|| Chapitre 5 : Nostalgie ||

🕊️Je ne sais pas depuis quand je suis que ce banc, mais il doit déjà être tard. Mais je ne veux pas rentrer chez moi... je n'ai pas envie d'entendre mes parents, me crier que j'ai été idiot de m'enfuir, que ça ne sert à rien de me voiler la face et que je dois accepter la vérité. Mais tout ça, je le sais, je ne suis pas bête.

Le regard vague, je regarde autour de moi. Je suis seul. Tout seul. Cela me convient. Depuis tout à l'heure, je réfléchissais comment j'allais m'y prendre pour que ma sœur retrouve la mémoire. J'avais déjà quelques idées : lui montrer des photos souvenirs. Je sais que le processus va prendre du temps, mais je n'ai pas le choix, c'est le seul moyen que j'avais.

En levant la tête, j'aperçois trois personnes que je connais trop bien : Phoebe, Matt et Sofia. Oh non ! Pourquoi maintenant ? Ce n'est pas le moment. En plus, je n'ai même pas réfléchi à la manière dont je vais m'y prendre pour leur dire ce qui est arrivé à Alyssa.

Je suis sur le point de me lever pour partir, mais mes trois amis qui m'ont repéré, viennent dans ma direction. Je ne pouvais plus rien faire... je suis cerné.

- Salut Lyam, dit Phoebe. Ça va ?

Je veux répondre, mais elle ne me laisse pas le temps.

- Et Alyss, elle va bien ? continue-t-elle.

- Elle nous a réclamé ? me questionne Sofia.

- Quand est-ce qu'on pourra la voir ? s'empresse de demander Matt.

Je peux voir ses yeux briller de joie, d'espoir et d'amour. S'il sait ce que je m'apprête à lui dire... il ne serait pas aussi joyeux. Je me lève et leur tourne le dos.

- Vous devriez vous asseoir. Ce que je vais vous dire... ne va pas vous plaire, je souffle. Je comprendrai si vous ne voulez plus me parler... je le mérite.

Je fais volte-face afin de les affronter. Les filles se sont assises, mais Matt était est debout. Je prends une grande inspiration, avant de dire :

- Je... Alyssa s'est réveillée mais... elle est devenue amnésique... elle a perdu la mémoire... elle ne se souvient plus de nous. Je suis désolé.

Je ferme les yeux. Ça y est... je l'ai dit. Soudain, une main ferme se referme autour de ma gorge. J'aperçois Matt qui se tient devant moi : ses yeux lancent des éclairs de fureur et son visage s' assombri.

- Qu'est-ce que tu insinues là ? T'es en train de me dire que la fille que j'aime ne se souvient plus de moi ? Es-tu sérieux là ?

Il resserre ses doigts sur mon cou : je commence à suffoquer. Je veux réagir, mais Sofia est plus rapide que moi.

- Matt, arrête ! supplie Sofia. Tu ne vois pas que tu lui fais mal ?!

Le copain de ma sœur me lâche. Je recule en titubant, mais les filles me rattrapent avant que je finisse par terre. Je me masse le cou. Quant à Matt, celui-ci a les bras croisés, toujours en colère. Je fais quelques pas dans sa direction.

- Matt..., je commence, hésitant. Je sais que tu m'en veux, moi aussi, je m'en veux. Ne t'en fais pas. J'ai été un imbécile, un crétin. Tu ne peux pas savoir à quel point je suis brisé. Je n'arrive même plus à me regarder dans un miroir tellement j'ai honte.

Il ne réagit et se contente de me regarder. Je m'approche encore plus : je finis par me retrouver en face de lui. Je pose une main sur son épaule.

- Mais... j'ai une idée pour sauver Lyss. Je suis déterminé à l'aider. Je suis son frère, je l'aime plus que tout. Je serai prêt à tout pour la sauver. Mais, je ne pourrais pas y arriver tout seul. Je sais que tu tiens autant à elle, que moi. Je sais qu'elle compte énormément pour toi, c'est pour ça que je te demande de l'aide... de votre aide, dis-je en me tournant vers les filles qui s'étaient approchées de nous. Ensemble, on peut la sauver. Vous êtes avec moi ?

- Absolument ! affirmèrent Sofia et Phoebe à l'unisson.

Je me tourne vers Matt : il n'a pas bougé d'un pouce. Il lève la tête et me regarde, puis m'adresse un énorme sourire. Il me fait une tape dans le dos.

- Bien sûr que je suis avec toi, dit-il.

Je lui souris en retour : je suis on ne peut plus content. Mes amis sont d'accord pour m'aider à sauver Alyssa. J'ai leur soutien. C'est vraiment génial ; je ne suis pas tout seul pour mener ce combat acharné. Maintenant, il me reste plus qu'à convaincre mes parents, ce qui ne sera pas facile. Les connaissant, je sais qu'ils refuseront. Déjà qu'ils ont perdu tout espoir qu'elle se réveille, alors pour qu'elle retrouve la mémoire... C'est mal barré. Enfin bref... ce n'est pas le plus important.

Mes amis et moi marchons dans la rue, tout en réfléchissant à ce que nous pourrons faire pour aider ma jumelle à retrouver la mémoire. Finalement, nous nous séparons, car les filles ont des choses à faire. De toute façon, nous avons prévu de rendre visite à Alyssa, demain vers 18 h 30. Sur le chemin du retour, je reçois un message de ma mère :

Maman 💖 : Coucou fiston. Où es-tu ?

Lyam 🏀 : Salut. J'arrive, j'étais avec Matt, Phoebe et Sofia. Je leur ai dit pour Alyss.

Maman 💖 : Ah super, et ils ont réagi comment ?

Lyam 🏀 : Très bien. Bon, à tout 👋

Maman 💖 : À tout.

Je range mon téléphone dans mon sac et continue ma route. Je finis par arriver chez moi. Je rentre à l'intérieur. Dans le salon, j'aperçois ma mère qui est en train de travailler sur son ordinateur. Il y a beaucoup de paperasses autour d'elle et ses lunettes sont relevés sur son nez. Elle semble concentrée. Elle lève la tête quand elle me voit :

- Oh, tu es là.

- Oui, papa n'est pas là ? je demande, car je ne vois pas mon père à l'horizon.

- Non, il est parti au travail régler quelques trucs.

- Ah, ok.

Ma mère se replonge dans ses papiers pendant que je monte à l'étage. Ma mère est comptable et parfois, elle fait du télétravail. Mon père lui, est avocat. Mes parents gagnent vraiment bien leur vie. Ce sont  des gens aisés  - qui ne manquent de rien. Enfin... ma mère c'est un peu différent... 

Quand je suis dans le couloir, quelqu'un me fonce dedans et me fait tomber par terre. Cette même personne rigole : je connais ce rire ; c'est celui...

D' Ethan, mon petit frère.

Je lève la tête pour voir la petite touffe de cheveux de mon frère. Il est trop mignon avec sa tignasse blonde, ses joues rondes et ses yeux verts émeraudes identiques à ceux d'Alyssa et moi. Quand on le voit, on peut dire que c'est un petit ange tout sage, qui ne fait pas de bêtises ; mais à la maison, c'est  - un petit diable - qui fait pleins de bêtises, qui n'arrête pas de nous embêter. Mais bon... on ne peut pas lui en vouloir, il n'a que 7 ans et demi. 

Je me mis debout et adresse un petit sourire à mon frère.

- Est-ce que tu peux m'aider à faire mon français, demande le petit blondinet avec ses yeux de chat.

Comment est-ce que je peux refuser cette proposition, venant d'un petit garçon qui ne demande que de l'aide. 

- D'accord.

De toute manière, j'ai le temps, il n'est que dix-huit heures et je n'ai pas basket ce soir, car oui, je fais du basket, et ce, depuis que j'ai six ans. En fait, le sport existe depuis toujours dans ma famille : ma mère a fait de l'équitation depuis son plus jeune âge. Elle aimait vraiment ça, mais ce n'était pas le cas de ses parents ; ils voulaient qu'elle fasse autre chose. En fait, quoi qu'elle fasse, ils n'étaient pas fiers, ils trouvaient toujours quelque chose pour la critiquer et la rabaisser. Elle ne pouvait pas faire ses propres choix, ses parents refusaient tout ce qu'elle faisait. Bon, d'accord, elle devait leur obéir, mais elle pouvait bien prendre des décisions toute seule non ? Comme elle en avait marre, à ses 16 ans, elle s'est enfuie de la maison et est partie vivre chez son oncle et sa tante qui n'habitaient pas très loin. Elle les aimait plus que ses propres parents, qui ne lui ont jamais accordé d'attention. Ils n'en avaient que pour leur petite personne. Le pire, c'est qu'elle était fille unique, du coup, elle n'a jamais eu le soutien d'un frère ou d'une sœur. Depuis qu'elle est partie, ma mère n'a jamais revu ses parents et elle ne voulait pas qu'on les rencontre. Peut-être que c'était mieux comme ça...

Même si elle est devenue comptable, elle aime toujours ça. Ma mère est une battante, elle ne flanche pas devant la difficulté. Je me souviens encore de la phrase qu'elle me disait quand j'étais petit : « Ne laisse personne décider à ta place. » « C'est ta vie, c'est toi qui choisis ce que tu veux faire ou pas ». Encore aujourd'hui, ses paroles résonnaient dans ma tête.

Quant à mon père, celui-ci a fait du basket toute sa jeunesse. Il aimait vraiment ce sport. Il a même été en nationale, mais il s'est arrêté à ce stade parce qu'il voulait réussir ses études. Son travail a payé ses fruits, car il est devenu un grand avocat.

C'est lui qui m'a transmis sa passion pour le basket. J'ai commencé quand j'avais six ans, en fait, même Alyssa et Ethan ont commencé à faire du sport à cet âge-là. Avant l'accident de ma jumelle, des gens m'ont proposé d'intégrer une des meilleures équipes du monde, car ils voyaient bien que j'avais du potentiel. Mais, j'ai refusé leurs offres parce que je voulais consacrer mon temps à mes études et à ma famille, que je n'allais pas laisser tomber quand même. Je l'aimais beaucoup trop pour faire ça. Cette année, je fais du basket le lundi de dix-sept heures trente à dix-neuf heures trente. Le mercredi de seize heures et demie à dix-huit heures et demie. Et le vendredi, de dix-neuf heures trente à vingt et une heures. En plus de faire du basket en club, j'en fais aussi au lycée : j'ai intégré l'équipe depuis presque un an maintenant.

Alyssa, elle, faisait de l'équitation, comme maman en a fait. Elle adorait vraiment ça et je devais avouer qu'elle était vraiment forte. Si elle continuait, elle pourrait avoir le même niveau que notre mère. Elle a déjà gagné une dizaine de compétitions et elle a une étagère remplie de trophées et de médailles, tout comme moi, d'ailleurs. Si je ne me trompe pas, elle devait passer au galop six au début d'année, mais vu la situation actuelle, ça ne sera pas possible... J'étais triste pour elle. À cause de moi, elle ne pourra sans doute jamais faire ce qu'elle aimait. J'ai détruit ses rêves... Mais il y a encore un espoir. J'y crois au plus profond de mon être.

Ethan lui fait du foot depuis un an et demi maintenant (puisqu'il a sept ans et demi et qu'il a commencé à six ans). Lui aussi se débrouillait bien. J'étais fier de mon petit frère, qui m'épatait de jours en jours.

Nous nous rendons dans la chambre d'Ethan, afin qu'il fasse ses devoirs. Nous nous installons à son bureau et nous commençons à travailler. Au final, mon frère a besoin de l'aide dans toutes les matières. En réalité, il est dyslexique depuis presque un an maintenant. Quand ils l'ont découvert, mes parents ont été choqués, car aucun d'eux n'a eu ça. C'était le premier de la famille. Le fait qu'il ait un « handicap » a valu à mon frère plusieurs moqueries de la part de ses camarades de classe.

Mais ce qui est bien, c'est qu'il ne se laisse pas faire et le dit à sa maîtresse. Du coup, ceux qui l'embêtent étaient punis. C'est ça qui est bien avec lui : le fait qu'on le cherche ne lui fait rien. Il n'en a rien à faire, ça ne le blesse pas plus que ça. Ça, c'est grâce à mon père qui lui a appris qu'il ne doit pas se laisser faire et il a raison. On ne règle pas la violence par la violence.

Ethan me demande si je peux jouer à la console avec lui. Je suis réticent... j'ai des devoirs à faire et je sais que ça va me prendre du temps. Mais je ne peux pas refuser, c'est mal. De toute façon, ça ne durera pas longtemps... enfin, j'espère.

Alors, nous jouons à sa console. Au bout de quelques parties, je dis à Ethan que je dois arrêter, car j'ai beaucoup de travail :

- Tu as travaillé, on a joué, maintenant, c'est à mon tour de faire mes devoirs. On jouera à la console une prochaine fois, lui avais-je dit.

Mon frère part, tout triste. Je n'aime pas le voir comme ça, mais ce n'est pas ma faute. Je n'ai pas le choix... je dois travailler. Je vais dans ma chambre, m'installe à mon bureau et sors mon agenda. Je regarde ce que j'ai à faire pour demain et... oh ! Ça va me prendre plus de temps que prévu. Super... Bon, c'est parti...

Je suis en train de jouer à Fortnite sur mon ordinateur, avec Matt et ses potes. Puisque j'ai terminé mes devoirs (oui, je les ai enfin finis, j'ai cru que ça allait me prendre des heures) et comme ce n'est pas encore l'heure de manger, j'en ai profité pour jouer avec mes amis. Ça fait une bonne heure qu'on joue.

Fortnite, c'est mon jeu préféré. Je l'adore en plus, je suis hyper fort ! Les battles royales, ce sont un jeu d'enfant pour moi. Même Alyssa, qui aime y jouer parfois, ne peut pas me battre.

J'étais en train de tuer quelqu'un quand soudain...

- Lyam, tu peux descendre, s'il te plaît ! crie ma mère depuis l'étage inférieur. C'est l'heure de manger.

Déjà ? Je regarde l'heure et... il est déjà 19 h 30 et on mangeait à cette heure-là. Comment dire... mes parents sont très ponctuels pour tout ce qui est repas, rendez-vous, etc.

- Ok, j'arrive, je réponds en criant à mon tour.

C'est nul... je n'ai même pas pu finir ma partie. J'observe mon écran, dégoûté.

- Désolé, les gars, je dois aller manger, dis-je dans mon casque micro.

Mes parents me l'ont acheté l'an dernier et je dois avouer que c'est tellement génial ! Alyssa en a un aussi : il est violet, alors que le mien est noir.

- Ah, c'est nul, répondit Matt. Bon, bah à demain alors.

Je retire mon casque, éteins mon ordi, ferme ce dernier avant de descendre. Quand je suis dans la salle à manger, je m'installe à table avec mes parents et mon frère. Ce soir, c'est risotto. Je n'aime pas vraiment ça, mais bon... je dois m'y faire. Il y a une chaise vide à côté de moi : c'est celle d'Alyssa. Le fait qu'elle n'est pas là était bizarre. Mais dans quelques jours, elle sera de nouveau parmi nous et ça, c'est vraiment super.

Après avoir fini de manger, je débarrasse mon assiette avant de monter dans ma chambre : je prépare mes vêtements pour demain et fais mon sac avant de m'écrouler sur mon lit. Je scrolle sur mon téléphone, à regarder des TikTok et des vidéos de quelques youtubeurs. Ensuite, je sors de ma chambre, avance de quelques pas avant de me tourner vers la porte d'à côté : la chambre d'Alyssa.

Depuis l'accident, mes parents nous ont interdit à Ethan et moi d'y aller ; même eux n'y rentraient plus. Mais il y a deux choses qu'ils ont oubliées. Premièrement, je sais où ils avaient caché la clé. Deuxièmement, ma chambre est reliée à celle de ma sœur par une porte, et ce, depuis toujours. Quand nous étions petits (on devait avoir six ou sept ans), Alyssa faisait souvent des cauchemars la nuit. Comme elle n'aimait pas aller dans la chambre de mes parents, elle venait dans la mienne. Elle se sentait en sécurité avec moi ; elle savait que rien n'aurait pu lui arriver. Au fond, nos chambres n'en formaient qu'une seule. La chambre de l'autre était un peu notre repère secret.

Avec la plus grande discrétion, je descends et récupère la clé avant de remonter. J'insère cette dernière dans la serrure, la fait tourner et un petit clic retentit. J'ouvre la porte et pénètre dans la chambre de ma jumelle. Sa chambre est aussi grande que la mienne. Je me dirige vers son bureau et m'installe à ce dernier. Comme sa chaise tourne, je fais un tour sur moi-même. Mon regard se pose sur un tiroir qui est légèrement ouvert ; je l'ouvre et j'aperçois une sorte de carnet. Je le pris et observe la page de couverture qui est dorée pailletée. Je sais ce que c'est : un album photo. J'ai exactement le même, mais sauf que le mien est bleu foncé et dépourvu de paillettes. De mes doigts, je frotte la reliure avant d'ouvrir l'album. Je fais défiler les pages : il y a des photos d'Alyssa avec Matt, avec Phoebe et Sofia, mes parents, Ethan. Mais, la moitié de ses photos sont d'elle et... moi ! Wow, je ne m'attendais pas à ça ! Je vois des photos de nous à un concert, en Espagne, à la plage, au Royaume-Uni, à New York, en France, au Canada...

Nos parents aiment beaucoup visiter d'autres pays afin de découvrir d'autres cultures, de nouvelles traditions. Nous aussi, on aime ça, c'est tellement cool de voyager. En plus, les gens sont hyper gentils. Ça fait vraiment du bien. Rien que le fait de voir tous ces souvenirs me fait ressentir beaucoup de nostalgie. Ces moments ont sans doute été les plus beaux. La seule chose que je veux, c'est les revivre avec ma sœur. Mais après ce qui s'est passé, ça ne se reproduira sûrement jamais. Un sourire triste se forme sur mes lèvres. Ah, que j'aimerais retourner dans le passé pour refaire tout ça.

Quand j'ai fini de regarder l'album, je sors de la pièce en prenant bien soin de fermer la porte à clé. Puis, je remis l'objet à sa place et retourne dans ma propre chambre. Je me brosse les dents, me change avant d'aller dans mon lit. J'allume la télé et regarde un film (oui, j'avais une télé dans ma chambre. Alyssa aussi en avait une). Quand je l'éteins, il était presque minuit. Je ramène la couverture sur moi et après quelques minutes, je m'endors en priant pour que la journée de demain se passe bien.


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