Chapitre 32 - Les espions aux Terres de Fer
« Vous m'obligez à me répéter et je déteste avoir à me répéter !
S'emporta Blanche en plaquant ses paumes contre la table qui la séparait du pauvre chef de patrouille terrifié qu'elle interrogeait.
La réception organisée par Cyrès Créonne, bien qu'aussi fastueuse qu'habituellement, s'était achevé dans la panique et l'affolement lorsque des gardes avaient découvert le cadavre d'un Homme Blanc baignant dans son sang, sa propre épée dépassant de son torse, dans le poste de la Flamme Blanche. Le corps était encore chaud, pourtant, aucun indice sur les meurtriers n'avait pu être découvert, du moins, jusqu'à ce que les membres d'une des patrouilles signalent avoir surpris deux voleurs dans le poste.
Il avait également fallu rassurer les prestigieux convives de la reine ainsi que leur garde personnelle pour assurer à tous que leur sécurité n'était pas compromise et qu'ils ne risquaient rien au palais de Ferdale.
Blanche la Pure avait ensuite accouru pour se charger elle-même de cette affaire. Pour elle, il était évident que les coupables de ce meurtre étaient des Humcréas ou leurs alliés. Elle pensait également que le fait que deux voleurs, dont la cellule avait été retrouvée vide, aient été découverts dans le poste le même soir ne pouvait être une coïncidence. Le seul problème était que ces deux supposés voleurs avaient disparu et qu'on ne pouvait donc pas les questionner.
L'autre théorie, dont Blanche ne se montrait guère partisane, était qu'ils avaient tenté de fuir mais que l'Homme Blanc avait tenté de les stopper et qu'ils l'avaient éliminé.
Dans un cas comme dans l'autre, la seule piste à exploiter pour retrouver le ou les tueurs concernait ces deux prisonniers évadés. La première chose à faire pour se lancer à leur poursuite était de savoir à quoi ils ressemblaient, n'aurait-ce été que pour diffuser des avis des recherche dans toute l'Enclave, d'où l'interrogatoire du ce chef de patrouille.
L'entretien ne s'avérait cependant pas des plus probants pour l'instant. L'idée que des Humcréas leur aient échappés en tuant un Homme Blanc enrageait tellement Blanche qu'elle laissait sa fureur jaillir sur tous ce qui l'entourait. Une partie du mobilier ne s'en remettrait jamais. Tous percevaient la menace émaner d'elle.
La jeune femme était actuellement si terrifiante que le garde sentait sa gorge se nouer, si bien qu'il en devenait incapable de parler, sa voix s'étranglant. Ce silence involontaire augmentait encore la colère de Blanche alors que l'impatience la gagnait toujours plus.
Ceux qui assistaient à l'échange n'osaient pas intervenir. Venir conseiller à Blanche de se calmer aurait été risquer de s'attirer les foudres de la jeune femme, ce que personne ne souhaitait. Même Cyrès Créonne préférait garder le silence et rester en retrait.
Rafaël Kill'han, convié à assister à cet interrogatoire par sa tante, qui appréciait son point de vue et son expertise, se taisait également et se contentait de conserver les bras croisés sur sa poitrine, adossé au mur et le visage fermé. Si lui ne disait rien, c'était tout simplement car il ne comptait nullement partager les informations qu'il possédait.
Yennaël Lanwil lui était bien plus utile en liberté. Sans compter qu'il était lui-même opposé à la Flamme Blanche et qu'aider l'organisation n'entrait donc pas dans ses principes.
Ce n'était pas pour autant qu'il appréciait voir Blanche brutaliser un pauvre garde qui n'avait fait que son travail. Demeurer impassible devenait de plus en plus difficile, même si, de l'extérieur, il paraissait toujours aussi neutre.
Il ne put pourtant pas se retenir lorsqu'il vit Blanche dresser la main. Avant qu'elle n'abatte sa paume sur le chef de patrouille, le jeune homme la saisit au poignet pour la retenir.
Ne supportant pas qu'on la touche de la sorte sans sa permission ni qu'on l'empêche d'agir, Blanche se dégagea brusquement et elle aurait certainement retourné le coup qu'elle destinait au garde contre Rafaël si elle n'avait pas reconnu le prince à travers les brumes de sa colère. Même si la diplomatie n'entrait nullement dans le champ de ses compétences, elle préférait éviter de se rendre coupable d'un crime de lèse-majesté.
- Calmez-vous, ordonna Rafaël. Assommer cet homme ne nous aidera pas à obtenir les réponses que vous désirez (le prince se tourna vers la domestique se tenant dans un coin à la disposition de chacun, une de celles qui avaient servi à la réception). Mademoiselle, veuillez apporter de quoi boire à cet homme, je vous prie.
La jeune femme acquiesça sans regarder personne en face, les yeux bas. Sans les relever, elle servit un verre d'eau au garde qui la remercia d'un sourire tiré. S'emparant du verre, il le vida d'une traite alors que la domestique se postait à nouveau en retrait, si discrète que personne ne remarquait ses yeux noisettes ambrés qui notaient soigneusement chaque détail.
Rafaël accorda encore quelques minutes supplémentaires au garde puis il prit la parole à la place de Blanche :
- Bien. Si vous vous en sentez capable, pouvez-vous nous dire à quoi ressemblaient ces individus ? Plus vite vous nous le direz, plus vite ce sera terminé.
- Ou...oui. Il y avait un homme et une femme. Ils étaient habillés comme des invités. La femme était de petite taille et très belle, la peau hâlée, de longs cheveux noirs, les yeux très verts, les pommettes hautes et une belle robe bleue. L'homme, lui...
D'une main brandie, Blanche interrompit le garde avant qu'il n'enchaine avec la description de l'homme. Se tournant vers le reste de la petite assemblée, la jeune femme demanda silencieusement si quelqu'un identifiait quelqu'un dans ce portrait qu'avait dressé le garde mais tous secouèrent négativement la tête, Rafaël comme les autres.
Le jeune homme reconnaissait parfaitement la jeune fille qu'il avait croisée lors de la réception puis ensuite dans cette cellule. Il avait espéré que les membres de la patrouille n'aient pas eu l'occasion de bien distinguer les deux fuyards mais la description que venait de faire le garde correspondait bien à la réalité, suffisamment pour qu'on puisse reconnaître la jeune fille.
Pour ses propres ambitions, il valait mieux que le fait que Yennaël Lanwil se soit trouvé ici reste secret. Si il avait pu s'en abstenir, il n'aurait pas encouragé le garde à répondre mais il ne pouvait pas laisser Blanche maltraiter cet homme durant des heures.
Certainement pouvait-il encore espérer que le chef de patrouille ait accordé moins d'attention à Yennaël Lanwil qu'à la jeune fille. Après tout, lui ne portait pas de décolleté.
Rafaël déchanta bien rapidement lorsque le garde poursuivit sur ordre de Blanche :
- L'homme portait un costume brun. Il était de taille moyenne avec les cheveux assez longs, roux, plutôt foncés.
- Roux ? Bondit Blanche.
- Oui. Les cheveux roux un peu frisés.
- Les yeux gris ? Le pressa à nouveau Blanche.
- Ou...oui, je crois. Confirma le garde.
- Vous êtes en train de me dire que vous aviez Yennaël Lanwil derrière les barreaux et que vous l'avez laissé s'échapper ? C'est une plaisanterie !
Blanche balaya le dessus de la table, envoyant le verre se briser au sol. Se jetant à moitié sur le meuble, elle saisit le garde par le devant de son uniforme en le tirant vers elle.
La rage qui se dégageait d'elle envahissait la salle et elle semblait capable de briser le cou au pauvre garde, à tel point que Cyrès porta la main à son profond décolleté, dans lequel elle camouflait un stylet, et que Rafaël s'apprêta à dégainer son épée.
Avant que l'un ou l'autre ne se décide à intervenir, Blanche éclata de rire en relâchant le garde, qui se tassa dans le fond de sa chaise. Cette subite hilarité ne rassura personne, bien au contraire. Les doigts de Rafaël se crispèrent sur le pommeau de son épée.
Secouant la tête de gauche à droite, la jeune femme s'écarta de la table sans cesser de rire et elle lança sans s'adresser à quiconque en particulier :
- De toute manière, j'aurais été contrariée qu'on l'arrête sans que je n'y participe.
- Que comptez-vous faire alors ? S'enquit Cyrès.
- Pour commencer, ne transmettez pas ce signalement. Je ne veux pas qu'on sache que Yennaël Lanwil était ici. Inutile de provoquer un vent de panique. Je vais cependant devoir avertir Withèr de cette affaire. Nous allons organiser des recherches dans toute la région. J'espère qu'il est encore dans les parages. Je vais me charger d'organiser cela. Votre collaboration est bien sûr requise. »
Là-dessus, Blanche quitta la pièce pour s'occuper de cette affaire, comme elle venait de l'annoncer, en se moquant que Cyrès ne lui en ait pas donné l'autorisation et que cela représente donc un manque de respect envers le protocole ainsi qu'envers la reine. Cette dernière ne prit cependant pas la peine de le lui signaler, sachant que ça aurait été inutile.
Rafaël, lui, demanda la permission à sa tante, qu'elle lui offrit d'un hochement du menton accompagné d'un sourire, avant de franchir la porte.
Dans le couloir, il avisa Ismène, sa cousine, qui paraissait patienter. Aurait-elle souhaité connaître les conclusions de l'échange ?
Se basant sur cette hypothèse, Rafaël lui lança :
« J'ignorais que tu t'intéressais aux affaires courantes du royaume.
- Car je suis la cadette, je devrais n'être occupée qu'à être belle pour attirer les époux prestigieux sans réfléchir ? Il n'y a pas que Réhal qui saisit les rouages de la politique, même si il est vrai qu'elle aurait été ici si mère ne lui avait pas demandé de se charger de nos invités.
- Je n'insinuais absolument rien avec ces propos. Pardonne moi si je t'ai blessée.
- Dis-moi, Rafaël, tu as pris tes aises avec Ténériss Ennabraüs lors du bal.
- Que veux-tu dire ?
- Que je t'ai trouvé fort proche d'elle, à la limite de l'inconvenance. Il est vrai que tu n'es toujours pas fiancé et que tu ne disposes pas de nombreuses possibilités, mais je te conseille d'oublier Ténériss Ennabraüs immédiatement.
- J'ai beaucoup d'amitié et de tendresse pour Ténériss mais je ne l'envisage aucunement comme une épouse. Par ailleurs, tout le monde sait bien que les intentions de sa famille se concentrent sur le chef de la Flamme Blanche. Sans compter que les Terres Intérieures n'auraient rien à tirer des Terres d'Eaux.
- Je t'interdis de... »
Ismène fut interrompue par la porte qui s'ouvrit pour livrer le passage à la domestique, les mains chargées des éclats du verre que Blanche avait brisé.
Surprise de découvrir du monde dans le couloir, elle marqua un temps d'arrêt avant de se reprendre. Elle effectua une révérence courtoise, comme elle le devait devant des personnes de sang princier, pliant les genoux puis elle reprit son chemin.
Profitant de cette soudaine interruption, Rafaël emboîta le pas à la domestique, ne comptant pas poursuivre sa conversation avec Ismène. Cet échange ne mènerait probablement guère loin. De toute manière, Ismène et lui ne s'étaient jamais particulièrement bien entendu. La plupart du temps, ils se contentaient de se saluer poliment.
Il ne suivit cependant pas la domestique bien longtemps car elle descendit pour rejoindre les quartiers des domestiques ainsi que l'office, où elle se débarrassa de ce qu'il restait du pauvre verre avant de gagner la salle commune.
Il s'agissait d'une large pièce meublé de quatre longues tables et de bancs où les domestiques prenaient leur repas et avaient coutume de se retrouver.
Heureusement, personne ne s'y trouvait, ce qui était logique en pleine journée.
Lyce s'installa sur l'un des bancs en grimaçant, légèrement gênée par sa poitrine dont elle n'avait guère l'habitude. Après avoir soigneusement vérifié qu'il n'y avait personne dans les alentours, elle retroussa sa jupe jusqu'à la poche cousue dans le jupon dont elle sortit sa pierre de communication.
Sur la surface polie bleu saphir, elle inscrivit un rapide message pour prévenir de l'évolution de la situation pour que l'information soit ensuite transmise en haut lieu.
Elle avait bien cru reconnaître Yennaël Lanwil durant la réception et elle n'avait donc pas fait erreur.
Les Terres de Sang ignoraient quelle position adopter face au jeune homme qui se présentait comme le défenseur des Humcréas. Officiellement, elles ne se mêlaient pas de ses affaires tant qu'il en faisait de même mais, plus officieusement, elles émettaient des réserves à son propos. Dans le fond, les membres du Gouvernement ignoraient quelles étaient les réelles motivations de Yennaël Lanwil, ce qui les poussaient à la méfiance. Sans compter que la lignée de laquelle descendait le jeune homme ne les encourageait pas à lui accorder leur confiance.
C'était donc à cet avis que Lyce se fiait. En revanche, elle ignorait que penser au sujet de la jeune fille qui l'accompagnait. Jamais elle ne l'avait vue avant le soir de la réception ni n'avait entendu parler d'une femme dans l'entourage de la famille Lanwil. Ce fait la laissait perplexe. Sans compter qu'elle ne savait absolument rien à son sujet qui aurait pu alléger sa circonspection.
Le seul élément qu'elle connaissait sur cette jeune fille était son apparence, comme elle avait eu l'occasion de la détailler durant la réception. Son instinct, qui l'avait poussée à cet examen minutieux, ne l'avait pas trompée en lui signalant que cette jeune fille n'avait aucun point commun avec le reste des convives. Il restait à découvrir dans quelle mesure exactement elle était différente.
Même en cherchant à visualiser son visage pour tenter d'y trouver des traits humcréas, Lyce n'y parvenait pas par manque de concentration. Lorsqu'elle pensait aux cheveux noir intense et aux pommettes hautes qu'arborait cette mystérieuse jeune fille, un autre visage, qui possédait également ces deux caractéristiques mais une peau bien plus pâle et des yeux vairons s'imposait dans son esprit.
Un soupir échappa à la jeune femme. C'était injuste qu'elle soit forcée de rester aux Terres de Fer pour l'instant. Si elle avait pu rentrer chez elle, elle aurait pu lui transmettre ces informations elle-même. Ainsi, elle aurait pu entendre sa voix durant quelques minutes.
Très bien. Je me charge de faire remonter l'information. Bon travail, Lycien.
Avant même que Lyce ne formule mentalement un début de réponse, des pas se rapprochèrent depuis l'un des couloirs.
Remettant sa réponse à plus tard, elle dissimula à nouveau sa pierre dans son jupon puis adopta une posture naturelle.
Entrant dans la salle, un domestique en uniforme la rejoignit. Ne s'attendant visiblement pas à y trouver quelqu'un à cette heure de la journée, l'homme stoppa en dévisageant Lyce puis il lui sourit en lui lançant :
« Alors, déjà en pause ?
- Blanche la Pure a cassé un verre. J'ai dû nettoyer et je prend seulement cinq minutes avant d'y retourner.
- Oh alors tu sais ce qu'il s'est dit.
- Je n'ai pas le droit d'en parler.
- J'ai entendu dire que Yennaël Lanwil se trouvait ici lors du bal.
- On entend toujours dire des tas de choses. Excuse-moi, je dois retourner à mon travail. »
Sans attendre que son collègue ne tente de la retenir ou n'insiste, Lyce s'empressa de quitter la salle commune, même si on ne lui avait pas ordonné de revenir dans la pièce ayant servi à l'interrogatoire. Ça n'avait été qu'un prétexte pour s'esquiver.
Ce n'était pas seulement pour éviter de répondre à ces questions mais également tout simplement pour suspendre la conversation. Discuter avec les autres n'était jamais aisé pour elle. Elle se sentait vite gênée, surtout si ses interlocuteurs détenaient une quelconque autorité sur elle.
Le domestique suivit Lyce du regard en s'assurant qu'elle s'éloignait bien puis, lorsqu'il ne capta plus les bruits de ses déplacements, il gagna la chambre qu'il occupait avec deux autres serviteurs. Il ne voulait pas que quelqu'un puisse témoigner du fait qu'il se trouvait dans sa chambre alors qu'il aurait dû être à sa tâche.
Bloquant la porte avec une chaise, il s'assura que personne n'aurait pu entrer puis retourna son matelas pour récupérer le paquet camouflé entre les lattes craquantes du sommier.
Le déballant, il en sortit une demie-sphère dont le côté plat avait été creusé. La cavité était gravée de symboles de magie archaniques. Le sort pouvait être aisément activé par n'importe quel possesseur de magie. Le déclencher ne lui prit que quelques secondes.
Plusieurs secondes supplémentaires s'écoulèrent encore avant qu'une voix lointaine qui se répercutait en un léger écho ne s'élève du creux de la demie-sphère :
« J'espère que tu ne me dérange pas pour rien.
- Seigneur Kaïn ?
- T'attendait-tu à quelqu'un d'autre ?
- N...non, je pensais seulement que...que ce serait votre père qui me répondrait.
- Qu'est-ce que ça peut bien te faire ? Tu as des préférences sur qui te répond ?
- N...non, bien sûr que non !
- Bon, alors que veux-tu ? Tu as intérêt à avoir une excellente raison pour me contacter. Je déteste qu'on me fasse perdre mon temps.
- Je vous assure que vous ne serez pas déçu, Seigneur Kaïn. J'ai appris que...
- Attend. Qui es-tu déjà ? Non, pas besoin de me donner ton nom. Rappelle-moi juste où tu es.
- Aux Terres de Fer, Seigneur.
- Ah, très bien. Bon, qu'as-tu découvert ? Cette conversation dure depuis déjà trop longtemps.
- Mon Seigneur, Yennaël était ici.
- Quoi ? En es-tu bien sûr ?
- Pas de doute possible, Seigneur. Un garde l'a décrit et la Flamme Blanche l'a clairement identifié : un jeune homme roux aux yeux gris ! Mais, il s'était déjà échappé lorsque l'information a été connue. Oh et il était accompagné par une femme.
- Une femme ? Je n'ai jamais su qu'il travaillait avec une femme, à part pour les putains qu'il fréquente. Que sais-tu sur elle ?
- A vrai dire...pas grand chose, Seigneur Kaïn. Personne ne sait qui elle est. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'elle a de longs cheveux noirs et des yeux verts.
- Ça ne me dit rien du tout... Bien, garde un œil sur ce que fait la Flamme Blanche à ce sujet et tâche d'en apprendre davantage sur cette femme.
- Bien, Seigneur. Je suis navré de n'avoir que peu de choses à vous transmettre.
- Non, non, non ! C'est une excellente nouvelle ! Plusieurs personnes l'ont vu et reconnu, ça veut dire qu'il baisse sa garde et que, bientôt, nous l'aurons avec nous ! »
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