Travel.

Ce matin-là, Améthyste s'était réveillée particulièrement tôt. Son esprit encore encombré de sa rencontre de la veille, elle s'était tranquillement préparé pour une journée lambda à l'université.

Lorsqu'elle n'était pas à la librairie, elle était tenue d'assurer ses études.

Elle se souvient encore, quatre ans en arrière, à peine était-elle arrivée en Angleterre, que déjà la jeune Améthyste avait tenue à obtenir un diplôme en langues et lettres étrangères.

De par son envie de parcourir le monde et son implication dans la diversité, elle était fasciné par ce que cette licence pouvait lui apporter, de jour en jour. Et elle ne regrettait aucunement son choix de parcours.

Ses pas rapides sur le sol du campus firent se retourner quelques yeux curieux. Car ce matin là, malgré toute la bonne volonté et l'assiduité dont elle faisait preuve, Améthyste était en retard à son premier cours de la journée.

Cela ne lui arrivait que très rarement et aujourd'hui, était un des jours où la chance n'était clairement pas de son côté.

Après une énième bataille avec sa garde-robe afin de convenir de sa tenue du jour, elle avait dû affronter la tempête Adonis et ses dizaines de questions et recommandations sur la journée à venir. Lorsqu'elle eût enfin réussi à sortir de la maison, n'emportant qu'une pomme en guise de petit-déjeuner, elle dû courir jusqu'à son arrêt pour avoir son bus à temps. Bus qui, bien évidemment, était passé trois minutes plus tôt ce matin-là. Et alors qu'elle pensait que son début de journée ne pouvait pas être pire, son grand esprit rêveur l'avait amené à louper son arrêt, l'obligeant à marcher une vingtaine de minutes de plus afin d'atteindre son campus.

Autant dire que son moral, autant que son degrés d'agacement, n'était pas au beau fixe.

Elle atteignit finalement l'amphithéâtre dans lequel se tenait son premier cours. Une main sur la porte battante, elle ne fit pas de suite attention au professeur qui la fixait, souriant.

Elle gravit les petites marches menant aux places du fond, nullement décontenancé par le lourd silence et le regard des nombreux étudiants sur elle.

Maintenant qu'elle y pensait, depuis quand l'amphithéâtre du premier cours était-il aussi silencieux ?

Son regard parcourut alors la pièce, pour finalement s'arrêter sur la seule paire d'yeux qu'elle n'avait eu envie de croiser ce matin-là.

Debout, devant le grand tableau de l'amphithéâtre, les mains jointes derrière le dos, un sourire joueur et son fier noeud papillon bien en évidence, le professeur l'observait d'un oeil amusé.

"Bien, maintenant que mademoiselle Améthyste s'est résignée à nous rejoindre et à s'installer convenablement, qui peut répondre à ma précédente question ?"

Sa voix rauque emplie la salle, envoyant un millier de frissons parcourir le dos de la jeune femme. Ses joues rosirent légèrement à l'appellation de son nom, pour laquelle elle reçu de nombreux regards de la part d'autres jeunes femmes présentent au cours.

Évidemment, le charme du Seigneur du Temps n'était pas passé inaperçu auprès des femmes du campus. Depuis qu'il s'était présenté aux portes de l'université ce matin-là, en temps que nouveau professeur de lettres, il avait reçu de nombreux regards subjectifs à son égard, et même, quelques numéros de téléphone.

Le cours se passait doucement. Bien trop lentement pour Améthyste, qui semblait plus qu'agacé par le comportement du jeune homme au noeud papillon.

C'était, pour ainsi dire, la goutte de trop dans le vase du ce matin-là.

La présence du Docteur la rendait nerveuse. Il avait cette habilité à se comporter si sereinement, qu'il semblait pouvoir obtenir la confiance et l'écoute de n'importe qui. Même de l'esprit le plus méfiant.

La jeune femme doutait encore. Elle avait d'habitude une grande difficulté à accorder sa confiance, cependant, lors de leur échange de la veille, elle avait lû dans ses yeux qu'accorder sa confiance à cet homme ne pourrait lui être que bénéfique. En quel sens ? Elle l'ignorait. Mais elle savait au fond d'elle, malgré bien des doutes, qu'il avait été des plus sincères.

Un soupire lui échappait au moment même où la sonnerie tant attendu, marquant la fin des premiers cours, résonnait dans le campus.

Les étudiants se levèrent dans une cohue infernale tandis qu'Améthyste s'empressait de ranger son laptop, dans l'espoir de sortir au plus vite de cette pièce devenue étonnement si étroite.

Elle se frayait un chemin entre les corps amassés proche du nouveau "professeur", et alors que le Docteur semblait la chercher des yeux, la jeune femme profitait de l'agitation pour s'éclipsait le plus discrètement possible en direction de son prochain cours.

Sa matinée se passait alors relativement calmement. Après le petit numéro du jeune homme au noeud papillon, elle en convainc que rester discrète était le meilleure moyen de fuir ses problèmes.

Non, le Docteur n'était pas tant un problème au fond. Mais elle, elle l'était.

Depuis son accident, très peu étaient les personnes qu'elle avait laissé entrer dans sa vie, par peur de commettre de nouvelles erreurs, toutes aussi importantes que celle qui lui avait coûté Athéna. En réalité, il n'y avait que Sophie.

Et au vue du comportement du jeune homme, elle savait qu'il ne la laisserait pas filé aussi facilement. Le fait est, qu'elle ne pouvait se permettre de prendre le risque de nouveau. Peu importe combien elle sentait qu'il pouvait être la raison de sa guérison, elle préférait encore passer son tour, plutôt que d'avoir à subir de nouveau la perte d'un être cher.

Elle prenait déjà énormément de risque avec Sophie, il était inutile de le doubler.

C'est pourquoi elle avait préféré passer son déjeuner à l'abri des regards, enfermée dans la grande librairie de l'université.

Un livre en main, un sandwich dans l'autre, elle savourait ce moment de silence absolu avant de retrouver le brouhaha du début d'après-midi.

Ses yeux parcouraient les mots de l'ouvrage qu'elle avait choisi, un à un, tandis que son esprit les mélangeait dans un ballet poétique et uniforme. Les lignes qu'elle lisait étaient divines.

Elle aurait pû en profiter davantage, bien sûr elle aurait pû s'immerger dans ses songes, comme à son habitude, s'imaginer mille-et-une merveilles propre au monde, elle aurait pû, si deux mains n'avaient pas saisi son ouvrage, la plongeant de nouveau dans ce sentiment d'agacement qu'elle tentait de fuir depuis ce début de matinée.

D'un geste brusque elle se leva de sa chaise, la laissant traîné sur le sol en marbre de la librairie dans un bruit désagréable. Rencontrant les yeux du Docteur, elle récupéra son livre d'une main, tandis que de l'autre, tenant toujours son sandwich, elle saisit son sac, et fît son chemin en dehors de la grande pièce.

"Améthyste, attend !" La voix du jeune homme lui parvint, demandante.

"Je n'ai pas de temps à vous accorder, Docteur." La jeune femme prononça ces mots à son égard, continuant son chemin à travers le couloir principale.

"Ton prochain cours ne commence pas avant 14h, il me semble logique que tu ais bien plus de temps que-" Sa voix se bloqua dans sa gorge lorsqu'il aperçu le regard étonné d'Améthyste.

"Vous connaissez mon emploi du temps ?" Les bras croisés sur sa poitrine, elle observait le Seigneur du Temps d'un oeil accusateur.

"Oh.. oh, euh... whoops... Maladroitement, il dansait sur ses pieds cherchant à expliquer son comportement. Eh bien, il se peut... que la dame du secrétariat m'ait gentiment renseigner sur cette information ce matin et-"

D'une main levée, elle lui intima de se taire, médusée.

"Vous êtes irrécupérable." Elle lâcha dans un soupire.

Alors qu'elle s'apprêtait à partir, le laissant planté au milieu de ce grand couloir, le Docteur saisit son poignet, d'une douceur incroyable, la stoppant dans ses mouvements.

"Accorde-moi cinq minutes, Améthyste. Sa voix était toute aussi douce, mais sûr d'elle, confiante. J'aimerai te montrer quelque chose."

La jeune femme releva son regard dans celui du jeune homme. Une telle douceur lui tournait la tête. Ou bien était-ce ce trop plein de pensée ?

Et puis, après tout, que pouvait bien lui coûter cinq minutes ? D'un geste de tête, elle se résigna à le suivre.

Le Docteur saisit la main de la jeune femme, comme un signe de bienveillance et de protection, la guidant au travers de nombreux couloirs.

Améthyste, les yeux rivés sur leurs mains liés, ne vit pas le jeune homme s'arrêter dans sa marche. Elle se heurta à son dos, un petit cri de surprise s'échappant de ses fines lèvres.

Un regard à droite. Un regard à gauche. Bien vite, l'homme au noeud papillon s'engouffrait dans un placard à balais.

Un sourcil levé, les bras croisés, Améthyste l'observait.

"C'est... un placard à balais ? Elle remarqua, interloquée. Docteur, c'est un placard à balais!" Elle se demandait vraiment si cet homme n'était pas complètement fou.

"C'est un placard à balais. Il répètait, depuis ledit placard. Le TARDIS ne choisit pas toujours les endroits les plus évidents. Il expliquait. Mais crois-moi, ses choix sont toujours judicieux."

Le jeune homme lui désigna d'un hochement de tête la cabine de police bleue trônant devant eux.

Les yeux rivés sur la grandeur de l'objet, Améthyste observait cette énorme boîte d'un air incertain. Devait-elle être impressionné ?

"C'est une boîte. Elle remarquait après un temps. Une boîte appartenant à la police."

"C'est le TARDIS. Et elle m'appartient."

"Il y a écrit POLICE ! Que faites-vous avec une cabine policière ?"

"Je te l'ai dit. C'est mon TARDIS. De sa hauteur, le Docteur observa la jeune femme d'un air amusé. Concentre-toi un peu, Améthyste."

"Vous savez que c'est illégal ? Posséder une cabine policière sans même être de la police !"

"Mais qui te dis que je n'en fais pas partie ?" Un sourire en coin, le Seigneur du Temps s'engouffra à l'intérieur de son TARDIS, obligeant la jeune femme à le suivre.

"Vous n'avez pas l'air d'en faire partie. Elle croisa ses bras contre sa poitrine. Une allure de clown, deux coeurs et un menton bizarre. Elle fit la moue. Définitivement, vous n'êtes pas flic."

"Eh! Mon menton n'est pas bizarre." Il s'offusquât.

"Alors, vous l'avez volé ?"

"En quelques sortes, oui."

La jeune femme l'observa. D'un même geste, leurs regards se trouvèrent et sans qu'ils ne puissent être contrôlés, leurs rires firent écho dans la grande pièce du TARDIS, s'unissant parfaitement.

Les yeux de la jeune femme parcoururent un instant l'environnement autour d'elle.

Si Améthyste pensait avoir vu, un jour, la chose la plus incroyable et la plus irréaliste qui lui eût été donné de voir, elle en doutait à présent.

Ce qui se trouvait autour d'elle, était si grand, si merveilleux et si puissant, qu'elle se demandait bien si tout ceci n'était pas simplement le fruit de son imagination.

Imagination qu'elle savait débordante ; au point d'inventer ce genre d'irréalité ?

Elle fit quelques pas en arrière, époustouflée par la beauté de la pièce qui s'offrait à elle.

"Temps À Relativité Dimensionnelle Inter Spatiale. TARDIS. Le Docteur ajoutait d'un murmure, ne voulant pas déranger la jeune femme dans sa contemplation. Ou, plus communément appelé, "la machine qui pouvait voyagé à travers l'espace et le temps"."

D'un geste fier, l'homme au noeud papillon désignait la pièce de ses mains, tournant sur lui-même et autour de la console centrale, comme un enfant dans son château fort.

Par petits pas, Améthyste progressait dans la grande pièce, sa main frôlant la console centrale d'un geste tendre, presque incertain, et de son doux regard, elle observa les alentours. Les mots se formaient dans son esprit, au creux de sa gorge, sans pour autant pouvoir s'en échapper. Elle en restait coi.

Le Docteur scrutait la jeune femme, un sourire en coin. Ô combien il pouvait être impatient d'entendre de la part de ses futurs compagnons, la façon dont sa précieuse machine était plus grande à l'intérieur qu'à l'extérieur !

Il n'avait jamais réaliser combien cette phrase était merveilleuse à l'écoute, mais, maintenant qu'il y pensait, il pourrait bien avoir envie de l'entendre pendant des heures.

Après un moment de réflexion, qui lui parût durer une éternité, la jeune femme se décida enfin:

"Qu'avez-vous en tête, Docteur ?"

Pris de court.

Elle l'avait totalement pris de court. Et il n'était pas habitué à ce genre de retournement. Habituellement, c'était plutôt "Oh mon Dieu, c'est plus grand à l'intérieur qu'à l'extérieur ! Allons voir Shakespeare !" et le TARDIS prenait son envole, joyeux de trouver un peu plus de vie à son bord.

Mais Améthyste, elle, était ce que l'on pouvait nommé la différence même. Évidemment, il aurait dû se douter que rien n'aurait été habituel.

"Tu souhaites voyager. Sa voix se fit presque un murmure. Tu semblais si triste, alors, je me suis dit que-"

"Non !" La voix de la jeune femme résonna dans la grande pièce, presque comme une supplication.

Le Docteur fronça les sourcils, son incompréhension bien visible sur ses traits.

Le TARDIS émit un faible vrombissement, comme déçue de la réponse que venait de fournir Améthyste.

"Je ne peux pas accepter, Docteur. Un soupire s'échappa de ses lèvres. Je vous l'ai dit, l'université, la librairie, Adonis ; c'est compliqué."

Elle secoua la tête, résigné, avant de tourner les talons en direction de la sortie.

"Et, si je te disais que je pouvais te ramener quelques secondes avant notre départ ?"

Ses pas s'arrêtèrent brusquement.

Intriguant.

"Je vous écoute."

Le jeune homme s'approcha d'elle, ne détournant pas son regard du sien.

"Un voyage, Améthyste. Après quoi, si tu le souhaites, je te ramènerai ici-même, quelques secondes avant notre départ. Il marqua une pause, observant la réaction de la jeune femme. Comme si nous n'étions jamais partis. Personne ne s'en rendra compte."

Dans ses yeux, l'hésitation. La proposition était alléchante. Sortir de son quotidien, découvrir de nouvelles choses, c'était ce dont elle avait le plus envie. Cependant, elle ne savait ce que pouvait lui réserver ces portes. Le bonheur, l'extase, l'émerveillement, le danger ?

"Je ne sais pas, Docteur. Elle passait une main sur son visage, lassé de toutes ces pensées. Je ne sais plus quoi penser."

Quelques larmes perlaient au coin de ses yeux. D'un geste presque instantané, le Docteur entoura ses bras autour du corps tremblant de la jeune femme, l'attirant vers lui dans un espoir rassurant.

"Laisse-moi te prouver que je peux t'aider, Améthyste. Laisse-moi te prouver que tu peux avoir confiance en moi."

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