Le caractère
Je me refusais à me donner des traits de caractère particuliers, ou à en donner aux autres. Je n'aimais pas me définir d'une façon particulière, comme gentille, têtue, aimable, serviable, feignante. Les traits de caractère n'avaient aucun sens pour moi, car je trouvais qu'ils ne reflétaient vraiment que l'image que l'on voulait se donner.
Enfant c'est différent : enfant, la gentillesse par exemple est spontanée, honnête ; mais je pense qu'avec l'âge on perd ce naturel, et plus encore pendant l'adolescence, où l'on veut paraître comme ce que l'on a décidé d'être : drôle, rebelle, insolent, gentil, studieux. Les traits de caractère deviennent alors artificiels, superficiels. Maintenant et aujourd'hui, moi et tout ceux qui m'entourent, nous ne sommes que des humains, qui agissent du mieux qu'ils peuvent, qui renvoie ce qu'ils peuvent. Ce serait nous demander le monde que de fixer notre image. J'imagine cela comme une coiffure. Enfant, les cheveux sont lisses encore, démêlables et malléables, faciles. Aujourd'hui c'est différent. La tignasse n'en est plus une : elle s'emmêle au moindre coup de vent, s'abîme, s'amasse, se perd. Et voilà qu'on nous demande de finaliser et de fixer la laque par dessus cette horreur, alors même qu'on a encore le peigne coincé dedans. Non, cela n'a définitivement aucun sens ; mais je n'ai jamais prétendu que l'humain en avait un.
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