La suite est assez floue, mais plutôt chouette.
Je me rappelle pas vraiment d'événements particuliers qui me faisaient me sentir bien, mais disons que je faisais mon entrée dans une période assez agréable de réponse à mes questions.

J'avais compris pourquoi je me sentais mal, pourquoi je me détestais, pourquoi je pleurais. Je découvrais les raisons de ce mal-être persistant et je réalisais que d'autres personnes l'avaient vécu aussi. Je n'étais plus seule. Je n'étais plus perdue.

Et à présent, j'avais la possibilité de trouver des solutions à ce qui n'allait pas.

J'ai commencé à utiliser les pronoms neutres, ael. À l'écrit, à l'oral c'était plus galère.

J'ai fait un pseudo-coming-out ici, sur wattpad, en octobre 2017.

Et en février 2018, je l'ai annoncé à mes parents.

J'avais mis des semaines à rédiger la lettre, au final elle faisait quatre pages. Je détaillais, je décrivais beaucoup, j'avais même mis des illustrations, la totale. J'étais à deux doigts du powerpoint.

Mon père a lu deux lignes et a relevé la tête pour me dire que « on en a déjà parlé blah blah blah ». Mon coeur a battu plus vite, mais ma mère l'a un peu poussé pour qu'il continue de lire. Elle a fini la première et a attendu mon père en me regardant avec un sourire très calme et ses yeux un peu plissés, j'ai eu l'impression qu'elle était reconnaissante, fière, peut-être ?

Ils ont compris. Mon père un peu moins, je crois, mais il acceptait.
Il a même demandé si je voulais changer de prénom, mais sur le moment c'était confus et indécis, alors j'ai dit que non, mon nom de naissance me convenait.

J'étais rempli.e de joie d'être accepté.e et conscient.e de la chance que j'avais d'avoir des parents comme les miens. J'avais vu trop de témoignages de personnes éjectées après leur coming out et même si je savais que ma famille ne ferait jamais une chose semblable, il y avait eu un bon moment d'appréhension. Quand tu vois toutes les horreurs qui arrivent parfois dans la vie de personnes à cause de quelque chose qu'elles ont en commun avec toi, inconsciemment tu as peur que ça t'arrive un jour.

Le temps a passé, tout se passait bien. Pour être honnête, il n'y avait aucune différence de comportement venant de mes parents, c'est comme s'il ne s'était rien passé, mais pas dans un sens négatif. À part certaines fois où je devais corriger les « ma fille » et autres.

Et puis j'ai commencé à me poser des questions sur mon prénom. Et ça bloquait plus que prévu.