ʗɦɑǷІƮɌε 18

La fin de mon après-midi passée avec Adrien se poursuivit dans un mélange de sourires, de conversation sur tout et rien, tandis que nos rires ne faisait que retentir.

En retournant vers la maison, mon esprit était toujours légèrement engourdi par ce qu'il s'était passé mais un sourire s'était irrémédiablement attaché à mes lèvres. Le premier depuis un certain temps.

***

Le soir, au moment du repas, Dorian et moi avons essayé d'engager la conversation sur l'enterrement de grand-père qui allait avoir lieu le lendemain.

- Si ça ne tenait qu'à moi je n'y irait même pas... Mais bon c'était quand même votre grand-père, même s'il était absent, prononça Maman avec un certain dégoût dans la voix.

- La faute à qui ? Marmonna Dorian sans que Maman ne puisse l'entendre.

Plus je la voyais, moins je pouvais la supporter. Je pensais que ma mère était quelqu'un de bien, je l'ai toujours pensé. Et pourtant en seulement quelques semaines, le masque était tombé. Je ne voyais qu'à présent l'horrible et hideuse vérité.

Ma mère est juste un être plein de rancunes, incapable de pardonner. Comment je n'avais pu ne pas m'en rendre compte avant ?

Le repas fini, je quittai la cuisine et montai les marches de l'escalier en silence. Une fois dans ma chambre, je dirigeai lentement mon regard sur les vêtements noirs posés sur ma chaise de bureau, déjà prêts à être portés.

Leur simple vision me remplissait de tristesse.

Demain sera difficile.

***

À peine sortit de la voiture, je me rapprochai le plus près possible de Dorian, nous avions besoin l'un de l'autre.

Devant nous, nous pouvions voir le bâtiment du crématorium. D'un blanc immaculé, il contrastait avec le gris du ciel d'aujourd'hui.

Au fur et à mesure que nous avancions, je pus repérer Alexandre et ses trois fils.

Je jetais des coups d'œil discrets à mon frère et Maman. Dorian avait un visage fermé, tandis que Maman semblait totalement indifférente. Pourtant, à la vue d'Alexandre je vis son regard se durcir

Enfin arrivée devant le bâtiment, je partis saluer mes 'cousins' avec mon frère. Ils se ressemblaient tous les trois énormément. Trois têtes blondes, leurs yeux emplis de tristesse.

On ne prononça mot, juste des regards pleins de sous-entendus.

Ils avaient l'air adorables, j'aurais tellement aimé les rencontrer dans d'autres circonstances.

Alexandre, quant à lui, nous lança un regard désolé. Je le surpris à plusieurs reprises jeter de rapides coup d'œil à ma mère, restée en arrière, le nez dans son téléphone.

Une femme nous demanda de rentrer et proposa de nous débarrasser de nos affaires dans la petite pièce d'à côté. Elle avait la quarantaine et avait un air bienveillant.

On s'installa sur les chaises mises à disposition, et je m'installai entre Dorian et Clément, le dernier fils d'Alexandre.

Puis le cercueil de grand-père arriva, et je ne pus m'empêcher de retenir mes larmes.

Peut-être qu'une partie de moi ne voulait pas y croire avant ce moment, c'était trop dur à réaliser. Mais enfin, il fallait faire face. Et c'était dur. Je me sentais comme noyée. Mes larmes coulait d'elles mêmes le long de mes joues, je ne tentais même pas de les essuyer ou de les cacher.

Du coin de l'œil, je vis Dorian essuyer ses larmes, essayant de cacher les émotions qu'il pouvait ressentir.

Je l'entourai alors d'un de mes bras et je sentis son corps se secouer de sanglots.

Il leva ses yeux vers moi, ils étaient embués de larmes, c'est peut-être l'une des premières fois que je le voyais comme ça.

Je posai ma tête contre son épaule et il m'enlaça de son bras gauche.

À côté de moi, je voyais le petit Clément sangloter également. Je posai alors une main sur son dos et Dorian étendit le bras pour pouvoir poser sa main sur son épaule.

Il leva ses yeux rougis dans notre direction et esquissa un sourire.

Le reste de la cérémonie se passa dans un flou de larmes, et de silence.

Pourtant à la toute fin de celle-ci Amaury nous regarda avec insistance. Il se souvenait de notre soi-disant plan.

Lorsque chacun d'entre nous se releva pour aller reprendre ses affaires, Alexandre et Maman se dirigèrent inconsciemment en même temps dans la petite pièce.

Tous deux étant rentrés, Amaury se précipita sur la porte et la referma brutalement, bloquant ainsi Alexandre et Maman à l'intérieur.

Nous retenions la porte tous les cinq, nos oreilles aux aguets. De l'autre côté, on entendit pester et taper à la porte.

La dame du crématorium nous regardait avec étonnement en fronçant ses sourcils. Samuel prononça silencieusement notre intention, nous voulions tout simplement qu'ils parlent.

Après quelques secondes, la voix d'Alexandre s'éleva :

- Tu ne penses pas que ce serait bien qu'on parle Déborah ?

- Parce que tu penses que ça servirait à quelques chose ? Répliqua-t-elle agressivement.

- Combien de temps vas-tu encore te comporter de la sorte ? On vient d'enterrer papa !

- On vient d'enterrer MON père Alexandre, pas le tien.

- Et alors ? J'ai été plus présent pour lui que tu ne l'as jamais été !

On pouvait entendre l'agacement dans la voix d'Alexandre. On se regarda les uns les autres, ne sachant pas si nous devions intervenir ou pas. Puis on entendit Alexandre reprendre :

- Tu as été tellement égoïste Déborah, regarde tes enfants ! C'est trop tard maintenant, mais ne les coupe pas totalement du reste de la famille.

- Tu n'es PAS ma famille. Les enfants je sais que c'est vous derrière la porte, ouvrez !

- Alors c'est comme ça que tu veux finir ? Couper tous ponts avec moi par pur jalousie ?

- Tous ce qui nous rassemblait n'est plus là Alexandre ! Je ne veux plus rien avoir à faire avec toi

- Très bien, tu peux ne plus vouloir me voir, mais tu ne m'empêcheras pas de voir tes enfants, pas comme tu l'as fait avec papa. Tu n'as pas le droit de les empêcher de voir leur oncle ou leurs cousins.

- Bien, mais ça ne change rien à notre relation. Ouvrez cette porte ! Ça suffit maintenant !

D'un regard entendu, sachant que nous ne pourrions obtenir une réconciliation entre les deux, on s'écarta de la porte pour les laisser partir.

Au moment même où elle sortit, Maman nous adressa un regard noir, mais cela n'avait pas d'importance.

Alexandre quant à lui nous adressa un regard mi-amusé, mi-désolé.

On resta un peu ensemble avant de quitter cet endroit. Alexandre et les garçons nous promirent de nous inviter bientôt, et nous promirent de nous appeler.

Lorsqu'on se dirigea vers la voiture avec Dorian, Maman qui s'était éclipsée avant, nous attendait déjà depuis plusieurs minutes.

Elle ne disait mot, mais ses yeux rougis, qu'elle essayait de cacher nous suffirent à Dorian et moi de comprendre qu'apparemment notre mère n'était donc pas sans cœur.

Le silence dans l'habitacle de la voiture puis plus tard à la maison, a été le plus assourdissant que je n'ai jamais entendu.

En rentrant je m'écroulai sur mon lit. Comme anesthésiée de tous sentiments, je ressentais comme un vide qui ne pourrais plus jamais se combler.

Je jetai un coup d'œil à mon téléphone, j'avais reçu plusieurs messages, Lisa, Anaïs, Adam, Gabin et Adrien.

Je ne leur ai pas répondu. Je n'avais plus la force de faire quoi que ce soit. Je voulais juste dormir pour tenter d'oublier. Dans quelques semaines, je ne me souviendrais même plus du son de sa voix. C'est peut-être ça qui fait le plus mal. Savoir que petit à petit, j'oublierai des petites parcelles de ce qu'à pu être sa présence sur Terre. Sa voix, la forme de son visage, ses yeux bleus perçant, tout ; il ne serait plus qu'un visage sur les photos, qu'un vague souvenir dans nos mémoires.

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