Chapitre 29 - La chute des catacombes

Dans un grommellement, Wolramf chassa l'un de ses hommes qui venait de terminer de lui dresser oralement son rapport sur ce qu'il se passait dans et autour des catacombes.
D'après ce que cet Humcréa venait de lui rapporter, Yennaël Lanwil et son fidèle homme de main avaient été aperçus dans les galeries pourtant, le jeune homme ne s'était pas présenté dans sa salle du trône alors qu'il était le dirigeant de toutes ces catacombes mais,d'après les informations récoltées, ils ne s'étaient pas attardé dans le réseau de souterrains et en étaient ressortis après seulement une heure environ, ce qui atténuait quelque peu la vexation éprouvée par Wolramf.
En revanche, ce qui la faisait augmenter en parallèle, était d'apprendre que Richa avait également été remarquée dans les catacombes et Wolramf se sentait furieux d'avoir manqué son passage.Cet idiot de Yvernew lui en avait même parlée. La jeune fille l'aurait interrogé sur un demi-elfe qui errait dans les galeries ces dernières semaines.
Wolramf avait entendu parler de lui lors de son arrivée dans les catacombes, notamment intrigué par la ressemblance stupéfiante qu'il possédait avec Richa, qu'on lui avait décrite, mais il ne s'y était pas davantage intéressé, ayant bien d'autres choses dont se soucier.
Le manque de respect dont ces visiteurs de prestiges avaient fait preuve envers lui en ne venant pas le saluer le contrariait donc mais ce n'était pas cela qui le préoccupait le plus, même si son égo s'en trouvait fortement blessé.
Il était bien plus alarmé par le combat qui semblait s'être déroulé à proximité de l'un des accès aux catacombes.
Les corps de huit Hommes Blancs, l'une des nombreuses patrouilles qui parcouraient la ville depuis plusieurs semaines en semblant s'intéresser aux catacombes, avaient été retrouvés en périphérie de la ville. D'après ce que Wolramf avait pu savoir, l'attaque avait été rapide et violente. Les adversaires des Hommes Blancs avaient visé directement pour tuer.
Certaines constatations paraissaient indiquer que les cadavres avaient été déplacés pour qu'on ne retrouve pas le véritable lieu de l'affrontement mais, en se fiant aux effluves de sang que les hommes envoyés par Wolramf avaient captées grâce à leurs sens d'Humcréas, le berserker devinait sans beaucoup de doutes qu'il s'était déroulé à proximité de la grille d'évacuation.
Depuis plusieurs mois, Wolramf avait déjà constaté que la Flamme Blanche semblait bien plus active dans la capitale qu'à l'accoutumée et surveiller tout particulièrement les différents endroits qui menaient vers les sous-sols de la cité, ce qui inquiétait le jeune berserker.
Face à la mort de ces hommes, ce dernier était partagé. D'un côté, il s'enthousiasmait que les rangs de la Flamme Blanche se réduisent ainsi et il en ressentait une profonde satisfaction vengeresse. De l'autre, cependant, il s'en angoissait car il savait que la mort d'Hommes Blancs en amènerait obligatoirement d'autres, ce qui ne ferait que renforcer encore davantage la menace qui pesait sur les catacombes et tous ses habitants.
Le berserker avait beau se vanter de sa force et de l'autorité dont il jouissait à travers toute l'Enclave grâce à son réseau, il devait reconnaître qu'il ignorait comment gérer la situation et en était effrayé. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'il avait contacté son frère il y avait déjà plusieurs semaines mais, s'accrochant à ses apparences si précieuses pour lui, il n'avait pas réussi à avouer à son aîné toute l'ampleur de son inquiétude.
Les choses lui échappaient, il ne savait plus que faire. Le fait d'ignorer comment protéger toutes les personnes qu'il avait sous sa responsabilité dans ces catacombes lui faisait éprouver cet insupportable sentiment d'impuissance qu'il avait connu enfant et qui lui avait laissé ce goût amer sur la langue qui le poussait à rechercher encore plus de moyens de gagner en force même des années plus tard.
Ayant besoin d'évacuer ces sentiments et de se changer les idées, Wolramf quitta son siège pour s'enfoncer dans les galeries, escorté par deux de ses hommes. Marcher l'aiderait certainement à se détendre,surtout si il surprenait un ou deux Humcréas à ne pas respecter ses règles, sa pierre de contact à la main.
Il l'emportait avec lui si jamais il trouvait l'occasion et le courage d'adresser un message à son frère pour lui demander des conseils et espérer se faire rassurer sur la situation.
En déambulant dans les souterrains, Wolramf perçut une certaine tension y peser. Les personnes qu'il croisait lui paraissaient angoissées et davantage sur leurs gardes qu'à l'accoutumée.L'atmosphère était comme électrique, lui hérissant la peau, comme avant qu'un orage n'éclate.
Tout semblait trop calme et trop paisible.
Quelque chose était définitivement anormal. L'instinct de Wolramf le lui hurlait et il n'appréciait pas du tout cela.
Soudainement, ce calme tendu fut rompu.
Des cris, des hurlements, le fracas de lames et le claquement de dizaines de bottes contre la roche du sol résonnèrent dans toute la galerie en se rapprochant de la position de Wolramf, déferlant dans les catacombes telle une violente vague.
Il suffit à l'adolescent d'apercevoir un morceau d'étoffe blanche pour comprendre ce qu'il venait de se passer.
Ne comptant pas laisser la mort de huit des siens impunie, la Flamme Blanche avait redoublé d'efforts pour repérer leur refuge et l'attaquait.
Tous les Humcréas entreprirent de fuir en courant vers l'opposée de la galerie ou s'engouffrant dans d'autres corridors en poussant des cris d'alerte et d'affolement.
La panique se répandit dans les catacombes en l'envahissant. Certains se bousculèrent, se retrouvèrent coincés contre les parois ou se firent piétiner.
Wolramf voulut leur ordonner à tous de se calmer, de ne pas céder ainsi à la panique, même si il y avait de quoi, et de s'organiser pour mieux fuir et éviter au maximum les dommages collatéraux mais sa voix se perdit dans le chaos ambiant.
Il vit une harpie se faire transpercer de part en part. Son sang gicla sur les parois rocheuses. A cette vision, le cœur de Wolramf bondit dans sa poitrine. Il avait promis sa protection à toutes ces personnes, il ne pouvait pas les abandonner, il devait faire quelque chose.
Déterminé, il entreprit de remonter le flot de fuyards pour aller au contact des Hommes Blancs, les repousser et les affronter. Il ne pourrait probablement pas triompher d'eux mais il pourrait néanmoins les retenir et permettre aux habitants des galeries de s'échapper.
Aujourd'hui, il n'était plus faible et pouvait faire quelque chose, il pouvait gérer la situation et protéger les autres.
Bousculé de toutes parts par les fuyards terrifiés, il commença à se métamorphoser, sa mâchoire se déformant dans des craquements d'os et sa peau se recouvrant d'une fine fourrure drue, mais, après seulement quelques mètres, sa progression rendue déjà difficile,fut freinée par une lourde poigne qui se referma sur son bras.
Se retournant, il découvrit le cyclope, celui qu'il prenait plaisir à tourmenter, encore plus depuis l'incident avec Richa. Usant de son incroyable force physique, même supérieure à celle de Wolramf, l'Humcréa le tira derrière lui, l'entraînant parmi le reste des fuyards, à l'opposée des Hommes Blancs, en lui criant, pour qu'il l'entende par-dessus l'affolement général, qu'ils devaient absolument partir et se mettre à l'abri.
Refusant de fuir, obsédé par ce qu'il imaginait être son devoir de protéger tous ceux qu'il avait sous sa responsabilité, Wolramf ordonna au cyclope de le lâcher en cherchant à échapper à sa prise, mais en vain. Tentant toujours de tirer son bras hors de la poigne de son subalterne, il ralentit en s'efforçant de le freiner, criant qu'il devait aller aider ceux sur qui les Hommes Blancs fondaient déjà.
Ne pouvant pas laisser le berserker le ralentir de la sorte, connaissant la terreur de se trouver aux mains de la Flamme Blanche, mais comptant également bien sauver son chef et non l'abandonner, le cyclope ceintura Wolramf pour le soulever et le charger sur son épaule.
Le transportant de la sorte, il s'élança à toutes jambes sans se soucier des autres Humcréas qu'il bousculait ou faisait chuter dans sa fuite.
Hors de lui, Wolramf lui frappait le dos et le poitrail en lui hurlant de le reposer et en répétant comme une litanie obsédante, qu'il devait aider et protéger les autres, mais le cyclope encaissa ses coups en demeurant sourd et ses ordres.
Soudainement, un craquement osseux monta aux oreilles de Wolramf et le cri de douleur du cyclope s'étrangla dans sa gorge. L'imposant Humcréa lutta pour conserver son équilibre, les traits déformés par la souffrance, mais il bascula vers l'avant.
Entraîné dans la chute, Wolramf roula au sol en se faisant piétiner par les autres fuyards. Se redressant, il avisa le genou du cyclope et il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre que sa rotule avait été brisée par la pierre se trouvant à côté, probablement lancée par une fronde.
D'autres Humcréas s'écroulèrent autour d'eux, fauchés par le même genre de projectiles, le crâne ou les os des jambes fracturés.
Ce détestable sentiment d'impuissance revint étreindre Wolramf. Même si il avait gagné en force, il ne pouvait toujours protéger ou sauver personne. Tout ce qu'il lui restait à faire était de fuir, encore.
Déjà à terre, il était épargné par les tirs et il commença à ramper parmi les blessés et les morts, sa pierre de contact toujours serrée dans sa paume, comme si c'était la seule chose à laquelle il pouvait encore se raccrocher.
Les Hommes Blancs toujours plus proches, il progressa dans le sang et le gémissements de douleur jusqu'à la galerie secondaire à quelques mètres, suivant le mouvement des autres fuyards encore debout.
Une fois à l'intérieur, il se releva, à présent à l'abri des projectiles, et s'élança au milieu des autres Humcréas.
Leur fuite fut brutalement interrompue par une masse blanche qui semblait les attendre, armes d'argent au clair. Certains n'eurent même pas le temps de rebrousser chemin avant de se faire achever.
Wolramf fit vivement volte-face pour s'extirper de ce piège, comme de nombreux autres, mais le deuxième détachement de la Flamme Blanche se trouvait déjà dans leur dos, refermant le piège sur eux en les prenant en tenaille. Ils étaient définitivement coincés.
Par réflexe, Wolramf plongea pour esquiver un coup de lame. Plutôt que de se métamorphoser pour combattre, il se tassa dans un coin pour écrire un message sur sa pierre de contact. Il ne pouvait pas lutter et devait donc lancer un appel à l'aide.

La Flamme Blanche est là ! Je peux pas fuir, viens me chercher ! Ar

Percevant un léger dégagement de chaleur dans l'une des poches intérieures de son uniforme, qui indiquait certainement un effet de magie puisqu'il était incapable de la capter autrement, Okda sortit sa pierre de contact vert menthe. Il ne l'utilisait que rarement et était surpris qu'on le contacte, même si ses traits demeuraient impassibles.
Sa stupeur augmenta encore lorsqu'il lut le message.
Son frère n'avait même pas pu signer de son nom complet. Certainement avait-il été interrompu par l'attaque.
Le sang d'Okda commença à bouillir dans ses veines et ses pensées s'emballèrent.
Il prit à peine le temps de vérifier la sécurité de Sarrion, qui l'autorisa à partir, avant de quitter son poste à grandes enjambées pour remonter le couloir tout en réfléchissant.
Forèliore se situait à plusieurs semaines de voyage de Sangaliore, même si il prenait une monture ou se déplaçait sous sa forme animale,cependant, si la Flamme Blanche avait fait tomber les catacombes de Forèliore, elle voudrait célébrer dignement cette importante victoire. Les survivants capturés dans les galeries allaient probablement être conduits aux Iles Blanches pour être exécutés dans le fief de la Flamme Blanche, ce qui aurait nécessité un voyage. Le trajet durait environ trois semaines, certainement plus si il y avait de nombreux prisonniers à déplacer, mais ce ne serait pas suffisant pour que Okda les rattrape.
Il ne voyait pas comment il aurait pu arriver à temps mais il s'en moquait. Il comptait se rendre au secours de son frère, qu'importe le peu de chances qu'il avait de réussir. Il ne lui restait plus que les dieux et l'espoir pour parvenir à sauver son cadet.
Alors qu'il remontait prestement un couloir, il manqua de percuter quelqu'un, perdu dans ses pensées et dans son inquiétude.
Par réflexe, Richa eut un vif mouvement de recul pour éviter de heurter Okda, ce qui l'aurait certainement assommée sur le coup.
La jeune fille avait dormi durant quelques heures dans ses appartements,plus fatiguée par ses émotions soulevées par Aïonn que par l'utilisation de ses pouvoirs ou le manque de sommeil, puis, à son réveil, elle s'était dirigé vers la chambre où son frère s'était enfermé, accompagnée de Laadsri'll, pour voir si la situation avait évolué mais Okda venait de la stopper.
Sachant que le berserker était particulièrement peu loquace, elle ne dit rien et elle alla pour se contenter de le contourner et poursuivre son chemin dans le palais mais le regard qu'elle balaya rapidement sur lui la retint.
Certainement était-ce grâce aux pouvoirs que sa pierre lui conférait qu'elle le remarqua, car rien dans l'attitude d'Okda ne changeait de d'habitude,pourtant, elle sentit que quelque chose n'allait pas. Elle s'en aperçut également par le fait que son père ne se trouvait pas à ses côtés, or, elle n'avait presque jamais vu le berserker sans Sarrion.
Même si elle n'était pas certaine qu'il y ait un problème face au visage impassible d'Okda, elle s'enquit :

« Tout va bien ?

- Oui, votre père et votre frère vont bien, même si votre frère n'a toujours pas ouvert et à renvoyer violemment tous les domestiques qui ont essayé de communiquer. Excusez-moi, mais je n'ai pas de temps à perdre. Déclara le berserker en reprenant sa marche.

- Qu'est-ce qui se passe ? Demanda Richa en lui emboîtant le pas.

- Je... Hésita Okda, gêné de s'ouvrir.

- Dis-moi, je peux peut-être t'aider.

- Mon frère est en danger.

- Parce que t'as un frère ?

- Oui.

- Qu'est-ce qu'il a ?

- Je crois que la Flamme Blanche l'a capturé.

- Mais comment c'est possible ?

- Il habite pas aux Terres de Sang. Il vit à Forèliore. Dans les catacombes.

- La Flamme Blanche a attaqué les catacombes de Forèliore ? C'est la merde !

- Je pense que les prisonniers vont être amenés aux Iles Blanches.

- Et tu vas faire comment pour arriver avant eux ? T'as un plan pour sauver ton frère ?

- Non.

- Je vois. Tu t'en es arrêté à aider ton frère. Pourquoi t'as pas demandé de l'aide à mon père ? (Okda haussa les épaules). T'as pas osé. Je vais venir avec toi.

- C'est pas la peine.

- Si. Seul face à la Flamme Blanche, tu vas te faire tuer.

- Je refuse de compromettre votre sécurité.

- J'ai besoin de personne pour la compromettre. Ecoute, j'ai l'impression que t'es très dévoué à ma famille alors, maintenant, c'est à ma famille d'aider la tienne. Et...j'ai besoin de sortir un peu d'ici pour...arrêter de penser à toute cette histoire avec Aïonn... Régler un problème avec un frère ou un autre, mon programme reste inchangé de toute façon !

- Merci.

- Bon, je pense que je peux nous amener directement sur place... Je l'ai fait que deux fois mais je crois que ça marche pas trop mal. Le problème, c'est que le seul genre de stratégie que je peux élaborer c'est foncer dans le tas et aviser mais je crois pas que ça peut marcher, surtout alors que y a des prisonniers... Tu saurais, toi ? (Okda haussa à nouveau les épaules). On va avoir besoin de quelqu'un en plus...

- Un vrai soldat, qui connaît la Flamme Blanche.

- J'ai une idée. Va falloir s'arrêter sur le front, ça te va ? »

Okda acquiesça sans s'opposer. Richa avait l'impression qu'il s'en remettait à elle mais c'était simplement qu'il était d'accord avec elle et ne voyait donc pas de raisons de prolonger la conversation. Sans compter qu'il ne voulait pas perdre la moindre seconde.
Le temps de son frère était compté.
Ne s'attardant donc pas davantage en débattant sur que faire exactement, saisissant parfaitement l'urgence de la situation, Richa attrapa Okda par le poignet en convoquant ses pouvoirs alors que Laadsri'll se serrait contre elle pour les accompagner, comme précédemment. Elle n'avait pas encore découvert cette possibilité offerte par ses pouvoirs depuis une semaine qu'elle ne cessait d'y avoir recourt.
Peut-être se précipitait-elle en se lançant immédiatement dans cette opération de sauvetage mais c'était dans son caractère que de se précipiter sans réfléchir, l'ayant déjà fait à plusieurs reprises. Elle se servait également de cette affaire pour se soustraire à la situation avec Aïonn, comme elle l'avait dit, qui l'oppressait grandement à présent qu'elle ne pouvait plus faire autrement que d'y penser.
Si elle utilisait le danger auquel était exposé le frère d'Okda pour se changer les idées et oublier momentanément ses préoccupations au sujet de son jumeau, elle restait cependant sensible à la détresse d'Okda. Ce dernier demeurait aussi impassible et fidèle à lui-même mais il devait être bouleversé pour abandonner ainsi son poste. De son point de vue, il était parfaitement normal qu'elle prête main forte au berserker en échange de tous les services qu'il rendait au sein du palais.
D'ailleurs, elle n'avait pas hésité avant de lui proposer son aide. Elle avait simplement été étonnée d'apprendre qu'il avait un frère, ne l'ayant jamais soupçonné, mais Okda n'étant aucunement du genre à se confier, ce n'était finalement guère surprenant.
A nouveau, la jeune fille s'effondra en rendant gorge sur le sol, remuée par sa métamorphose en vent. Son œsophage commençait à être irrité à force de vomissements.
A côté d'elle, Okda lui tapota doucement le dos, soucieux de la voir ainsi, mais il se détourna rapidement de la jeune fille pour inspecter leur environnement, qui avait soudainement changé. Ils étaient à présent entourés des hauts pins de la Forêt Vermeille et aucune trace de civilisation n'était visible.
Captant un son discret ressemblant à des pas, Okda se plaça immédiatement devant Richa, qui continuait à vomir écroulée à terre, pour la protéger, une main à son épée. Laadsri'll se plaça à sa droite en grognant, les babines retroussées et les oreilles rabattues sur le crâne.
En à peine quelques minutes, ils se retrouvèrent encerclés de soldats portant l'uniforme d'intervention des Sangaliens.
En avisant la tenue d'Okda, leur attitude belliqueuse retomba légèrement mais ils gardèrent leurs armes sorties et restèrent méfiants alors qu'ils les escortaient jusqu'au campement. Toujours nauséeuse, Richa ne parvint pas à articuler un mot et se laissa faire.
Même si son réflexe était de se débattre car tout cela leur faisait perdre un temps précieux, Okda n'en fit rien car Richa lui avait expliqué qu'ils venaient trouver quelqu'un qui pourrait les aider à sauver son frère et il accepta donc ce traitement, toujours aussi stoïque.
Dès qu'ils arrivèrent dans le campement, ils furent accueillis par son dirigeant, le général de corps d'armée Royg'ann Othrïl.
En découvrant ses visiteurs, il fronça les sourcils, surpris de les voir, et ordonna à ses hommes de les libérer.

« Que faites-vous là ? S'enquit l'elfe.

- On va aux Iles Blanches. Répondit Richa en retenant un haut le cœur.

- Quoi ? S'exclama Royg'ann.

- Mon frère est en danger. Annonça Okda.

- Tu as un frère ? S'étonna Royg'ann. Je ne le savais pas. Remarque, t'es pas du genre à partager ce genre de détails sur ta vie. Vous voulez donc aller le sauver ? Je peux comprendre mais c'est vraiment inconscient ! Vous croyez vraiment pouvoir y réussir ?

- C'est pour ça qu'on est venu, expliqua Richa. On comptait sur toi pour nous aider. On peut pas trop avoir recourt à toute l'armée mais tu peux nous pondre un plan !

- Mais enfin, je ne peux pas abandonner mon poste comme ça !

- Tu l'as fait la dernière fois, signala Richa. En plus, ça veut dire que tu laisserais la princesse s'exposer au danger en toute connaissance de cause ? Tu m'escorteras juste, comme la dernière fois. »

Royg'ann soupira en semblant se résigner face aux arguments et à l'autorité de Richa mais ce fut un sourire qui éclaira son visage lorsqu'il acquiesça. Il n'aurait pas résisté bien longtemps. Peut-être souhaitait-il également trouver un prétexte pour quitter le front trop calme où il s'ennuyait à devenir fou.
Sans se départir de son sourire lumineux, il indiqua à Richa et Okda qu'il allait rapidement préparer ses affaires avant de gagner sa tente.
Il les rejoignit sans tarder, ses sabres entrecroisés dans son dos.
Richa alla pour encore user de sa magie mais Okda l'en empêcha en secouant négativement la tête. Il craignait les répercussions sur sa santé à force d'utiliser ses pouvoirs de manière aussi intensive. Même si il voulait arriver le plus rapidement possible pour sauver son frère, il ne souhaitait pas que ce soit au détriment de Richa. Il lui était déjà immensément reconnaissant de mettre ainsi les moyens qu'elle possédait à sa disposition. Par ailleurs, ils venaient déjà de gagner de nombreuses semaines de voyage. Sans compter que, si ils arrivaient aux Iles Blanches avec Richa totalement épuisée, elle ne pourrait pas les aider à sauver son frère, ce qui aurait été contre-productif.
Royg'ann appuya l'avis silencieux d'Okda en conseillant à la jeune fille de se reposer et de se ménager.
Pour progresser cependant aussi rapidement que possible, le général fit préparer trois montures et termina d'organiser son départ,notamment en confiant le commandement du poste à son second, puis tous trois reprirent leur voyage vers les Iles Blanches, au cœur de la Flamme Blanche.

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