Chapitre 21 - Le village de l'horreur [2/2]

/!\ Chapitre très violent, avec des morts, du sang, de la torture, bref, du bon gros gore ! Si vous êtes sensibles à ça, je vous encourage à sauter le chapitre !!! Pas la peine de vous traumatiser ! C'est pas une blague ! Et pour les autres gros psychopathes comme moi, bonne lecture ! ;) /!\

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Se reprenant, même si son unique désire était de s'écrouler en pleurant pour ne plus jamais se relever, Richa bondit sur ses jambes tremblantes et elle découvrit Aymerikk à quelques pas, à moitié allongé au sol, luttant pour ne pas s'affaisser et les traits dont l'expression était au-delà de la douleur.
Une douleur intense, probablement causée par la lame de l'épée en argent qui dépassait de son torse en s'y agitant, avant de s'en retirer avec un bruit humide, arrachant un court cri à Aymerikk, qui ploya vers l'avant, pour y replonger presque immédiatement, fouillant sa poitrine sans l'achever.
Cette fois, le choc ne l'assomma pas et la poussa à réagir.
Malgré ses muscles incertains, Richa dégaina ses dagues et se jeta sur le porteur de l'épée. Ce dernier voulut se préparer à parer mai sAymerikk saisit l'extrémité de la lame dépassant de son poitrail, la bloquant en empêchant son attaquant de riposter, et, face à une demie-elfe déchainée, bien qu'affaiblie par un profond choc, il semblait incapable de rivaliser.
Prenant de l'élan, elle bondit au-dessus d'Aymerikk, gisant au sol, en effectuant une pirouette avant, abattant ses jambes sur les épaules de l'homme, qui, violemment fauché, s'écroula à terre, entrainant Richa qui se retrouva à genoux, enserrant sa gorge entre ses cuisses.
S'assurant qu'il était bien inconscient, elle comprima sa trachée avant de se précipiter auprès d'Aymerikk, dont les bras n'avaient pu le maintenir plus longtemps et qui gisait à présent à terre, replié autour de sa large plaie béante, qui ne cicatrisait pas instantanément, en émettant quelques faibles gémissements.
Le retournant aussi délicatement que possible malgré sa panique, elle alla pour faire pression sur la plaie, espérant ralentir l'hémorragie, mais, saisissant une pleine poignée de ses cheveux, on la tira violemment en arrière pour la jeter à terre, pour l'éloigner d'Aymerikk, dont elle capta pourtant le regard vitreux.
Evidemment, le bourreau du vampire n'était pas seul, détail que Richa avait négligé à cause de son état de bouleversement ou de son habituelle difficulté de concentration.
Autour d'elle, huit hommes refermaient lentement leur cercle sur elle, la même formation qu'avaient adoptée les Hommes Blancs qui l'avaient capturée dans le cimetière d'Humcréas, formation qu'elle avait déjà brisée, mais, cette fois-ci, elle était particulièrement affectée par le choc de ses émotions, amenuisant grandement ses capacités,ses adversaires étaient plus nombreux et elle ne bénéficiait pas de la puissance d'un cyclope pour l'aider.
Elle n'allait pour autant certainement pas abandonner.
Ces hommes avaient massacré sa famille et détruit son foyer, elle allait bien évidemment les affronter, même si elle se doutait qu'elle n'avait que peu de chances de triompher, surtout si des renforts les rejoignaient, mais elle comptait néanmoins faire payer la mort de ses compagnons à quelques uns avant de se faire submerger par le nombre.
Se mettant en position d'attaque, elle avança son pied droit, de façon à pouvoir aisément amorcer un coup, et elle entrecroisa ses dagues devant elle.
Les premiers coups furent facilement parés ou esquivés mais cela devint de plus en plus compliqué, les attaques provenant de tous côtés à la fois en la forçant à virevolter en tous sens en multipliant les mouvements et à se montrer attentive à tout en même temps, exigeant de grands efforts.
La sueur l'empêchait d'empoigner fermement les manches de ses dagues, plusieurs de ses longues mèches tombaient dans son regard, son souffle se faisait court, ses muscles lui envoyaient des ondes de douleur mais le pire était les images des cadavres de ses compagnons qui ne cessaient d'apparaître dans son esprit, l'empêchant de se focaliser entièrement sur le combat, ces visions d'horreur se superposant à la réalité, brouillant ses repères et renforçant sa profonde détresse et son choc, ce qui impactait fortement ses aptitudes. Elle titubait et devenait incapable de rendre les coups.
Lorsqu'une lame traça une ligne brûlante sur son flanc à travers son vêtement, elle comprit que c'en était terminé.
A bout de forces, plus mentalement que physiquement, elle s'écroula au milieu des Hommes Blancs en sanglotant.
Alors qu'elle abandonnait, totalement bouleversée, un hurlement parfaitement identifiable s'éleva de la forêt à quelques mètres et, ne laissant pas aux Hommes Blancs le temps de réagir, deux imposants loups jaillirent des fourrées en bondissant directement sur deux des guerriers en blanc dont ils arrachèrent directement la jugulaire. Deux autres hommes subirent un sort identique en quelques secondes et, alors que Sdania s'attaquait à un cinquième homme, Endam sauta auprès de Richa, grognant pour repousser leurs attaquants.
Sa fourrure hérissée était maculée de sang en de nombreux endroits.
Les larmes de la jeune fille redoublèrent à la vue du couple de loups-garous déchiquetant les Hommes Blancs, de soulagement cette fois, car ils étaient vivants tous les deux.
Comme il l'avait déjà fait précédemment, Endam saisit Richa par son col pour la jeter sur son dos à la fourrure duquel elle s'accrocha, rangeant instinctivement ses dagues dans leurs fourreaux. L'odeur de sang et de sueur musquée imprégnait complètement ses narines, mais elle s'en moquait. Au contraire, elle la rassurait, car c'était l'odeur de quelqu'un de vivant.
Tout à son soulagement, elle appuya sa joue contre l'encolure d'Endam, dont elle perçut les battements totalement désordonnés et affolés du cœur.
Que pouvait-il ressentir, lui, alors qu'il connaissait les membres de cette famille depuis bien davantage de temps que Richa et qu'il avait échoué à les protéger, ce qu'il s'était pourtant juré de faire ?
Ils seraient au moins trois à en réchapper.
Ils n'étaient cependant pas encore hors de danger.
Aux appels des Hommes Blancs survivants, aux prises avec Sdania qui couvraient leur fuite pendant qu'Endam se chargeait de conduire Richa en lieu sûr, d'autres accoururent, un renfort de quinze hommes qui, ne subissant pas l'effet de surprise, empêchaient la louve d'approcher, la tenant en respect de leur lame renforcée d'argent. La louve grognait en dévoilant ses crocs, les oreilles rabattues en arrière, en tentant de porter des coups de griffes ou de mordre, sans succès.
La laisser dans une situation pareille crevait le cœur d'Endam, ne pouvant abandonner la femme qu'il aimait ainsi, mais il comptait bien revenir l'aider dès qu'il aurait amené Richa plus loin, dans un endroit depuis lequel elle aurait pu fuir sans risquer de se faire attaquer par les hommes de la Flamme Blanche, du moins, où ce risque aurait été limité.
Du moins, c'était ce qu'il prévoyait avant qu'un gémissement de détresse mêlée de douleur ne leur parvienne.
Stoppant soudainement, Endam se retourna vivement, manquant de faire chuter la jeune fille qui put donc, comme lui, découvrir Sdania lutter pour demeurer debout, touchée au flanc d'une large plaie béante qui dévoilait ses côtes, sa fourrure noire s'imbibant de son sang qui gouttait au sol.
Richa sentit tous les muscles d'Endam se contracter sous elle, prêt à bondir, et elle approuva vivement. Elle avait été incapable de venir en aide à Aymerikk et elle n'avait pas été présente pour défendre les autres, alors elle comptait bien secourir Sdania.
Pour ce faire, elle portait déjà les mains à ses dagues mais, apparemment, Endam n'avait nullement l'intention de lui permettre de s'exposer au danger, même pour sauver Sdania. Il voulait sauver et protéger tout le monde, du moins, celles qui pouvaient l'être.
Alors qu'elle descendait du dos de l'imposant loup en s'apprêtant à s'élancer, Endam l'attrapa à nouveau par l'arrière de son vêtement, la tirant de sa gueule, et, d'un vif mouvement de la tête, il projeta la jeune fille sur plusieurs mètres, l'éloignant.
Sonnée, Richa secoua la tête de gauche à droite, cherchant à remettre ses pensées en ordre et elle se releva en chancelant, prenant appui contre le tronc le plus proche.
Tout cela n'avait duré que quelques secondes pourtant, Sdania gisait déjà à terre dans une mare de sang grandissante, son souffle était presque indiscernable depuis l'endroit où se tenait Richa mais elle grognait doucement, souffrant. Endam bondissait et tournoyait autour d'elle, déviant autant que possible les coups et les attaques lui étant destinés, sans pouvoir lui-même tous les esquiver.
Chaque blessure supplémentaire lui arrachait des râles mais il ne songeait apparemment nullement à fuir, pourtant, Sdania ne bougeait plus. Les Hommes Blancs se resserraient autour de lui, il ne pourrait pas triompher, il allait se faire submerger par la nombre.
Même si il semblait évident qu'il voulait qu'elle fuit et non qu'elle le rejoigne dans l'affrontement, en l'éloignant de la sorte, Richa allait se mêler au combat, défendant sa famille, ce qu'il restait de sa famille, mais une main s'abattit sur son épaule, la retenant.
Dans un sursaut, elle se retourna vivement et tomba face à Aymerikk.
Son autre main était crispée sur la blessure à sa poitrine, qui laissait derrière lui de longues traces sanglantes marquant le trajet qu'il avait parcouru.
Visiblement, le vampire avait profité de l'attaque du couple de loups-garous, qui lui avait offert une diversion, pour ramper avec difficulté, s'éloignant comme il le pouvait des Hommes Blancs.
Son teint n'était plus seulement pâle, comme habituellement chez les vampires, mais totalement livide, lividité sur laquelle les nombreux sillons rouges laissés par ses larmes sur son visage ressortaient particulièrement, il était impossible de déterminer la couleur initiale de ses vêtements tant ils étaient imbibés de sang et il ne tenait debout qu'en s'agrippant aux branches de l'arbre le plus proche.
D'ailleurs, le simple fait d'avoir tendu la main en direction de Richa semblait l'avoir exténué et il s'écroula contre la jeune fille, qui le soutint de son mieux.

« Tu...tu dois partir... Gémit Aymerikk.
- Mais...et Endam et...et Sdania...et puis toi ?
- Tout le monde est...mort et...moi aussi, je...je pourrai pas survivre à ça alors...ça sert à rien que tu meurs aussi...pour...pour rien... Tu...tu dois vivre pour...pour nous... Allez, dégage ! »

Criant sa dernière invective, Aymerikk poussa Richa dans la direction opposée au village, effort qui exigea trop de forces dans son état et il s'affaissa.
Obéissant aux paroles du vampire, forcée de reconnaître leur justesse même si cela lui donnait la sensation de mourir de l'intérieur, Richa fit volte-face pour s'élancer entre les arbres de la forêt, tremblant de tout son corps et le cœur au bord des lèvres.
Les dernières visions qu'elle emporta du village furent celle d'Aymerikk gisant au sol ainsi que celle d'Endam transperçant une gorge de ses crocs alors qu'il se faisait lentement submerger.

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