Cet été là fut à la fois le pire et le meilleur.
Débordant de larmes mais aussi d'amour.
Toute la famille était réunie, la solidarité et l'union étaient presque palpables.

Évidemment, j'avais laissé tomber l'idée du coming out. C'était le pire moment pour annoncer quelque chose comme ça.

Deux jours avant de repartir chez nous, vers la fin des vacances, je suis allé.e voir Grand Père, dans le jardin, et je me suis assis.e à côté de sa tombe comme j'avais pris l'habitude de le faire.

Les mots ont mis du temps à sortir.

J'aurais voulu te le dire en face. C'est pas du tout comme ça que j'imaginais la conversation.

Je suis pas une fille, Dédé. Et je m'appelle plus Caroline. Ça fait un moment que je veux en parler mais avec tout ce qui s'est passé...

Je suis pas un garçon non plus, si jamais tu te demandes. Je suis ni l'un ni l'autre. Et je m'appelle Charlie.

Je sais que tu m'aurais accepté.e et soutenu.e, mais j'aurais tellement préféré qu'on s'échange nos mots en vrai.
Je voulais juste te le dire. Puisque j'ai pas pu le faire avant.

Et je crois que c'est là que ça m'a frappé.e et que j'ai pleuré plus fort.
Jamais Grand Père ne pourra m'entendre lui dire que toute la famille qu'il a aidé à construire a merveilleusement réagi à mon coming out, un mois plus tard. Jamais il ne pourra m'entendre pleurer de joie dans le téléphone en disant que mon changement de prénom a été accepté.

Mon grand père était mort sans savoir qui j'étais vraiment.

J'ai compris que je ne pouvais plus laisser une occasion passer.

C'est une des raisons qui m'a poussé.e à me dévoiler au lycée à la rentrée.