Partie unique
My lover's got humour,
She's the giggle at funeral
On dit toujours que ce sont les meilleurs qui partent en premiers. Mais c'est faux. Les premiers à mourir sont toujours ceux qui partent le plus injustement. C'était ton cas, Taehyung.
Les médecins ont déclaré que tu avais une maladie orpheline, jamais détectée, que tu étais le premier cas... J'ai juste compris dans leur discours inutile qu'ils n'avaient pas de remède pour toi. La seule solution qu'ils me proposaient, c'était de te regarder en silence et de te laisser crever. J'étais tellement en colère. Je leur en ai tellement voulu si tu savais...
Ils ont ensuite sugéré d'abréger tes souffrances ce que tu as refusé, tu as toujours voulu partir d'une façon naturelle. Egoïstement, j'ai approuvé ton choix. Je voulais te garder près de moi le plus longtemps possible. Même si tu en souffrais.
Knows everybody's disapproval
I should've worshipped her sooner
Tu étais différent des autres. Ça t'a causé une enfance compliquée. Les autres te mettaient à l'écart mais ils étaient tous aveugles, aveuglés de la personne incroyable que tu étais. Tu n'as jamais cessé de sourire malgré ça. Mais moi, j'ai bien vu ta détresse derrière ton sourire angéliquement rayonnant.
Quand nous nous sommes rencontrés, je venais à peine d'avoir 19 ans. J'étais effrayé à l'idée de devenir adulte. Le fait de t'avoir rencontré a renforcé cette peur. Je n'étais plus un enfant, j'étais perdu au milieu des adultes et de leurs responsabilités qui les écrasent. Je voulais vivre par passion, tu m'as fait comprendre que passion était un mot faible et imprécis. Je te trouvais ennuyeux au début mais maintenant, je pourrais t'écouter pendant des heures me raconter tes pensées, tes sentiments, tes peurs, tes peines... Je t'aurais réconforté en silence. Le silence est la seule réponse qu'on peut apporter à tes craintes car elles sont toujours celles auquel on ne pense jamais mais qui sont ancrés en chacun de nous.
L'importance que tu accordais aux mots, la façon dont tu t'amusais avec, tout ça font que tu es devenu professeur de littérature. Tes élèves t'adoraient, j'avoue que j'en étais parfois jaloux. J'aurais tout donné pour avoir un professeur comme toi et que tu sois seulement à moi.
Tu n'as pas eu le courage de leur dire que tu partais pour toujours alors tu leur as simplement dit que tu partais dans une autre ville. S'ils te connaissaient comme je te connais, ils auraient compris de quelle ville tu parlais.
If the heavens ever did speak
She's the last true mouthpiece
Le temps passait et tu n'avais plus la force de bouger. Je t'avais installé dans un fauteuil près de la fenêtre de notre salon. Comme tu tremblais tout le temps, je t'avais acheté une grosse couverture dans laquelle tu t'enroulais. Ça t'avait fait rire car ça te faisait pensé à ta grand-mère, elle aussi partie dans une autre ville.
Te voir me sourire autant malgré ton départ trop proche me rendait fou. Commet allais-je vivre sans toi ? Je n'avais que 20 ans et je vivais un amour trop puissant, qui me dépassait totalement. J'étais complètement fou de toi, je t'avais dans la peau et j'aurais pu mourir pour un de tes sourires. Tous mes amis me disait que je exagérais mes sentiments envers toi, que j'étais trop jeune pour savoir ce qu'est réellement l'amour... Je les laissais parler, même moi j'avais du mal à mettre un mot sur ce sentiment qui m'envahissait quand je te voyais me sourire. Je t'en avais parlé et je t'avais dit que je ressentais quelque chose de plus puissant que l'amour. Tu m'avais simplement répondu que c'était juste le véritable amour.
Alors j'ai une question pour toi Hyung : comment vit-on une fois son véritable amour parti trop tôt ?
Every Sunday's getting more bleak
A fresh poison each week
Ton état empirait doucement mais surement. Ton sourire restait le même malgré tes joues qui se creusaient. Tu continuais à me parler de tout et de rien. J'avais l'impression que tu ne comprenais pas la gravité de ton état, que tu ne voyais pas ce
que je voyais. Peut-être que tu gardais juste ton insouciance.
Cette insouciance qui te caractérisait tant. Le seul mot capable
de te définir : tu était affreusement et dangereusement insouciant.
Mon état empirait aussi. Je ne souriais presque plus, même à toi. J'en avais de moins en moins la force. Je ne te parlais presque plus non plus mais tu n'y accordais pas d'importance. Tu me rassurais en me disant que mes yeux n'ont jamais été aussi expressifs. Mais mes yeux ne pouvait pas te dire, te montrer à quel point je t'aime. Mes mots non plus d'ailleurs.
J'aurais aimé pouvoir continuer à te raconter mes journées ennuyeuses à la fac, mes sorties avec mes amis et tout ce genre de détails qui te passionnaient. Mais je savais que si je te disais le moindre mot, je ne pourrais pas m'empêcher d'exploser en sanglots. Comme je déteste pleurer et que tu détestes me voir comme ça, je me suis tu.
"We were born sick"
You heard them say it
Je séchais de plus en plus les cours pour pouvoir profiter de toi le plus possible, à ton plus grand malheur et celui de mon frère. Celui-ci m'avait appelé un soir en pleurant. Il m'avait dit que je devais arrêté de te voir, que tu n'étais qu'un amour passager, que je devais penser à mon avenir sans toi puisque ce sera bientôt le cas... Je lui ai simplement répondu que tu étais mon avenir et qu'une fois que tu seras parti, je n'aurais plus d'avenir. Je lui ai ensuite raccroché au nez. J'étais sûr qu'il n'avait pas compris le sens de mes paroles. Quand je me suis retourné et que je t'ai vu me regarder tristement, j'ai compris que toi, tu avais compris. Je t'ai alors pris dans mes bras et t'ai serré fort contre moi. J'ai cru sentir une larme tomber contre mon épaule.
My church offers no absolutes
She tells me "worship in the bedroom"
La fin se rapprochait et tu restais joyeux pendant que moi, j'étais
détruit de l'intérieur. Je ne mangeais presque plus et passais
chaque instant à tes côtés pour essayer de te soulager de ta
douleur. J'étais épuisé, effrayé à l'idée de m'endormir pour me réveiller sans toi. Alors, je ne dormais plus. J'avais l'impression que c'était moi le mourant alors ça me rassurait. J'avais
l'illusion que tout ça n'était qu'un cauchemar et que j'allais me réveiller. Mais tu m'as toujours dit de ne rien attendre ni espérer de la vie ou j'allais tomber de haut. Tu avais raison, terriblement raison.
Tu ne supportais même plus la lumière du jour. J'ai donc fermé toutes les fenêtres et allumé toutes les bougies de la maison. Tu as ri doucement en disant tu avais l'impression d'être un vampire. Je ne souriais même plus devant tes remarques enfantines. J'avais de plus en plus peur de te voir partir. Je
regrettais toutes ses soirées où je suis sorti avec mes amis en te laissant seul à la maison. J'aurais du rester à tes côtes mais je n'imaginais pas que tu me quitterais si tôt. Personne ne sait de quoi l'avenir est fait et je ne sais pas si c'est une bonne chose ou non. Qu'aurais-je fait si j'avais su que tu tomberais malade ?
The only heaven I'll be sent to
Is when I'm alone with you
Je te prenais souvent contre moi. Je te serrais fort, peut-être même trop fort pour ton maigre corps. Mais on s'en fichait, j'avais besoin de ta présence comme tu avais besoin de la mienne. Chacun de nous était le cœur de l'autre, vital à l'autre.
Je me rappellerai toujours de ce jour où j'étais rentré des courses. Je t'avais laissé dans le fauteuil comme tous les jours. J'ai laissé tomber les sacs par terre en rentrant, je n'avais même plus la force de les porter plus longtemps. J'avais étiré mes
muscles meurtris quand soudain j'ai entendu ta faible voix grave résonner dans la maison. Tu chantais. Comme avant. J'ai couru vers toi. Je me suis arrêté à l'entrée du salon et je t'ai regardé. Tu ne m'avais pas entendu et tu continuais de chanter malgré ta voix brisée. Je n'ai jamais été autant ému de t'entendre ta voix. J'ai posé ma main sur ma bouche pour taire mes sanglots. Tu m'as alors entendu et a tourné ta tête vers moi. Malgré la pénombre de la pièce, j'ai été choqué de voir à quel point ton corps avait changé. Tout le corps magnifique du jeune homme que tu étais à disparu, ne reste plus qu'un corps faible et mourant. La façon dont tu m'as regardé m'a brisé le cœur : j'y ai vu tant de souffrance mais aussi que j'étais devenu ton seul espoir. Tu t'accrochais à moi comme un noyé à sa bouée de sauvetage crevée. J'ai eu tellement mal à ce moment-là. J'ai couru te prendre dans mes bras. J'ai posé ta tête sur mon torse et pleurais en caressant tes cheveux autrefois si doux. Tu as passé tes maigres bras dans mon dos pour me serrer le plus fort que tu pouvais. Tu as recommencé à chanter et je t'ai accompagné.
Notre chant sonnait comme des funérailles.
I was born sick, but I love it
Command me to be well
Un soir, nous regardions la télé tranquillement même si je sais que tu n'écoutais pas ce qu'elle racontait. Tu étais blotti dans ta grosse couverture et je t'avais pris dans mes bras. Je t'embrassais parfois le crâne, et tu te serrais encore plus contre moi. Tu tremblais doucement et je faisais du mieux pour te réchauffer. Les heures passaient ainsi, dans le plus grand des silence. Ce silence pourrait paraitre étouffant mais pour nous, ce silence signifiait tellement de choses magnifiques comme tristes. Puis tu l'as brisé en me demandant d'une voix tremblante d'aller te chercher un verre d'eau. Je t'ai obéi. Avant de me lever, je t'ai doucement embrasser. Je marchais lentement, étant de plus en plus épuisé. Je soupirai en faisant craquer les os de mon cou en remplissant un verre d'eau.
Je suis revenu aussi lentement. J'ai posé le verre sur la table basse et me suis tourné vers toi. Tu étais allongé les yeux fermés. Je me suis agenouillé devant toi pour caresser tendrement tes cheveux. J'ai d'abord cru que tu dormais.
Puis j'ai compris.
C'était fini, tu m'avais abandonné.
Je laissai ma main en suspens. Mon cœur s'est emballé en te voyant mais pour d'autres raisons qu'hier encore. J'ai eu l'impression de sauter dans le vide. Ma vue s'est brouillée. Je t'ai violement tiré contre moi. Je hurlai ton prénom en te caressant la joue. Même si je m'étais préparé à ce moment, j'ai cru que tu allais te réveiller pour me faire ton sourire rectangulaire et me dire que c'était une blague. J'ai tellement espéré que je suis tombé de haut. Tu ne reviendras pas, peu importe à quel point je le voudrais. C'est la vie.
J'ai explosé en sanglots. Mes larmes trempaient ton visage étrangement apaisé. Je me balançai d'avant en arrière. Je hurlai mon désespoir. Seul le silence me répondait.
Pour une fois, j'ai détesté ce silence. Il était la preuve qu'on m'avait arraché la personne que j'aimais le plus au monde.
Au moment où la vie t'a quitté, la mienne s'est brisée.
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