Chapitre 13 : Le spectre et la solution

Par curiosité, après la lecture de ce chapitre-ci, dîtes-moi si vous aviez compris! ;')

Chapitre 13. Le spectre et la solution

-6h00 AM, Élisabeth Queen, Manhattan, New-York-

Le lendemain matin, Sherlock avait retrouvé toute sa rationalité. Quand John se réveilla, son compagnon faisait déjà les cent pas devant le lit.

-John, je sais, j'ai trouvé! S'exclamait-il en boucle.

Encore groggy et ensommeillé, le blond se frotta les yeux.

-Tu as trouvé quoi?

-Viens, John, il nous aller rendre une petite visite au propriétaire de l'immeuble!

-Sherlock..., gémit le plus petit, laisse-moi un peu de temps, il n'est que... (il jeta un regard aux chiffres numériques sur le cadran) que... midi! Merde, il est midi? J'ai dormi tout ce temps?

-Oui. Aller, habille-toi en vitesse!

John, en voulant sortir du lit, s'emmêla les pieds dans la douillette et tomba lamentablement au sol, ce qui donna une excellente occasion à Sherlock de se moquer de lui.

-J'ai toujours jugé tes leçons de danse, John, mais aujourd'hui je me rend compte qu'il t'en faudrait peut-être même plus pour améliorer ton sens de l'équilibre.

Le blond grimaça tout en se relevant. Il remit la couverture dans le lit, puis en vitesse, enfila des vêtements au hasard. Sherlock semblait pressé, alors il n'y avait pas le temps pour la coquetterie. Il enfonça sa brosse à dent dans sa bouche tout en passant une main fugace dans ses cheveux pour les placer un minimum.

Quand il sortit de la salle de bain, il était assez fier de lui : il avait réussit à terminer de se préparer en quinze minutes top chrono.

-Je suis prêt, souffla-t-il en regardant Sherlock qui, lui, observait sa montre.

-Exactement quatorze minutes et 43 secondes, John, tu t'améliores. Allons-y.

Quand ils furent dans le couloir de l'hôtel et que John n'entendit rien sauf le silence, il se rendit compte que quelque chose clochait. Quand ils ne croisèrent personne en se rendant jusqu'à l'accueil, ses doutes se confirmèrent et, finalement, quand ils mirent le pied dehors, il eut envie d'étranger Sherlock avec son écharpe. À l'extérieur, il faisait noir. Le putain de soleil n'était même pas encore levé!

-Qu'est-ce que... Drôle de midi! Lâcha-t-il avec sarcasme. Et n'oses pas me dire qu'il s'agit d'une éclipse!

-Oh, eh bien, j'ai peut-être un peu avancé l'heure de ton cadran pour éviter que nous soyons en retard.

-Un peu? Merde, il doit être cinq heures du petit matin et tu m'as fais croire qu'il était midi!

John était hors de lui.

-Il est six heures, en fait, le corrigea Sherlock sans se laisser atteindre par sa petite colère.

-Ce qui signifie que je n'ai que cinq heures de sommeil dans le corps et que je risque d'être de très mauvaise humeur toute la journée, menaça John tout en grinçant des dents.

Sherlock héla un taxi, semblant tout à fait insensible aux menaces proférer par son compagnon. Soit il faisait la sourde oreille, soit il ne le prenait pas au sérieux ou soit il s'en fichait simplement. Peu importe, ça revenait tout au même : John était encore plus furieux. Pourtant, il aurait dû s'y attendre. Il n'était jamais à l'abri de ce genre de coup foireux avec Sherlock.

Soupirant, il s'engouffra dans le taxi jaune et fit la tête à son compagnon durant tout le trajet.

***

-7h00 AM, quartier des affaires, Manhattan, New-york-

Ils pénétrèrent dans le bâtiment de luxe et s'avancèrent jusqu'à l'accueil. Une jeune femme avec une queue de cheval était occupée au téléphone. Sherlock posa son coude sur le comptoir et lui offrit un sourire forcé, sûrement destiné à la charmer pour qu'elle lâche son combiné. La technique fonctionna plutôt bien puisque quelques secondes plus tard, la jeune fille était tout à eux.

-Que puis-je faire pour vous, messieurs?

-Nous venons voir Mr. M.

-Avez-vous un rendez-vous? Demanda-t-elle, déjà en train de regarder l'horaire des visites de son patron sur l'ordinateur.

-John, à quelle heure sommes-nous attendus, déjà? Fit le bouclé en regardant son ami, haussant un sourcil. Je te laisse t'arranger avec ça; donne nos noms à la charmante dame.

Il donna une tape dans le dos de John et s'éloigna.

-Je vais me chercher un café!

Laissant John se débrouiller avec la réceptionniste, il s'enfuit dans un couloir et, regardant à ce que personne ne le voit, il grimpa dans l'ascenseur. Voyons voir, les hommes d'affaires étaient normalement des hommes avec beaucoup d'ego. Suivant cette théorie, Mr. M. ne devait pas faire exception et son bureau devait se trouver au tout dernier étage. Il appuya sur le bouton du vingt-cinquième étage. Quelques trentaine de secondes plus tard, il débarquait dans une sorte de penthouse donnant directement sur le bureau de Mr. M.

-Mr. Holmes.

L'interpellé tourna la tête en direction de la voix. Elle provenait d'une tête dépassant du large dossier d'un fauteuil à roulettes. Sherlock marcha en direction du bureau de métal. La chaise grinça, puis tourna. Un homme lui fit face. Il était plutôt mince, peut-être dans la soixantaine et il l'observait derrière les verres de ses lunettes de ses petites yeux malins et vicieux.

-J'ai souvent entendu parler de vous, Mr. Holmes, que me vaut l'honneur de votre visite?

-Votre immeuble sur la trente-deuxième rue.

-Quelqu'un est déjà venu me voir à ce sujet, hier, c'est remarquable. Cette personne avait un remarquable parapluie. Elle m'a bien dit de vous dire que vous perdiez votre temps ici et que la solution de votre enquête n'était pas dans la tuyauterie de ma bâtisse. Vous prendrez note que je prend soin de ce qui m'appartient et que jamais il n'y aura une fuite de gaz hallucinogène dans un de mes immeubles.

-Mycroft, grogna amèrement le détective.

Pourquoi son frère insistait-il toujours autant pour se mêler de ce qu'il ne le regardait pas?

-Ah, oui, c'était bien son nom. Quant à moi, Sherlock, je déteste jouer aux messagers, alors je vais vous dire moi-même quelque chose : évitez de mettre votre truffe dans mes affaires. Je déteste cela et je vous le ferais payer à coup sûr. Je ne sais pas ce que vous recherchez dans mon immeuble de la trente-deuxième, mais vous n'y trouverez rien.

-C'est ce que nous allons voir. Si vous êtes coupable de quoique ce soit, je le trouverai et je le prouverai.

-Je ne suis coupable de rien, Mr. Holmes, vous perdez votre temps et vous me faîtes perdre le mien.

-Alors nous n'avons plus rien à nous dire.

-Bonne journée, Mr. Holmes.

-Vous de même, se força-t-il à dire avant de tourner les talons.

Il ressortait de cette entrevue avec un énervement pire que hier. Il trouva John toujours à l'accueil qui se débattait avec deux agents de sécurité. Il passa devant eux.

-Ce n'est plus la peine de le retenir, messieurs, nous partons. Tu viens, John?

L'ancien militaire se fit relâcher et, époussetant sa chemise, il suivit Sherlock à l'extérieur par la porte tournante, grognant et insultant les agents de la sécurité.

-Comment as-tu pu me faire ça, Sherlock, me laisser avec cette... cette mégère! Je me suis engueulé avec elle au sujet d'un présumé rendez-vous inexistant et elle a finit par appeler ces... barbares!

Cependant, Sherlock ne l'écoutait que d'une oreille, voire pas du tout. En réalité, son entrevu avec Mr. M. l'avait profondément frustré, car il était forcé – au vu des observations qu'il avait faites – d'admettre que, en dépit des affaires louches dans lesquelles il trempait sûrement, l'homme de business était tout ce qu'il y avait de plus innocent dans le meurtre de Sherrinford. Encore plus énervant, sa théorie selon laquelle une fuite de gaz faisait halluciner les habitants de l'immeuble tombait à l'eau.

-Pourtant, c'est forcément une drogue...

-Quoi, que dis-tu?

-C'est forcément une drogue, John. J'ai été drogué et c'est pour ça que j'ai cru apercevoir un fantôme. Je croyais que c'était une fuite dans la tuyauterie, mais je me suis trompé.

John écarquilla les yeux.

-Tu admets t'être trompé? Vite, je dois célébrer ça avec une bouteille!

-Calme-toi sur l'alcool, John, il n'est que 6h30.

-Alors, je prendrai un café!

-Le café! C'est cela, le café!

-Quoi, hein?

-Il nous faut retourner à l'immeuble, John, vite!

Sachant que Sherlock ne lui fournirait pas d'explication – du moins, pas toute suite, car il finirait sûrement par lui exprimer tout son génie à un moment ou un autre – avant qu'ils ne soient devant les faits, John se contenta de soupier et, fourrant ses mains dans ses poches, il suivit son compagnon dans le taxi qu'il venait d'appeler.

***

-7h00 AM, 32th street, Manhattant, New-York-

Sherlock courut chez Barbara Rosewoods. Dès qu'elle lui ouvrit, il s'engouffra dans sa modeste demeure, puis dans la cuisine. Il fouilla les armoires jusqu'à trouver le pot contenant le café. Il l'ouvrit et le respira à plein nez. Il mouilla son doigt, le trempa dans la caféine, puis goûta les grains de café moulus collés à sa peau. Il ferma les yeux pour mieux se concentrer, puis il les rouvrit.

-Je le savais, John, c'est le café!

Légèrement essoufflé, le blond le rejoignit juste derrière.

-Qu'as-tu donc trouvé?

-C'est le café, John, c'est le café qui est drogué!

-Tout cela est ridicule, fit Barbara, je n'aurais jamais drogué mon café...

-Pas vous, madame, rassurez-vous, la coupa Sherlock, je soupçonne quelqu'un d'avoir glissé une substance hallucinogène dans votre café, une personne qui savait que vous en offriez régulièrement à tout les gens de l'immeuble.

-Qui aurait pu faire une telle chose? Demanda Barbara sur le point de perdre connaissance.

-Procédons par élimination. Mr. Hamilton est hors de cause : il prend toujours son café dans une grande chaîne le matin – voilà pourquoi il n'avait jamais aperçu le fantôme – et ne vient ici que pour dormir, il n'a donc techniquement, jamais eu de contact avec vous et donc aucune occasion de droguer le café. C'est pareil pour Mr. Jackson : il boit du thé et pas du café. Quant aux autres, ils consomment tous du café, mais aucun ne vient vous le réclamer; c'est toujours vous qui, dans un élan de générosité, allez leur en offrir.

-C'est juste.

-Il ne reste qu'une personne qui aurait pu, qui a eu l'occasion de droguer ce pot. Une personne qui venait chez-vous. Sherrinford Holmes.

-Mais il est mort! Intervient John.

-Ça ne veut rien dire. Il a simplement fait son coup avant de mourir.

-Mais pourquoi donc faire une telle chose?

Sherlock demeura aussi silencieux qu'une tombe : il n'en savait rien. D'un pas vif, il sortit de l'appartement sans demander son reste. Il avait besoin de faire l'inventaire de ses pensés.

Mr. Hamilton, sous narcotiques et puissants somnifères qui le rendent incapable d'élaborer un meurtre comme celui de Sherrinford. De plus, il n'est jamais chez-lui.

Barbara Rosewoods, beaucoup trop vieille pour forcer un homme comme Sherrinford à monter sur un toit pour le tuer ensuite. Simple victime innocente.

Isabelle Jackson, son état de femme enceinte ne lui permet pas d'aller tuer un homme. Beaucoup trop dangereux pour le bébé.

Jack Jackson, même si tout le bruit que faisait Sherrinford le dérangeait profondément, il tient beaucoup trop à sa femme pour courir le risque de finir en prison.

Mitchel Hogwart, déprimé et tout simplement trop drogué pour élaborer un quelconque meurtre.

Samantha Chence, beaucoup trop préoccupée sur le plan sentimentale pour avoir le temps de penser à un meurtre. Plus, son job d'infirmière lui gobe tout son temps.

Sabrina Clarence, vit des temps durs avec son petit copain et donc n'a pas la tête à élaborer un meurtre. Également occupée par son travail.

Tous. Ils étaient tous complètement innocents. Incompréhensible. Incompréhensiblement frustrant!

-Tous foutrement innocents!

John posa une main sur son épaule.

-Sherlock, appela-t-il, Sherlock, et si tu m'expliquais un peu?

Aller, expose-moi tout ton génie, ça va te détendre et je sais que tu en as besoin. Sherlock ne se fit pas prier.

-Commençons par le début, John, tu veux bien. Sherrinford a l'habitude de se rendre chez Barbara pour discuter, il se montre charmant et la vieille dame tombe sous son charme. Un jour, il prétend vouloir lui rendre la faveur et propose de lui faire un café. Bien sûr, elle accepte. Il en profite pour glisser de la drogue dans le pot de café. Progressivement, tout le monde finit par en ingurgiter. Sherrinford prétend ensuite avoir vu un fantôme, il le décrit aux autres avec les traits de Feilong et rajoute des détails effrayants.

» Par la suite, le moindre craquement de plancher se transforme en hurlement sinistre sous les effets des hallucinogènes. Les curieux qui osent ouvrir la porte de leur appartement hallucinent le fameux fantôme chacun leur tour. Ils le voient comme Sherrinford leur a décrit, car c'est ce qu'ils s'attendent à voir, comme moi, comme je m'y attendais. Ils en parlent entre eux, renforçant l'illusion à chaque fois. Le véritable spectre, c'est en fait Mr. Hamilton. À cause de son stress et des somnifères qu'il prend, il est somnambule durant la nuit. Cependant, tout ce bruit qui dérange les occupants de l'immeuble nuit après nuit, ce n'est pas de son fait. C'est Sherrinford qui rentre à des heures déraisonnables et qui fait exprès pour faire du brouhaha, histoire de renforcer son histoire de fantôme. Sabrina et Samantha sont persuadées qu'il est aussi silencieux qu'un agneau, car elles pensent toutes les deux que le bruit est dû au spectre. Jack Jackson n'est pas aussi naïf, tout simplement, car il n'est pas sous les effets de la drogue, lui.

-Alors, Sherlock, comment expliques-tu que, toi, tu aies vu le fantôme, mais pas moi?

-C'est simplement parce que tu avais évacué la drogue de ton organisme en allant aux toilettes.

-Il ne reste qu'un détail que je ne comprend pas, Sherlock.

-Quoi donc?

-Pourquoi?

-Pourquoi quoi?

-Pourquoi faire tout ça? Pourquoi élaborer tout cela? Ce n'était forcément pas pour les voleurs. Et quel lien avec le meurtre de Sherrinford si tout ceux que nous soupçonnions s'avèrent être innocents?

Sherlock réfléchit durant quelques secondes, passant une main dans sa chevelure brune.

-Quand l'impossible a été éliminé, aussi improbable que ce soit, ce qui reste est forcément la vérité, murmura-t-il.

-Que dis-tu?

-Ce n'était pas un meurtre, John, c'était un suicide.

La révélation s'abattit sur eux comme le grand coup final d'un dernier acte d'un théâtre célèbre. La vérité s'imposa à eux, implacable. Ils demeurèrent silencieux durant un moment.

-Mais, Sherlock, si Sherrinford voulait mettre fin à ses jours, pourquoi avoir créé toute cette histoire de fantôme, lui avoir donner les traits de Feilong – alors que, normalement, il ne serait même pas supposé le connaître – et avoir mis tant de théâtralité dans sa mort. Pourquoi tout ce sens du spectacle?

-Parce que... parce que... il a demandé de l'aide à quelqu'un d'autre, un consultant.

Au même moment, le portable de Sherlock vibra dans son manteau. Méfiant, il lut le texto qu'il avait reçu :

As-tu finalement compris, honey? Tu es toujours aussi long à la détente, c'est fort dommage, je le regrette. Viens, ce soir me rencontrer au Central Park si tu souhaites comprendre. Je t'aurais bien dit de venir seul, mais ton chien de poche Johny-boy te suivra partout de toute façon. xox Moriarty.

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