Chapitre 37 - Le descendant de Mirévoyk

La tête lourde et la gorge légèrement douloureuse, Richa revint lentement à elle en prenant appui sur ses bras qu'elle découvrit faibles et tremblants. Que s'était-il passé ces dernières heurs ?
La douleur brûlante qui explosa dans son épaule lui rappela comment l'arrivée de Blanche avait retiré toute crédibilité à sa diversion. La suite demeurait cependant noyée dans l'obscurité.
Pour tenter de réunir les éléments qui lui manquaient pour reconstituer les derniers événements, elle se concentra sur son environnement. Sa première constatation fut que le jour semblait s'être levé à en juger par la lumière claire qui pénétrait par l'étroite lucarne perçant le mur juste au niveau du plafond. Tout le reste était d'une blancheur éclatante, le sol, les murs, le plafond, le maigre ameublement et même les barreaux.
Ce règne du blanc permit à Richa de deviner qu'elle se trouvait dans une cellule de la Flamme Blanche. Cette prise de conscience fit naitre en elle un début de panique.
Les membres de la Flamme Blanche avaient beau n'être que des humains, Richa avait déjà pu constater qu'ils ne rencontraient pas la moindre difficulté à neutraliser des Humcréas normalement bien plus puissants qu'eux.
Savoir cela était suffisant pour que Richa éprouve un semblant d'affolement. Sa faiblesse initiale balayée par son inquiétude, elle se releva pour se précipiter vers les barreaux dont la solidité ne présentait aucune faille. Dans un juron, elle cogna contre la grille.

« Ça va ?

A cette voix qui s'éleva à sa droite, Richa se sentit légèrement plus rassurée et elle se tourna vers la cellule contigüe à la sienne dont elle était séparée par une autre série de barreaux.
Yennaël s'y trouvait, assis sur la couchette formée par une planche de bois peinte en blanc. Des fers enserrant ses poignets et ses chevilles le privaient d'une totale liberté de mouvement. Dans la semi-pénombre, Richa distinguait parfaitement l'hématome qui bleuissait sa joue ainsi que sa lèvre fendue. Visiblement, la Flamme Blanche avait tenu à lui montrer qu'il était à présent totalement soumis en un avant-goût du traitement qui l'attendait.Sa présence étonna Richa puisque, lorsque Blanche avait compris qui elle était, le jeune homme se trouvait dans la grotte sous les eaux du fleuve. La jeune fille pensait qu'il aurait eu le temps de fuir avant que les Hommes Blancs n'encerclent les environs. D'ailleurs, ni Esadd ni Liam n'étaient visibles dans les cellules avoisinantes, preuve qu'ils n'avaient pas été surpris par la Flamme Blanche. Il y avait vraiment quelque chose qu'elle avait manqué alors qu'elle avait perdu connaissance.
Se trainant comme il le put malgré ses chaines qui le retenaient, le jeune homme s'approcha de Richa mais il n'atteignit même pas les barreaux qui délimitaient leurs deux cellules. S'en contentant, le jeune homme s'installa au sol pour faire face à Richa qui vint également à se hauteur sans être entravée.
Se répétant, il s'enquit à nouveau de l'état de Richa. Avant de lui répondre, cette dernière tendit le bras à travers les barreaux pour poser sa main contre la joue du jeune homme pour vérifier son hématome. Réagissant dans un léger sursaut, il eut le réflexe de reculer avec un sifflement de douleur mais elle frôla à peine sa peau avant de ramener son bras vers elle.

- Si je te demandes de me dire qu'on est pas détenu par la Flamme Blanche, tu me mentirais pour me faire plaisir ? Lança Richa en plaisantant à moitié mais son sourire tremblait.
- Si c'est ce que tu veux, bien sûr. Sourit Yennaël.
- Bon, c'est déjà ça.
- Je suis désolé, c'est de ma faute. J'ai été incapable de réfléchir en entendant le nom de Mirévoyk et j'ai vraiment été un abruti fini. J'aurais dû savoir qu'elle n'allait pas te libérer si je me rendais.
- Attend, t'es en train de me dire que tu t'es rendu pour me sauver ?
- Oui. Là aussi j'ai été incapable de réfléchir.
- C'est vrai qu'il valait mieux qu'on soit deux derrière les barreaux plutôt.
- Oui, ça n'a pas vraiment eu l'effet escompté. Et maintenant, on est dans la merde.
- J'aurais pas mieux dit. Mais...je m'attendais pas à ce que tu fasses un truc pareil pour moi. Je suis...touchée...
- Enfin, pour là où ça nous a conduit. Tout ça pour quelques grimoires rongés de moisissures.
- Là-dessus, je voudrais pas enfoncer le clou mais c'est vrai que c'est parce que tu voulais absolument voir cette cachette qu'on en est là.
- Merci. Ma culpabilité commençait à s'atténuer.
- Ce que je veux dire c'est que t'as complétement pété un câble à ce sujet ! T'étais hystérique et ça t'a rendu déraisonnable et imprudent. On aurait presque pu croire que t'étais possédé ! Et je pense que, avec le traitement que le Flamme Blanche nous réserve sûrement, j'ai le droit de savoir pourquoi on se retrouve dans cette situation. Pour quelles raisons, autre que ma tendance à foncer tête baissée, est-ce qu'on se retrouve là ? Surtout que, d'après ce que t'as dit, ça valait pas vraiment le coup. C'est quoi ton problème avec Mirévoyk ? J'ai déjà remarqué que tu devenais assez bizarre quand on parlait de lui mais, là, t'es vraiment devenu dingue, limite incontrôlable. Et je veux comprendre pourquoi.
- Comme on l'a déjà rapidement expliqué, Mirévoyk fut le magicien le plus puissant qu'ait connu l'Enclave. En plus de ses pouvoirs impressionnants, il disposait également de la puissance du statu social et de l'argent. A l'époque, les humains et les Humcréas cohabitaient en un équilibre parfois précaire mais qui fonctionnait. Seulement, Mirévoyk voulait voir ce qu'il pouvait se passer si un troisième ''camp'' s'intégrait dans la partie et il a donc choisi d'être ce troisième camp.
- Il voulait voir comment l'opposition humains-Humcréas pouvait évoluer et se comporter avec un chiffre de plus dans l'équation. Un genre de philosophe de l'extrême.
- Si tu veux. Le problème, c'est qu'il a rapidement fait des émules, humains comme Humcréas, et l'adoration que lui vouaient ces personnes lui est montée à la tête. Il a oublié ses idées et, au final, il désirait seulement déchainer toute sa puissance et tout posséder car il a fini par se croire supérieur. C'était il y avait cent cinquante ans mais tout le monde en est encore très marqué.
- Surtout les Humcréas qui étaient là, comme Aksi'ëll et Lucrezia.
- Cette folie a cessé après quelques années lorsque Mirévoyk a disparu. Personne ne sait vraiment ce qui a pu lui arriver. Il a juste arrêté de se manifester. Inutile de te préciser que l'Enclave était dans un triste état.
- J'imagine.
- Tous ces dégâts causés par les actions de Mirévoyk ont fait penser à beaucoup d'humains qu'ils ne pouvaient côtoyer les Humcréas, les laisser libres de tout agissements, surtout car la magie dont certains sont dotés est trop dangereuse et la Flamme Blanche est née. Autant te dire qu'il n'est pas la figure la plus appréciée de l'Enclave.
- Je m'en doute bien, mais je ne vois pas le rapport avec ton hystérie obsessionnelle.
- J'y viens, j'y viens. Dans le désir de tout posséder, il y avait évidemment les femmes.
- Il s'est composé un harem, je suppose.
- Disons que, comme je te l'ai dit, beaucoup de personnes étaient en adoration totale devant lui. Sans compter qu'il prenait tout ce qu'il voulait sans se soucier de si on acceptait ou non de le lui donner.
- Je vois, pas besoin de détails, je préfère pas creuser le sujet.
- Je comprends, désolé de l'avoir abordé. Enfin, pour aller à l'essentiel, il a eu une descendance. La famille s'est faite discrète ces dernières années. Elle reste sur une île au large des Terres d'Eaux qui est le domaine de la lignée de Mirévoyk depuis longtemps. L'endroit a été renommé l'île de Mirévoyk suite à cette ''grande époque''. Personne ne s'en approche. Tout le monde a trop peur de l'aura de Mirévoyk qui plane encore sur les lieux. Faut dire aussi que sa descendance est du même acabit que lui : à se penser supérieure et estimer que l'autorité sur l'Enclave lui revient.
- Des gens bien sympas, quoi.
- Tu as compris l'essentiel. Le rêve de cette famille est que l'héritier de Mirévoyk reprenne la place qu'elle juge être la sienne.
- Je crois que je commence à voir où tu veux en venir mais je croise les doigts pour me tromper.
- Malheureusement, je pense que tu as raison. Devine qui est l'héritier en question. Son nom complet est Mirévoyk Lanwil.
- Merde. Bon, je suppose que tes parents ont pas reçu le prix de papa et maman de l'année.
- Tu es loin du compte.
- C'est avec ce type que Aksi'ëll et les autres elfes de glace t'ont confondu, non ?
- Ce n'est pas toujours aisé d'être l'héritier du tristement célèbre Mirévoyk Lanwil. Ma vie n'a pas toujours été des plus simples. Je me suis enfui à l'âge de quinze ans avec Liam et c'est en constatant de mes propres yeux comment fonctionnait la Flamme Blanche que j'ai senti qu'il était de mon devoir de ''réparer'' les dégâts et tous les dommages collatéraux causés par Mirévoyk.
- Donc, tu es le descendant direct du plus grand taré que l'Enclave ait connu, et ta famille comptait sur toi pour reprendre son flambeau mais t'as refusé parce que t'as eu un cas de conscience et t'as décidé d'essayer de rattraper les torts causés par le grand-papy psycho. En fait, tu veux pas faire le meilleur pour tus car c'est ce qui est juste pour les Humcréas innocents, c'est par culpabilité. Tu te sens responsable à cause de tes origines alors tu penses que c'est à toi de changer les choses.
- Probablement un peu, je dois l'avouer.
- Attend, si t'as refusé la ''vocation'' prévue par tes parents à quinze ans, ils viennent d'où, tes souvenirs de psychopathe ?
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
- Bien sûr, prend-moi pour une quiche. Donc, nous nous sommes jetés dans la gueule du loup en allant explorer cette foutue cachette parce que t'as un complexe par rapport à ta famille et ton ancêtre.
- Si tu savais à quel point je suis désolé. Si seulement j'avais pu t'éviter ça, toute cette situation...
- De toute façon, on y est maintenant. Je me demande seulement ce qui va nous arriver et aussi ce qu'il s'est passé entre le moment où cette folle furieuse a débarqué et celui où je me suis réveillé ici.
- Folle furieuse ? Tu parles de Blanche, la femme avec toutes ces cicatrices ?
- Ouais, sérieux, c'est qui cette nana ? Je sais pas ce qu'elle m'a fait à l'épaule mais j'ai encore mal.
- Elle t'a placé un bloqueur de pouvoirs dessus. C'est temporaire et ça ne devrait plus tarder à s'estomper maintenant mais ce sont les protections du poste qui vont inhiber tes pouvoirs à présent. Pour répondre à ta question, Blanche est l'une des seules Femmes Blanches et la plus gradée, elle est juste sous le chef et, entre nous, je préfère avoir à faire à ce dernier qu'à elle. Ensuite, pour répondre à ton autre question, on nous a neutralisé puis ramené au poste de Plainiore. Ça doit faire quelques heures que nous y sommes maintenant.
- Tu penses qu'ils vont encore nous laisser mariner ou ils vont bientôt...''s'occuper'' de nous ?
- Pour la Flamme Blanche, je suis ce qu'on peut appeler un gros poisson. Elle ne m'oubliera pas ici pendant des jours. Pour toi, j'avoue que je ne sais pas vraiment. La Flamme Blanche n'a rien contre toi, autre que ta nature d'Humcréa, alors je ne peux rien affirmer, désolé.
- T'inquiète pas, ça ira.
- Richa, te souviens-tu de la conversation que nous avons eu ? Paniquer ou avoir peur dans des circonstances qui y sont propices, craquer ou pleurer dans une situation critique, ce n'est pas un signe de faiblesse, c'est normal.
- Ouais, je suppose que je pourrais pleurer mais je leur ferai pas ce plaisir. »

Déclara Richa avec un regard farouche et déterminé qui arracha un sourire à Yennaël. Ce refus de se soumettre à qui que ce soit faisait également partie de ce qu'il aimait chez la jeune fille. Cette dernière lui rendit son sourire.
Glissant à nouveau le bras entre les barreaux, elle posa sa main sur celle de Yennaël en un geste affectueux. Même si c'était elle qui avait exigé ces explications, elle se sentait touchée que Yennaël lui ait confié la vérité sur ses origines. Sans compter que le sujet ne semblait pas simple à aborder pour lui.
Ce ne devait pas être évident d'avouer être le descendant direct de l'homme le plus haïs de toute l'Enclave, d'avoir en héritage la destruction qui avait amené à l'avénement de la Flamme Blanche, pourtant, il venait de partager ce secret avec elle.
Cette réflexion rappela à Richa que, de son côté, elle n'avait aucune révélation sur ses origines à partager. Elle-même attendait qu'on lui en fasse.
Les interrogations qu'elle se posait sur sa réaction face à la vérité prenaient également un autre sens. Aurait-elle honte de ses origines lorsqu'elle les connaîtrait ? Après tout, elle peinait déjà à tolérer sa partie vampirique à cause de ses expériences précédentes avec les Humcréas aux longues canines et à cause de la nécessité de se nourrir de sang.
Ces réflexions furent interrompues par des bruits de pas se rapprochant de leurs deux cellules. Richa les capta avant que Yennaël ne les entende grâce à ses longues oreilles d'elfe.
Rétablissant un peu de distance entre eux, elle s'éloigna des barreaux qui les séparaient. Sans qu'elle ne sache pourquoi exactement, elle se doutait qu'il valait mieux que les membres de la Flamme Blanche ne connaissent pas leur proximité, quelle que soit la nature de cette proximité.
Par son mouvement de recul et la façon dont la jeune fille venait soudainement de se raidir, Yennaël devina que l'instant de répit qu'on leur avait accordé dans ces geôles se terminait. Il chercha à se relever en se donnant suffisamment de contenance pour se composer une attitude digne et fière mais les chaines l'entravèrent et il ne put que se redresser de moitié.
Cette posture désavantageuse lui donna l'insupportable sensation d'être diminué face à l'Homme Blanc qui s'arrêta devant leurs cellules. Richa entendit ses dents grincer depuis sa position.
S'éclairant d'une lanterne pour dissiper la semi-pénombre qui régnait dans ces geôles malgré la blancheur environnante, l'Homme Blanc prit quelques secondes pour les détailler. Il s'attarda plus particulièrement sur Yennaël, comme si il éprouvait des difficultés à croire qu'ils détenaient réellement Yennaël Lanwil.
L'observant également, Richa fronça les sourcils en constatant qu'il possédait des traits clairement asiatiques. Elle ignorait que ce type d'ethnies existait aussi dans l'Enclave et elle en était assez perplexe.
D'un hochement du menton, il salua presque respectueusement les deux prisonniers, pour la plus grande surprise de ces deux derniers, avant d'enfoncer une clé dans la serrure fermant la cellule de Yennaël.
Avant qu'il ne fasse jouer le mécanisme, une voix, s'élevant par-dessus les sons de semelles contre le sol, le rabroua :

« Allons, Greydoubter, nous n'allons pas y passer des heures, agitez-vous un peu.

Ce timbre rauque et atone indiqua à Richa et Yennaël de qui il s'agissait avant même que Blanche ne les rejoigne.
Son visage inexpressif ne manifestait toujours pas la moindre émotion mais aucun doute qu'elle savourait sa victoire alors qu'elle contemplait Yennaël enchainé derrière des barreaux.
A défaut de pouvoir le faire pour sa posture, le jeune homme dressa le menton en une attitude de défis. Actuellement, il ne lui restait plus que sa fierté à laquelle se raccrocher, ainsi qu'à Richa dans la cellule voisine.
Ecartant son subalterne, nommé apparemment Greydoubter, Blanche ouvrit la grille de la cellule de Yennaël. N'allant certainement pas lui faciliter la tâche ou lui obéir, le jeune homme demeura immobile au centre de sa cellule. De toute manière, ses liens métalliques ne lui permettaient pas de se déplacer.
Il ne remarqua le collier de fer que lorsque Blanche le lui referma autour du cou. Une chaine en pendait et Blanche l'accrocha à celle qui reliait les fers autour de ses chevilles, limitant encore davantage ses mouvements avant de le détacher du mur.
Tirant sur la chaine comme sur une laisse, elle l'extirpa de sa cellule comme si elle dirigeait un chien. Les dents du jeune homme grincèrent et, pourtant, les humiliations ne faisaient que commencer. Il s'y pliait pour ne pas risquer que Blanche décide de s'en prendre à Richa en représailles.
Tout en trainant Yennaël à sa suite, Blanche lança le trousseau de clés à son subalterne, qui les rattrapa maladroitement, et lui ordonna de faire sortir Richa d'un mouvement de la tête. En voyant les menottes claquer sur les poignets de la jeune fille, Yennaël ne put s'empêcher de chercher à se débattre mais sans grand succès.
Nettement moins entravée que Yennaël, Richa n'aurait rencontré aucune difficulté à s'arracher à la poigne de Greydoubter qui la resserra autour de son bras pour l'escorter à la suite de Blanche et Yennaël, cependant, la jeune fille remarqua qu'il ne tentait pas de lui infliger une quelconque douleur. Il la tenait seulement pour s'assurer qu'elle le suivait.
Après plusieurs mètres et avoir gravi un escalier, ils débouchèrent dans une salle qui évoquait bien trop la salle de torture du poste de Tikka pour rassurer Richa.
Yennaël tenta de résister mais Blanche pressa sur ses épaules avec tant de force qu'elle manqua de lui broyer une clavicule et il préféra obtempérer. Il aurait besoin d'autant de ses moyens que possible pour s'échapper et un os brisé ne les aurait pas aidés. Sans un mot, il s'agenouilla dans un coin de la pièce où Blanche l'attacha au mur.
Sans un mot, il la fixa toujours de son air hautain, qui n'était pas que de façade. Il ne ressentait pas la moindre frayeur ou appréhension. Après tout, il n'y avait rien que la Flamme Blanche puisse lui infliger qu'il n'avait pas déjà subi. Blanche et son subalterne perdaient leur temps. Cette idée lui arracha un sourire, même dans ces circonstances.
Que Blanche déchaine sa folie sur lui, il était prêt, mais la jeune femme se détourna de lui.
Le délaissant, elle s'avança vers Richa qu'elle tira vers le mur opposé. Contrairement à Yennaël, la jeune fille se débattit autant qu'elle le put et ils durent s'y mette à deux en déployant toutes leurs forces pour l'amener devant la paroi à laquelle ils l'attachèrent. Elle rua en tirant sur ses chaines, faisant cliqueter les maillons de fer.
Dans la position dans laquelle elle était agenouillée, elle ne pouvait se retourner vers Yennaël qui ne voyait plus que son dos totalement exposé.
Cette configuration fit frémir Yennaël alors qu'il comprenait ce que Blanche comptait faire. Il s'agita sans parvenir à plus qu'à faire sonner ses liens.

- Qu'est-ce que tu fais, Blanche ? Je suis là, alors laisse la tranquille ! C'est moi que tu veux, que tu as toujours voulu, pas elle !
- Vois-tu, Lanwil, même après ces années, j'ignorais que tu étais naïf. Tu as été des plus stupides en pensant que j'allais la libérer si tu te rendais. Enfin, tu aurais dû savoir que je ne laisserai jamais filer une alliée des Humcréas. Surtout quand elle peut m'être utile.
- Arrêtez de parler de moi comme si j'étais pas là !
- Cracha Richa face au mur.

Se détournant de Yennaël, dont la totalité du corps était tendu à l'extrême, Blanche revint vers Richa de quelques pas pour lui décocher une violente gifle qui lui fit éclater la lèvre inférieure. Elle détestait être interrompue, encore plus par une prisonnière.
Toujours aussi impassible, la Femme Blanche saisit Richa par les cheveux pour lui redresser le visage, comme précédemment, puis elle reprit en s'adressant à Yennaël :

- Tu vois, tu as été jusqu'à te rendre sans la moindre opposition, et aussi sans réfléchir, pour la sauver. De toute évidence, tu es fortement attachée à cette...fille, pour une raison ou une autre. A mon avis, te torturer physiquement ne mènera nulle part. Elle, en revanche, elle a sûrement les moyens de te forcer à révéler où sont tous tes amis et quels sont tes plans exacts.
- Ne fais pas ça.
- Et pourquoi ? Ta réaction me confirme que c'est justement ce que je dois faire.

Yennaël rua et se débattit violemment, autant qu'il le put, mais ses entraves étaient solides et le gardaient impuissants.
Sonnée par le coup de Blanche, Richa n'entendit pas les paroles de la jeune femme. En tout cas, elles ne furent pas davantage qu'un brouhaha imprécis et incompréhensible. Elle secoua la tête pour remettre ses pensées en place.
Le son du tissu qu'on déchire et l'air frais qui se coula le long de son échine la ramenèrent brutalement à la réalité immédiate mais, même en luttant avec la force du désespoir, elle ne parvint pas à desserrer ses fers.
Au-dessus d'elle, Greydoubter fronça les sourcils et appela Blanche qui le rejoignit. La tête penchée sur le côté, elle étudia les symboles imprimées sur la peau de Richa.

- On dirait de l'elfique, constata Blanche. Il me semblait bien t'avoir reconnu des traits elfiques mais des cheveux noirs... Tu es une bâtarde, hein ? Qu'importe. Greydoubter. »

La seule menton de son nom suffit à l'Homme Blanc qui se raidit mais, obéissant, il décrocha le fouet suspendu au mur au-dessus de Richa sous les hurlements de Yennaël.
Dressant le bras en arrière, il prit de l'élan et abattit le fouet sur le dos de Richa.

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