés être fictionnels dans la vraie vie, c'est vraiment pas bon pour ma santé mentale. Je vais avoir besoin d'une bonne discussion avec cette satané fée.

Bon sang mais pourquoi est-ce qu'elle me prend pour cible ? Pourquoi est-ce qu'elle m'envoie dans le monde de Young Love ? Plus j'y pense et plus ça m'énerve. À quelle moment est-ce qu'elle s'est dit que ça serait une bonne idée ? Je suis pas dans un manga là. Le concept d'Isekai dans la vraie vie c'est vraiment pas un truc qui me passionne. Il faut vraiment que je parle à la mouche rose pour avoir des explications.

Dans cette dernière pensées, je fais demi-tour en direction de chez mon grand-père. J'arrive plus ou moins à retrouver la maison. J'entre sans un mot et je monte directement dans ma chambre. J'ai aucune envie de leur parler. Entre la nouvelle que je vais rester ici et celle que les personnages de Young Love existe, je vais exploser. Je vais plutôt me déchaîner sur Ruétua. Je me laisse tomber dans mon lit et même si ça ne fait pas longtemps que je suis levée, je m'endors tout de suite. En même temps, j'ai vécu des montagnes russes en l'espace d'une heure.

— Alors, elle te plaît ma surprise ? Résonna la voix désagréable de la fée.

Je lâche toute ma colère sur elle en un seul coup. Je lui donne une claque et elle s'envole à mon opposé avant de s'écraser au sol.

— Je vais en finir avec toi, murmurai-je de façon menaçante.

Je la saisis pas le col de ses vêtements avant de la lever au niveau de mes yeux.

— Déjà, j'ai un grand-père coréen. Ça pouvait passer parce que j'avais aucune connaissance de ma famille de ce côté là. Maintenant, j'apprends que je vais devoir rester en Corée du Sud et abandonner tout ce que j'ai construit en France. Cerise sur le gâteau, les personnages de Young Love sont réels et ils sont apparus devant moi comme si c'était normal. EST-CE QUE TU VEUX QUE JE DEVIENNE FOLLE ? Hurlai-je à bout.

Je relâche la fée qui s'écrase au sol. J'aurais fortement apprécié de lui mettre une autre claque mais je crois qu'il y a eu assez de violence.

— ESPECE DE DÉGÉNÉRÉE ! COMMENT OSES-TU FRAPPER LA FÉE DE LA LOGIQUE ? Hurla Ruétua.

— C'EST TOI LA DEGÉNÉRÉE ! J'AI RIEN DEMANDÉ MOI ! RENDS MOI MA VIE ! Criais-je.

— ARRÊTE DE CRIER !

-JE CRIS SI JE VEUX ! AAAAAAH !

— AAAAAAH ! Hurla la fée.

— AAAAAAAAAAH !

On a crié comme ça pendant deux minutes avant que je finisse par m'asseoir par terre. Ruétua fait de même, épuisée par autant d'agitation.
C'est ridicule comme situation. Je suis là à faire une bataille de cri avec une fée qui existe que dans mes rêves. Non mais franchement, je crois que je suis vraiment devenue folle.

— Rends moi ma vie normale, répétai-je dans un murmure.

— C'est impossible. Je ne peux pas retourner en arrière, répondit la fée.

— Mais tu es la fée de la logique non ? Avec un peu de manipulation de la logique, tout peut retourner dans l'ordre ?

— C'est pas aussi simple que ça.

— Ah oui ? Et bah ça été très simple pour toi de ruiner ma vie.

— Mais ta vie n'est pas ruinée Mia ! Je voulais t'aider !

— M'aider à quoi ? Si tu voulais m'aider, fallait me faire devenir riche. Au moins, moi et ma mère on aurait pu avoir une meilleure situation.

— Et comment est-ce que je t'aurais fait devenir riche ? En te faisant gagner au loto ? C'est ridicule ! Ça n'a aucun sens pour une fée de la logique comme moi !

Je regarde Ruétua de travers. Cette discussion est complètement lunaire. J'ai l'impression d'être dans une autre galaxie tellement je trouve cet échange débile.

— Tu veux pas savoir dans quoi je voulais t'aider ? Questionna la mouche rose.

— Non c'est bon, j'abandonne. Je suis trop fatiguée pour essayer de comprendre.

— Pourtant c'est simple ! Tu aurais du faire le lien avec Young Love !

— Comment Young Love est censé m'aider ? C'est juste une histoire que je lisais avant de dormir parce que j'aimais bien le plot et le style de dessin ! Rien de plus !

— Pourtant en lisant l'histoire, tu avais un syndrome ! Tu n'es pas la seule mais j'ai estimé que tu étais la meilleure personne pour faire face à ce syndrome.

— Un syndrome ? Quelle syndrome ? Dis-je dans un froncement de sourcils.

— Le syndrome du second choix ! C'est de ça dont tu souffrais !

— Quoi mais c'est quoi ce truc ?

Le paysage autour de moi commença soudainement à devenir flou. Au non, je commence à me réveiller quand ça devient intéressant ! Bordel, je vais des explications !

— C'est quand on préf....

J'entends pas la suite de la phrase. Ruétua disparaît, en me laissant un tas de question en tête.

Le syndrome du second choix ? C'est quoi ce truc encore ?