Chapitre 22 - Lucrezia

Les doigts d'Aksi'ëll s'étant légèrement relâché autour de sa gorge grâce à l'intervention de Yennaël, Richa entendit cette voix aux accents indignés qui s'éleva mais elle ne se saisit pas ses paroles, plus inconsciente que consciente.
En revanche, toutes les autres personnes présentes les comprirent parfaitement et se tournèrent vers la plus haute des passerelles où se tenait la personne les ayant prononcées, Yennaël comme les autres.
Il s'agissait d'une femme, comme son timbre l'indiquait, et d'apparence d'âge moyen, bien que l'âge soit une notion relative pour beaucoup de races d'Humcréas. Elle était très grande, surtout parmi les elfes de glace qui ne dépassaient pas le mètre soixante-dix, atteignant aisément le mètre quatre-vingts. Sa peau était aussi blanche que la neige recouvrant les montagnes, contrastant avec le noir matte de ses cheveux, coupés en mèches courtes dégageant son oreille du côté droit et tombant jusqu'à sa mâchoire du gauche.
Ses sourcils se fronçaient au-dessus de ses yeux étirés d'un rouge délavé alors qu'elle examinait la scène se jouant en contrebas.
Cette couleur de prunelles ainsi que les pointes de ses longues canines, qui apparaissaient entre ses lèvres charnues, la désignaient sans le moindre doute comme une vampire.
Son corps était d'une finesse incroyable, tellement qu'elle en paraissait éthérée. Sa longue tunique bleu nuit, fendue jusqu'aux cuisses en dévoilant un pantalon blanc, n'étoffait pas sa silhouette.
La vampire avait bien demandé de l'aide aux elfes de glace et elle s'était réfugié auprès d'eux. Ils la protégeaient même au point d'être capables de tuer pour empêcher quiconque d'insister à son sujet.
Faisant voyager son regard d'un point à l'autre de la salle, elle en devina suffisamment pour juger qu'elle devait immédiatement intervenir. Son corps devint lentement transparent jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'un fin nuage. Changée en brume comme les vampires en avaient parfois la capacité, elle n'eut besoin que de quelques secondes pour rejoindre le sol de roche.
Reprenant toute sa consistance, elle se précipita sur Aksi'ëll et l'écarta de Richa en le tirant en arrière.
Retrouvant sa respiration, la jeune fille inspira bruyamment en se redressant difficilement, aidée par Yennaël qui vint la soutenir. Jamais se retrouver en mauvaise posture durant un affrontement ne lui avait semblé être un échec aussi cuisant.
Faisant face à Aksi'ëll, qui resta agenouillé à terre avec le visage détourné, se camouflant sous ses longs cheveux bleus, elle s'exclama en langue vampirique :

« Qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'est-ce que tu fais ?
- Ces étrangers doivent partir. Grogna Aksi'ëll.
- Au point que tu essayes d'étrangler une jeune fille sans défense ? S'offusqua la vampire.
- Oh crois-moi, elle est bien loin d'être sans défense.
- Exactement ! Tu veux un aperçu ? Menaça Richa, désireuse de prendre sa revanche sur Aksi'ëll, allant pour se jeter sur lui, mais Yennaël la freina.
- C'est bon, Richa, la retint-il. Ce n'est plus le moment ! Tu viens déjà de te faire à moitié étrangler, pas la peine d'en rajouter ! Et tu as ce que tu voulais, elle est là.
- Alors, toi, Lanwil, je t'interdis de parler d'elle, je t'interdis même de poser les yeux sur elle ! Cracha Aksi'ëll.
- Quelqu'un va t-il m'expliquer de quoi il retourne exactement à la fin ? S'emporta la vampire.
- La jeune fille est une sang-mêlé elfe et vampire et elle souhaite te parler, ce à quoi Aksi'ëll s'oppose.

Expliqua un elfe dans l'assemblée, ce qui lui valut un regard assassin de la part d'Aksi'ëll, tellement courroucé que l'elfe recula d'un pas.
A cette information, les yeux de la vampire s'écarquillèrent et elle se plaqua une paume sur la bouche pour étouffer une exclamation.
Face à cette réaction, Richa se traita mentalement d'idiote. Visiblement, la vampire était encore très affectée par ce qu'elle avait subi – qui ne l'aurait pas été à sa place ? - ce qui expliquait l'obstination d'Aksi'ëll à la protéger si farouchement. Elle s'en voulait terriblement de ne pas y avoir songé avant. A présent, elle pouvait observer toute la détresse qu'abritait la jeune femme alors qu'elle se trouvait en proie à ses souvenirs traumatisants.
Navrée et culpabilisant, elle secoua la tête de gauche à droite, renonçant à insister pour parler à cette femme. De toute manière, elle n'avait pas besoin d'échanger avec elle pour remarquer qu'elles ne partageaient guère de ressemblance. La seule chose qu'elles avaient en commun était le noir de leurs cheveux, et la nuance était différente.
Les dents enfoncées dans sa lèvre inférieure, elle alla pour se détourner et quitter le refuge des elfes de glace, comme Aksi'ëll ne cessait de le réclamer, cependant, elle stoppa dans son mouvement en captant quelque chose dans le regard clair de la vampire. Elle voulait en apprendre plus elle aussi, elle était prête à échanger avec elle.
Revenant donc faire face à la vampire, Richa s'humecta les lèvres, soudainement bien moins assurée que lorsqu'elle menaçait Aksi'ëll. Même si c'était probablement inutile puisque l'information sur sa nature suffisait à dissiper les effets du sort dissimulant ses caractéristiques d'Humcréa, elle retira la médaille en argent à l'effigie de Kaëv'ah qu'elle portait autour du cou.
Ses longues oreilles et ses canines acérées apparurent certainement plus clairement que précédemment car la vampire fut saisie d'un fort émoi. Ravalant un sanglot, elle porta une main à sa poitrine. Se détournant vivement, elle enfouit son visage contre l'épaule d'Aksi'ëll, se courbant à moitié en deux.
L'elfe adressa un regard meurtrier supplémentaire à Richa, ce qu'elle ne pouvait lui reprocher, puis son visage se radoucit alors qu'il enroulait son bras autour de la taille de la vampire pour la ramener contre lui en lui murmurant de douces paroles de réconfort. Visiblement, Aksi'ëll n'était pas seulement le chef de la communauté auprès de laquelle elle avait trouvé refuge suite à son calvaire.
Puisant de la force auprès de l'elfe, elle renifla en prenant une profonde inspiration puis se détacha d'Aksi'ëll pour détailler à nouveau Richa.
Tout en essuyant les larmes qui s'amassaient aux coins de ses yeux, elle souffla, incapable de prononcer davantage :

- Par Erfdal...
- Je suis...vraiment désolée, je fais n'importe quoi, vraiment, pardon... S'excusa Richa en baissant toujours les yeux. Je vais...on va partir maintenant. Encore désolée...
- Attend, la retint la vampire, si tu le veux bien, allons parler dans un endroit plus tranquille.
- Mais, Lu... S'opposa Aksi'ëll.
- C'est moi qui le propose alors ça ira.

Assura la vampire, bien que tous pouvaient entendre à sa voix qu'elle avait la gorge nouée. D'un regard insistant, elle demanda silencieusement à Richa si elle acceptait de converser avec elle.
Même si leur dissemblance physique paraissait indiquer que toutes deux n'entretenaient pas de lien de parenté, ces constatations visuelles ne pouvaient pas suffire et Richa avait besoin de certitudes, d'avoir des confirmations de la part de la principale intéressée, alors elle acquiesça, toujours gênée.
Le sourire que la vampire lui renvoya fut tremblotant et incertain puis elle fit signe à la jeune fille de lui emboîter le pas. Même si l'invitation ne s'adressait directement qu'à Richa, Yennaël et Aksi'ëll les suivirent sous les regards de tous les elfes de glace.
Richa leva les yeux au ciel avec un léger mépris. Peut-être n'étaient-elles que deux faibles femmes mais elles auraient dû être capables de se faire face sans avoir besoin d'être surveillées ou protégées.
A la suite de la vampire, ils remontèrent sur la dernière passerelle et s'engouffrèrent dans la galerie à laquelle elle amenait. La remontant, ils atteignirent un escalier creusé dans la roche qui s'élevait sur quelques marches. Son palier n'amenait qu'à une seule chose : une arche incrustée de toujours les mêmes fioritures en verre de glace.
De l'autre côté se trouvait une pièce circulaire meublée de trois banquettes garnies de fourrures et le sol de roche était également recouvert de fourrures. Un feu brûlait dans un âtre aménagé dans le mur face à l'arche et, pour terminer, une table en verre de glace était placée au milieu des sièges, un endroit confortable et agréable.
Sans un mot, ayant été gagnée par la fébrilité durant le court trajet, n'étant pas sereine, la vampire vérifia que l'eau contenue dans la théière en fonte au-dessus des flammes était toujours chaude puis elle la versa dans les tasses posées sur la table, également en verre de glace. L'odeur de l'infusion, doucereuse et sucrée, envahit rapidement la petite pièce.
N'ayant plus rien pour s'occuper les mains, elle se les tordit en s'installant sur l'une des banquettes et, d'un signe, elle proposa à Richa d'en faire de même. L'appréhension gagnait également la jeune fille.
Avec une expression incertaine, elle poussa l'une des deux tasses en direction de Richa, qui la serra entre ses paumes pour les réchauffer. Dans l'eau, qui se teintait lentement d'une opacité blanchâtre, flottaient d'épais pétales qui rappelaient vaguement ceux de l'edelweiss à Richa. Certainement s'agissait-il d'une fleur poussant sous la neige.
Face à elle, la vampire referma ses doigts d'une manière similaire autour de sa tasse mais Richa pensait que c'était moins pour la chaleur que pour chercher à garder contenance. A en juger par la légèreté du tissu dans lequel était confectionnée sa tunique, Richa devinait que la vampire ne percevait pas le froid autant qu'elle.
Yennaël et Aksi'ëll allèrent pour les rejoindre mais, avant qu'ils ne prennent place, la vampire se tourna vers eux et demanda :

- Aksi'ëll, si tu emmenais le jeune homme visiter un peu la montagne ?
- Si c'est ce que tu préfères... Se résigna Aksi'ëll, même si l'idée ne lui plaisait pas, et il fit signe à Yennaël de le suivre.
- Fantastique, soupira Yennaël. Au moins, si on me retrouve avec une dague dans le dos au détour d'une galerie, le coupable sera simple à identifier.
- Hilarant. Ironisa Aksi'ëll alors que tous deux quittaient la pièce.
- Pour commencer, je m'appelle Lucrezia.
- Richa.
- Je m'excuse pour le comportement d'Aksi'ëll. A cause de...ce qu'il m'est arrivé, il est surprotecteur avec moi.
- Non, c'est ma faute. Je me suis laissé emporter par mon besoin de réponses. En fait, je sais pas qui sont mes parents et j'essaye de découvrir la vérité sur mes origines. J'ai rencontré ce...ce type, cet elfe, et j'ai appris ce qu'il s'était passé pour vous alors je me suis dit que, peut-être...
- Tu es désespérée au point de t'intéresser à tous les elfes et vampires qui ont couché ensemble ?
- C'est tout ce que j'ai. Je suis désolée de vous faire parler de ça. J'ai...traversé quelque chose d'assez semblable... Et puis oubliez. Je veux pas vous forcer à rouvrir des blessures. Désolée (Richa posa sa tasse sur la table et alla pour se lever, suspendant la conversation pour ne pas accabler Lucrezia).
- Assied-toi. C'est moi qui t'ai proposé d'en parler, tu n'as pas à te sentir coupable (Richa obéit et but une gorgée de son infusion au goût frais et sucré). C'était des viols. Il faut dire les choses comme elles le sont et...je me suis retrouvée enceinte. Ça m'a redonné de la force et j'ai réussi à m'opposer à lui, mais je ne savais pas où aller, surtout avec la Flamme Blanche en pleine essor. J'ai repensé à Aksi'ëll. Nous nous étions rencontré avant qu'il ne vienne ici avec les autres. Le voyage a été difficile, surtout en portant un enfant, mais Aksi'ëll m'a accueillie. Il peut avoir l'air bourru et dur mais il est aussi généreux et très doux. Il m'a beaucoup aidé, enfin, une fois que je l'ai calmé. Il était tellement furieux quand je lui ai raconté ce qu'il m'était arrivé qu'il était prêt à quitter l'île pour retrouver cet homme et lui faire payer.
- Il doit beaucoup vous aimer... Pouvoir compter sur quelqu'un quand on traverse de telles épreuves, c'est important... Moi, je n'ai personne... Enfin, c'est sans importance. Et...pour votre enfant ?
- Je ne voulais pas le mettre au monde. Je savais et sais encore que cet enfant n'y était pour rien mais il me répugnait. Il me rappelait ce qu'il s'était passé et j'avais bien trop peur de revoir son...son père en lui. Affronter ça...c'était au-dessus de mes forces.
- Donc...vous n'avez pas mené la grossesse à terme ?
- Chaque jour en me réveillant, je me disais que c'était aujourd'hui que j'y mettrai un terme mais je n'y arrivais pas, alors je me disais que ce serait pour le lendemain, encore et encore. J'ai repoussé ainsi l'instant de tuer cet enfant, pendant des mois, jusqu'à ce que l'accouchement se déclenche. Quand il est né, je me suis dit que c'était le moment de faire ce que j'avais obstinément retardé, que ça allait être plus facile alors que je pourrai voir directement à quel point il ressemblait à cet homme, mais ça n'a pas été le cas. C'était même encore plus difficile. Au final, je n'ai jamais pu le tuer. Ce n'était qu'un bébé. Je me suis débrouillé pour l'envoyer aux Terres de Sang. Je ne lui ai même pas donné de nom, je n'ai pas pu. Je ne sais pas ce qu'il est advenu de lui, je n'ai jamais eu de nouvelles et je crois que je n'en veux pas, même si c'est injuste pour cet enfant qui n'est responsable de rien.
- Alors serait-il possible que...
- Je suis désolée. J'ai donné le jour à un garçon, pas à une fille. Je ne suis pas ta mère et cet homme n'est pas ton père. Je suis navrée que tu sois venue jusqu'ici pour rien.
- Ah, c'est pas très grave. Je m'en doutais un peu. On se ressemble pas. Il me reste plus qu'à continuer à chercher.
- Tu trouveras, j'en suis certaine.
- J'en suis plus aussi sûre mais je vais essayer.
- As-tu exploré les Terres de Sang ? Si il y a un endroit où les Humcréas pourront te répondre, c'est là-bas.
- Le royaume est grand. Il me faudrait une piste un minimum concrète pour y aller, que je me dirige pas totalement à l'aveuglette, au moins avec un œil ouvert.
- C'est certainement plus prudent, en effet.
- La prudence et moi, ça fait deux.
- J'avais cru remarquer, pour provoquer Aksi'ëlle comme ça !
- C'est lui qui a commencé. Enfin, je verrai bien où mes recherches me conduisent. Pour l'instant, j'ai plus aucune piste. Et j'ai de plus en plus peur de ce que je pourrai découvrir.
- Je pense que tes parents seraient très heureux de se découvrir une fille comme toi.
- Tu dis ça juste pour me rassurer.
- Peut-être. Dis-moi...si jamais, au cours de tes recherches, tu rencontrais mon fils, pourrais-tu lui dire...que je suis désolée ?
- Bien sûr.

Acquiesça Richa et elle prenait cette affirmation comme une promesse. Lucrezia ouvrit la bouche pour la remercier mais le nœud dans sa gorge avait pris de l'ampleur à cause de l'émotion et elle fut incapable de le faire verbalement alors elle se contenta de le faire d'un hochement du menton. Richa y répondit d'un sourire, que lui rendit Lucrezia, bien moins incertain que précédemment malgré les larmes qui luisaient dans ses yeux rouges.
Reposant sa tasse, la vampire prit la main de Richa dans la sienne. La jeune fille eut le réflexe de se dégager, gênée par ce geste si intime, mais elle n'en fit finalement rien. Quelque part, elle se sentait proche de Lucrezia, que ce soit car elle s'était ouvert à elle, car elle avait cru en la possibilité qu'elle était peut-être sa mère ou car elle lui rappelait cette elfe captive de Jonathan qui avait eu des gestes maternels envers elle.
Après tant d'appréhension, il régnait à présent une atmosphère détendue dans la salle aux allures de petit salon. Si elle n'avait pas eu si froid, Richa aurait pu se sentir parfaitement bien.
Les deux jeunes femmes sirotèrent leur infusion en silence, n'ayant plus besoin de mots.
Etrangement, Richa ne se sentait pas déçue de déboucher une fois de plus sur une impasse et de ne plus avoir aucune piste à exploiter à présent. Elle était touchée par le récit de Lucrezia et en éprouvait plutôt une certaine compassion mélancolique au lieu d'envisager cette rencontre uniquement dans le cadre de ses recherches.
Il allait cependant falloir qu'elle décide que faire et où se diriger une fois qu'elle aurait quitté l'île de glace. Certainement allait-elle tout simplement se laisser porter par le vent, comme toujours.
A cette réflexion, elle se souvint de la tempête qu'elle avait déchainé mais elle n'entendait plus le vent siffler à l'extérieur. Apparemment, elle avait inconsciemment fait cesser les intempéries. Ses pouvoirs semblaient parfois être une entité indépendante et elle se demandait qui entre elle et eux contrôlait réellement l'autre.
Terminant leur boisson, les deux jeunes femmes quittèrent la pièce pour retrouver Aksi'ëll et Yennaël, en espérant qu'ils ne s'étaient pas entretué. Heureusement, elles les trouvèrent non loin, dans la galerie au pied des escaliers.
Se tenant à l'opposée l'un de l'autre, ils étaient chacun adossé à l'une des parois, les bras croisés sur la poitrine en se surveillant mutuellement du coin de l'oeil. Même si ils ne paraissaient pas moins hostiles l'un envers l'autre, ils ne s'en étaient pas pris l'un à l'autre.
Malgré tout bouleversée par sa confession, Lucrezia vint se blottir contre Aksi'ëll qui l'étreignit avec force, lui transmettant du réconfort en l'enveloppant dans un sentiment de protection. Il adressa un regard courroucé à Richa, lui reprochant d'avoir ainsi rouvert les blessures de Lucrezia, mais les paroles que cette dernière lui glissa à l'oreille l'apaisèrent car son expression changea.
De son côté, Yennaël détailla Richa en cherchant à deviner les renseignements que cette entrevue lui avait apportées sur son visage. Comprenant l'interrogation silencieuse du rouquin, la jeune fille secoua négativement la tête de gauche à droite. Il n'avait pas besoin de connaître les précisions, seulement le fait que Lucrezia n'était pas sa mère.
Même si elle semblait assez sereine face à l'information que cette piste était, elle aussi, infructueuse, Yennaël se doutait qu'elle se sentait déçue et perdue à se demander que faire à présent. Elle aussi avait besoin de réconfort cependant, il ne pensait pas que Richa aurait accepté qu'il l'enlace, pas alors que les choses étaient si peu claires entre eux et pas devant des témoins. Lui-même en éprouvait l'envie pourtant.
S'exposant au risque d'être repoussé, il s'avança vers la jeune fille mais, comme il s'y attendait, cette dernière se détourna en s'éloignant dans la galerie.
La voyant faire, Lucrezia se détacha d'Aksi'ëll et la rattrapa en l'appelant. Arrivant à la hauteur de la jeune fille, elle saisit son visage à deux mains pour l'examiner durant plusieurs secondes puis elle la prit dans ses bras.
Les observant, Yennaël serra les poings. Comment se faisait-il qu'il se révélait incapable de serrer Richa contre lui alors qu'elle ne refusait pas l'étreinte d'une quasi inconnue ?
S'écartant de la jeune fille, Lucrezia leur promit, à elle comme à Yennaël :

- Si vous avez besoin, nous serons là, quelle que soit la raison. Souvenez-vous en, d'accord ?
- Quoi ? Mais, Lu...
- Ne penses-tu pas que ce serait bien pour eux et pour nous, Aksi'ëll ? Lança Lucrezia avec un regard insistant sur son compagnon.
- Je suppose que si... Reconnut l'elfe, apparemment incapable de résister à sa compagne.
- C'est pas la peine, refusa Richa. Je vous ai assez dérangés comme ça.
- Moi, je suis intéressé par l'idée de rester en contact. Accepta Yennaël et, même si il ne paraissait guère ravi, Aksi'ëll opina.
- Et bien merci pour tout, Lucrezia, je...
- Et bien, tout cela ressemble un peu trop à des adieux ! Je ne voulais pas vous donner l'impression de vous pousser à partir, seulement vous dire que nous vous accueillerons toujours, plus ou moins avec plaisir je ne vais pas vous mentir, aujourd'hui comme les jours suivants. Vous êtes arrivés aujourd'hui même, alors ce ne serait pas des plus prudents pour vous d'affronter à nouveau la montagne. Vous avez besoin de vous reposer. Richa, je t'ai livré des informations qui ne sont pas faciles à entendre et à gérer, tu as besoin de t'en remettre. Soyez prudents. Rester un peu, s'il vous plait.
- D'accord. C'est sûrement plus intelligent, accepta Richa. J'espère seulement ne pas mourir de froid ces prochains jours. »

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