Chapitre 2 - Explications
« Quoi ? S'exclama Elio à la déclaration de Richa.
– Mais...comment c'est possible ? S'étonna à son tour Vinciane.
– C'est aussi ce que je me demande, appuya Richa en se tournant vers Yennaël en l'interrogeant du regard, le jeune homme étant sa référence lorsqu'il s'agissait de l'Enclave et de la magie.
– Même si les dimensions qui composent notre univers sont liées les unes aux autres, elles ne sont pas synchronisées les unes aux autres. Le temps ne s'écoule pas au même rythme dans toute. C'est tout. Expliqua Yennaël, les dents à moitié serrées pour lutter contre la douleur.
– Donc, je viens de passer trois ans dans l'Enclave mais tout le monde va considérer que j'ai que dix-sept ans ? Super, soupira Richa. Oh qu'on m'oblige pas à retourner au lycée.
– Quoi ? Parce que tu comptes revenir et reprendre ta vie ordinaire d'avant ? Demanda Vinciane.
– Je...j'en sais rien, répondit Richa. J'ai pas pu y réfléchir. Va falloir y penser, c'est vrai... Ici, tout le monde connait l'histoire. Je peux pas juste me repointer comme une fleur sans rien dire ni expliquer... Quelle merde !
– Peut-être...peut-être que tu devrais aller voir la police... Suggéra Vinciane.
– Pour avoir Aciari sur le dos ? Non merci. Refusa Richa.
– Alors quoi ? Vous allez rester dans les bois à vous planquer avec Mikhail qui rôde ? Fit remarquer Elio.
– Rah, j'en sais rien...
Grogna Richa en se passant une main sur le visage.
Elle se sentait de plus en plus dépassée par la situation à cause de toutes les implications de ce retour auxquelles elle n'avait pas songé. De toute manière, elle n'aurait pas réellement eu le temps d'y réfléchir avant de franchir le passage.
Les regards encore légèrement écarquillés de ses proches terriens ne lui apportaient pas de réponses sur ce qu'il était le mieux à faire. Ils étaient encore sous le choc et ne pouvaient pas vraiment offrir de solution.
Avertir la police paraissait être un bon début, le seul véritablement envisageable pour une meilleure sécurité, mais, comme elle l'avait dit, Richa n'avait pas la moindre envie de se confronter à l'inspecteur Aciari. Sans compter qu'il aurait donc fallu trouver une histoire convaincante qui aurait expliqué sa disparition puis son retour après plusieurs semaines ainsi que la présence de Yennaël à ses côtés, ce qui représentait un risque non négligeable de s'embourber dans ses mensonges.
Il aurait certainement été plus simple de réapparaître dans un autre endroit que la ville de son adolescence, même dans un autre pays.
Peut-être aurait-elle pu partir d'ici pour gagner un lieu où elle n'aurait pas été identifiée. La Terre était grande. Les possibilités de cachettes y étaient nombreuses mais elle ne pouvait pas entreprendre de voyage sans argent et alors que Yennaël se trouvait si affaibli. Ça aurait été dangereux pour le jeune homme.
Richa avait beau réfléchir, elle peinait à entrevoir une solution qui la satisfasse pleinement, toujours gênée par la fatigue et la douleur.
Liam n'avait aucune idée de la situation complexe dans laquelle il les avait involontairement jetés en tentant de protéger Yennaël de la sorte.
Un gémissement suivi d'un bruit sourd la tirèrent de ses vaines réflexions et elle se tourna vers l'endroit où se tenait Yennaël. Suivant son mouvement, Elio et Vinciane braquèrent le faisceau de lumière émis par leur téléphone portable sur le jeune homme roux mais Richa n'en avait pas besoin pour parfaitement distinguer la silhouette de son amant gire au pied de l'arbre.
Malgré le fait qu'il s'appuyait contre le tronc, ses jambes venaient de céder et ne le portaient plus. Les quelques forces qu'il s'était efforcé de conserver depuis la traversée avaient été consumé par la discussion et ses réflexions. Il n'en pouvait plus.
Sa tête bourdonnait et lui tournait, à tel point qu'il en avait la nausée. Tout son corps lui envoyait d'insupportables ondes de douleur et même respirer devenait une véritable épreuve dans la souffrance. Tous ses os lui semblaient être brisés et ses organes broyés, ce qui n'était pas totalement impossible. C'était comme si son corps était rompu. Il avait la sensation d'être écorché vif.
Les sorts de torture de ses parents l'avaient vraiment laissé détruit physiquement, incapable de se mouver avec aisance à cause de la douleur. Sans parler des plaies ouvertes causées par le fouet qui lui brûlaient le dos au moindre mouvement.
Il peinait même à demeurer conscient à présent.
Un nouveau filet de sang coula sur son menton depuis le coin de ses lèvres. Plus aucun doute ne subsistait : il souffrait de blessures internes.
Il perçut à peine le contact des paumes de Richa qui se posèrent sur ses épaules. Encore une fois, il aurait préféré la repousser mais il n'en trouva pas la force.
Le cœur de la jeune fille s'affolait dans sa cage thoracique. Même si elle avait constaté que l'état de Yennaël était bien évidemment préoccupant et allait nécessiter des soins, elle n'avait pas remarqué qu'il l'était à ce point, certainement emportée par la conversation et toute la situation. Yennaël avait également tenté de minimiser la gravité de sa faiblesse en la dissimulant.
Cette fois, Richa ne chercha pas à le relever, se doutant que ça aurait été inutile et que ça aurait causé encore plus de douleurs au jeune homme. Elle se contenta de le tenir contre elle, impuissante.
Même avec les quelques compétences en soins d'urgence qu'elle avait acquises durant sa quête dans l'Enclave, elle était incapable de soulager Yennaël. Elle aurait pu panser les plaies ouvertes qu'il avait au dos mais pas davantage. La majorité des blessures dont il souffrait semblait interne et avaient été provoquée par magie, ce pour quoi Richa ne pouvait rien faire.
Incapable de repousser sa douleur et sa faiblesse plus longtemps, Yennaël fut saisi de tremblements en se contractant.
En le voyant ainsi, Richa oublia totalement ses questionnements sur que faire et son refus de devoir faire face à l'inspecteur Aciari. L'important était de soigner Yennaël.
Démunie, ne sachant que faire, la jeune fille s'exclama sans se tourner vers les trois autres :
– Faut absolument le soigner !
– Est-ce que...est-ce que faut appeler une ambulance ? Hésita Vinciane.
– Une ambulance ? Répéta Richa, ayant quelque peu oublié les usages de la Terre, avant d'acquiescer. Ou...oui, c'est déjà ça.
– Si on appelle une ambulance...la police sera au courant... Signala Vinciane en serrant son portable dans sa main.
– Putain, la police, grogna Richa avant de prendre quelques secondes pour réfléchir et ce fut dans l'urgence qu'elle se décida. Tant pis. On peut pas laisser Yennaël comme ça. On...on va se mettre d'accord sur une histoire à raconter et s'y tenir, ça vous va ?
– Qu'est-ce qu'on va bien pouvoir dire ? Demanda Elio.
– Vous trois, vous pouvez seulement dire que vous étiez ici parce que... Commença Richa.
– J'avais besoin de m'isoler un peu après l'incendie du poste et la dispute avec mon oncle, j'étais dans un état de panique et je me suis dirigé au hasard et Elio et Albane m'ont suivie pour être sûrs que j'allais bien. Raconta Vinciane, bien plus calme qu'il y avait quelques secondes.
– Et vous avez découvert Yennaël et moi, inconscients et vous avez donc appelé les secours. Acheva Richa.
– Et...et c'est tout ? S'étonna Vinciane.
– Ouais, ça ira, confirma Richa. Pour le reste, je me débrouillerai. On a pas le temps d'élaborer quelque chose de mieux alors on peut juste espérer que ça passe.
– Et...pour vos vêtements ? S'enquit Vinciane. Je veux dire, ça se voit que ce sont pas des vêtements de la Terre...
– Je peux rentrer rapidement à la maison pour vous ramener d'autres vêtements. Proposa Elio, légèrement moins hystérique, ne pensant qu'au jeune homme qu'il fallait soigner.
– Dépêche-toi alors. Je sais pas combien de temps Yen va pouvoir tenir.
– Ça va...aller... Assura Yennaël dans un souffle rauque. C'est pas la...première fois que...je...je connais ça...
– Et essaye de prendre des fringues basiques, des trucs pas trop reconnaissables ou qu'on vous a pas vraiment vu porter.
Précisa Richa et Elio acquiesça, l'air légèrement absent, et ça sembla être pas automatisme qu'il se pressa de se diriger vers la sortie des bois.
En l'attendant, la jeune fille s'efforça d'installer Yennaël plus confortablement, l'appuyant à nouveau contre le même arbre. Ayant retrouvé un soupçon d'énergie, le rouquin lui fit mollement signe qu'il n'avait pas besoin d'elle.
Ne le croyant pas une seconde et se moquant de son exigence implicite, Richa demeura à ses côtés, le couvant d'un regard soucieux. Le surveillant ainsi, elle s'assurait qu'il tenait le coup, qu'il respirait normalement ou qu'il ne sombrait pas dans l'inconscience.
Restant à une certaine distance, Albane davantage que Vinciane, les deux jeunes filles avaient le regard qui virevoltaient en tous sens, sur le décor que la forêt dressait autour d'eux et sur le duo formé par Richa et Yennaël. Leurs mains s'agitaient légèrement, même si Vinciane les serrait sur le bord de son manteau pour tenter en vain de les contenir. Leurs dents mordillaient leur lèvre inférieure ou leurs joues et leurs épaules restaient tendues.
De toute évidence, toutes deux souffraient toujours du choc de cette longue soirée, même si elles s'efforçaient de ne pas se laisser submerger par l'émotion pour réussir à gérer au mieux la situation. Malgré l'échange mené qui tendait à leur confirmer que tout ce qu'il se passait dans ces bois était bien réel, elles se demandaient encore si tout cela était véritablement en train d'arriver et qu'elles n'hallucinaient pas dans un genre de crise d'hystérie collective.
La principale différence entre leurs deux attitudes était qu'Albane observait Richa à la dérobée, et non directement comme Vinciane, et qu'elle fuyait le regard vert intense de la jeune fille. Le comportement de cette dernière ne l'aidait pas à se sentir plus à l'aise alors qu'elle l'ignorait totalement ou la rabrouait brutalement.
Pour ces raisons ainsi qu'à cause de l'inquiétude pour la santé de Yennaël, une certaine tension planait sur le petit groupe. Les gorges se nouaient et personne ne savait plus que dire ou comment se comporter concrètement.
Heureusement, Elio revint après plusieurs minutes, complètement essoufflé et un sac sur le dos, brisant ce silence pesant qui alourdissait la forêt. Ayant apparemment couru autant qu'il l'avait pu, le jeune homme était épuisé et sa respiration hachée ne lui permettait pas d'articuler le moindre mot.
Le souffle court, il fit glisser les brides de son sac le long de ses bras et le tendit à Richa. Déchargé, il se courba en deux en prenant appui sur ses genoux en tentant de reprendre sa respiration et Vinciane vint le soutenir.
Tout en le remerciant, Richa ouvrit le sac pour en tirer les quelques vêtements ramenés par Elio.
Se dissimulant dans l'obscurité, la jeune fille retira sa tenue, qu'elle rangea dans son propre sac de voyage, pour ensuite revêtir un simple pantalon slim noir, trop long de quelques centimètres, et une chemise grise trop large pour elle. Elio avait bien suivi ses directives.
Ne pouvant être découverte avec toutes ses affaires de l'Enclave pour la solidité du mensonge qu'elle envisageait, elle cacha son sac ainsi que celui de Yennaël sous une souche. La cachette semblait suffisamment bonne pour que personne ne tombe dessus par hasard mais assez repérable pour que Richa retrouve aisément les deux sacs le moment venu.
Le reste des vêtements rapportés par Elio sous le bras, elle s'approcha de Yennaël en s'agenouillant à côté de lui et elle entreprit de défaire sa chemise avec l'intention de l'aider à se changer.
Cette fois, il parvint à la repousser, chassant sa main de la sienne, et il grogna :
– C'est bon, je peux m'en occuper seul.
– Oui, c'est tellement facile de s'habiller sans tenir debout. Ironisa Richa.
– Je te dis que c'est bon !
Insista sèchement Yennaël.
Puisant dans l'énergie que lui procuraient la crainte et la pointe de désespoir qu'il éprouvait, il arracha les vêtements des mains de Richa et trouva même la force de se relever en s'accrochant au tronc à côté de lui.
Aussi rapidement que le lui autorisaient ses jambes incertaines, il s'éloigna de quelques pas dans les ombres du bois en s'agrippant aux troncs qui se présentaient, griffant l'écorce dont des éclats se logèrent sous ses ongles.
Agacée par l'attitude de Yennaël car, bien qu'elle comprît parfaitement qu'il se sente perdu et frustré de se retrouver sur Terre si soudainement, elle ne tolérait guère qu'il extériorise ces sentiments sur elle qui cherchait seulement à le soulager, Richa lui lança, grinçante et les dents serrées :
– Et ben vas-y ! Rampe plus loin ! Je me demande comment tu vas faire pour mettre ton pantalon une fois que tu seras tombé !
Yennaël ne répondit pas, ça l'aurait trop fatigué et il n'avait pas le cœur d'expliquer pourquoi il creusait ainsi la distance entre lui et Richa, encore moins devant des inconnus. Ce silence contraria encore davantage la jeune fille. Dans un grognement, elle frappa le tronc le plus proche.
La situation était déjà fortement complexe alors pourquoi Yennaël la compliquait-il plus avec cette attitude ? C'était pourtant le moment de rester soudé et de se soutenir mutuellement.
Quelques gémissements lui parvinrent depuis les arbres entre lesquels Yennaël s'était isolé. Apparemment, il rencontrait d'importantes difficultés à se changer mais il ne demanda pas d'aide.
Mettant sa fierté de côté, Richa s'apprêta à rejoindre le jeune homme, même si elle se doutait qu'il tenterait de la chasser à grands renforts de grognements, se moquant de l'exigence de Yennaël, mais elle fut retenue par Elio, qui, ayant quelque peu retrouvé son souffle, l'informa :
– J'ai ramené des chaussettes mais j'ai pas pu trouver de chaussures qui seraient allées...
Richa baissa le regard sur ses bottes de cuir taillées dans l'Enclave qu'elle portait encore, les ayant gardées par habitude. Elle n'avait pas songé à ce détail. Ce n'était cependant pas un obstacle insurmontable et quelques secondes de réflexion suffirent pour qu'une idée commence à émerger dans l'esprit de Richa.
La jeune fille retira ses bottes, qui iraient rejoindre les sacs dans leur cachette, et enfila l'une des paires de chaussettes ramenées par Elio.
N'ayant que cela pour protéger ses pieds, elle effectua plusieurs pas pour salir les chaussettes. Ainsi, les enquêteurs penseraient qu'elle s'était déplacé pieds nus dans les bois, peut-être pour fuir quelque chose. Richa leur laisserait tirer leurs conclusions. Ce serait plus sûr que d'élaborer un mensonge qui aurait pu risquer d'être incohérent avec les faits constatés. Il faudrait seulement en faire de même pour Yennaël.
Ce dernier revint parmi le petit groupe dans la lumière blafarde des téléphones portables. Ses traits étaient contractés en une grimace de douleur et d'effort. Sa progression semblait également difficile alors qu'il continuait à s'agripper aux arbres.
Richa lui lança la seconde paire de chaussettes en lui expliquant pourquoi il valait mieux les salir puis, le laissant se débrouiller comme il le souhaitait tant, elle alla dissimuler les affaires du jeune homme et ses bottes.
Lorsqu'elle revint après uniquement quelques minutes, Yennaël était déjà écroulé au pied d'un arbre qui n'avait pas été suffisant pour le soutenir. Les quelques forces qu'il avait retrouvées grâce à sa peur obsédante l'avaient à nouveau abandonné. Il les avait consumées en se déplaçant et en changeant de tenue, à tel point qu'il ne tenait plus sur ses jambes.
S'asseyant à ses côtés, Richa étudia les vêtements qu'il portait à présent pour s'assurer que personne n'aurait risqué de les reconnaître comme appartenant à Elio. Il portait un jeans délavé, un simple T-shirt blanc basique et un blouson en cuir pourvu d'une large boucle en bas. Cela ferait bien l'affaire.
S'installant contre Yennaël, elle adopta une position relâchée pour feindre l'inconscience. Le jeune homme n'eut même pas à en faire de même, déjà plongé dans un état second après ce léger regain d'énergie.
– Donc...on...on appelle une ambulance ? Demanda Vinciane, incertaine et le poing serré sur son téléphone.
– Oui et on croise les doigts pour que tout se passe bien. »
Vinciane et Elio acquiescèrent sans grande conviction, incertains, inquiets et appréhendant.
La main tremblante, la jeune fille composa le numéro des urgences pour répéter le mensonge dont ils avaient convenu. Elle n'eut pas à se forcer pour jouer la panique. Le calme qu'elle s'était efforcé de conserver la quittait pour commencer à céder la place à l'hystérie, à tel point qu'elle dut s'y reprendre à deux reprises pour réussir à expliquer à l'opérateur qu'elle venait de découvrir Richa et un inconnu inconscients dans les bois sur les hauteurs de la ville. Quelques réponses aux questions posées par l'opérateur pour préciser la situation et Vinciane raccrocha.
Ses tremblements avaient gagné en intensité, la jeune fille ayant fragilisé ses défenses qui l'empêchaient de totalement craquer, et ceux d'Albane et Elio augmentèrent également, comme si voir Vinciane s'affoler durant son appel les avait eux aussi rapproché du point de rupture.
Les sons stridents des sirènes s'élevèrent de la ville après seulement quelques minutes. Ces hurlements discordants firent réagir Yennaël, qui sursauta mollement contre Richa.
Pour lui qui ignorait tout de la civilisation humaine de la Terre, ce genre de bruits devait être effrayant puisqu'il était incapable d'en comprendre l'origine. Prise par l'urgence et peinant à réfléchir, tant à cause de la fatigue que de la situation, Richa n'y avait pas songé et il paraissait être un peu tard pour informer le jeune homme du fonctionnement de cette société sur Terre. Elle pouvait seulement espérer que le jeune homme ne serait pas pris de panique une fois confronté à la modernité.
Le fait qu'il soit plus inconscient que conscient limitait probablement ce risque. Sans compter que le jeune homme était bien assez intelligent et intuitif pour comprendre qu'il valait mieux qu'il se comporte comme si ce qui l'entourait ne l'étonnait pas. Du moins, Richa comptait là-dessus.
Si il avait raconté la vérité, même partiellement, il aurait été placé sous surveillance psychiatrique.
Les secours arrivèrent en quelques minutes, ambulances et véhicules de police.
Richa entendit Vinciane et Elio raconter à nouveau l'histoire qu'ils avaient élaborée, de plus en plus affolés alors qu'ils réalisaient peu à peu la folie de toute l'affaire. L'avantage était que, grâce à cet état de choc réel, ils apparaissaient comme véritablement crédibles. De son côté, Albane ne prononça pas un mot ou alors Richa ne capta pas son timbre.
Pendant que les trois jeunes gens rapportaient les soit-disant faits à des policiers, la jeune fille sentit qu'on vérifiait ses signes vitaux. Feignant toujours l'inconscience, elle se laissa faire, faussement amorphe, et se contenta d'émettre un grognement sourd du genre qu'on poussait dans son sommeil.
Elle manqua cependant de bondir lorsqu'elle entendit l'un des ambulanciers qui se chargeaient de Yennaël avertir ses collègues que l'état de ce dernier était préoccupant et qu'il fallait le transporter à l'hôpital sans tarder. Se forcer à demeurer immobile, toujours faussement sans connaissance, s'avéra très difficile lorsqu'elle entendit ça. Elle avait la confirmation qu'elle avait bien fait de prendre le risque de prévenir des secours.
Les ambulanciers ne perdant donc pas de temps, ils déplacèrent Richa et Yennaël sur des civières pour ensuite les conduire dans l'ambulance après avoir obtenu l'autorisation des policiers, qu'ils avertirent de l'état relativement précaire de Yennaël.
Richa entendit la porte du véhicule claquer et les sirènes retentirent à nouveau alors que le secouriste au volant démarrait pour gagner l'hôpital le plus proche le plus rapidement possible. La jeune fille espérait que Yennaël ne paniquait pas face à toutes ces choses qu'il ne pouvait pas comprendre.
La situation était déjà suffisamment compliquée sans qu'il ne soit effrayé par son environnement inconnu. Richa espérait que le jeune homme parviendrait à s'y habituer, pour que le temps qu'ils allaient devoir passer sur Terre soit le moins pénible possible pour lui.
Les paupières closes, feignant toujours l'inconscience, Richa n'avait rien d'autre à faire que de s'enfoncer dans ses réflexions. La situation se compliquait et la jeune fille se demandait comment ils allaient bien pouvoir gérer tout cela. Envisager toutes les tournures possibles et comment y réagir l'aurait rassurée et lui aurait apporté un peu de sérénité mais elle ne réussissait guère à y réfléchir, fatiguée et déconcentrée par les sirènes de l'ambulance.
Celles-ci continuaient à hurler alors que le véhicule traversait la ville vers l'hôpital le plus proche.
Même si ses souvenirs de ce moment avaient toujours été flous dans son esprit, Richa se doutait que, le soir où on l'avait retrouvée dans cette ruelle ressemblait grandement à ce qu'elle vivait actuellement, l'appel affolé aux secours, les sirènes, les policiers et le trajet en ambulance.
Trois ans à avoir survécu dans l'Enclave, à avoir surmonté de nombreuses épreuves, à en avoir appris sur elle-même, pour finalement revenir au même point que lorsqu'elle avait treize ans.
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