Chapitre 17 - Le poste de Tikka

/!\ Chapitre qui aborde des sujets durs et sombres (violes). Si vous y êtes trop sensibles, je vous conseille de passer votre chemin ! /!\

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S'extirpant du passage étroit s'ouvrant dans le sol, Richa découvrit une salle au plafond orné de plusieurs arcs de voutes qui se rejoignaient en son centre. Le blanc dont étaient peintes toutes les parois et chaque objet semblait augmenter la luminosité produite par l'unique lanterne suspendue au plafond.
Le sol dallé était creusé de fines rigoles acheminant le sang, qui y avait laissé quelques traces rouges malgré le nettoyage, jusqu'à la plaque. Quant aux murs, une arche s'ouvrait sur chacun d'eux, desservant quatre couloirs vraisemblablement identiques, ne donnant aucune indication sur l'endroit où ils conduisaient.
Pour le reste, l'ameublement se résumait à tout un panel d'appareils dont Richa préférait ne pas connaître l'utilité précise, celle qu'elle devinait déjà suffisant à lui faire remonter un frisson le long de l'échine. Le fait que tout soit parfaitement propre et nettoyé rendait presque les lieux encore plus effrayants.
La Flamme Blanche torturait les Humcréas qu'elle capturait uniquement si nécessaire, pour tenter d'en trouver d'autres.
A la lumière émise par la lanterne, Richa se découvrit dans un état encore plus lamentable qu'elle ne l'imaginait. Son envie d'en terminer rapidement ici ne venait à présent plus uniquement de son besoin de réponse et de la nécessisté de se trouver loin de la Flamme Blanche pour sa sécurité mais également de sa hâte de brûler ses vêtements. Sa seule envie était soudainement de prendre un bain beaucoup trop chaud au point que sa peau en fonde.
Se hissant à son tour hors du tunnel d'évacuation en prenant appuie sur les dalles blanches, Yennaël la rejoignit en s'ébrouant. Lui aussi ne rêvait que d'un bon nettoyage.
Se recentrant cependant sur l'immédiat, la jeune fille observa chacune des ouvertures et des couloirs se poursuivant derrière, se demandant laquelle franchir, sans grand succès. Elles étaient toutes parfaitement identiques et aucun indice ne fournissait de renseignement sur l'endroit des entrailles du poste où elles conduisaient.
La solution aurait été d'inspecter chacun de ces couloirs mais cela aurait pris trop de temps. Chaque minute qu'ils passaient dans ce bâtiment les exposait à un grand danger. Il leur fallait donc régler cette affaire au plus vite pour ensuite mettre de la distance entre eux et Tikka.
Se résignant à devoir continuer à se reposer sur Yennaël, elle se tourna vers lui avec un regard interrogateur, s'enquérant de son avis. Le jeune homme ne put que hausser les épaules. Les renseignements qu'il avait pu récolter demeuraient parcellaires et il ignorait la configuration exacte de l'intérieur du poste.
La seule solution qu'il avait donc à proposer était de se séparer pour explorer les lieux. Ainsi, il pouvait installer ses sortilèges, sur l'efficacité desquels Richa éprouvait quelques doutes à présent qu'elle connaissait l'existence des protections équipant les postes de la Flamme Blanche, pendant qu'elle cherchait cet elfe.
Dans un grommellement, Richa s'engagea dans le couloir de droite au hasard. Un plan pareil, elle aurait pu l'élaborer seule sans requérir l'expertise de Yennaël.
Ce dernier hésita un instant à lui emboîter le pas avant d'emprunter l'arche opposée. Les sachets contenant ses sorts lui rappelaient que ses motivations à se risquer ici ne concernaient pas la jeune fille. A cause des circonstances, il ne pouvait piéger que cet étage du poste, ce qui pouvait être peu, mais il avait justement sélectionnés des sorts dont l'action ferait s'écrouler les étages supérieurs.
Le laissant s'occuper de ses affaires, qu'elle considérait ne pas la concerner, Richa s'enfonça dans le couloir.
Comme dans les salles précédentes, toutes les parois étaient d'un blanc étincelant, éclairé sporadiquement par quelques lanternes blanches. Visiblement, ce secteur des sous-sols ne servait pas à garder des captifs. Pas de cellules, quelle qu'en soit la forme, de cage ou de chaine pour emprisonner quelqu'un.
A la place, des arches, comme dans la salle de torture, perçaient les murs, donnant sur des pièces dont l'ameublement était relativement semblable. Au centre de chacune trônait une table de bois verni de blanc équipées de menottes pour maintenir quelqu'un immobile dessus. Non loin, se trouvait un plateau roulant sur lequel attendaient toutes sortes d'outils de médecine rutilants qui semblaient davantage destinés à une dissection qu'à la prise en charge d'une blessure. Une bibliothèque recelait ce qui ressemblait à des contre-rendus ou des rapports ainsi que quelques ouvrages.
Pour terminer, des parchemins présentant des schémas d'anatomie étaient accrochés au mur du fond et c'était les seuls éléments de différence entre toutes ces salles, chacune semblant consacrée à l'étude d'une espèce d'Humcréa spécifique, puisque c'était cela que représentaient ces dessins.
Il s'agissait de reproductions anatomiques de corps d'Humcréas avec des annotations sur les spécificités de leur apparence. Visiblement, la Flamme Blanche savait qu'il fallait connaître son ennemi pour le combattre au mieux et appliquait rigoureusement ce principe. C'était des salles d'examen dans lesquelles des Humcréas captifs étaient étudiés.
Un frisson remonta le long de l'échine de Richa alors qu'elle s'imaginait être attachée à une de ces tables, à la merci d'un Homme Blanc en train de lentement la disséquer et la découper.
Ce qui ne l'empêcha cependant pas de s'attarder dans ces pièces pour observer ces schémas, curieuse, sa connaissance des Humcréas étant encore limitée. Elle s'intéressa plus particulièrement aux représentations d'un des Humcréa, l'une parfaitement humanoïde pourvue de longues oreilles et d'une queue de cheval, et une autre qui montrait un bouc ou un étalon, de toute évidence la forme animale que cette race avec la capacité de revêtir. La légende indiquait le nom de Pûca, une espèce que Richa n'avait jamais rencontrée.
Elle fut également intriguée par ceux qui dessinaient une espèce dont la moitié inférieure du corps était serpentoïde, apparemment un ekhidnaï.
Ces schémas lui permirent également de constater que, comme elle s'en doutait déjà depuis sa rencontre avec les nains des Monts de Fer, que les dragons n'étaient pas d'imposants reptiles ailés cracheurs de feu, comme on le croyait sur Terre, mais une espèce d'Humcréa au corps recouvert d'écailles, aux griffes et aux dents acérées, aux pupilles fendues, aux ailes de chauve-souris et pourvue de cornes.
Une annotation précisait qu'il ne fallait pas confondre cette race d'Humcréa avec un animal nommé balaur, qui, cette fois, était un imposant reptile cracheur de feu. Apparemment, même certains Hommes Blancs commettaient cette erreur.
D'après ce que Richa put voir dans ces salles, la Flamme Blanche se questionnait beaucoup sur la magie, en particulier son apparition, ce qui faisait que certains humains s'en retrouvaient dotés en devenant donc des magiciens, des Humcréas, ainsi que sur les métamorphoses, cherchant à comprendre pourquoi certaines espèces avaient la capacité de changer d'apparence, de sexe ou bien d'adopter une forme animale. A ce titre, toutes sortes d'études et d'expériences semblaient être menées dans ces salles, mais Richa préférait ignorer les détails.
L'endroit lui rappelait quelque peu le laboratoire dans les ruines du temple de l'ordre de Kall'ghan.Même les Humcréas se faisaient du mal entre eux.
Secouant la tête, Richa s'efforça de chasser ces pensées pour se recentrer sur l'objectif qui l'amenait en ces lieux. Ce n'était pas le moment de se laisser aller à de pareilles digressions, elle ne devait pas oublier que chaque minute passée entre ces murs les exposait, elle et Yennaël, au danger de la Flamme Blanche.
Tentant donc d'ignorer l'utilité des pièces qu'elle longeait, elle reprit son exploration mais pas pour longtemps. La voix de Yennaël s'éleva soudainement pour lui annoncer :

J'ai trouvé les prisonniers.

Dans un sursaut, n'ayant perçu aucune présence à proximité et encore moins celle du jeune homme, Richa effectua vivement un tour sur elle-même mais elle se découvrit seule. Il lui fallut quelques secondes avant de comprendre et constater que Yennaël s'était exprimé directement dans son esprit.
Était-ce de la télépathie ? Cela paraissait plausible à Richa. Les magiciens devaient bien posséder un sort de communication de pensées dans leur panoplie de sortilèges.
Quoi qu'il en était, les informations qu'elle recherchait se trouvaient avec Yennaël. Sans attendre, elle remonta le chemin qu'elle venait de parcourir, traversant à nouveau la salle de torture, pour emprunter le couloir qu'avait pris Yennaël.
Elle le trouva à quelques mètres, les bras croisés sur la poitrine, à côté d'une porte peinte de blanc, comme tout le reste autour d'eux. Il s'agissait de la première d'une vingtaine qui s'alignaient, reparties à intervalles réguliers sur les deux murs. Toutes étaient équipées de lucarnes obstruées de solides barreaux et renforcées de pièces de métal clouté.
Cela ressemblait aux sous-sols de l'ancien couvent occupé par les chasseurs, là où elle avait découvert le corps de cet ange. Visiblement, quelle que soit la dimension, l'organisation pour retenir des Humcréas captifs demeurait la même.
L'elfe qu'elle venait questionner était probablement derrière l'une de ces portes.
Avant de prolonger son exploration, elle demanda à Yennaël, la question lui brûlant les lèvres :

« C'est de la télépathie ?
- Pas exactement. Ce n'était pas un sort. J'ai seulement pensé très fort en me focalisant sur toi, avec ta pierre, je me suis dit que tu devrais pouvoir m'entendre. Même avec les protections, j'ai pensé que ça marcherait, c'est un genre de capacités passives. Et, après tout, tu t'es déjà baladé dans ma tête.
- Involontairement. Alors, c'est là que sont les prisonniers.

Yennaël acquiesça, même si il s'agissait plus d'une constatation que d'une question ou une demande de confirmation.
Ne perdant pas davantage de temps en s'attardant sur le fait qu'elle venait de s'apercevoir qu'elle captait clairement certaines pensées, Richa entreprit de vérifier les cellules. Elle espérait ne pas découvrir trop de captifs enfermés car elle savait parfaitement qu'elle n'aurait rien pu pour eux. Si ils avaient libéré des prisonniers, ils seraient devenus trop repérables, ce dont Richa ne pouvait pas se permettre, pas tant qu'elle n'aurait pas trouvé cet elfe.
Heureusement pour sa culpabilité, les premières cellules qu'elle inspecta, se hissant sur la pointe des pieds pour regarder par la lucarne, s'avérèrent vides, toutes entièrement blanches, équipées d'une planche de bois en guise de couchette et d'un seau d'aisance. Ce minimum d'hygiène n'était probablement pas une attention née d'un sursaut de considération envers les captifs mais certainement car c'était plus simple pour les gardiens de vider un seau plutôt que de nettoyer toute la cellule.
La moitié se révéla vide et Richa commença à penser que l'elfe ne se trouvait plus ici, déjà exécuté, comme elle le craignait. Ne comptant cependant pas abandonner avant d'avoir exploré tous ces sous-sols, elle approcha son visage de la lucarne suivante.
Avant même qu'elle ne comprenne ce dont il s'agissait, quelque chose surgit face à elle, comme pour l'attaquer à travers les barreaux en sifflant furieusement. Le premier réflexe de Richa fut de vivement bondir en arrière, si précipitamment qu'elle chancela.
Se tournant vers elle, surpris par son brusque mouvement, Yennaël se détourna du sortilège qu'il était en train d'installer derrière une brique démise, les sourcils froncés.
Se reprenant, Richa s'avança prudemment de la cellule, le jeune homme derrière elle. Se dressant de l'autre côté, un imposant serpent les menaçait, crochets apparents et collerette, qui ressemblaient à celle d'un cobra, déployées autour de la tête. Le plus surprenant, ce qui fit écarquiller les yeux à Richa, était que ce serpent était tricéphale. Trois têtes se balançaient doucement en les fixant de leur regard jaune.
Jusqu'ici, elle n'avait jamais pu constater une grande différence entre la faune de l'Enclave et celle de la Terre et, à présent qu'elle avait cet animal sous les yeux, elle demeurait stupéfaite, bien qu'également fascinée. Sa seule envie était d'observer ce serpent et d'en apprendre plus sur cette espèce.
Les sourcils froncés, elle releva plusieurs blessures encore sanguinolentes sur ses écailles. Visiblement, quelqu'un avait consciemment infligé ces plaies à ce serpent, comme pour le torturer, mais pourquoi torturer un animal de la sorte ? D'ailleurs, pourquoi enfermer un animal dans une cellule, qui était bien davantage prévue pour retenir humain ou Humcréa ?
En quête de réponses, elle se tourna vers Yennaël, qui examinait les six yeux du serpent. A cause de la pénombre régnant dans ce couloir, il peinait à en déterminer la couleur exacte, et il demanda donc son avis à Richa dans un murmure :

- Ses yeux sont dorés, non ?
- Ouais, je crois. Qu'est-ce que ça change ?
- Ça change que c'est un animaë. Son esprit est lié à celui d'un Humcréa. Il y a quelqu'un d'autre dans la cellule. Il protège son maître (il haussa le ton pour appeler:) Hé ! Nous ne sommes pas des Hommes Blancs !
- Ouais, il y a rarement des femmes parmi eux et elles ne descendent pas ici.

Répondit une voix fatiguée et enrouée avant que le serpent ne s'écarte, dégageant la lucarne et la vue dans la cellule. Un homme s'y tenait, recroquevillé contre le mur du fond. Le serpent vint vers lui en s'enroulant à moitié autour de la jambe qu'il avait étendue devant lui.
Redressant le visage, il dévoila ses traits difficilement visibles mais que Richa et Yennaël devinèrent néanmoins fins sous les plaies et les éclaboussures de sang. Ses longs cheveux clairs, échappés d'une tresse plus qu'à moitié défaite, tombaient sur sa poitrine, sales et emmêlés. Ses yeux d'une couleur cuivrée les étudiaient à travers les barreaux de la lucarne. Pour tout vêtement, il portait une longue tunique blanche lui tombant jusqu'à mi-mollet couverte de taches de toutes sortes.
Ne distinguant que peu ses interlocuteurs depuis sa position dans la cellule, il se releva en s'agrippant au mur, vacillant, et son serpent vint contre lui, comme si il cherchait à le soutenir de ses trois têtes. Titubant, il s'avança jusqu'à la porte contre laquelle il s'appuya lourdement. Une main serrant l'un des barreaux de la lucarne, il les observa à travers celle-ci.
Les sourcils froncés, il constata :

- Vous êtes pas des Hommes Blancs mais vous êtes pas non plus des prisonniers. En plus, vous connaissez les animaës. Avec la Flamme Blanche, y a plus beaucoup de monde qui connait l'existence de ce lien, qui se forme spontanément entre un animal et un Humcréa. Alors, qui êtes-vous ?
- Je suis venue te voir. Déclara Richa.
- Moi ? Et que me vaut l'honneur ? Ironisa l'elfe, avec un sourire et un regard qui ne plurent pas à la jeune fille.
- Il paraît que, lorsque tu as été arrêté à Inteliore, tu as dit quelque chose à propos de l'enfant que tu aurais eu avec une vampire. D'ailleurs, je suppose que c'est pour t'arracher des précisions à ce sujet, ce complément d'interrogatoire.
- Vous êtes venus jusqu'ici pour ça ? Vous êtes complètement fous ! S'étonna l'elfe avant de revenir détailler Richa et son visage s'éclaira. Me dis pas que tu es une sang-mêlé ! Et tu es venue chercher des renseignements sur tes parents, c'est incroyable !
- Eh, j'ai pas besoin de commentaires, juste de réponses, grinça Richa, alors je veux savoir...
- Si je suis ton père ? Je ne peux pas te dire. J'ai bien connu une vampire, c'est vrai, mais j'ai jamais vu mon enfant. Je sais pas si elle a accouché d'un garçon ou d'une fille, ni même si elle a mené la grossesse à terme.
- Pourquoi la grossesse ne serait-elle pas arrivée à terme ?
- C'est cette sale garce ! Cracha l'elfe. Elle disait toujours qu'elle allait tuer le bébé car jamais elle voudrait donner le jour à mon enfant ! Elle voulait tuer un enfant et c'est moi qu'elle traitait de monstre !
- Vous ne savez rien à propos de cet enfant. Comprit Yennaël.
- Elle s'est sauvé un jour. Elle m'a empoisonné et s'est tiré pendant que je répandais mes tripes au sol ! Mais je sais qu'elle connaissait l'héritier du clan des elfes de glace, elle lui a sûrement demandé de l'aide.
- Pourquoi aurait-elle cherché à te tuer et a t-elle voulu partir le plus loin possible de toi si vous aviez fait un enfant ensemble ? Demanda Richa, craignant d'entrevoir la réponse à sa propre question.
- Elle m'accusait de tout un tas de choses stupides mais je l'avais sauvée, c'était normal qu'elle m'accorde quelques récompenses.
- Je crois que je vais gerber. Grogna Richa.
- Je ne t'en empêcherais pas. Lui répondit Yennaël, aussi dégoûté que la jeune fille.
- Quoi ? Vous allez me faire la morale alors que c'est elle qui m'a séduit ? Oh, qu'importe. Faites-moi sortir de là.
- Parce que tu crois qu'on va te faire sortir ? Que ce soit bien clair, tu me fais vomir et j'espère que t'es pas mon père. Je te souhaite de passer un bon moment avec tes potes les Hommes Blancs.
- Es-tu sûre ? La retint Yennaël.
- Si je le fais sortir, c'est uniquement pour buter cet enfoiré comme le chien qu'il est. Qu'il reste ici à se faire torturer avec son serpent, c'est tout ce qu'il mérite. On a déjà passé trop de temps ici. »

Sans s'attarder davantage, Richa fit volte-face pour remonter le couloir jusqu'à la salle de torture. Yennaël posa un regard de mépris sur l'elfe durant plusieurs secondes avant d'emboîter le pas à la jeune fille sous les appels désespérés du captif.
Revenant sur leurs pas, ils gagnèrent à nouveau la salle de torture où s'ouvrait leur porte de sortie. S'agenouillant au sol, Richa alla pour soulever la plaque pour se glisser dans le conduit et jusqu'aux égouts, où elle se sentait finalement moins sale et écœurée que face à cet elfe, mais Yennaël la retint d'une main sur l'épaule. Se dégageant brutalement, elle lui demanda ce qu'il y avait. Pour toute réponse, le jeune homme lui montra son sac qui contenait encore plusieurs sachets à sortilèges. Il n'avait pas encore terminé la tâche pour laquelle il l'avait accompagnée.
Dans un grommellement, Richa piocha plusieurs des petits sacs et s'enfonça dans l'un des couloirs au hasard, son seul critère étant qu'il ne la conduise pas à la cellule de l'elfe. Elle voulait seulement en finir et partir d'ici et elle ne voulait vraiment pas que Yennaël lui demande comment elle se sentait après cette conversation.
Pressée, elle trouva une cachette à chacun des sortilèges, comme au poste d'Inteliore, en veillant néanmoins à ce qu'ils soient bien dissimulés, puis retourna, encore une fois, dans la salle de torture où Yennaël ne tarda pas à la rejoindre.
Sans un mot, ils se glissèrent dans le boyau insalubre qui fut bien plus aisé à descendre qu'à remonter.
Leur progression dans les égouts fut toute aussi silencieuse et le visage de Richa demeura dur et sombre même lorsqu'ils furent à nouveau à l'air libre, n'exprimant aucun soulagement ni aucune satisfaction d'avoir réussi.
S'extirpant du puits, elle se dirigea au hasard dans les rues de la ville, ayant seulement besoin de marcher pour s'aérer l'esprit. Ne la laissant pas déambuler seule, surtout dans cet état, Yennaël s'empressa de lui emboîter le pas, avançant à sa hauteur à côté d'elle.
Un regard en coin rivé sur la jeune fille, il hésita à faire un geste vers elle pour la réconforter. Même si elle semblait en avoir besoin, il craignait de se retrouver jeté au sol si il se risquait à la toucher. Affrontant néanmoins le danger, il passa un bras autour de ses épaules en la ramenant contre lui.
Etonnemment, elle se laissa faire et s'appuya même contre Yennaël.
Ils continuèrent à progresser ainsi, en silence. Il n'y avait pas besoin de mots.

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