Chapitre 14 - Une succube dans la tourmente

Appuyée contre le mur creusé dans la roche, Messaline soupira lourdement avec lassitude alors qu'elle observait sans s'y intéresser ni réellement les voir les Humcréas qui déambulaient dans la galerie devant elle.
Elle souffrait de la faim mais n'avait aucune envie de se nourrir. Même si elle examinait les personnes qui la croisait, elle ne recherchait pas vraiment de repas.
Le problème était que l'énergie commençait à lui manquer et elle s'affaiblissait lentement.
Ses jambes peinant à la soutenir et sous l'effet de l'affliction qui pesait sur ses épaules, la succube se laissa glisser le long du mur jusqu'au sol où elle s'installa, les genoux remontés contre sa poitrine sous sa robe et son menton posé dessus.
Cela faisait déjà quelques jours qu'elle avait gagné Forèliore et son réseau important de catacombes où évoluaient de nombreux Humcréas clandestins parmi qui elle s'était caché.
Après que Pallwen l'ait encouragée à fuir pour sa propre sécurité, elle avait erré sans but dans les rues de Plainiore, se demandant encore pourquoi elle avait éprouvé le besoin impérieux de révéler lav érité à son amant, question qu'elle continuait à se poser.
En traînant dans les rues de l'étouffante capitale, elle avait appris que la nouvelle de sa disparition s'était répandu. De nombreuses rumeurs pour l'expliquer n'avait pas tardé à émerger et Messaline avait de peu manqué de frapper l'homme qui avait prétendu qu'elle avait épuisé le souverain en obtenant de lui tout ce qu'elle pouvait obtenir puis était partie se chercher une nouvelle victime, même si elle-même ignorait pourquoi cela la contrariait autant.
Entendre ces racontars lui avait néanmoins permis de comprendre que trop de personnes connaissaient son identité aux Terres de Plaines, qu'il lui fallait donc quitter. A contrecœur, se sentant déchirée, elle s'était donc dirigé vers les Terres de Forêt et leur capitale, à défaut d'avoir un véritable endroit où se rendre.
Évidemment, toutes les catacombes des grandes villes abritaient ces réseaux clandestins d'Humcréas mais Messaline avait préféré gagner directement le plus grand et le centre névralgique de toutes cette contrebande pour se noyer dans la foule, où elle serait plus en sécurité et où trouver de quoi se nourrir aurait été plus simple. Elle avait également espéré pouvoir se rapprocher de Wolramf, le dirigeant, d'une manière ou d'une autre, pour améliorer sa situation, ce qu'elle n'avait pas encore tenté depuis son arrivée à Forèliore.
Le trajet entre les Terres de Plaines et les Terres de Forêt, qui impliquait de traverser presque tout le continent, avait duré des semaines mais Messaline n'avait pas véritablement eu conscience de cette durée. Elle avait progressé par automatisme sans réellement s'apercevoir des distances qu'elle parcourait ou des paysages qui défilaient autour d'elle. Peut-être même qu'elle avait été temporairement accompagnée par d'autres voyageurs mais ça ne l'avait pas marquée, elle n'en conservait pas vraiment de souvenir et ne pouvait en être certaine. Ça avait été comme si elle avait été en état de choc durant tout ce voyage mais rien ne justifiait qu'elle plonge dans un tel état, surtout durant autant de temps.
Au moins, le trajet n'avait pas été pénible puisqu'elle n'en avait eu que moyennement conscience. Elle n'avait pas subi la fatigue, le froid, la peur, la faim ou le manque de confort.
Cette torpeur avait commencé à s'estomper à son arrivée à Forèliore.
Se forçant à agir avec réflexion et non plus uniquement par instinct,elle s'était débrouillé pour trouver un lieu où dormir, une simple niche profonde creusée dans les parois des catacombes où elle avait installé les affaires données par Pallwen, qui lui avaient permis d'atteindre les Terres de Forêt sans rencontrer trop de difficultés.
En revanche, elle n'avait découvert aucune chose à faire et elle se contentait d'errer sans but dans les galeries. Elle se convainquait que ces déplacements sans objectif ni réelle destination lui servaient à chercher et repérer d'éventuels repas. En tant que succube, elle avait besoin de se nourrir de l'énergie sexuelle d'autres personnes pour survivre et reprendre des forces, mais elle ne l'avait toujours pas fait, d'où la faim qui la rongeait.
A cause de sa mémoire embrumée quant au déroulement de son voyage, elle ignorait si elle avait pris le temps de se nourrir durant le trajet mais elle avait eu l'énergie pour marcher jusqu'à Forèliore alors elle avait probablement dû retrouver quelques forces à un moment ou à un autre.
A présent qu'elle avait rejoint un lieu où s'abriter et rester en sécurité, que son esprit était libéré de ces brumes qui ne lui permettaient pas d'être totalement consciente de ce qu'il se passait autour d'elle, elle ne s'était toujours pas nourrie. Cette fois, elle en était certaine et s'en apercevait parfaitement.
La faim l'affaiblissait, à tel point qu'elle peinait à tenir actuellement sur ses jambes, d'où sa position assise, pourtant, elle ne cherchait pas à l'apaiser.
A chacune des journées qui avaient commencé pour elle dans ces catacombes, Messaline s'était dit que ce serait aujourd'hui qu'elle trouverait quelqu'un sur qui se nourrir mais elle s'était toujours couché encore plus affamée que la veille.
Pour une raison ou une autre qu'elle ne saisissait pas, elle ne parvenait pas à se résoudre à voler l'énergie sexuelle de quelqu'un. Elle n'avait pourtant jamais éprouvé le moindre problème à le faire auparavant. Après tout, il s'agissait de quelque chose de normal et commun, d'ordinaire, pour le peuple des succubes.
Alors pourquoi s'en sentait-elle soudainement incapable ? Pourquoi, dès qu'elle avait tenté de s'approcher de quelqu'un pour s'en nourrir, le visage de Pallwen s'imposant dans son esprit la retenait-elle ? Elle ne comprenait pas et s'en agaçait.
Elle n'allait tout de même pas se laisser stupidement mourir de faim car une morale et un rapport à son corps propre aux humains et aux autres Humcréas l'avaient subitement saisie.
Son regard se posa sur un gorgo aux yeux jaunes, aux cheveux de serpent attachés sur sa nuque et aux bras musclés exposés par les manches remontées de sa chemise. L'Humcréa possédait un physique plaisant qui la satisfaisait mais, de toute manière, dans son état de faim, elle se moquait de la personne de qui elle aurait pu se nourrir et la première aurait fait l'affaire.
Ce même sentiment inexplicable la retenait cependant toujours. Sa contrariété augmenta subitement d'un seul coup.
Pour obliger ce blocage à disparaître, elle décida de se forcer à manger, qu'importe la gêne qui l'envahissait. Elle devait se nourrir. A présent, il s'agissait d'une question de vie ou de mort.
Se relevant, légèrement incertaine sur ses jambes faibles, en s'appuyant contre le mur à côté d'elle, elle réajusta ses vêtements qu'elle épousseta, se coiffa d'une main dans ses cheveux et s'assura que ses formes voluptueuses étaient parfaitement mises en valeur, que tous ses appâts féminins étaient aussi irrésistibles qu'à l'accoutumée.
Ne laissant planer aucun doute sur ses intentions et, comme sa magie séductrice était encore plus puissante lorsqu'elle ne camouflait pas ses aspects physiques de succube comme elle en avait pris l'habitude durant sa vie au palais des Terres de Plaines, elle brisa le sort qu'elle usait en quasi-permanence. Ses ailes de chauves-souris jaillirent de son dos à travers le dos-nu sommaire qu'elle avait elle-même créé en découpant un morceau de tissu de sa robe, ses cornes nacrées et légèrement torsadées couronnèrent son front et ses pupilles s'allongèrent en se rétrécissant.
Comme si il percevait que tout ce déploiement de séduction lui était destiné, le gorgo stoppa dans sa progression et se retourna. Il avisa immédiatement Messaline dans la galerie et cette dernière lui adressa un sourire accompagné d'un clin d'œil incendiaire pourtant,il ne s'agissait que de réflexes de séduction qu'elle effectuait par habitude car elle les avait déjà faits des centaines de fois.Au fond d'elle, elle ne s'impliquait pas dans ce jeu de séduction, elle n'y était pas.
Sans la faim qui ne cessait de se rappeler à elle, elle n'aurait pas vu l'intérêt de tout ce manège et l'aurait totalement abandonné.
Heureusement pour sa faim, qu'elle était prête à renoncer à satisfaire, le gorgo se laissa happer sans chercher à résister, presque comme si il attendait qu'une succube croise son chemin en l'invitant à une étreinte. Il revint sur ses pas pour se diriger vers Messaline avec un sourire en coin.
La succube se révéla encore plus affamée qu'elle ne le pensait car elle ne prit même pas la peine d'échanger le moindre mot avec le gorgo avant de se jeter à son cou pour l'embrasser en plongeant sa langue à la rencontre de la sienne.
Surpris, l'Humcréa demeura figé durant quelques secondes avant de lui rendre son baiser.
C'était tout de même assez pratique d'être une succube dont la capacité principale était de séduire de manière immédiate et presque certaine tous ceux qu'elle souhaitait.
Un peu de force lui revint mais ce n'était pas suffisant et ce peu d'énergie qu'elle obtint lui donna encore plus faim et renforça son besoin d'apaiser celle-ci.
Agrippant le devant de la chemise du gorgo, elle le tira pour l'amener vers l'endroit où elle avait installé son couchage tout en le plaquant contre elle. Encore une fois, il ne chercha pas à résister et se laissa faire.
L'allongeant, elle le chevaucha et entreprit de le déshabiller mais, lorsqu'il chercha à lui retirer sa robe à son tour, elle se raidit subitement. Le visage de Pallwen se dessina dans son esprit et le fait que les mains qui la caressaient n'appartenaient pas à ce dernier, ne possédaient pas les mêmes callosités ni ne parcouraient son corps de la même manière, devint brusquement insupportable.
Qu'importe la faim, elle ne le pouvait tout simplement pas, c'était au-dessus de ses forces.
Changeant radicalement d'attitude en une seconde, Messaline repoussa violemment les mains du gorgo en les frappant. Ne comprenant pas ce qu'il se passait si soudainement, le jeune homme ne réagit pas, du moins,jusqu'à ce que Messaline, à moitié dénudée, le traîne hors de sa sommaire habitation en lui ordonnant froidement de partir.
Stupéfait et déstabilisé, le gorgo la fixa, la bouche entrouverte, mais,avant qu'il ne prononce la question qu'il s'apprêtait à formuler, Messaline le poussa brutalement en arrière en lui hurlant de dégager.
Face à la véhémence de la jeune femme, malgré son incrédulité et son incompréhension, le gorgo préféra obtempérer et quitta les lieux pour disparaître dans la galerie.
Messaline se laissa tomber sur son couchage dans un soupir. Visiblement, elle n'avait pas d'autre choix que de se laisser mourir de faim.
Les larmes aux yeux, elle remonta ses genoux contre sa poitrine pour les serrer contre elle.
Elle qui avait lutté de toutes ses forces pour survivre, qui n'avait pas hésité à appliquer tous les moyens nécessaires pour le faire, qui avait réussi à le faire malgré la présence de la Flamme Blanche dans l'Enclave, elle allait finalement mourir de faim car elle s'avérait soudainement incapable de se nourrir pour une raison qui lui échappait.
C'était tellement pitoyable !
Après plusieurs minutes à se morfondre et à subir cette faim qu'elle se révélait incapable d'apaiser, elle s'efforça de se reprendre. Elle essuya ses yeux humides, se rhabilla et quitta la niche. Elle n'avait aucune raison de le faire mais elle éprouvait le besoin de se déplacer, continuant à errer sans but dans les catacombes en souffrant de la faim.
Les bras resserrés autour d'elle, elle commença à déambuler dans les couloirs sans savoir que faire, elle gagna l'une des plus grandes galeries, l'un des axes principaux des catacombes, par laquelle passaient de nombreux Humcréas. Etre entourée un maximum l'aurait peut-être poussée à cesser de résister inconsciemment et à se nourrir mais elle savait qu'elle se mentait à elle-même en prétendant cela.
Cela faisait des jours qu'elle arpentait les catacombes et croisait des dizaines d'éventuels repas mais elle n'avait jamais réussi à voler son énergie à qui que ce soit. Ça avait la première fois qu'elle avait été si proche de le faire mais elle n'avait pas pu sans qu'elle ne puisse se l'expliquer.
Soudainement, elle avisa une silhouette qu'elle avait déjà rencontrée à quelques reprises. Il lui fallut quelques secondes pour la reconnaître et se souvenir de la personne à qui elle appartenait.
Certainement car elle se sentait rassurée de trouver une personne connue, qui représentait un éventuel point d'ancrage, elle appela cette connaissance par son nom, faisant réagir plusieurs des passants en plus du principal intéressé.
Surpris d'entendre son prénom crié par une voix féminine au milieu de ces galeries, Liam se retourna vivement, une main sur le pommeau de son épée.
Durant un instant, il crut qu'il s'agissait de Richa de retour de la Terre mais le timbre était différent. Rapidement, il reconnut Messaline qui se dirigeait vers lui en se frayant un chemin à travers la foule d'Humcréas.
Remarquant son arrêt soudain, Esadd et Alerrin, qui l'accompagnaient, stoppèrent à leur tour dans leur progression. Liam regarda la succube les rejoindre en fronçant les sourcils.
Que faisait-elle ici ? Pourquoi ne se trouvait-elle plus à Plainiore, au palais royal ? Que lui était-il arrivé ?
La détaillant plus attentivement, Liam la découvrit visiblement éprouvée et fatiguée, les joues creusées et les yeux marqués de cernes. Même si elle demeurait indéniablement séduisante, elle avait perdu de sa superbe.
Arrivant face au jeune homme balafré, elle lui adressa un large sourire, pas un de séductrice mais seulement une expression soulagée.

« C'était bien toi, constata la jeune femme. Je n'en étais pas certaine.

- T'es bien la dernière personne que je pensais voir ici, lança Liam en guise de salut. Qu'est-ce que tu fais là ?

- Je n'ai pas envie d'en parler avec toutes ces oreilles indiscrètes dans les parages. Allons dans un endroit plus intime. Proposa Messaline.

- D'accord, accepta Liam. Esadd, Alerrin, je vous laisse continuer seuls. Je vous rejoins plus tard.

Esadd adressa un sourire goguenard au jeune homme alors que ce dernier s'apprêtait à s'isoler avec une succube mais il ne fit aucun commentaire à voix haute et entraîna Alerrin à sa suite dans la galerie. Liam soupira. Il s'était douté qu'il devrait subir ce genre de remarques en suivant Messaline, surtout avec la formulation que cette dernière avait employée.
Il craignait qu'elle ne lui fasse des avances car il en aurait été particulièrement mal-à-l'aise mais il sentait qu'elle était tourmentée par quelque chose et il souhaitait l'aider, si il le pouvait. Après tout, Messaline leur avait offert son soutien pour leur projet, il lui devait donc de lui apporter son aide en retour.Sans compter que savoir quelle était la situation exacte de leurs alliés était d'une importance primordiale pour organiser leur plan.
Se séparant donc d'Esadd et Alerrin, il emboîta le pas à Messaline, qui le conduisit dans la niche sommairement aménagée qui luiservait d'habitation. Dans un soupir, elle prit place sur la couchette et invita Liam à faire comme chez lui mais le jeune homme préféra rester debout, adossé à côté de l'entrée, les bras croisés sur la poitrine.
En compagnie d'une succube, il préférait se tenir loin du couchage où elle aurait possiblement pu se montrer trop entreprenante.
Reprenant la conversation où ils l'avaient laissée en suspens, Liam s'enquit à nouveau :

- Alors, que s'est-il passé ?

- Pallwen a découvert que j'étais une Humcréa. Répondit Messaline en détournant le regard.

- Quoi ? Réagit vivement Liam. Tu veux dire que la Flamme Blanche est à ta poursuite ?

- Non, je ne crois pas, le rassura la jeune femme. Pallwen ne l'a pas avertie et, quand je suis partie de Plainiore, les rumeurs n'évoquaient pas une éventuelle nature d'Humcréa.

- C'est déjà ça, opina Liam. Mais comment il a pu le découvrir ? (Messaline détourna encore davantage le regard en restant mutique, refusant de répondre). Et t'es venue te planquer ici ?

- J'avais pas vraiment d'autres solutions mais je fais pas grand chose.

- Est-ce que tu te nourries ? J'ai l'impression que t'as l'air affaiblie.

- Je n'y arrive pas vraiment... Je ne sais pas pourquoi mais je n'y arrive pas. Enfin, je vais essayer d'y remédier prochainement... (en achevant sa phrase, Messaline lança un regard éloquent à Liam dont le visage s'empourpra).

- Je...euh... Je comprends ton problème mais je...enfin... Je peux pas et...

- Ne panique pas ainsi, voyons ! Je ne comptais pas te demander de me nourrir. Je sais que je ne suis pas ton genre. Rit Messaline.

- N...non, tu es euh...très bien !

- T'es mignon d'essayer de me rassurer mais j'ai bien remarqué que tu préférais les hommes (Liam entrouvrit la bouche, stupéfait). Ne prend pas cette expression surprise. Je te rappelle que les succubes ont la capacité de décrypter les désirs de leurs interlocuteurs, tout comme les inccubes. D'ailleurs, ça doit pas être évident d'être amoureux de quelqu'un qui se tient ainsi sur le devant de la scène face à la Flamme Blanche, non ?

- Ouais, bon, bref... Quelque chose m'échappe dans ce que tu racontes, reprit le jeune homme en changeant de sujet. Pallwen a découvert que tu étais une Humcréa mais il n'a rien dit à la Flamme Blanche ? Vraiment ?

- Il m'a laissée partir et il m'a donné de quoi survivre au voyage. Sans son aide, je ne serais probablement pas arrivée jusqu'ici.

- Mais...pourquoi ? Personne aurait réagi comme ça ! C'est insensé !

- Il m'a dit qu'il m'aimait, qu'il préférait me savoir loin de la Flamme Blanche, même si ça signifiait être loin de lui aussi. Il a dit qu'il m'aimait assez pour que le fait que je sois une Humcréa n'y change rien. C'est certainement un peu stupide...

- Non, c'est ça, l'amour, accepter l'autre comme il est, c'est pas une question de nature.

- C'est tellement émouvant, ironisa Messaline. Vas-tu réellement parler de la beauté de l'amour avec une succube ? Sérieusement ?

- Non, je te rassure. C'est pas mon genre. Donc, le roi des Terres de Plaines t'aime tellement qu'il a trahis la Flamme Blanche et est prêt à encourir sa sentence ?

- Il faut croire. Mais je n'ai jamais voulu ça ! Enfin, oui, je l'ai séduit mais je ne comptais pas le rendre fou amoureux à ce point ! Il m'a même annoncé qu'il voulait s'enfuir avec moi, abandonner le trône et refaire sa vie avec moi !

- J'ai pas voulu dire que tu avais cherché à jouer avec lui ou quoi que ce soit du genre... En fait, je réfléchissais. Il voulait vraiment laisser tomber le pouvoir et disparaître ?

- Peut-être pas tant que cela puisqu'il y a renoncé pour me permettre de fuir... Je pense qu'il est vraiment épuisé et que la vie ne lui a pas fait de cadeau. Il est simplement usé et n'imaginait plus continuer. Il a dit que le royaume avait qu'à se débrouiller seul et qu'il comptait penser à lui pour la première fois...

- Il voulait partir et laisser tomber le trône...

- Et alors ?

- Et il semble capable de s'opposer à la Flamme Blanche pour toi...

- Oh je crois que je vois où tu veux en venir. Es-tu certain que c'est une bonne idée ?

- Je ne sais pas vraiment mais un roi qui fuit ou déclare que les Humcréas ne sont pas monstrueux comme la Flamme Blanche veut le faire croire, ça peut la fragiliser, c'est bon pour nous.

- Tu veux exploiter la faille émotionnelle et le mal-être de Pallwen pour servir les intérêts de votre projet ? C'est ignoble ! N'as-tu donc pas de morale ?

- Dixit la succube qui a profité de la faiblesse de cet homme pour le séduire et se glisser dans son lit pour avoir la sécurité et le confort.

- Bon, d'accord, je reconnais que je suis mal placée pour juger mais, de toute manière, je n'ai pas les moyens de le contacter et il me semble que débarquer dans le palais n'est guère recommandé dans notre situation, surtout sans renfort.

- Malheureusement, on va pas pouvoir refaire le tour de force de quand on t'a rencontrée. Yennaël et Richa sont...indisponibles.

- Il nous faudrait un intermédiaire... Et mince ! On dirait que je t'encourage dans cette idée...

- Et tu as dit ''nous''. Tu as l'intention de m'accompagner ?

- Ça concerne Pallwen, répondit Messaline comme si ça suffisait à tout expliquer. Enfin, ça, c'est uniquement dans l'hypothèse où nous pourrions rencontrer Pallwen.

- Et, pour ça, il nous faudrait une entrée pour le palais, un moyen d'accéder à la royauté et...

Liam s'interrompit de lui-même dans sa phrase alors qu'une idée lui traversait l'esprit.
Il savait à qui demander pour rencontrer secrètement Pallwen et lui parler.
Sous le regard surpris de Messaline, à qui il ne répondit pas lorsqu'elle lui demanda ce qu'il lui arrivait, il fouilla dans son sac, passé sur son épaule. Après quelques secondes à remuer ses affaires, il sortit sa nouvelle pierre de contact d'une couleur dorée.
Messaline fronça les sourcils, se demandant qui il s'apprêtait à contacter puisque, d'après ses propres dires, il ne pouvait se tourner vers Yennaël et Richa. Elle s'en inquiétait également puisqu'elle n'accordait pas sa confiance à quelqu'un uniquement car Liam le faisait. Si elle ne se méfiait pas, elle n'aurait plus été en vie aujourd'hui.
Par ailleurs, elle s'en préoccupait également pour Pallwen. Elle ne souhaitait pas le confronter à n'importe qui. Elle s'en voulait déjà suffisamment d'avoir ainsi exposé ses failles à Liam en permettant à ce dernier de les exploiter.
Le jeune homme ne lui expliquait toujours pas ce qu'il comptait faire exactement et elle s'en agaçait.
Profitant de l'instant durant lequel Liam parut hésiter à écrire son message, elle le saisit par le bras pour éloigner son doigt de la surface lisse de la pierre et l'obligea à lui faire face.
Les poings sur les hanches, elle exigea :

- Dis-moi ce que tu es en train de faire ! Je suis concernée par tout ça, par Pallwen, alors ne fais pas comme si tu pouvais te passer de m'expliquer !

- Oh, excuse-moi, je me suis seulement emporté dans mon idée. Je vois bien que tu te sens impliquée. Pour faire court, je me dis que, pour accéder à un membre de la royauté, le meilleur moyen est de passer par un autre membre de la royauté, même si c'est d'une autre royauté.

- Car tu as les moyens de contacter un membre d'une des royautés et d'obtenir son aide ? Par un artefact magique en plus ?

- Rafaël Kill'han. C'est une histoire un peu longue mais on est en contact, tous les deux.

- Ah je vois !

Liam fronça les sourcils, se demandant pourquoi l'intonation de Messaline avait soudainement changé pour formuler ce commentaire et pourquoi elle l'observait avec ce sourire en coin.
Dans un haussement d'épaules, il conclut que ce n'était guère important et il inscrivit son message à Rafaël à la surface de sa pierre.

A ton Altesse,
Dans nos derniers messages, on s'est plus ou moins dit que j'attendrai que tu me contactes mais c'est finalement moi qui te contacte. Pour tout te dire, j'ai besoin d'un service. Je sais que c'est moi qui t'en dois un mais je sais pas comment faire autrement qu'en passant par toi. Tu n'auras qu'à alourdir ma dette envers toi.
Liam.

Le jeune homme laissa la magie transporter son message jusqu'à la pierre que détenait Rafaël.
Il ignorait quand le prince le remarquerait. Après tout, il devait être particulièrement occupé et ne pouvait garder sa pierre de contact sur lui. Ça aurait été beaucoup trop dangereux.
La réponse ne tarda pourtant pas et Liam et Messaline n'eurent même pas le temps d'échanger une parole avant qu'elle n'apparaisse sur la surface dorée.

Mon cher Liam,
Je suis satisfait d'avoir de tes nouvelles, même si c'est pour me demander un service.
Pour ce qui est du ''payement'', ne t'en fais pas. Je considère que c'est en remerciement pour l'annulation du mariage de Ténériss et Withèr.
Je t'aiderai dans la mesure de mes moyens. Je t'écoute.

Je suis avec Messaline, l'ancienne maîtresse de Pallwen Méliand. Nous avons besoin de le rencontrer et j'espérais que tu pourrais nous y aider. C'est l'évidence de dire qu'on a besoin de la plus grande discrétion et prudence.
Messaline est une Humcréa, comme moi.

Je vois.
Ça va prendre plusieurs jours mais je pense pouvoir m'en charger. Je te tiens au courant.
Porte toi bien en attendant.
Rafaël.

Lisant par-dessus l'épaule de Liam, Messaline demeura fortement surprise de la serviabilité du prince héritier des Terres Intérieures mais elle ne put retenir un léger rire devant l'échange écrit des deux jeunes hommes.
Le plus important restait cependant que Rafaël ait accepté de les aider. Ils avaient possiblement un moyen de contacter Pallwen. Elle allait pouvoir le revoir.

Suite à sa conversation avec Messaline et sa décision de tenter de pousser Pallwen Méliand à quitter sa place de souverain, Liam avait organisé leurs futurs déplacements avec Esadd et Alerrin, les laissant gérer les repérages des postes qu'il leur fallait encore piéger pendant qu'il s'occupait de ce nouveau plan qui lui était venu.
Certainement était-ce une idée soudaine, surgie d'un recoin de son esprit, pour ainsi dire de nulle part, qu'il s'appliquait à réaliser un peu vainement. Au final, les risques qu'il aurait pris pour la mettre en œuvre seraient probablement supérieurs aux résultats, comme lorsqu'il s'était infiltré dans les archives des Terres Intérieures, pourtant, il s'investissait totalement dedans.
D'ailleurs, peut-être n'était-ce pas tant pour réussir ce plan imprécis que pour tenter d'améliorer la situation de Messaline et Pallwen. Même sans véritablement les connaître, il se sentait touché par leur détresse à tous deux.
Rafaël l'avait recontacté après plusieurs jours, laps de temps qu'il avait passé dans les catacombes de Forèliore en compagnie de Messaline.
Le prince l'avait informé qu'il avait convenu d'un rendez-vous avec Pallwen sans lui dévoiler leur identité à lui et Messaline. Il lui avait également donné un lieu où se rencontrer à Plainiore.
Sans perdre de temps, Liam et Messaline s'étaient préparé au voyage pour ensuite quitter les catacombes et Forèliore. Cette étape-ci s'était révélé plus compliquée qu'ils ne l'avaient pensé. A leur grande surprise, ils avaient constaté que de nombreuses patrouilles de la Flamme Blanche se trouvaient aux abords des différents accès aux sous-sols de la cité pourtant désertée,presque comme si elles les surveillaient.
Ils étaient néanmoins parvenus à s'extirper de la ville et avaient entamé leur voyage vers Plainiore, refaisant en sens inverse le chemin que Messaline avait déjà parcouru il y avait plusieurs jours.
Durant le trajet, Liam avait dû forcer la succube à se nourrir malgré le malaise qu'il en avait ressenti mais c'était crucial pour la santé de la jeune femme.
Cette dernière avait finalement réussi à reprendre un peu d'énergie à quelques reprises mais la majorité de ses tentatives s'était soldé par des échecs, comme avec le gorgo, et Liam avait terminé le voyage en la portant sur son dos, très inquiet.
A présent, ils avaient atteint le point de rendez-vous fixé par Rafaël et attendaient ce dernier alors que la nuit était déjà tombée depuis quelques heures.
Ils se trouvaient dans une ruelle servant à l'entretien des imposants jardins des riches demeures de ce quartier aisé à proximité du palais.
Liam se sentait fébrile et ne cessait de s'agiter mais pas nécessairement à cause de leur rencontre prochaine avec Pallwen Méliand. A côté de lui, Messaline était au sol, affaissée contre le mur.
Elle était particulièrement faible, tellement que Liam vérifiait régulièrement son état pour s'assurer qu'elle respirait toujours.
Soudainement, des pas claquant sur les pavés se rapprochèrent de leur position. Si Messaline ne réagit pas, Liam posa une main sur le pommeau de son épée en se plaçant devant la jeune femme pour la protéger.Heureusement, il reconnut la silhouette de Rafaël sous la cape sombre dont la capuche camouflait les traits, éclairé par une lanterne ouvragée qu'il tenait à la main.
Le jeune homme balafré quitta son attitude tendue pour plutôt saluer Rafaël d'un signe de la main. Il fronça cependant les sourcils en remarquant que le prince était seul.
Où était Pallwen ?
Ouvrant la bouche, Liam s'apprêta à formuler verbalement cette question mais Rafaël le prit de vitesse en annonçant :

« Je suis venu en avance. Pallwen ne va pas tarder à nous rejoindre. Et où est Messaline ?

- Juste ici, répondit Liam en désignant la forme contre le mur. Elle n'est pas très en forme. Au fait, merci de nous aider sans nous poser de questions et, surtout, gratuitement.

- Je te l'ai dit, c'est pour l'annulation du mariage.

- Tu dois vraiment tenir à Ténériss Ennabraüs. Marmona Liam, renfrogné.

- C'est ma seule amie alors, oui, elle m'est très précieuse.

Une nouvelle série de pas se dirigeant vers eux les empêchèrent de prolonger leur conversation.
Tout comme Rafaël, la personne se dissimulait sous une cape et s'éclairait d'une lanterne.
Pour une fois, le regard du souverain des Terres de Plaines n'était pas uniquement hanté par la tristesse mais également intrigué et méfiant. Liam nota aussi que son expression semblait encore plus chagrinée qu'à l'accoutumée, peut-être à cause de l'absence de Messaline.
Ses sourcils se froncèrent alors qu'il examinait Liam puis, se tournant vers le prince, il lui lança :

- Rafaël, vas-tu me dire ce que tout cela signifie ?

L'intéressé ouvrit la bouche, allant pour présenter Liam et exposer le peu qu'il savait de la situation, mais il fut pris de vitesse par Messaline, que Pallwen n'avait pas remarquée à cause de l'obscurité.
Réagissant à la voix du souverain, la jeune femme eut un subit regain d'énergie. Elle se releva d'un bond malgré ses jambes tremblantes et elle se jeta au cou de Pallwen.
Ce dernier la réceptionna entre ses bras par réflexe et sans réellement y croire, comme si il étreignait une illusion, mais il perçut bien son corps contre le sien.
Stupéfait, il balbutia :

- M...Messaline ? Mais...mais...

Avant qu'il ne termine de formuler sa question, dont il ignorait le contenu, Messaline vacilla, rattrapée par son état de faiblesse, et elle bascula en arrière, chutant malgré elle.
Pallwen la retint et la secoua doucement en l'appelant pour tenter de la faire réagir mais la jeune femme semblait plongée dans l'inconscience.
Avant que le souverain ne panique réellement et totalement, Liam indiqua en l'aidant à soutenir Messaline :

- Elle est pas très en forme... Elle n'a pas réussi à se nourrir ces derniers jours...

- Je pensais lui avoir donné assez de vivres... Souffla Pallwen en caressant la joue de Messaline.

- C'est à dire que...les succubes et les incubes ont besoin d'absorber de l'énergie sexuelle pour survivre et enfin... J'ai pas besoin d'entrer dans les détails... Expliqua Liam, légèrement gêné.

- Je pensais la mettre en sécurité en l'éloignant de Plainiore... Je pensais que, si je l'accompagnais, on nous rechercherait avec bien plus d'acharnement que si elle restait seule et qu'on risquerait alors de découvrir qu'elle était une Humcréa mais...je l'ai seulement poussée sur une voie qui l'a presque tuée... Peut-être aurais-je dû fuir avec elle, comme je le voulais initialement...

- Il n'est pas encore trop tard. Déclara Liam.

- Et qu'adviendrait-il du trône ? Demanda Rafaël.

- Je n'en ai cure, répondit Pallwen. La seule chose qui m'importe, c'est Messaline. Venir avec elle serait l'exposer au danger mais je ne peux pas la laisser ainsi...

- Je ne veux pas repartir... Râla Messaline dans les bras de Pallwen.

- Que pouvons-nous faire ? S'enquit Pallwen en adressant un regard désespéré à Liam et Rafaël, les suppliant de le conseiller.

- Et bien, pour être parfaitement franc, je voulais vous pousser à fuir et abandonner le royaume mais je ne suis plus sûr que ce soit une bonne idée... Reconnut Liam. Ça laisserait le champ libre à la Flamme Blanche. La solution serait que vous restiez sur le trône durant encore un temps mais que soyez prêt à le quitter.

- Et que se passera t-il lorsqu'il n'y aura plus de souverain aux Terres de Plaines ? Le royaume sera livré à lui-même et la Flamme Blanche pourra en faire ce qu'elle veut. Fit remarquer Rafaël, dubitatif.

- Non car je ne vous demanderai d'abandonner le trône que lorsque la Flamme Blanche sera dans l'incapacité de s'emparer du royaume. Répliqua Liam.

- Comment ça ? Insista Rafaël.

- Nous avons un plan qui devrait nous amener à la fin de la Flamme Blanche. Peut-être que ça arrivera même plus vite qu'on ne le pense tous. Quand ça arrivera, vous pourrez profiter du chaos ambiant qu'il y aura sûrement pour partir.

- Et tous les habitants des Terres de Plaines se retrouveront livrés à eux-mêmes sans autorité pour les guider durant une période certainement troublée ? Releva Rafaël.

- Je suis d'accord que ce sera un peu la panique et qu'il faudrait une entité relativement puissante et influente pour aider les gens à tout reconstruire et pour remplacer la Flamme Blanche, momentanément. On peut pas juste détruire la Flamme Blanche et laisser l'Enclave dans cet état d'incompréhension, livrée à elle-même... Réfléchit Liam.

- Navré mais je me moque de cela, les interrompit Pallwen. Je ne veux plus entendre parler de manœuvres politiques, la Flamme Blanche ou la résistance humcréa, toutes ces histoires ne m'intéressent plus depuis longtemps. Tout ce qui m'importe, encore une fois, c'est Messaline. Comment la protéger si elle ne veut pas quitter Plainiore ?

- Y a des catacombes à Plainiore... Souffla Messaline.

- Et alors ? Demanda Rafaël.

- Tu penses que ça ira de rester aussi près du palais ? S'enquit Liam auprès de Messaline sans répondre à Rafaël. Tu voulais justement t'en éloigner...

- Et ça a été une idée couronnée de succès, pas vrai ? Ironisa Messaline. Que je sois cachée dans ces catacombes ou dans celles de Forèliore revient au même, c'est le même niveau de sécurité, sauf que, ici, je peux être avec Pallwen. En plus, je pourrai continuer à avoir et te transmettre certaines infos, ça devrait t'arranger.

- Oui, pas faux. Après, tu fais bien comme tu veux. Accepta Liam dans un haussement d'épaules.

- Si nous nous sommes tout dit, je vais me retirer, déclara Pallwen. Messaline a besoin de repos et je ne peux pas m'absenter trop longtemps du palais. Au revoir.

- Attendez, le retint Liam. Vous considérez vraiment que tout est dit ?

- Je vous ai dit que je n'avais que faire de vos affaires et je n'avais pas besoin de votre permission pour décider d'abandonner la royauté.

Là-dessus et sans s'attarder davantage, Pallwen s'éloigna en portant Messaline dans ses bras et s'éclairant toujours de sa lanterne.
Leur silhouette finit par disparaître dans l'obscurité et à l'angle d'une rue après quelques minutes.
En les observant partir, Liam se fit la réflexion qu'il n'avait pas obtenu autant de cette opération qu'il l'espérait, comme il s'en était douté, mais il n'avait pu que donner raison aux remarques de Rafaël. Permettre à la Flamme Blanche d'investir totalement les Terres de Plaines aurait été une énorme contre-performance.

- Une entité relativement puissante et influente qui pourra, en un sens, remplacer l'autorité de la Flamme Blanche... Répéta Rafaël. C'est vrai que, si la Flamme Blanche disparaît, il faudra réorganiser, aménager un nouveau fonctionnement, reconstruire, montrer à tous que la vie sans la Flamme Blanche n'est pas le chaos. Il va falloir quelqu'un ou quelque chose pour gérer ce renouveau. Penses-tu vraiment que vous pourrez le faire depuis le trône vacant des Terres de Plaines ?

- Je sais pas vraiment... Il faudrait que j'en parle avec Yennaël... Mais, toi, tu as l'air d'avoir une idée, non ?

- Et bien, cela fait longtemps que je souhaitais libérer mon royaume de l'influence de la Flamme Blanche et donc que je réfléchis et que je pense à quoi faire une fois que ce sera chose faite. J'ai de nombreux projets et je saurai quoi faire lorsque la Flamme Blanche ne sera plus.

- Tu proposes donc de devenir cette ''entité'' depuis le trône des Terres de Plaines ? C'est un peu opportuniste, non ?

- Pour commencer, je pense surtout à toutes les personnes dont la disparition de la Flamme Blanche va bouleverser les vies et que, sans quelqu'un pour les rassurer, le monde va sombrer dans le chaos et la guerre civile, ce que tu n'as pas fait. Ensuite, je ne compte pas prendre le pouvoir aux Terres de Plaines. Je pensais plutôt à réunir les Terres de Plaines et les Terres Intérieures d'une manière ou d'une autre pour créer une entité réellement puissante. Enfin, c'est encore un peu flou.

- Pourquoi est-ce que tu me parles de tout ça ? C'est assez risqué. Je pourrais chercher à contrecarrer tes plans.

- Tu as fait la même chose en évoquant ton grand projet.

- Pallwen a dit qu'il se sentait pas concerné par tout ça et Messaline s'en fout complètement. Leur dire ou non ne change rien.

- Et pour moi ?

- Comment ça ?

- Tu as fait ces révélations devant moi également. Tu m'as mis au courant de ce projet. N'est-ce pas risqué ?

- Oui, t'as sûrement raison mais, ça m'est pas venu à l'esprit. Ça m'a pas dérangé de le faire. Je te rappelle que toi aussi tu m'as révélé tes projets en partie et de façon bien plus détaillée que moi.

- C'est vrai mais car tu l'avais fait en premier. Alors, cela signifie t-il que tu me fais confiance ? Après tout, c'est directement vers moi que tu t'es tourné.

- Peut-être que c'est que j'avais pas le choix.

- Personnellement, je pense que je te fais confiance, au moins un peu.

- Je sais pas si ça change grand chose pour moi. Tu es peut-être même un peu stupide de me faire confiance comme ça.

- Surtout si tu ne me retournes pas cette confiance (Liam ne réagit pas à ce commentaire). Dis-moi, quel était l'intérêt pour toi d'organiser tout ça, tout ce voyage depuis Forèliore ?

- Je pensais pouvoir fragiliser la puissance de la Flamme Blanche en faisant fuir Pallwen mais tu m'as convaincu que c'était une mauvaise idée. C'est tout.

- Sérieusement ? Croyais-tu réellement obtenir un résultat véritablement satisfaisant en faisant ça ?

- Pourquoi je l'aurais fait sinon ? Répliqua Liam, sur la défensive.

- Tout simplement car tu as été touché par la détresse de Pallwen et Messaline et que tu souhaitais la soulager.

- Et pourquoi j'aurais fait ça ?

- Probablement car tu es quelqu'un de bien plus généreux que tu tentes de le faire croire.

- Si ça t'amuse de le croire.

- Dis-moi, puisque tu es donc plus gentil que ce pour quoi tu cherches à te faire passer, peut-être pourrais-tu m'expliquer ce qu'est que cette histoire de catacombes ?

- Pourquoi ça t'intéresse ?

- Je suis simplement intrigué et curieux. Sans compter que, si c'est quelque chose que je peux exploiter dans ma lutte contre la Flamme Blanche, je veux absolument en apprendre davantage. M'éclairer te pose t-il tant de problème ?

- T'es pas un sympathisant de la Flamme Blanche mais t'es pas un défenseur des Humcréas pour autant.

- Il me semble pourtant avoir été plutôt sympathique avec toi.

- La dernière fois que nous nous sommes vus, on s'est affronté.

- Ne me dis pas que cet affrontement n'a pas été plaisant et divertissant pour toi.

- Toutes les grandes villes comportent des réseaux souterrains, des catacombes, pour évacuer les déchets, des vestiges de la construction de bâtiments, ce genre de choses. Beaucoup d'Humcréas s'y réfugient. C'est là-bas que s'organisent tout un réseau de contrebande autour de la culture humcréa. Le dirigeant, l'administrateur de tout ça, se trouve dans celles de Forèliore.

- Intéressant... Merci de m'avoir répondu. En plus, cela m'apporte la preuve que tu me fais confiance.

- Au moins un peu. Sourit en coin Liam en reprenant les mots précédents de Rafaël.

- Bon, j'aurais apprécié m'attarder encore ici en ta compagnie mais les Terres Intérieures ne sont pas tout à côté et j'ai du chemin à faire. J'imagine que tu as des choses à manigancer, toi aussi, et, ne t'inquiète pas, je m'efforcerai de ne plus te déconcentrer. »

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