Prologue : Je rencontre le diable à sans wifi-ville

Ne jamais parler aux inconnus. On vous l'a souvent baratiné cette phrase, n'est-ce pas ? Eh bien, croyez-moi, valait mieux écouter maman au lieu de se plaindre. Car oui, à cause de mon incroyable naïveté, je suis dans des problèmes monstrueux. Vous allez me dire que tout peut se régler...mais pas celui-là.

Choisir l'homme de sa vie en une semaine, ce n'est pas facile, croyez-moi. De plus, moi, Jennifer Horney, je n'ai jamais voulu de l'amour. Et je n'en veux toujours pas. Mais je ne veux pas m'attirer les foudres de seigneur Lucifer le restant de mes jours. Je suis une grande rêveuse et je vis à travers mes livres.

J'étais une fille totalement banale avant ce jour. J'ai des cheveux blonds raide comme une planche, des yeux bleu-gris cacher par de jolie lunette carrée marron. Je suis plutôt fine, car j'adore le sport, mais je n'ai aucune forme. Donc, mon vœu était exaucé, aucun garçon ne s'intéressait à moi, car à notre âge, si tu n'es pas belle, tu n'es pas séduisante. Ça m'arrangeait bien...si seulement ce type n'était pas entré dans ma vie pour y mettre le bordel.

Je n'aime pas forcément parler, je suis du genre timide. Tout ce que je veux, c'est devenir une grande écrivaine. Je ne voulais pas d'amour forcer ! Et tout ça, c'est de la faute de mon paternel. Ah, les grands papas poules qui ne nous lâchent pas...on les aime...bah lui, non.

Il m'a abandonné pour son travail, me laissant moi et ma mère seule. Et lorsqu'il revient à la maison, c'est pour détruire mes rêves et mes ambitions. Mais ce jour-là...ce jour-là se fut pire ! Il voulut me désinscrire de mon université de lettre, peu lui importait ce que je voulais ou ce que je lui donnais comme explication.

Il ne voulait rien entendre, il veut que je devienne directrice d'une grande entreprise, youpi. Ma mère n'a pas son mot à dire malheureusement. Lorsqu'il est parti aux Etats-Unis, il ne pouvait plus m'empêcher de faire ce que je voulais et ma maman ne s'est pas opposé à ce que j'entre en université de lettre.

Mais trois ans plus tard, le revoilà parmi nous et avec en tête l'idée de détruire ma vie. Il allait me désinscrire, mais j'ai réussi à repousser ce moment fatidique...en acceptant un petit stage en entreprise. Comme ça a été prévu à la dernière minute, mon père a demandé à l'un de ces amis, qui a accepté de me prendre pour un jour.

En bref, vous avez compris, c'est ce jour-là, à sans-wifi ville que commença mon supplice...le supplice des sept jours...

* * *

Encore une fois, Maxim attrape mon nouveau livre du moment. Je roule des yeux, exaspérée de son comportement. Il est agaçant. Ses yeux bleu océan de requin me fixant ainsi qu'un sourire de vipère découvrant ses dents blanches. Il avait tout pour plaire physiquement à une fille, mais il n'avait rien à envier aux niveaux de son caractère. Certes, il était plein de muscle, avait de magnifique cheveux blonds soyeux ainsi qu'un visage d'ange, mais c'était un idiot.

Il ne manquait pas une occasion de m'embêter, moi et ma meilleure amie Lola. Il adorait plaisanter et avait une côte auprès des filles incroyables. Car oui, à notre âge, rien n'est plus important que l'apparence. Elles me jalousent car elles pensent qu'on est ami. Un ami ne m'humilierait pas et ne m'importunerait pas à longueur de journée. J'ai Lola comme amie et mes livres comme compagnies, ça me suffit.

Mais bon, que ces dindes me jalousent, moi, je m'en fiche. Tant que je peux lire et écrire. Ah et aussi parler avec Lola...enfin, non, l'écouter plutôt. Car je ne parle pas des masses. Maxim regarde intriguer mon bouquin tout en s'appuyant sur le bord du bureau sur lequel je travaillais.

-Tu aimes la science-fiction ? S'étonna-t-il sous mon regard noir.

-Rend-le-lui ! Aboya alors ma garde du corps personnel, j'ai nommé : Lola.

Elle a un fort caractère et la plupart du temps, c'est elle qui me défend. Ses cheveux noir ébène volumineux comme une crinière de lion lui allait parfaitement. Elle avait de magnifiques yeux ambrés exprimant à la perfection ses émotions. Malgré ses rondeurs, elle arrivait à se faire un minimum respecter...sauf de ce crétin et de sa bande.

De plus, elle portait toujours des lunettes ovales rose bonbon qui amusait très clairement ces idiots. Moi, je trouvais que ça lui allait parfaitement ! Peut-être que devant eux, elle est colérique et effrayante, mais devant-moi, c'est une personne adorable et marrante. Quoi que parfois, elle est un peu trop énergique.

Malgré son air féroce, elle est très gentille et c'est peut-être pour ça que Maxim ne me lâche jamais. Parmi tous les élèves de l'Université des lettres, il fallait qu'il décide de m'embêter. Je soupire et me renferme sur moi-même en attendant qu'il me rende mon livre.

-ça va. Grogna-t-il à l'adresse de ma meilleure amie. Je lui posais la question à elle, pas à toi.

Ce fut à son tour de rouler des yeux. Il me fit alors un immense sourire auxquels je ne répondis absolument pas. Je demandai alors d'un air parfaitement calme :

-Peux-tu me rendre mon livre s'il te plait ?

Il parut déçu. Non, je ne rentrerais pas dans ton jeu mon cher. Je sais que tu t'attends à, soit que je sorte de mes gons et te hurle dessus que tu es un crétin, ce qui en passant est vrai, ou soit à ce que je sois à tes pieds et te supplie de sortir avec moi. Mais l'amour ne m'intéresse pas et je n'aime pas m'énerver pour rien.

-Répond à ma question et je te le rends. Sourit-il malicieusement.

-Tu penses que si je n'aimais pas la science-fiction, j'aurais un livre de cette catégorie sur moi ? Ironisai-je calmement.

Je vis bien alors qu'il se sentit ridicule au sourire qu'il me renvoya. Mais étonnement, il ne fit rien de méchant, il reposa mon livre en répliquant :

-J'voulais juste savoir moi...

-Ouais, bah maintenant du vent ! S'énerva Lola qui en passant me racontait le « résumé » du nouveau livre qu'elle avait lu hier.

Enfin...résumé de trois heures. En gros, elle me racontait toute l'histoire. Mais je m'en fiche, je ne comptais pas le lire ce livre. Et puis, maintenant, il n'y aurait plus de suspens, je sais déjà qui est le tueur et avec qui le perso principal fini.

-Hey Max ! Lâche la blondinette à lunette et la baleine agressive là ! S'exclama Harold, son meilleur ami.

Bien entendu, il parlait de moi et Lola. Il passa sa main dans ses cheveux bruns pour se recoiffer. Oui, môssieur doit faire attention à son apparence, c'est vrai. Il est tout aussi exaspérant que Maxim et tout aussi populaire auprès des filles. Elles se dandinent devant lui pour lui plaire, mais faudrait leur dire un jour qu'elles ressemblent plus à des dindons qu'à des sirènes en faisant cela. Je ne réponds pas à sa provocation, alors que mon amie, elle, part au quart de tour en se levant :

-Bah éduque-le mieux ton petit chienchien si tu veux qu'il arrête de tournée autour de la « blondinette » !

Vous vous demandez d'où vient ces surnoms débiles ? En réalité, la baleine agressive désigne Lola, car elle est très colérique et un peu enveloppée. Mais elle l'assume pleinement. Elle se vante même que ça lui tient plus chaud l'hiver et que pour dormir, ça fait un coussin en plus. Et puis, jamais elle n'abandonnerait la nourriture pour un ventre plat. Tout comme moi, l'amour est pour elle une chose futile et sans intérêt.

Quant à moi, je n'ai pas forcément de description type. Je parle rarement, je préfère ne pas être trop proche des autres, car la populace est égale à problèmes. Donc, la seule chose qu'ils savent sur moi c'est que j'ai les cheveux blonds, raide, long jusqu'aux milieu du dos et des lunettes brunes sur mes yeux bleu-gris.

Enfin, Maxim s'en va en faisant bien attention que ses cheveux blonds soient redressés vers le haut. Il me lance un dernier regard de ces yeux bleu océan qui aurait fait crier des centaines de fille, mais pas moi. Je continue alors à écouter Lola avec un grand sourire. Puis, je pique un fou rire lorsqu'elle commence à hurler qu'elle veut tuer l'un des personnages de l'histoire.

Les seuls moments où elle m'a vu m'énerver était d'ailleurs contre certain auteur qui décidait du jour au lendemain de faire mourir mon personnage préféré. Je ne supporte clairement pas ce genre de frustration. Je suis heureuse de pouvoir partager ce genre de problème avec une grande lectrice comme Lola. Et dire qu'au départ, elle et moi, ce n'était pas l'amour fou.

La première fois que je l'ai rencontrée, c'était devant une machine à café de l'Université. On s'était disputée pour avoir le dernier café-chocolat. Au final, on l'avait renversé très adroitement sur notre dirlo...autant vous dire qu'on s'est calmé direct. Notre teinte a viré au blanc mouton, alors que celui de notre cher directeur est devenu rouge coquelicot.

Pour punition, on avait dû aider le concierge à nettoyer l'établissement...à croire qu'on est encore au collège. Bref, comme on s'ennuyait beaucoup, on avait fini par faire une bataille d'eau avec les chiffons. Le pire c'était qu'au final on l'avait fait avec le concierge ! Bon, après il a fait le méchant en se barrant et nous laissant tout nettoyer derrière-lui.

Elle et moi, on a sympathisé dès ce jour et depuis, on est tout le temps ensemble. On est les deux passionnées d'écriture et on n'est pas intéressée par les garçons, mais par les barres de chocolat. Ma Lola est mon garde du corps parfait ! L'amour ne m'intéresse pas, car j'ai appris que quoiqu'il arrive, l'amour dans les histoires ne sera jamais comme celui de la réalité. Je le vis à travers mes livres et ça me va très bien. Je ne veux pas être déçu, alors je ne le recherche pas et il ne me cherche pas...enfin...jusqu'à ce jour.

* * *

A droit ? A gauche ? Tout droit ? Mais qu'est-ce que j'en sais moi ! Super journée, je me suis ennuyé à mourir dans ce fichu stage, le seul truc amusant ? Voir Jean, mon responsable pour cette journée, se renverser un café noir sur sa chemise blanche immaculée qui allait parfaitement bien avec son caractère, pour ensuite, paniquer comme un fou se disant que c'était la fin du monde.

Il m'a fait bien rire à s'affolé et je ne l'ai jamais vu autant parler de la journée ! Heureusement que son acolyte Karl lui a « sauvé la vie » en lui passant sa belle chemise rouge foncé. Il avait marmonné que le rouge ne lui allait pas mais avait préféré la chemise rouge à la chemise mickey.

Jean est très gentil, mais très froid, d'où le fait que le blanc lui va à la perfection. Il a par ailleurs, des yeux gris très clair, ce qui le rend encore plus glacial, mais ses cheveux ébènes le rend plus vivant, on va dire. Les traits de son visage son impeccablement dessiner, lui donnant un air dur et sérieux.

Ses très fines lèvres le rendaient très masculin et je pense que beaucoup de filles l'aurait trouvé intéressant. Elles auraient fantasmé d'un soir resté trop tard au bureau, il soit là et que les choses dérapent, ils s'avoueraient un amour charnel interdit à la cul-cul la praline, ennuyant qui me fait vomir des arcs-en-ciel.

Mais je ne peux pas nier qu'il est très gentil. Il ne m'a jamais grondé malgré mes multiples bêtises, comme imprimer le plafond en oubliant de fermer l'imprimante ou encore en recherchant l'un des contrats les plus importants de l'entreprise dans la poubelle dans laquelle je l'avais jetée en le prenant pour un vieux dossier. Je ne suis vraiment pas faite pour le marketing. Il ne m'offrait certes, aucun sourire, ni belle parole, mais ne s'énervait pas contre moi.

Quant à Karl, il est marrant, même si je n'ai pas eu non plus beaucoup de contact avec lui. Il s'est amusé à imprimer dix fois le plafond après ma bêtise, ce qui a beaucoup énervé Jean. Mais malgré ça, il est resté très calme. Il est un peu son contraire, il a une chevelure châtain clair et des yeux marrons très foncé toujours rempli de malice. Son teint est réchauffé, contrairement au glaçon qui est blanc comme un nuage.

Même si la journée était pénible, au moins les personnages étaient intéressants...sauf lorsque Jean me parlait de finances. Là, c'était les heures les plus ennuyantes de ma vie...hocher de la tête lentement tout du long pour lui faire croire que je l'écoutais, alors que j'avais déjà décroché depuis dix minutes. Je vous jure, ça muscle la nuque. J'avais donc prétexté devoir partir pour pas louper mon train.

Et maintenant ? Je suis perdue dans spootnikville ! Oui, car j'ai oublié le nom infâme de cette ville, je n'ai d'ailleurs jamais cherché à le retenir. Tout ce que je souhaite actuellement ? Rentrer chez-moi et ne plus jamais remettre les pieds ici. Et bien entendu, comme si ça ne suffisait pas...le ciel a décidé de me pleurer dessus !

Mais je sais pas moi ! Bois un chocolat chaud au lieu de pleurer, sérieux ! Tu ne pouvais pas attendre que je rentre ? Ah...je n'aurais pas dû m'énerver, maintenant le ciel m'offre un nuage de compagnie : Le brouillard. Je soupire exaspérée. C'est clair qu'ici le mauvais temps vient vite. Trop vite. J'arrive de plus en plus dans des ruelles sombres. Quelque chose me dit que je m'enfonce et que la sortie est très loin de là où je suis. Yes ! J'adore. Déjà que de base, mon sens de l'orientation est limité, mais si en plus on me brouille la vue ça ne va pas le faire.

Je soupire de désespoir et tapote sur mon téléphone pour trouver un wifi. Je désespère à en trouver un depuis que je suis sorti de ce stage, mais visiblement, je suis dans sans-wifi ville ! Peut-être que les gens d'ici sont wifiphobe ? Je grommèle en mettant finalement ma capuche sur ma frêle tête. Je sens tous mes os se tremper un à un. Oui, car ce n'est pas le petit ciel pleurnichard hein, non, c'est la grosse floppée de larme. T'as rompu avec le soleil ou quoi ?

Ah bah bingo ! Le soleil se couche. Bon, alors si l'on résume, je suis dans sans-wifi ville, dans la pluie, avec un nuage de compagnie alors que le soleil a décidé de se faire la malle. Vive la vie ! En marmonnant des prières pour que mon téléphone ne meurt pas alors que le pourcentage était plus que faible, je me cogne la tête contre quelqu'un.

Je relève alors mes yeux bleu-gris pleins d'espoir. Je fais un bon de surprise lorsque je tombe sur deux pupilles rouge sang. Ces yeux qui m'effrayaient avaient aussi une étrange attraction. Je n'avais jamais vu des yeux pareils. Un albinos ? C'est alors que je sentis une main sur mon épaule.

-Vous allez bien ? M'interrogea une voix rauque d'homme.

Je secoue la tête et en rouvrant les yeux, les pupilles rouges laissèrent place à une couleur noisette. Je recule de quelque pas perturbée alors qu'un jeune homme me fixe. Il a des cheveux bruns, coupé court et légèrement remonté vers le ciel. Une personne tout aussi étrange que banal. Du peu que j'arrive à voir, il est vêtu d'un veston en cuir léger, le rendant très élégant ainsi que des chaussures cirées. Il a l'air de quelqu'un de soigneux et pour la première fois, cet homme me fait de l'effet...il m'attire irrémédiablement !

Comme dans ces histoires à l'eau de rose où la jeune fille frêle et timide tombe amoureux du beau gosse et bien sûr bad boy du quartier. Mais un amour ne peut pas naître d'un seul regard, en tout cas, moi je n'y crois pas. Le coup de foudre n'existe que lorsque la foudre tombe amoureux de la terre. Quant à ce mec louche, il a une aura spéciale qui me perturbe, mais je finis par répondre :

-Ou...oui, enfin, pas vraiment, je me suis perdue...vous sauriez où est la sortie de sans-wi...euh...de cette ville ?

Il a un sourire arrogant, ressemblant à celui de Maxime et s'approche d'un pas de moi. Il était aussi trempé que moi et refusait de mettre sa capuche. Sûrement par coquetterie. J'avais raison. Une pougnette comme Harold. Il répliqua :

-Je peux t'aider à trouver la gare si tu veux, mais on pourrait juste aller se réchauffer dans un bar avant ? Je dois aussi prendre cette direction, mais je suis frigorifié, peut-être qu'avec un peu de chance, le temps sera plus clément après un petit verre.

J'hoche de la tête bien que je me disse que ce n'était clairement pas une bonne idée. Je rencontre un pur inconnu qui me propose d'aller dans un bar pour se « réchauffer » et qui en plus va dans la même direction que moi et moi, je me dis « oh chouette ! Un chocolat chaud ! » ? Une fille saine d'esprit aurait refusé poliment l'offre pour trouver de son propre chef son chemin, mais étant donné ma situation désespérée et mon sens de l'orientation définitivement porté disparu, je décide de laisser ma naïveté et mon désespoir le suivre.

De plus, bien qu'il soit étrange, il n'avait pas l'air méchant. Mais t'es idiote ! C'est exactement ce que se dise les filles avant qu'elles ne se fasse kidnapper ou violée ou je ne sais trop quoi ! Mais c'est trop tard pour faire marche arrière, me voilà dans cet étrange bar. C'est encore plus bizarre qu'en quelques secondes, on tombe sur un bar...

Il était plutôt chaleureux et assez vide, probablement à cause du temps. Une lumière jaunâtre illuminait la salle, des tables rondes avec des chaises en bois étaient parsemées un peu partout. Ce bar était semblable à ceux dans les westerns, avec un immense miroir au fond, un piano noir dans un coin de la pièce et un beau billard qui était placé au centre. Un bar longeait le côté droit de la pièce et des couleurs bleus et vertes illuminaient le comptoir. Des tabourets rouges était côte à côte prêt à recevoir des humains, alors qu'au fond de la salle, une porte marronne avec une petite pancarte indiquait les toilettes.

On s'asseye sur un tabouret et le barman vient pour commander. Il avait une moustache très soignée et une légère barbe brune, ainsi que des cheveux ébouriffés. Ses yeux foncés paraissaient fatigués et lasses de ses journées. Malgré l'aura western, j'avais le sentiment que c'était un bar assez chic. Soudain, le jeune homme inconnu qui m'accompagnait me sourit :

-Tu veux quoi ?

-Un thé froid. Répondis-je simplement me refusant à l'alcool avec un total inconnu.

Il se tourne vers le barman et prit un whisky pour lui. Je vis clairement qu'il paraissait à l'aise et détendu. Je suis sûr que plusieurs femmes auraient commandé de l'alcool et auraient probablement tenté de l'avoir dans leur lit. Je questionne soudainement :

-Ce n'est pas la première fois que vous venez ici, je me trompe ?

Il tourne une tête surprise vers moi. Je suis aussi étonnée que lui...de moi-même ! Je suis plutôt timide en général, surtout avec les jeunes de mon âge, car effectivement, il a l'air d'avoir le même âge que moi. Donc, j'essaye d'éviter de parler, parfois, la curiosité prend le dessus, mais en général je me retiens. Ou il m'arrive, c'est vrai, de répliquer mes pensées à voix haute...chose très embêtante si vous voulez mon avis...comme dire à Lola que son personnage préféré est moche et sans charisme. Elle m'a boudé pendant une semaine.

-Non, tu as entièrement raison. Répondit-il me sortant de mes pensées. J'aime beaucoup ce genre de bar. En fait, tu peux me tutoyer tu sais.

J'hoche alors de la tête surprise de cette soudaine façon familière de me parler. Un piège ? Et puis, moi je ne t'ai pas permis de me tutoyer, donc tu vas immédiatement ravaler tes paroles ! Je lui aurais probablement sortis ça si j'étais Lola. Le barman nous apporte le tout et je le remercie poliment, contrairement à mon voisin qui commença directement à déguster son verre. Je vois alors que le prix de la boisson est juste hallucinant sur la quittance ! Mais qu'est-ce qui m'a pris d'acheter ce thé froid dans un tels endroit ? Ce mec veut-il me ruiner ?

-C'est bon, je t'offre le verre, ne fait pas cette tête. Rigola-t-il en remarquant ma grimace, alors qu'il avait toujours le verre posé sur ses lèvres.

Je rougis, mal à l'aise de mon impolitesse. La discrétion n'a à vrai dire, jamais été mon fort. Non, ce mec ne veut pas me ruiner, il veut m'emmener dans son lit ! J'en étais sûr ! Un pervers ! Dois-je partir en courant ? Non, quand même...imagine si en fait c'est juste un gentil garçon ? T'as vu son sourire narquois ? Et cet air de bad boy ? Non, clairement, ce type doit être un don juan à la Harold...peut-être même qu'il ne sait pas où est cette fichue gare !

-En fait, tu t'appelles comment ? Me demanda-t-il en posant son Whisky.

Devais-je réellement donner mon prénom à cette être plus qu'étrange ? Autrement, je lui dis que je m'appelle Bernadette licorne, que je suis pressée et là, je m'enfuis en courant. Pourquoi les filles rêvent de ce genre de situation ? C'est stressant, effrayant et déboussolant ! De plus, l'attraction que je ressens pour lui refuse de s'envoler...mais qui est ce type ! Je décide à nouveau de laisser ma naïveté ressortir, me disant qu'au point où j'en suis...

-Je m'appelle Jennifer Horney et toi ?

Il eut un petit sourire. Le même que la première fois que je l'ai vu. Un sourire arrogant. Ce mec devait vraiment être sûr de lui et...très agaçant. Cependant, il avait aussi l'air très gentil et pour le moment, j'avais intérêt à ne pas me plaindre de sa compagnie. Il venait de m'offrir un thé froid de luxe avec une compagnie jusqu'à la gare. Attend...je le défends maintenant ? Si ça se trouve, c'est un psychopathe qui va me manger toute crue !

-Moi, c'est Lucifer.

Okay...là, ça devient vraiment chelou. J'explose littéralement de rire, devant son air étonné. Il devait plaisanter hein ? Ne me dites pas que je suis tomber sur le seul échappé de l'asile ? Etrangement, il ne se vexe pas, il rejoint mon rire, probablement amusé par ma réaction.

-ça fait souvent cet effet quand je dévoile mon prénom. M'avoua-t-il.

Je hoquète de surprise. Donc, il ne plaisantait pas ? Je souris d'un air intéressé :

-C'est un prénom original...tu sais pourquoi tes parents ton appelé ainsi ?

Je crois voir de la tristesse dans son regard. Avais-je dit quelque chose de mal ? Était-ce parce que je m'étais moquée de lui ? Ou parce qu'il a souffert de son prénom ?

-Oh, ce n'est pas mon père qui me l'a donné...

Je suis intriguée par sa réponse, mais je dois avouer que je n'ose pas en demander plus sur ce sujet. Je ne suis qu'une inconnue pour lui, je me vois mal devenir sa psychologue en une heure. Et puis, comme je l'ai dit, il peut très bien être un pervers à la noix de coco. Je finis mon thé froid et lui son whisky. Le temps décide enfin de se calmer. Il a trouvé les mouchoirs, c'est bien ça !

Cependant, il a oublié de reprendre Médor le nuage. On marche donc dans le brouillard. Il me pose des questions sur ce que je faisais. Je lui explique mon rêve, ma venue ici, mon père et son opposition à mon rêve. Je veux être écrivaine...et ça, il n'a jamais compris à quel point j'étais déterminée pour le réussir.

-Une rêveuse ? Sourit Lucifer d'un air amusé.

Je lui rendis son sourire. Pour finir, il est plutôt sympa. C'est facile de parler avec lui, je ne saurais dire pourquoi. Même le fait qu'il soit attirant ne m'effraye plus. Finalement, c'est quelqu'un de totalement banal, les pupilles rouges que j'ai vus au début devait être un jeu de lumières.

Nous arrivâmes rapidement devant la gare, alors que je me plaignais de mon père. Il parait intéressé par ce que je raconte. Il a réussi à percer ma carapace en seulement une heure et à faire ressortir mon côté moulin à parole. Oui, il peut m'arriver de parler énormément lorsqu'on me met dans une situation où je suis à l'aise. Parfois, ça épate même Lola.

-Et l'amour ? Me questionna-t-il finalement après ma dernière plainte.

Je cligne plusieurs fois des yeux comme si ce mot m'était totalement inconnu. Il faut dire que les seules fois où je parlais d'amour, c'était avec Lola lorsqu'on était trop heureuse que nos personnages favoris de nos séries favorites terminaient enfin ensemble. Je finis par balbutier :

-Eh...eh bien...je dirais que je la vis dans les livres. L'amour est trop compliqué dans la vraie vie. Ou, comme dirait Lola, j'aime le chocolat !

Lucifer fait, cette fois-ci, un sourire étrange. On aurait dit qu'il était satisfait et intrigué. Je ne saurais dire pourquoi il me l'a lancé. Alors que j'attends mon train, je lui demande :

-Comment puis-je te remercier pour ce que tu as fait ?

Son sourire s'étire. Visiblement, il avait une idée derrière la tête et ça peut-être même depuis le début. Je n'aime pas ça et j'ai peur que ce soit un pervers malgré toute sa bonté et sa gentillesse de la soirée. Pourquoi j'ai sorti ça moi ?

-Joue au supplice des sept jours.

Je sursaute surprise. Quoi ? Est-ce un jeu de sexe ? Moi qui m'attendais à tout sauf à cette réponse. Ça sonnait plus comme un ordre que comme une demande, mais je questionnai quand même :

-C'est quoi ?

Il plante ses yeux noisette dans les miens et on aurait vraiment dit qu'ils s'enflammaient. Son sourire avait l'air satisfait et moqueur. Mais malgré cet air agaçant, je n'arrivais plus à lâcher ses pupilles qui m'ensorcelaient.

-Mon jeu favoris. Aussi appelé le jeu de Lucifer, mais je préfère l'autre nom. Pendant sept jours, tu rencontreras des prétendants et un sera ton futur mari pour la vie.

J'écarquille les yeux. Je retire ce que j'ai dit ! Je suis tombé sur le seul tordu de sans-wifi ville ! Il est fou ? Il est...bizarre ? Tout, mais pas normal ! Là, Jenni, la chose la plus logique à faire, c'est répondre « Bye ! Mon train imaginaire arrive, tchou tchou, bye, bye ! ». Je balbutie :

-Euh...ouais...euh...mais...non. Enfin, si ça t'amuse, mais je te l'ai dit, l'amour pour moi est une branche de chocolat. Jamais je ne tomberais amoureuse.

Mon train arrive enfin, dieu soit loué ! Je n'aurais pas à faire le train imaginaire. Je monte rapidement dedans et jette un dernier regard vers Lucifer pour quand même le remercier, mais il me coupa :

-Ne t'en fais pas, tu tomberas amoureuse. A demain.

Je frissonne à ses dernières paroles. Demain ? Demain ? Heureusement qu'il ne sait pas où j'habite. Je soupire en repensant à ma soirée. C'était vraiment quelque chose d'étrange. Je ne veux plus jamais revivre ça de ma vie ! Je dois vraiment trouver un moyen de supprimer cette naïveté. J'y arriverais à coup de hache ou de poêle s'il le faut ! Mais je m'en débarrasserais. Enfin bref...faut que je mette cette drôle d'histoire de côté pour l'instant, actuellement, je dois me battre pour faire capituler mon père.

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