ʗɦɑǷІƮɌε 15
Il faisait frais dehors, je frissonnais. De peur, d'excitation ou juste à cause du froid, ça je ne le saurais jamais.
Une dizaine de minutes de marche séparait l'arrêt de bus de l'ancienne maison de mes grands-parents. J'étais en retard et Lisa me l'avait bien fait comprendre en me harcelant de messages.
Arrivée à hauteur de la maison je vis mes amis rassemblés, en train de discuter.
À la seconde où Adam m'aperçut, il commença à râler en prenant des airs dramatiques.
- Mais qu'est-ce que ? Dit-il en me dévisageant de haut en bas.
- Quoi ? Répondis-je sur la défensive.
- Mélo' on est dans une opération infiltration, le gros pull rouge là ça marche pas.
Gabin leva les yeux au ciel, exaspéré.
- Mais Adam on s'en fout ! Comment tu vas Mélo ?
L'attention que me porta Gabin me réchauffa le cœur.
- Ça peut aller.
S'en suivit quelques secondes où tout le monde se regarda en souriant sincèrement.
- Bon c'est pas tout mais faut trouver la clé, rappela Anaïs.
- Quand je venais encore ici, elle était dans le pot de fleurs à côté du paillasson.
- Bon bah on va voir ça tout de suite.
Gabin s'approcha de l'éternel pot de fleurs et fouilla le dessus de la terre. Rien.
Sans un bruit, tout les cinq se mirent à la recherche de la clé tant convoitée.
Soudain Lisa remarqua quelque chose qui brillait vers les volets.
- Bingo ! s'exclama-t- elle toute joyeuse.
On se précipita tous vers la porte d'entrée.
D'un léger cliquetis, la porte s'ouvrit laissant place au triste salon sans vie.
Les volets n'étant pas fermés, on y voyait clair. Peu de choses avaient changées depuis ma dernière visite.
Le vieux canapé marron avait changé de place et la vieille télé avait été remplacée par un écran plat moderne.
Je fis quelques pas autour du salon, mes amis quelques pas derrière moi.
Les souvenirs me revenaient en masse. Ils étaient flous, mais toujours là.
Le vieux fauteuil que Dorian avait éventré avec un ciseau était toujours debout, les horribles rideaux vert sapin n'avaient pas été changés et la photo de mariage de mes grands-parents trônait toujours sur le rebord de la cheminée.
C'est ce qui me surpris le plus. Les photos. Je ne me souvenais plus qu'il y en avait autant.
J'en fis un rapide tour. Il y en avait beaucoup de Dorian et moi petits, et d'autres où des personnes qui m'étaient inconnues apparaissaient.
Anaïs m'arracha de mes pensées :
- Viens voir, j'ai trouvé une vieille photo.
En effet elle était vieille. Quatre personnes y posaient. Je reconnus ma mère en plus jeune, mes grands parents et un jeune homme à leur côtés.
- Ça ne peut être que lui, souffla Gabin au dessus de mon épaule.
Sur la photo, Alexandre dépassait Maman de cinq bons centimètres. Il devait avoir la vingtaine et arborait un beau sourire. Ses cheveux étaient blonds, peut-être légèrement roux, on ne pouvait pas bien juger à cause de la qualité de la photo.
- Regardez si vous pouvez trouver un carnet d'adresses ou un répertoire, c'est pour ça qu'on est venus, ajouta Gabin.
Sur ce, on se dispersa dans les différentes pièces. Gabin et Adam dans la chambre, Anaïs dans la cuisine et Lisa et moi toujours dans le salon.
En ouvrant un tiroir je tombai sur d'autres photos, plus récentes cette fois-ci. Deux garçons, un ayant l'air d'avoir le même âge que moi et un autre plus petit.
Soulevant le petit tas de photos, je trouva ce que l'on recherchait.
- C'est bon je l'ai, prévins-je les autres.
Un petit répertoire jaune. Je feuilleta rapidement la page des A, et en quelques secondes, je trouva le numéro d'Alexandre.
Je resta quelques longues secondes à fixer ce numéro.
- Vas-y, m'encouragea Lisa.
Téléphone en main, je composa lentement le numéro. J'activai le haut-parleur et les longues sonneries emplirent la pièce silencieuse.
Puis quelqu'un décrocha et mon cœur s'emballa.
- Allô ? C'était une voix de garçon, jeune.
- Je... hum... Salut est-ce que un...un certain Alexandre vit ici ? Bégayais-je
- Oui je vais vous le passez.
Je vis mes amis qui s'étaient rapprochés de moi, formant à présent une sorte de petit cercle où plus aucun n'osait bouger.
De l'autre côté du combiné on pouvait entendre des bruits de pas, puis une petite voix « Tiens papa ».
- Allô ? Qui est-ce ?
- Je...C'est Mélody, Mélody Castel.
Un long silence s'établit, il sembla interminable.
- Mélody ? Demanda-t-il surpris. La fille de Déborah ?
- Oui c'est moi.
Je n'avais aucune idée de ce que je pouvais lui dire à présent, je redevenais toute timide.
- Comment est-ce que tu as trouvé mon numéro ? Non attends ça c'est pas grave, on s'en fiche. Comment vas-tu ?
Il réussit à me faire sourire légèrement.
- Ça peut aller. Ça... ça serait peut-être bien qu'on puisse se voir avant... proposais-je timidement.
- Oui, oui absolument, autant se voir dans un endroit plus chaleureux qu'à une cérémonie. Tu habites toujours au même endroit ? Si oui je n'ai rien de prévu cet après-midi on pourrait se rejoindre quelque part ?
- Oui ça me va.
Je consulta mes amis avant de poursuivre, n'ayant aucune idée d'un lieu de rendez-vous. Anaïs me souffla le café. Je leva les pouces en l'air la remerciant de cette bonne idée.
- Le café du centre-ville ça irait ?
- Oui, nickel, approuva-t-il. À cette après-midi alors !
Puis il raccrocha.
Je poussa un long soupir, je n'avais pas remarqué à quel point j'étais crispée.
- Bah c'est nickel tout ça ! Dit bruyamment Adam.
- Tu veux qu'on vienne avec toi ? Proposa gentiment Lisa.
- Non merci mais je sais avec qui je vais y aller. On repart ?
Ils quittèrent la maison et avant de refermer la porte, je pris soin de graver chaque détail de ce salon dans ma mémoire. Les larmes me vinrent légèrement aux yeux mais je souris malgré tout, heureuse d'être revenue ici une dernière fois. Puis non sans un léger pincement au cœur, je referma la porte et remis la clé dans le pot de fleurs l'enfouissant sous quelques centimètres de terre.
La mère de Gabin nous ramena tous chez nous, et ils me souhaitèrent tous bon courage pour cette après-midi. Pourtant je n'avais pas besoin de courage, ce n'est pas comme si j'allais participer aux Hunger Games non plus !
Ainsi je passais la porte de chez moi, bien décidée à convaincre Dorian de venir avec moi en centre-ville.
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