corridors
Les chansons qu'aux Hyades un jour on chantera
Là où flottent en bruissant les guenilles du roi
Doivent mourir sans bruit
Dans Carcosa
Le feu marche avec moi.
Une boîte dans une boîte dans une boîte.
Je me souviens de mon arrivée sur les rives du Lac Hali. Il y avait de la musique partout.
Sur un banc non loin de moi, était posée une boîte. Petite métallique. Sur sa surface lisse et bleue, en la caressant du bout des doigts, on devinant les encoches d'une étrange serrure. Elle aurait pu accueillir une clef triangulaire.
Elle aurait pu contenir une boîte dans une boîte dans une boîte.
Je me souviens du palais du Roi en Jaune. Ses longs couloirs damés de carreaux noirs et blancs aux motifs géométriques. Partout, on entendait la musique. Par les ouvertures on devinaient au loin la forêt dense de sapins et de séquoias.
Après avoir gravi plusieurs escaliers monumentaux, je me trouvais devant une porte.
Une porte derrière une porte derrière une porte.
De l'autre côté, il y avait de la musique. Et aussi le reflet d'un miroir dans un le reflet d'un miroir dans le reflet de l'irréalité.
Depuis le dernier étage, je pouvais désormais entendre la voix du Messager. Il s'adressait à Camilla de sa voix métallique et ondulante. Il lui récitait les derniers arcanes, les ultimes secrets. J'entendis Cassilda lui réciter en retour le dramatis personae de la pièce.
Je gravis le dernier escalier qui menait au sommet du palais. En m'approchant d'eux, le carrelage laissa la place à d'épais tapis. Puis aux premières planches du plateau. Le Roi portait son masque blême, trônant au fond de la scène, spectateur, metteur en scène et régisseur. D'un hochement de tête il intima l'ordre de frapper les coups solennels.
Je vis le rideau se lever. La salle remplie des habitants de Carcosa. Tous venus masqués pour la représentation éternelle.
Je pris ma place auprès de ma soeur. Attendant patiemment la sentence qui la délivrerait des applaudissements qui ne venaient jamais.
Le rideau tomba. J'entendis les pas d'un nouveau venu qui gravissait les marches de l'escalier majestueux. Ses pas le guidèrent vers la scène où il se posta près de moi, attendant que le Roi ordonne le début de la pièce.
Le rideau se leva et Camilla me tint la main, dans l'attente impassible de ma sentence. Les mains de la foule masquée déjà frémissaient d'impatience.
Par la fenêtre, au loin, je pouvais voir sur les rives du Lac, une nouvelle arrivante. Elle tenait dans sa main une minuscule boîte bleue. Elle était grande, élancée. Sa voix était suave et ses pas la guidèrent à travers les couloirs damés de carreaux noirs et blancs.
Ma voix déjà se meurt et le chant de mon âme
Doucement s'évanouit comme sèchent les larmes
Qu'on a n'a jamais versées
À Carcosa
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top