Unknow


Une femme fixaient de ses yeux noirs une paroi de verre, depuis l'ombre de son antre. Ses interminables cheveux noirs traînaient dans la poussière et son kimono noir n'était pas fermé, dévoilant son ventre rond. Elle était enceinte. Elle observait derrière sa paroi de verre ses futurs enfants. Elle les comptait, observait leurs faits et gestes. Elle les connaissait tous par cœur : leur passé, leurs souvenirs, ceux qu'ils aimaient. Elle voyait tout cela au ralenti, mais aussi en accéléré. Elle soupira. Une nouvelle naissance se préparait.

La jeune femme caressa son ventre à la peau grise. Elle étudiait chaque détail de ce ventre, souriant à l'idée d'avoir un nouvel enfant, celui qu'elle avait choisi parmi tant d'autres. La douleur, elle ne la ressentait plus. Après tout, elle avait accouché des milliards de fois. Mais elle savait que chaque naissance était unique. Spéciale. Chacun de ses enfants avait une place particulière pour elle. Chacun était important, et elle leur apportait un amour inimaginable pour eux. Elle les choyait dans cette vie.

Elle s'allongea par terre, se préparant à cette naissance. La femme répétait sans cesse le nom de son futur bébé. Elle pleurait, en voyant les souvenirs que ce bébé lui transmettait. Ce passé qui les marquait tant. Mais un détail la fit tiquer.

Un souvenir la concernait. Impossible.

Elle répéta cette tranche de vie, entendant son nom encore et encore. Et pas de la façon dont ces enfants le prononçaient d'habitude. Sans peur. Sans tristesse. Sans colère. Avec joie. Triomphe. Elle sentit des crampes dans son ventre. Quelque chose d'anormal se passait.

Elle avait mal pour la première fois de son existence. Au lieu d'être excitée par cette naissance, elle avait peur. Peur pour son bébé, mais surtout pour elle. Elle cria, seule, dans sa pièce sombre, remuant sur le sol poussiéreux. Certes, elle avait déjà connu des naissances difficiles. Des enfants qui restaient plus longtemps que prévus dans son ventre, d'autres, prématurés. Elle ne pouvait pas tout prévoir, même si ses prédictions étaient pour la plupart du temps, tout à fait juste. Au bout d'un milliard de naissances, elle avait compris comment ils fonctionnaient. Qu'est-ce qui les faisaient grandir dans son ventre. Elle savait tout. Alors, pourquoi cette naissance ne se passait pas comme prévu ? Qu'est-ce qui la détruisait ?

Après une heure de souffrance, qui n'était qu'une éternité pour elle, elle réussit à donner naissance à un petit garçon. Elle le savait que c'était un magnifique petit garçon. Cependant, elle poussa un cri d'horreur en le prenant dans ses bras. Sur ses bras luisants de transpiration, la poussière et le sang ne faisaient d'un, formant une croûte qui la fit vomir. Son bébé n'en était pas un. Ce n'était qu'un amas de cellules mortes. Elle cria, pleura. Où avait-elle échoué ? Comment était-ce possible ? Comme à chaque problème avec ses bébés, elle se connecta à ses souvenirs, une nouvelle fois.

La femme aux longs cheveux noirs ne réussit pas. Elle avait perdu la connexion avec son bébé. Elle ne se rappelait même plus de son nom, ni de sa vie qu'elle avait pleuré. Il ne naîtra plus jamais.

Alors qu'ils naissaient toujours un jour ou l'autre. Il n'existait plus à ses yeux. Il n'existerait plus jamais. Elle n'avait jamais imaginé une telle situation. Elle se jeta sur sa paroi de verre, la couvrant de tout le sang perdu lors de ce triste accouchement. Ses yeux scrutaient chacun de ses futurs enfants. Parmi eux, il y avait des rebelles. Ce n'étaient pas les premiers qu'elle rencontrait, mais les premiers qui réussissaient. Les premiers qui remettaient les conditions de son existence en cause. Ils allaient faire basculer l'équilibre de ses naissances, et avec, celui du monde. Ces rebelles ne se rendaient pas compte des conséquences de leurs actes. Elle devait les stopper. Mais la paroi de verre l'en empêchait. Sa seule entrée pour accéder à leur monde était leur naissance. Elle n'avait pas le droit d'agir d'une autre façon.

Toutefois, si elle ne stoppait pas ses fausses couches avant qu'elles ne commencent, elle mourait dans peu de temps. L'amour de ses enfants aussi. Rien ne pourrait la maintenir en vie.

Et sans elle, la fin du monde s'annonçait. Ces rebelles, ils allaient s'auto-détruire. La femme voyait tous les scénarios possibles. Elle devait empêcher cela. Elle ne voulait pas qu'un de ses enfants meurent encore.

Elle eut un afflux de nouveaux souvenirs. Une nouvelle naissance arrivait, alors que l'amas de cellules mortes pendait toujours ombilicale. Elle retourna s'allonger dans la poussière, visualisant tous les scénarios de cette fin du monde, alors que son nouvel enfant naissait parfaitement, sans soucis.

C'est alors qu'elle eut une idée pour stopper ce futur sombre.

****************************

C'était la septième fausse-couche qu'elle faisait. Elle posa le nouvel amas de cellule à côté de ses six frères et sœurs. Elle pleura. Elle n'en pouvait plus. La mère pensait qu'elle disposait de plus de temps pour trouver une solution, mais le rythme de ses fausses-couches accéléraient.

Elle devait agir, malgré l'interdiction. Ses yeux s'illuminèrent, et elle activa son pouvoir qu'elle gardait cacher depuis si longtemps. À chaque fois qu'elle l'avait utilisé, elle avait été puni. Moins de naissances, et encore plus de souvenirs la torturant, la rendant malade. De plus, elle devait sacrifier ses enfants, ses bébés qui se trouvaient dans son monde pour l'activer.

Elle les aimait trop pour cela. Elle s'était juré de ne plus jamais faire cela. Cependant, la situation était grave. Si elle mourait, personne n'allait s'occuper de sa marmaille, dans ce monde. Ils allaient mourir avec elle.

Ses yeux rougis versèrent une dernière larme. Son choix était fait. Elle devait anéantir les rebelles qui se trouvaient derrière la paroi de verre. Ils devaient naître prématurément.

Un à un, elle toucha de ses doigts gris, légèrement illuminés de mauve par sa magie, les sept corps difformes, prononçant un petit mot pour chacun d'eux. Ils étaient peut-être morts dans ce monde, mais elle leur transmettait une mission. Elle leur donnait une partie de son pouvoir.

Une fois sa mission accomplit, les petits corps disparurent, brûlant sous un feu noir de magie. La jeune femme se leva, allant se poster devant sa paroi lumineuse, le sourire aux lèvres.

On ne jouait pas avec la Mort. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top