Les yeux vifs du récitant scrutaient et s'arrêtaient sur chaque visage.

-Avant la naissance des pères de nos arrière-grand-mères édentées, Il existait déjà. Celui qui tient plus de la bête que de l'homme, celui qu'on appelle le Dragon démoniaque noir de jais, le DRAGON KENDALL BAHAMUT !

Face aux yeux effrayés des plus jeunes, il se rendit compte que l'utilisation des majuscules était peut-être de trop dans son texte. Nof baissa les yeux et reprit avec une certaine douceur :

-Il est surnommé Kendamut, c'est un dragon aux ailes magnifiques. Grand, féroce, pleins de ténacité. Ses yeux, reflétant les flammes qu'il venait de cracher, étaient d'une lueur à vous couper le souffle. Il était majestueux, on le voyait comme irréaliste. Ses griffes étaient aussi aiguisées que les piques de la fourche du Diable. Il rejetait un sentiment de pouvoir, comme si son apparence le rendait Roi. Âgé de 22 milliers d'années au moins, immortel, une force effarante. Sa seule potentielle faiblesse était sa vitesse, car sa taille est nécessairement proportionnelle à son poids. Un jour, un adorateur tenta de l'invoquer et signa par la même occasion sa mort...

Nof reprit son souffle, parce que la pipe, c'est bien joli, mais c'est pire que l'alcool niveau inconvénients respiratoires.

-"Manifeste-toi dragon irascible dévorant la chair et le sang des dieux ! Tranche les nuages noirs du monde ! Kendall Bahamut !" criait le fanatique au milieu de lueurs sanglantes, de bougies au parfum piquant et de l'odeur musquée de son bouc de compagnie. C'est ainsi que fut lâché Kendamut dans la nature. Le pauvre hérétique quant à lui a connu un destin si tragique que je ne peux le raconter à des mineurs...

Le conteur joignit les mains et tourna lentement les mains pour observer l'assistance. Il prononça les mots suivants sur un ton grave et profond :

-Kendamut se servit de sa puissance pour faire le mal et uniquement le mal. Ainsi, des villes entières furent rasées. Tant qu'il régna, ce fut une période, un âge sombre pour notre pays. La suspicion et la trahison étaient devenues la norme, plus rien de bénéfique n'irradiait des cités d'autrefois. D'innombrables massacres et bains de sang furent commis, mais un jeune garçon, 14 ans à peine s'opposa au démon ! Il n'avait pas l'air d'un serviteur obéissant. C'était un garçon brun au visage ouvert, sympathique. Il s'appelait Kat Abriel, il était pur, bon et vertueux, remplis d'amour au point qu'il était incompris des enfants de son âge. Mais cette différence, cette volonté de la bonté lui donnait plus de force que la rage et le mécontentement des adultes.